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420. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Chouet sur le venin des vipères et sur la pesanteur de l’air, il remarque que c’est là le génie du siècle et des philosophes modernes. […] Gaillard (qui s’entremettait pour lui) que je suis un philosophe sans entêtement, et qui regarde Aristote, Épicure, Descartes, comme des inventeurs de conjectures que l’on suit ou que l’on quitte, selon que l’on veut chercher plutôt un tel qu’un tel amusement d’esprit. » C’est ainsi qu’on le voit engager ses cousins à prendre le plus qu’ils pourront de philosophie péripatéticienne, sauf à s’en défaire ensuite quand ils auront goûté la nouvelle : « Ils garderont de celle-là la méthode de pousser vivement et subtilement une objection et de répondre nettement et précisément aux difficultés. » Ce mot que Bayle a lâché, de prendre telle ou telle philosophie selon l’amusement d’esprit qu’on cherche pour le moment, est significatif et trahit une disposition chez lui instinctive, le fort, ou, si l’on veut, le faible de son génie. […] Plus mélancolique que gai de tempérament, mais parce qu’il était de petite complexion, avec de l’agrément et du badinage dans l’esprit, il n’aimait que les livres, l’étude, la conversation des lettrés et philosophes. […] Il n’aurait pas dit qu’il voudrait bien aller de temps en temps à Paris se ravictuailler en esprit et en connoissances ; il n’aurait pas parlé de madame de La Sablière comme d’une femme de grand esprit qui a toujours à ses trousses La Fontaine, Racine (ce qui est inexact pour ce dernier), et les philosophes du plus grand nom ; il aurait redoublé de scrupules pour éviter dans son style les équivoques, les vers, et l’emploi dans la même période d’un on pour il, etc., toutes choses auxquelles, dans la préface de son Dictionnaire critique, il assure bien gratuitement qu’il fait beaucoup d’attention ; en un mot, il n’aurait plus tant osé écrire à toute bride (madame de Sévigné disait à bride abattue) ce qui lui venait dans l’esprit. […] Newton, dit-il, a été aussi vertueux qu’il a été grand philosophe : tels sont pour la plupart ceux qui sont bien pénétrés de l’amour des sciences, qui n’en font point un indigne métier, et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l’esprit de parti.

421. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Sir William Hamilton est probablement le premier des philosophes anglais qui ait pris parti pour l’affirmative, sans s’arrêter à ce prétexte spécieux qu’une action ou une passion inconsciente de l’esprit est inintelligible. […] « La différence entre ces deux classes de nos sensations répond à la distinction faite, par la majorité des philosophes, entre les qualités secondes et les qualités premières de la matière. » Les qualités premières sont pour M.  […] Mais si le cas ne s’est pas rencontré, nous en avons un analogue : c’est celui d’un aveugle-né que Platner, médecin philosophe du dernier siècle, soigna et interrogea88. […] Dans son Examen de la philosophie d’Hamilton 94, il a critiqué avec vivacité la théorie de ce philosophe sur la causalité. […] Les philosophes les mieux informés de France et d’Allemagne en connaissent à peine l’existence, s’ils la connaissent. » M. 

422. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Avec lui la durée devient ce que les philosophes appellent une nature. […] » Voilà la charte constitutionnelle octroyée aux idées obscures par l’analyste même, l’héritier libéral des philosophes : le Génie a passé par là. […] Émigré à quarante ans, retiré dans la studieuse Heidelberg, où il élève ses fils, ce gentilhomme rouergat, réfléchi, tenace, très apte à de pesantes déductions logiques, prend le chemin des philosophes, mais contre les philosophes dont la doctrine a ruiné l’autorité et amené l’anarchie révolutionnaire. […] Il se fait le philosophe des bases. […] Il ne ressemble pas à celui des poètes, mais à celui du philosophe.

423. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

À l’époque où s’ouvrit ce grand concile de la politique moderne, Mathieu de Montmorency, philosophe et novateur comme son maître Sieyès, s’élança sur ses pas et sur les pas de Mirabeau au-devant de toutes les théories de liberté et d’égalité qui allaient être soumises à l’épreuve de l’expérience du siècle futur. […] Ce fut dans ce séjour à Lyon, avant les dernières crises de l’Empire, qu’elle connut un des hommes qui ont tenu le plus de place, sinon dans son cœur, du moins dans ses habitudes ; cet homme était le philosophe Ballanche. […] Le chaste attrait de madame Récamier ne s’adressait, en effet, qu’aux yeux et à l’âme ; Ballanche y vit un symbole de la beauté immaculée, il l’aima comme un philosophe aime une abstraction, il se sentit glorieux de s’attacher, sans aucun intérêt sensuel, à cette personnification de la beauté. […] Dubois, philosophe politique de courage et de talent qui semait, dans la revue le Globe, le germe d’une liberté propre à élargir les idées sans préparer des révolutions ; David, le sculpteur, adorateur de la beauté et du génie, qui prenait ses sensations pour des opinions, mais dont toute la supériorité était dans la main et dans le caractère ; M.  […] Ballanche n’était là que pour en amortir les coups et pour en panser les blessures ; mais quelle touchante figure dans le tableau que ce philosophe amoureux sans récompense, et qui se nourrit de sa propre tendresse pourvu qu’on lui permette d’assister à la vie de celle qu’il aime !

424. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Les philosophes, pleins de crainte ou d’espérance, Songent et n’ont entre eux pas d’autre différence, En révélant l’Eden, et même en le prouvant, Que le voir en arrière ou le voir en avant. […] Ce sont les vrais prédécesseurs des philosophes : As-tu vu méditer les ascètes terribles ? […] Enfin, au-dessus des prêtres et des ascètes est le philosophe, qui trouve dans sa conscience même et l’idée de Dieu et la loi divine. […] Pour saisir enfin toute la force de certaines formules, ce n’est pas trop d’être quelque peu philosophe. […] Lui qui se plaît, en prose et en vers, à faire des nomenclatures de noms illustres, il ne cite jamais (ou il cite très indifféremment et au hasard de la rime, sans y insister) les noms des philosophes, des historiens, des hommes de pensée.

425. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Le théologien, spéculant sur l’absolu, sur la simplicité essentielle d’un dogme révélé, n’a pas à tenir compte de ces variétés, qui ne menacent d’aucune manière les vérités fondamentales ; mais comment le philosophe nationaliste s’empêcherait-il de les enregistrer ? […] « L’esprit français le plus indigène, le plus local a toujours de l’universalité… »‌ Le philosophe du régionalisme français, un nationaliste extrême, comme Charles Maurras, a toujours insisté sur cette notion d’universalité qui est propre à la France et qu’elle a héritée de Rome et d’Athènes.

426. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Seulement il faut observer d’abord que ces philosophes destructeurs ont détruit des choses qui étaient déjà plus qu’à moitié détruites. […] L’enfant est bâtisseur, le jeune homme artiste, l’homme mûr belliqueux, le vieillard philosophe. […] Elle va cesser d’être belliqueuse et elle va devenir philosophe. […] Parce qu’il était poète, orateur, assez bon logicien et même assez bon philosophe, mais très peu historien et très peu psychologue. […] Ce qu’il est à cette époque, c’est un historien philosophe qui cherche dans l’histoire le développement de la pensée de Dieu.

427. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Son diamètre va des Sept Chefs devant Thèbes au Philosophe sans le savoir, et de Brid’oison à Œdipe. […] L’âme de Pythagore, ce philosophe demi-mage et demi-brahme, semblait être entrée à travers Euphorion dans Eschyle. […] Le bouc, avec sa barbe de philosophe, était de cette secte. […] Les indications essentielles au progrès, venues de tel philosophe ou de tel poëte, faisaient tout à coup défaut. […] Un des grands côtés de cette délivrance de l’homme par l’imprimerie, c’est, insistons-y, la conservation indéfinie des poètes et des philosophes.

428. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Son premier livre, Les Philosophes français du xixe  siècle, fut le rire strident de la moquerie contre la philosophie contemporaine qui, comme on dit, ne l’avait pas volé ! […] Taine des Philosophes français, le matérialiste de fond et de la première heure, et cela devait être, du reste. […] Taine, qui, après avoir été philosophe, se pose en historien, a été, un jour de sa vie, un artiste. […] Il avait encore, dans ce temps-là, de cette légèreté et de cette ironie qu’il avait montrées dans son pamphlet contre les Philosophes français du xixe  siècle. […] En attendant, notons ceci : dans ce livre, où la société monarchique est jugée, contrairement à la méthode de l’auteur, les philosophes qu’on pourrait nommer les révolutionnaires d’avant la Révolution ne sont que décrits, avec admiration, il est vrai.

429. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Après Luther, le théologien, après Calvin, l’homme d’État du Protestantisme, on vit s’élever les philosophes : Bacon, Hobbes, Gassendi, Locke, et, plus tard, l’Hydre aux mille têtes de l’Encyclopédie. […] les parlements n’étaient aimés ni respectés des philosophes ; cependant ils s’entendirent au premier mot contre le formidable Institut. […] Jansénistes, parlements, philosophes, confondaient dans une affreuse accointance leur mépris et leur haine les uns pour les autres, dès qu’il s’agissait de ruiner le principe de l’Église romaine et de l’Ordre qui l’avait sauvé. […] Ni Choiseul, cet autre obligé des Philosophes, ce ministre d’État d’une prostituée dont les Jésuites, accusés de tant de facilité, n’avaient pas voulu servir les intérêts ; ni Manuel de Roda lui-même, le parricide d’une société qui l’avait élevé et comblé de bienfaits, n’approchèrent seulement de Pombal. […] Il était protestant, il était philosophe ; mais aussi, il était roi.

430. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Qu’avec ce talent elle fût, comme il le dit, simple, et même stupide, voilà qui prête aux méditations des philosophes. […] Il infligea au siècle l’humiliation de voir son plus grand philosophe copier de la musique. […] Et c’est, il l’école de cette philosophe, la marotte de tous ces gens-là. […] Elle introduit chez nous le type de la prêcheuse, de la philosophe. […] Vraiment est-ce « le philosophe », cet esprit dissous et impuissant ?

431. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

L’Huillier était un autre lui-même, s’attacha à donner à son fils la meilleure éducation ; Chapelle étudia au collège des jésuites de la rue Saint-Jacques, où il rencontra Bernier et Molière, et il introduisit auprès de Gassendi ces deux condisciples : tous trois profitèrent diversement des leçons particulières du philosophe, mais ils en restèrent marqués. […] Si Bernier, dans cette lettre, ne se réconcilie pas nettement avec Descartes qu’il continue de considérer comme un philosophe trop affirmatif en ses solutions, il y rétracte du moins aussi formellement que possible les doctrines de Lucrèce et d’Épicure et toutes les assertions purement matérialistes nées de la théorie des atomes ; il y insiste particulièrement sur l’impossibilité d’expliquer par la matière seule et par le mouvement de corpuscules, si petits qu’on les fasse, des opérations d’un ordre aussi élevé que celles qui constituent l’intelligence, le raisonnement, la perception de certaines idées, la conscience qu’on a d’avoir ces idées, la volonté, le choix dans les déterminations, etc. ; en un mot, il y combat au long et avec détail l’épicuréisme, auquel il sait bien que Chapelle incline et est d’humeur, soit en théorie, soit en pratique, à s’abandonner : Je me promets, lui dit-il, que vous donnerez bien ceci à ma prière, qui est de repasser un moment sur ces pensées si ingénieuses et si agréablement tournées qu’on a su tirer de vos mémoires (apparemment quelques écrits et cahiers de philosophie et de littérature de Chapelle), sur tant d’autres fragments de même force que je sais qui y ont resté, et généralement sur tous ces enthousiasmes et emportements poétiques de votre Homère, Virgile et Horace, qui semblent tenir quelque chose de divin. Et vous ne me refuserez pas, dans cette netteté d’esprit et humeur philosophiques où vous vous trouvez quelquefois le matin, de faire réflexion sur trois ou quatre choses qui me semblent très dignes de l’attention d’un philosophe. […] Or, Bernier, homme de sens, qui a beaucoup vu, et qui, en vertu même d’un sage scepticisme, est devenu plus ouvert à des doctrines supérieures, croit devoir avertir son ami et camarade, qui, en passant par le cabaret, est resté plus qu’il ne croit dans l’école ; le voyant prêt à vouloir s’enfoncer dans une philosophie abstruse et prétendre à expliquer physiquement la nature des choses et celle même de l’âme, il lui rappelle que c’est là une présomption et une vanité d’esprit fort ; mais si cette explication directe est impossible, et si connaître en cette manière son propre principe n’est pas accordé à l’homme dans cet état mortel, néanmoins, ajoute-t-il en terminant, nous devons prendre une plus haute idée de nous-mêmes et ne faire pas notre âme de si basse étoffe que ces grands philosophes, trop corporels en ce point ; nous devons croire pour certain que nous sommes infiniment plus nobles et plus parfaits qu’ils ne veulent, et soutenir hardiment que, si bien nous ne pouvons pas savoir au vrai ce que nous sommes, du moins savons-nous très bien et très assurément ce que nous ne sommes pas ; que nous ne sommes pas ainsi entièrement de la boue et de la fange, comme ils prétendent. — Adieu.

432. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Un des amis de ce dernier et qui paraît avoir été un homme des plus distingués, bien qu’il n’ait guère laissé de souvenir, le marquis de Saint-Georges, un sage, un homme de goût, un philosophe pratique comme il y en avait alors à Paris, comme il y en a peut-être encore, qui lisait ces lettres de Vauvenargues et les prisait infiniment, y trouvait, disait-il, de l’esprit partout, mais des endroits faux, trop de métaphysique, et ajoutait : « Il parle par théorie, on le voit. » C’est possible ; mais les lettres sont vraies pour nous en ce qu’elles nous peignent celui même qui les écrit, et c’est ce caractère surtout qui nous est intéressant aujourd’hui à connaître. […] Mais, quoique je ne sois point heureux, j’aime mes inclinations, et je n’y saurais renoncer ; je me fais un point d’honneur de protéger leur faiblesse ; je ne consulte que mon cœur ; je ne veux point qu’il soit esclave des maximes des philosophes, ni de ma situation ; je ne fais pas d’inutiles efforts pour le régler sur ma fortune, je veux former ma fortune sur lui. […] Mirabeau avait fort usé dans ses précédentes lettres de l’exemple et de l’autorité de M. de Saint-Georges, cet homme d’esprit et ce philosophe dont j’ai parlé, qui demeurait rue Bergère, et qui l’avait engagé à quitter le service pour se créer une existence agréable, occupée, indépendante. […] Caton le censeur, s’il vivait, serait magister de village, ou recteur de quelque collège ; du moins serait-ce là sa place : Caton d’Utique, au contraire, serait un homme singulier, courageux, philosophe, simple, aimable parmi ses amis, et jouissant avec eux de la force de son âme et des vues de son esprit, mais César serait un ministre, un ambassadeur, un monarque, un capitaine illustre, un homme de plaisir, un orateur, un courtisan possédant mille vertus et une âme vraiment noble, dans une extrême ambition.

433. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Tout en lisant le présent ouvrage où l’ancien élève de l’Observatoire de Paris a réuni, comme en se jouant, toutes les découvertes de la science la plus avancée et les a combinées avec d’autres idées moins précises à l’appui de ses hypothèses, je me suis pris pourtant à rouvrir Fontenelle dans son ingénieux livre de la Pluralité des Mondes, publié en 1686, une année avant que Newton donnât le livre immortel des Principes, et j’ai de nouveau rendu justice à ce philosophe supérieur qui avait sans doute quelques défauts de manière, mais qui voyait si juste et si loin quant à ce qui est du fond des choses. […] Je crois en effet que Fontenelle aurait pu tenir un peu plus à ses pensées ; mais ne le prenons pas trop au pied de la lettre, le sage et prudent philosophe. […] Fontenelle, s’il ne conclut pas, s’il paraît se jouer en homme d’esprit et en sage peu entêté de son opinion, reste du moins exactement philosophe. […] Son seul tort, philosophe comme il était et ne voulant point simuler ce qu’il ne pensait pas, c’est, par son ton badin, d’avoir semblé souvent parodier la grandeur du sujet.

434. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Les Allemands disent de Jean Paul qu’il réunit les qualités les plus diverses, à la fois poète, philosophe, naturaliste, peintre de mœurs. […] Mais on y sent surtout le philosophe moral, le poète moral, qui semble n’être artiste que pour relever et purifier le cœur de l’homme, qui est toujours occupé du problème de la destinée de l’homme, et amoureux de son perfectionnement. […] L’étude solitaire et passionnée de la nature dans un philosophe moral devait en effet produire presque nécessairement une association d’idées qui menait tout droit au style symbolique : car quand ce philosophe veut exprimer une pensée morale, voilà qu’une image physique s’offre en même temps à son esprit, donne un corps à son idée abstraite, en devient la formule et l’emblème.

435. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

« Il avait, dit-il lui-même, une pente naturelle vers les choses d’observation intérieure »… Il suivait « une lumière intérieure, un esprit de vérité qui luit dans les profondeurs de l’âme et dirige l’homme méditatif appelé à visiter ces galeries souterraines… Cette lumière n’est pas faite pour le monde, car elle n’est appropriée ni au sens externe ni à l’imagination ; elle s’éclipse ou s’éteint même tout à fait devant cette autre espèce de clarté des sensations et des images ; clarté vive et souvent trompeuse qui s’évanouit à son tour en présence de l’esprit de vérité. » Ainsi occupé, et ses regards concentrés sur lui-même, il avait fini, comme les philosophes indiens, par isoler et constituer à part, du moins à ses propres yeux, son être intérieur et sa volonté active. […] Cousin répondait : « Passez, messieurs, dans l’arrière-cave ; c’est le domicile de M. de Biran, un bien grand philosophe ; il vous donnera tous les éclaircissements nécessaires. […] C’est un grand mérite ; tous les philosophes ne l’ont pas. […] Je reconnais le philosophe, logicien intraitable, qui, emprisonné dans une idée, pioche le roc, perce le granit, creuse un abîme où l’univers pourrait s’engloutir.

436. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Comme philosophe, son mérite est bien moins dans la nature et la démonstration des doctrines que dans le renouvellement qu’il fit subir à ce genre d’étude. […] Nous n’avons donc vu (si j’excepte quatre ou cinq survivants) que le philosophe Cousin de la seconde époque, le Cousin plus orateur que philosophe, et finalement écrivain accompli.

437. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Rossi, sont tous, à des degrés divers, philosophes et publicistes, et leur philosophie contient les principes de leur politique. […] Cet éminent penseur n’était pas sans doute un philosophe, et il avoue lui-même qu’il avait peu de goût pour la métaphysique ; mais il possédait au plus haut degré et pratiquait merveilleusement la méthode philosophique : il avait cet esprit de réflexion et de généralisation qui, partout dans les faits particuliers, cherche et découvre les lois générales. […] Ce n’est pas faire violence à ses opinions et à ses sentiments que de le réclamer comme un politique spiritualiste et comme un politique philosophe.

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