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741. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Arrivé à Paris et accueilli, comme je l’ai dit, par M. de Boze, qui se l’associa pour le Cabinet des médailles et le fit entrer à l’Académie des inscriptions, il dut s’assujettir, sous ce maître minutieux, à bien des soins exacts et pleins d’ennui ; mais rien ne rebute de ce qui est dans le sens d’une passion, et Barthélemy avait pour les médailles une passion véritable, quelque chose de ce feu sacré qui s’applique à tant d’objets différents, et qui est bien connu de tous ceux que possède une fois le goût des collections. […] Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe. […] Gaie, modeste, pleine d’attentions, douée de la plus heureuse propriété d’expression, et d’une très grande promptitude de raison et de jugement, vous la prendriez pour la reine d’un poème allégorique.

742. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

La rébellion est manifeste : le roi en personne s’y porte, plein de courage ; mais Luynes sait mal lui préparer le terrain et lui ménager les occasions. […] Les flatteries l’emportèrent jusque-là qu’il crut que toutes les louanges qu’on lui donnait étaient véritables, et que la grandeur qu’il possédait était moindre que son mérite… Il était plein de belles paroles et de promesses qu’il ne tenait pas fidèlement ; mais, lorsqu’il donnait des paroles plus absolues, c’est alors qu’on était plus assuré de n’avoir pas ce qu’il promettait ; et, lorsqu’il promettait le plus son affection, c’était lorsqu’on avait plus de sujet d’en être en doute : tant il manquait de foi sans en avoir honte, mesurant tout l’honneur à son utilité ! […] Richelieu, dans toutes les réformes qu’il propose, se montre plein de modération ; il tient compte des faits accomplis, et, dans la correction des désordres même, il veut qu’on procède avec douceur et mesure.

743. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Toute pleine du feu de tant de saints prophètes. […] Mais Racine écrivait pour les oreilles ; son vers est remarquablement plein ; la faute de l’e muet est rare dans son œuvre ; il voulait douze syllabes et savait les trouver. […] Mais ce qui donne à son alexandrin un ton si nouveau, c’est qu’il est presque toujours incomplet ; dans la si belle prière C’est la fête du blé, si on laisse de côté la dernière strophe volontairement écrite en vers pleins, sur seize vers il y en a deux de dix syllabes, cinq de douze, et neuf de onze ; dans la pièce xvi (Sagesse) sur douze vers, il n’y en a que trois de réguliers.

744. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

» Là-dessus, il continue notant, décomposant, comparant, tirant les conséquences pendues au bout de ses syllogismes, curieux de savoir ce que du fond du puits il ramène à la lumière, mais indifférent sur la prise, uniquement attentif à ne pas casser la chaîne et à remonter le seau bien plein. […] Je vois entre les tas de feuilles mortes des primevères, des violettes, des pervenches bleues comme des yeux de jeune fille ; il y a aussi des euphorbes déjà pleins de lait, si gonflés de sève, que leur pyramide verte fléchit sous le faix de leur tête. […] On vit un jour un cheval plein de feu, d’orgueil et de courage, le cœur aussi grand que la force, généreux, capable de durer et de s’user à la peine.

745. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Alfred de Musset l’a fait : mais, chez Alfred de Musset, ses malédictions sont pleines d’amour, ses blasphèmes pleins de croyances ; son orgueil, qui n’est que le cri momentané de l’âme inquiète et blessée, s’abat devant la toute-puissance de Dieu. […] C’était le seul journal, assez peu inféodé au monde du théâtre, et assez peu gourmand de places gratuites, pour assurer à son critique la pleine liberté de ses appréciations. […] Plein de gloire, rassasié de jours, bercé au murmure universel des respects et des deuils, Victor Hugo s’en est allé. […] Et ce souvenir qui fut, dans sa vie toute pleine de rêves avortés, comme une courte halte de bonheur, l’accompagna jusqu’à la mort. […] Comme nous passions sur la berge, devant une petite maison enfoncée dans de la verdure, l’homme important s’arrêta, contempla la maison d’un regard mélancolique et qui me sembla plein de regrets.

746. (1888) Portraits de maîtres

Depuis on l’a montrée dans sa pleine lumière, mais qui le premier a fait tomber le voile qui la cachait ? […] Il descend plutôt des poètes de la reine Anne avec leur grande allure un peu solennelle mais pleine d’ampleur et d’élégance. […] Elle est pleine de force et d’éclat. […] Est-ce dans cette grande poésie grecque pleine d’allusions, de souvenirs, de légendes, de mythes ? […] Est-ce chez Corneille plein de la vie romaine ?

747. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deschamps, Émile (1791-1871) »

Auguste Barbier Comme poète, il avait peu d’invention et de sentiment, mais une facture de vers remarquable, une grande habileté dans la connaissance et le maniement des rythmes lyriques ; ses poésies légères, voltairianisme un peu romantisé, et son petit poème de Florinde, tiré du Romancero, resteront comme des œuvres pleines de grâce et d’habileté.

748. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Paté, Lucien (1845-1939) »

Lucien Paté vient de faire paraître un livre plein de beaux vers et de hautes pensées ; ce sont, pour la plupart, des pièces où il chante la France et ses gloires qui composent un volume dont je voudrais citer bien des morceaux… Parmi les pièces les plus émouvantes de ce recueil de belles inspirations, je signalerai, entre bien d’autres : Le Berceau, la Mort de Démosthène.

749. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 320-321

L’Abbé de Boisrobert étoit en effet d’une société très-agréable ; il avoit le caractere gai, & l’imagination pleine de saillies.

750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 479-480

Il étoit fort lié avec Voiture, Scarron, Sarrasin, avec la fameuse Ninon, & quelques autres, d’une société pleine de gaieté & d’agrémens, ce qui ne contribue pas peu à animer un esprit naturellement agréable & facile.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 338-339

Quelques Poésies fugitives, pleines d’esprit, de délicatesse & de sentiment, à la tête desquelles il faut placer le Rajeunissement inutile, ont établi sa réputation pendant qu’il vivoit, & pourront même la soutenir encore après sa mort.

752. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 128-129

Dans l'Oraison funebre de Marie-Amélie de Saxe, Reine d'Espagne, elle est noble, animée, pleine d'élégance & de variété ; elle a sur-tout l'art de bien dessiner un plan, de développer habilement les circonstances, de placer à propos les mouvemens, & d'intéresser par une morale aussi sage que fine & naturelle.

753. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 290-291

Débrouiller la Chronologie, faire revivre plusieurs Auteurs ignorés, commenter des Ouvrages obscurs, les rendre intelligibles, faire naître, pour ainsi dire, l'ordre & la lumiere du sein du chaos ; voilà l'idée qu'on doit se former des travaux de cet Ecrivain, plein, d'ailleurs, d'exactitude & de pureté dans le style.

754. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On voit dans la première de ces lettres en quels termes affectueux et pleins d’une tendre estime Mme de Staël renoue une correspondance interrompue, et passe outre à une négligence : « Ce 8 avril (1803). […] Baggesen était personnellement un caractère plein de saillie, d’imprévu, et d’une bizarrerie qui ne devait pas déplaire ; il avait parfois dans l’esprit une gaieté très-originale qui contrastait avec ses tourments perpétuels et ses mésaventures réelles ou imaginaires. […] Au dedans de mon cœur, en te voyant, je sentais aux prises ces deux adversaires qui vont toujours ensemble, le Respect et l’Amour ; mais pourtant ton sourire était si clément, et je ne sais quoi de connu me luisait si doucement dans tes regards, que l’Amour l’emporta, et que je m’approchai plein de confiance. […] Vers le même temps, son ami Grossi s’occupait d’un grand poëme historique, les Lombards à la première Croisade ; c’était le moment de la pleine vogue d’Ivanhoe. […] Ses jugements, pleins de finesse et de mesure, étaient ma règle dans le doute ; et la sympathie avec laquelle il suivait mes travaux me stimulait à marcher en avant.

755. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Enfin les routes sont pleines d’enfants qui jouent et gaminent, encouragés par le sourire tranquille de leurs parents. […] Un défilé sans cesse recommençant, où la fatigue est pleine d’entrain, de gaieté. […] La construction, la stratification des nuages était aussi surprenante, et toute pleine de mirages singuliers. […] L’homme de l’ambulance restait plein d’inquiétude pour son immeuble. […] On voit des mains se promener sur leurs flancs, on entend des paroles dont on ne comprend pas le sens, dites par des figures pleines de sourires malicieux, et de clignements d’yeux diaboliques, — bourse mystérieuse, entre ces hommes tout rubiconds de coups de soleil, et qui ne dure qu’un instant.

756. (1864) Études sur Shakespeare

Tout fut simple chez ce peuple ; la société n’y fut point livrée à un état plein de lutte et d’incohérence ; sa destinée ne s’écoula point dans de longues ténèbres, au milieu des contrastes, en proie à un malaise obscur et profond. […] Qui ne se sentira le cœur assailli de toutes les émotions pleines d’angoisse que peut inspirer l’enfance, en voyant la scène où Hubert, selon sa promesse au roi Jean, veut faire brûler les yeux du jeune Arthur ? […] Et pourtant nous nous trompons ; ce que nous reconnaissons alors en nous n’est pas cette puissance qui se réveille à la vue des souffrances de nos semblables, puissance pleine d’amertume si elle est réduite à l’inaction, pleine d’activité si elle conserve la liberté et l’espoir de les secourir. […] Aucune de ses actions ne s’est terminée sans rendre nécessaire l’action qui la suit ; elles s’annoncent et s’attirent l’une l’autre, forçant ainsi l’imagination de marcher en avant, pleine de trouble et d’attente. […] C’est un spectacle plein d’émotion que celui de lady Macduff tendrement amusée des saillies de l’esprit naissant de son fils, tandis qu’à sa porte arrivent les assassins qui vont massacrer et ce fils et les autres, et ensuite elle-même.

757. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIII » pp. 173-174

Elle a paru pleine de grâce, de vénusté, comme toujours ; dans ses airs de tête et dans sa coiffure, avec deux ou trois boucles modestes qui s’échappaient de chaque côté de dessous son diadème, on aurait dit d’un camée antique.

758. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Doucet, Camille (1812-1895) »

Les comédies d’Augier et de Ponsard en sont pleines, pour ne parler que de ceux-là, et en laissant de côté les Étienne, les Andrieux, les Collin d’Harleville, et tout le répertoire de second ordre de la fin du xviiie  siècle.

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