Le lendemain, dès que l’Aurore aux doigts roses, fille du Matin, a lui dans le firmament, un vent propice et durable souffle sur la mer ; ils redressent le mât, ils déploient les voiles blanchissantes qu’enfle l’haleine des vents ; la vague bleuâtre résonne sur les flancs du navire qui fend en voguant la plaine liquide. » V Ici le poète, qui voit, avec autant de raison que de poésie, toutes les actions des hommes gouvernées invisiblement par les puissances supérieures nommées divinités, transporte, sans transition, la scène et la pensée de la terre au ciel. […] « — Chère épouse, répond Hector, toutes ces pensées étaient aussi en moi, mais j’aurais trop à rougir devant les Troyens et les femmes troyennes si je me retirais du combat comme un lâche. …… Oui, je le pressens au fond de mon cœur, un jour se lèvera où la ville sacrée d’Ilion, et Priam, et le peuple courageux de Priam périront ensemble ! […] Oui, mais c’est l’âme appliquée par le calcul à la matière ; l’autre, c’est l’âme appliquée par la poésie au sentiment, à la pensée, à la nature universelle, à la Divinité. […] Ainsi s’élance la pensée de l’homme qui jadis a parcouru de nombreuses contrées ; il se les retrace dans son esprit avec une mémoire intelligente, se disant : J’étais ici, j’étais là, et se représentant une foule de souvenirs. Aussi rapide s’élançait l’impatiente Junon, etc., etc. » Ne diriez-vous pas une comparaison écrite d’hier par un poète spiritualiste qui fait disparaître devant la pensée l’espace, la distance, le temps ?
Ils vous accorderont peu à peu leur confiance, s’ils sentent en vous une fraternelle pensée et que vous ne vous croyez pas meilleurs qu’eux ni d’une essence supérieure. […] Mais vous ne m’accuserez pas d’avoir voulu me faire valoir en les prononçant, puisque je vous ai prévenus que ce que j’exprimerais ici, ce seraient vos propres pensées. […] Dursay s’était fait passer pour marié, afin, dit-il, d’être tranquille, — et aussi pour qu’on ne pût escompter le dénouement et que Lia ne pût l’entrevoir ou le désirer, même dans le plus secret de sa pensée. […] L’artifice consiste d’abord à mettre dans la bouche des personnages de hideuses paroles, conformes peut-être à leur hideuse pensée secrète, mais que jamais, dans la réalité, ils ne prononceraient. […] Vous sentez la convention, d’autant plus déconcertante ici que ces manifestations invraisemblables de vraisemblables pensées sont mêlées çà et là de traits de vérité comique.
Eugène Ledrain Une langue franche et ferme, de l’esprit mêlé à beaucoup de sentiment, quelque chose d’honnête et d’enthousiaste, une pensée toujours élevée, telles sont les principales qualités qui marquent les pièces de M.
V Enclos en une forme parfois impeccable, parfois, je dois le dire, vacillante, de hautaines et mélancoliques pensées, de fumeuses visions de pillages, de massacres arméniens — Parmi le fer, parmi le sang — ordonnées par la Bête Rouge chère à Quillard, et aussi de clairs et polychromes paysages d’Algérie ensoleillée, des danses d’almées lascives, telle est, succinctement, la matière des poèmes de M.
Daniel de Venancourt est sans doute encore en cette phase de transformation où l’on confond la noblesse de l’idée avec la pensée poétique, l’amplification oratoire et doctrinale avec le développement lyrique.
Son élocution en général est simple, noble, pure, & vigoureuse : si elle étoit moins inégale ; si ses pensées étoient plus justes & plus profondes ; si son coloris répondoit toujours à la vivacité de ses sentimens, on pourroit le proposer aux Orateurs Chrétiens comme un modele ; mais il n’a ni l’éloquence convaincante de Bourdaloue, ni l’éloquence persuasive de Massillon, ni l’éloquence tendre & onctueuse de Cheminais, ni l’éloquence brillante & animée du P.
Dans sa Tragédie d’Ericie, ou la Vestale, il n’a pas su assez réprimer les effervescences de son imagination : ses pensées sont souvent fausses, & plus souvent encore trop hardies.
Il montre quelquefois de l’imagination dans l’invention des sujets, des traits pétillans, des pensées ingénieuses ; mais l’esprit, sans le talent, ne procura jamais de succès, & le talent ne se fit jamais sentir dans des Vers assez communément prosaïques, sans grace, & péniblement travaillés.
Il imite parfaitement le tour d’expression, le nombre, & l’abondance quelquefois verbeuse de Cicéron, qu’il s’étoit proposé pour modele ; mais il n’a ni la force, ni l’éloquence, ni la richesse des pensées de l’Orateur Romain.
On lit cependant encore avec une sorte de plaisir ses Harangues Latines, dans lesquelles on remarque un style épigrammatique, qu’on lui pardonne en faveur de la finesse des pensées & de la pureté de sa diction.
Pesselier sont des Lettres sur l’éducation, semées, par intervalles, de réflexions sensées, de vûes utiles, de morale solide & bien discutée : on désireroit seulement qu’il y eût moins sacrifié la justesse des pensées à la finesse de l’expression & du sentiment : une Idée générale des Finances, & des Doutes proposés à l’Auteur de la Théorie de l’Impôt.
Ses pensées sont assez communément ingénieuses & fines, ses tableaux vifs & énergiques, sa morale saine & lumineuse.
Il y a deux intentions dans la publication de ce livre, l’intention littéraire et l’intention politique ; mais, dans la pensée de l’auteur, la dernière est la conséquence de la première, car l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses.
Traiter ces questions, c’est expliquer la mission de l’art ; traiter ces questions, c’est expliquer le devoir de la pensée humaine envers l’homme.
Ni verve, ni originalité, ni pensée, ni faire.
À qui, dans la pensée de Molière, s’appliquait-il ? […] Peut-on soutenir sérieusement, et même avec quelque chose de l’accent lyrique que Molière prend ici pour truchement et pour interprète de sa pensée, mademoiselle Martine ? Molière ferait dire par Martine, comme étant sa pensée à lui, que le mari ne doit savoir ni A ni B après avoir fait dire à Clitandre qu’une femme doit avoir des clartés de tout ? […] Et dès lors que devient Martine représentant la pensée de Molière et Molière confiant aux filles de la nature la défense de leur mère ? […] Orgon a toujours la pensée de ce qui l’attend outre-tombe.
C’est une tentative fort sérieuse ; mais faites donc qu’une pareille pensée soit entrée dans la tête d’une génération de sensualistes et de libertins ! […] Je demande seulement qu’il en soit tenu quelque compte dans les pensées de régénération que des esprits très honnêtes consacrent à l’avenir de notre patrie. […] Aucun d’eux n’a eu la pensée de bouleverser la langue et de s’élever sur ses ruines ; aucun d’eux (je parle des grands écrivains) n’a essayé d’en briser le moule. […] Loin de moi la pensée de refuser à M. […] L’unique pensée de Runjet-Sing, c’est que la Compagnie des Indes doit finir, tôt ou tard, par engloutir son royaume ; et Runjet-Sing a bien raison.
Si l’élan de vie détourne tous les autres vivants de la représentation de la mort, la pensée de la mort doit ralentir chez l’homme le mouvement de la vie. […] Et ce serait très juste, s’il n’y avait que la pensée réfléchie, pleinement consciente. […] La crainte qui paralyse est celle qui naît de la pensée que des forces formidables et aveugles sont prêtes à nous broyer inconsciemment. […] Certains ont supposé en effet qu’un vague panthéisme hantait la pensée des non-civilisés. […] Savants et philosophes sont trop portés à croire que la pensée s’exerce chez tous comme chez eux, pour le plaisir.