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1040. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Il retient sa pensée, la ramasse et la bloque toujours dans une phrase serrée comme une cartouche, et, quoi qu’il exprime, son style a la rapidité et la précision de ces armes à longue portée qui empêchent les balles d’être des folles, comme les appelait Souwarow, et qui ont détrôné la baïonnette… L’auteur des Études sur le Combat aurait été partout un écrivain.

1041. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Ils se prennent à la magie de cette espièglerie française qui les enivre de plaisir, et, quand ils sont enivrés, leur fait écrire des phrases idolâtres, que l’auteur des Lettres satiriques appellerait des sottises s’il les trouvait sous une autre plume que la sienne, mais qui n’y seraient pas, du reste, de cette façon-là !

1042. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Jusqu’ici l’abdication de Charles-Quint et son ensevelissement dans un cloître, ce double texte de déclamations que la Philosophie a enrichi de si belles phrases, étaient jugés, mais, à ce qu’il paraît, n’étaient pas connus… et c’est cette abdication et cet ensevelissement que la publication de documents nouveaux doit nous faire connaître.

1043. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

La Tour d’Auvergne fait tout pâlir dans le livre de Michelet, Desaix, le Sultan juste, le héros sans phrases, qui, de l’aveu de Michelet (aveu qui l’honore), avait été élevé par des prêtres, — ce qui expliquerait le christianisme de ses vertus ; Hoche le clément, qui ne s’est élevé que par lui-même, s’effacent devant La Tour d’Auvergne… C’est, en art, une faute, selon moi, d’avoir, dans le volume, donné sa Vie la première.

1044. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

… Vous savez la phrase, dans le patois consacré : « L’avocat soussigné est d’avis des résolutions suivantes.

1045. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Voici des phrases du P. 

1046. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Ce n’est ni la brûlante Visionnaire de la Vie, la pluie de larmes qui coula toujours, ni l’Extatique torturée, l’ardente poëtesse d’après la Communion qui nous a laissé ce livre des Exclamations où les phrases ne sont plus que des cris, et ce n’est pas non plus la Sainte Térèse du livre des Fondations.

1047. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Funck Brentano relève, il ne faut pas oublier qu’il a écrit cette phrase, qui enveloppe tout : « En vain l’idéalisme et le sensualisme changeront de nom et d’enseigne et deviendront le criticisme, le synthétisme, la philosophie du bon sens, « le positivisme, l’éclectisme, l’évolutionnisme, le nihilisme, on ne pourra conduire à, aucune solution sans un principe supérieur. » Le spiritualiste, dans M. 

1048. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

L’auteur des Colombes et Couleuvres a les défauts de ses qualités, mais cette phrase, devenue si vulgaire, inventée par les Éclectiques de ce temps, pour éviter les embarras de la vérité et les lâchetés de la Critique, n’exprime pas pour nous une fatalité.

1049. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, dans cette phrase que nous avons citée, « il a frappé parfois à la porte des Hymnes », il faut avouer qu’elles ne lui ont pas, à chaque fois, tiré le cordon !

1050. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

., etc. » Cette voix, cette langue, cette allure, cette coupe de phrase, à laquelle notre langue à nous du xixe  siècle a jeté une couleur plus vive, et, si l’on veut (qu’est-ce que cela me fait ?)

1051. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Nous n’avons qu’une seule phrase de son panégyrique ; elle nous a été conservée dans un autre ouvrage de ce genre, prononcé cent cinquante ans après.

1052. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Fléchier louait en antithèses, La Bruyère en portraits, Massillon en images, Montesquieu en épigrammes, et l’auteur de Télémaque en phrases tendres et harmonieuses.

1053. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Dès la seconde phrase, elle ne garde d’aigu que ce qu’il faut pour bien entrer dans les oreilles. […] Je n’ai pas besoin de montrer combien la dernière phrase est languissante. […] Thiers a la phrase vraie, large, animée. […] Au contraire que serait Michelet sans l’éclat de sa phrase lui qui ignore les belles ordonnances et le noble arrangement des idées ? Cette phrase sensuelle de Michelet donne un plaisir bien vif, mais qui ne peut se prolonger sans se changer en malaise et devenir enfin une véritable souffrance.

1054. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Un seul fait en dira plus que beaucoup de phrases : il y a là des œuvres, dignes au moins d’une mention dans l’histoire, que Sainte-Beuve lui-même, si curieux, a fait comme s’il les ignorait, et des noms, dignes au moins d’un souvenir, qu’il n’a pas seulement prononcés. […] J’entends d’ici leurs grandes phrases, et j’apprécie, tout comme un autre, l’éloquence de leurs invectives, et je comprends sans peine qu’elle ait remué tant de cœurs. […] Fortement marquée dans ces bouts de phrase, l’intention comique l’est bien plus fortement encore dans le rythme même du discours. […] Ceci explique la présence, dans l’œuvre de Marivaux, de quelques phrases qui, lorsqu’on les isole, semblent le dépasser. […] Aussi, si je disais que le style de tel auteur est ridicule, je prétendrais en même temps qu’il pense ridiculement. » Et là-dessus il citait une phrase de Marivaux26.

1055. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Grâce au travail des auteurs comiques et de La Rochefoucauld et de La Bruyère, la grande phrase patiemment tressée du commencement du xviie  siècle s’est dénouée et assouplie, et désormais on peut être entortillé en phrases courtes. C’est l’instrument au moins qui est créé, la phrase rapide et cinglante, qui va être si redoutable aux mains d’un Voltaire. […] Quand ce ne sont point des anecdotes et petites histoires sentimentales, sur quoi nous reviendrons, ce sont des lieux communs entortillés dans des phrases difficiles, ou des banalités de sentiment délayées dans du babillage. […] Cette « royauté intellectuelle », de Voltaire, n’est qu’une jolie phrase. […] Il la prévoit niveleuse, et il est riche ; peu littéraire, ou ayant tendresse pour la littérature médiocre, et il est un fin lettré ; bruyante, et il chérit la paix ; aimant mieux les phrases que l’esprit, et il est spirituel et « n’a pas fait une phrase de sa vie ». — Et certes, mieux vaut entrer dans une aristocratie de gouvernement despotique, c’est-à-dire ouverte au talent, à la richesse et aussi à la flatterie, qu’être englouti dans une démocratie peu clairvoyante sur ces divers genres de mérite. — Donc Louis XIV, Catherine, Frédéric s’il avait bon caractère, Louis XV s’il voulait ressembler à Louis XIV.

1056. (1885) L’Art romantique

Pour bien comprendre l’étendue du sens impliqué dans cette phrase, il faut se figurer les usages ordinaires et nombreux du dictionnaire. […] Encore avons-nous le droit de douter que la phrase hiéroglyphique fût plus claire que la phrase typographiée. […] Malgré les lourdeurs et les enchevêtrements de sa phrase, il a toujours été un connaisseur des plus fins et des plus difficiles. […] Les replis que font ces phrases, en se liant et s’entrelaçant autour des paroles du poème, sont d’un effet émouvant au dernier point. […] Un roman passe par une série de genèses, où se disperse non seulement l’unité de la phrase, mais aussi de l’œuvre.

1057. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Coupée aussi cette délicieuse phrase sur la lyre d’Apollon : « Quels ravissements ! […] … » Et le pauvre garçon se répand en phrases candides, un peu puériles même, mais touchantes. […] Mais il ne s’agit pas de cela, et il ne s’agit pas non plus seulement de phrases. […] Une phrase n’est pas seulement un agrégat d’harmonies lumineuses ou sonores : elle doit avoir un sens. […] Sa phrase n’a ni rythme, ni nombre, ni timbre, nulles qualités musicales.

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