/ 1558
207. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Après un parallèle détaillé entre lui et Walter Scott, à qui il dit qu’il ne se comparera pas ; après avoir opposé les chefs-d’œuvre de l’art italien à nos peintures et sculptures de pacotille, il ajoute : « Le marbre est si cher ! […] Des mœurs telles qu’elles ressortent de ces prétendues peintures du jour, sont-elles réelles ?

208. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Elle est semblable à ces peintures de la Chine, qui n’imitent point la nature, et qui ne plaisent que par la vivacité et par la varieté de leurs couleurs. […] L’Italie fut bien alors le berceau de l’architecture, de la peinture et de la sculpture, mais la musique reprit naissance dans les Païs-Bas, ou pour mieux dire, elle y fleurissoit déja depuis long-temps avec un succès, auquel toute l’Europe rendoit hommage.

209. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Sa peinture ne se vend pas, et sa littérature — il a fait le Maurice de Saxe avec Amigues — ne lui rapporte pas plus que sa peinture. […] Et le triste jour, reflété par cette triste peinture, tombe morne et glacé sur les crânes d’en bas. […] Le côté caractéristique de cette exposition, c’est l’introduction dans la peinture de tout le brillant, de tout le cliquetant, de tout le coruscant du bric-à-brac. Oui, la peinture n’est plus que le trompe-l’œil de la céramique, des éclairs de l’acier, des lumières cassantes de la soie et du satin. […] On peut trouver ça très joli, mais n’est-ce point, au fond, de la très petite couleur, bonne à laisser à la peinture à la gouache ?

210. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

L’ode pure, celle qui se voue exclusivement à la peinture de l’enthousiasme en présence de la gloire ou de la beauté. […] Dans la peinture des souffrances ou dans l’élégie, le besoin d’exagération se fait sentir moins vivement ; mais ce besoin trouve satisfaction à l’insu même du poète. […] Le seul mérite réel que je reconnaisse dans ce livre c’est le sentiment et la peinture du malheur. […] Il réunit dans une chaîne unique les anneaux dispersés de la conscience humaine : en d’autres termes, il se propose l’étude et la peinture de la totalité de l’âme. […] L’histoire de la peinture et de la statuaire parlerait plus haut que l’orgueil blessé.

211. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Comme la peinture et comme la musique, il peut, s’il le veut, se passer d’idées. […] La révolution dramatique. — Peinture de la passion […] Sans eux la comédie ou le roman, la peinture même, — je veux dire la peinture de genre, — quelque chose de trop choisi, ont quelque chose de trop abstrait, et de plus irréel qu’idéal. […] Ce qui rendait ses peintures condamnables, c’en était l’accent de réalité. […] Nous ne prenons ici d’intérêt qu’à la peinture des personnages, ou plutôt à celle de M. 

212. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Si Achille est fier, violent, rancunier, tant mieux : À ces petits défauts marqués dans sa peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature. […] Et même cette idée qu’il avait allait un peu au-delà de ce qu’exigeait à l’ordinaire le public : mais, au fond, il ne déroutait pas les spectateurs, et ne leur présentait rien que leur degré de culture ne leur figurât aisément : ainsi il atteignait son but, qui était seulement d’empêcher leur attention de se détourner sur le détail et l’accessoire, et de la ramener tout entière sur la peinture des passions. […] Et voilà pourquoi Racine a eu raison de fonder tous ses drames sur les effets de l’amour : De cette passion, la sensible peinture Est, pour aller au cœur, la route la plus sûre. […] Ainsi encore, la comédie, en style « humble et doux » par une intrigue vivement conduite, nous présente les ridicules et les vices de la cour et de la ville, et nous divertit de leur exacte peinture. […] Cette société s’était fait un art conforme à son esprit : peinture, sculpture, architecture, jardins même, mobiliers et costumes, tout respirait le même goût de noble élégance et de sévérité pompeuse.

213. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Après tant de belles peintures de l’homme en général, il restait à peindre l’individu, dans cette société qui lui donnait tant de valeur, le Français à une époque où la France a été si grande. […] Je préfère pourtant, même à cette brièveté sublime, la fougue du pinceau de Saint-Simon ; cette abondance négligée qui n’est jamais vaine ; ces portraits qui peignent et qui racontent, qui nous montrent la physionomie des gens, le tour de leur visage et jusqu’à leur démarche, et qui nous introduisent dans leur vie cachée ; cette succession, sur la même toile, des qualités et des défauts, se suivant, se démentant, comme dans la vie réelle ; enfin ce pêle-mêle de la peinture et du récit, dans lequel surnage le trait principal du héros, le trait qui domine toutes les contradictions de son caractère et de son humeur, et qui est comme le mot de sa bonne ou de sa mauvaise renommée. […] C’est ainsi que s’expliquent et les choses indiquées à peine, qui plus loin vont être fortement accusées, et les répétitions, avec quelques nuances qui renforcent la peinture. […] C’est l’avantage de la fresque sur la peinture à l’huile, si poétiquement exprimé par Molière : La paresse de l’huile, allant avec lenteur, Du plus tardif génie attend la pesanteur   ; Et sur cette peinture on peut, pour faire mieux, Revenir quand on veut, avec de nouveaux yeux.

214. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Tel il se montre dans ses admirables Salons de peinture. […] Mme Necker écrivait à Diderot : « Je continue à m’amuser infiniment de la lecture de votre Salon : je n’aime la peinture qu’en poésie ; et c’est ainsi que vous avez su nous traduire tous les ouvrages, même les plus communs, de nos peintres modernes. » Voilà bien l’éloge, et qui, selon quelques gens de goût, est la plus grande critique. […] À propos d’un saint Benoît mourant et recevant le viatique, par Deshays, il fait voir que si l’artiste avait montré le saint un peu plus proche de sa fin, « les bras un peu étendus, la tête renversée en arrière, avec la mort sur les lèvres et l’extase sur le visage », en raison de cette seule circonstance changée dans l’expression de la principale figure, il aurait fallu changer par suite toutes les physionomies, y marquer plus de commisération, y répandre plus d’onction attendrie : « Voilà un morceau de peinture, ajoute-t-il, d’après lequel on ferait toucher à l’œil à de jeunes élèves, qu’en altérant une seule circonstance on altère toutes les autres, ou bien la vérité disparaît. […] c’est comme tous les autres ennuyeux du monde. » Les analyses ou plutôt les peintures que Diderot a données de L’Accordée de village, de La Jeune Fille pleurant son oiseau mort, de La Mère bien-aimée, etc., sont des chefs-d’œuvre et de petits poèmes à propos et en regard des tableaux.

215. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Un cadavre n’a rien qui dégoûte, la peinture en expose dans ses compositions sans blesser la vue. […] Je crois avoir déjà remarqué dans quelques-uns de mes papiers, où je m’étais proposé de montrer qu’une nation ne pouvait avoir qu’un beau siècle, et que dans ce beau siècle un grand homme n’avait qu’un moment pour naître, que toute belle composition, tout véritable talent en peinture, en sculpture, en architecture, en éloquence, en poésie, supposait un certain tempérament de raison et d’enthousiasme, de jugement et de verve, tempérament rare et momentané, équilibre sans lequel les compositions sont extravagantes ou froides. Il y a un écueil à craindre pour Doyen, c’est qu’échauffé par son morceau du miracle des ardens, dont la poésie a plutôt fait le succès que le technique (car à trancher le mot, en peinture ce n’est qu’une très-magnifique ébauche), il ne passe la vraie mesure, que sa tête ne s’exalte trop, et qu’il ne se jette dans l’outré, il est sur la ligne, un pas de travers de plus et le voilà dans le fracas, dans le désordre. […] Mais cela est peut-être impossible, du moins cette alliance ne s’est point encore vue ; et le premier de tous les peintres n’est que le second dans toutes les parties de la peinture.

216. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Je n’hésite pas à avancer que Racine a été romantique ; il a donné, aux marquis de la cour de Louis XIV, une peinture des passions, tempérée par l’extrême dignité qui alors était de mode, et qui faisait qu’un duc de 1670, même dans les épanchements les plus tendres de l’amour paternel, ne manquait jamais d’appeler son fils Monsieur. […] Shakspeare fut romantique parce qu’il présenta aux Anglais de l’an 1590, d’abord les catastrophes sanglantes amenées par les guerres civiles, et, pour reposer de ces tristes spectacles, une foule de peintures fines des mouvements du cœur, et des nuances de passions les plus délicates.

217. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Oui, la peinture des mouvements de l’âme et des « passions de l’amour » est intéressante ; mais c’est bien long, George Sand. […] Et, si je ne devais m’en tenir aux récits rassemblés dans ce volume, combien d’autres où il paraît se complaire dans la peinture ou plutôt dans la notation tranquille de la stupidité, de la férocité et de la misère humaines !

218. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Du moins pouvons-nous espérer qu’il y a, dans l’une de ces peintures, quelques vagues linéaments de ce qui fut le visage de la Clairon. […] Et la photographie, quoique véridique par définition, triche ici presque autant que la peinture.

219. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Je me moque de ces conditions ; cependant, quand elles se rencontrent dans un morceau de peinture par hasard, sans que le peintre ait eu la pensée de les y introduire, sans qu’il leur ait rien sacrifié, elles me plaisent. […] Une bonne copie en émail est presque regardée comme un original ; et cette sorte de peinture est particulièrement destinée à copier.

220. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Rappelez-vous toutes les études, toutes les connaissances nécessaires à un bon peintre, à un peintre né, et vous sentirez combien il est difficile d’être un bon juge, un juge né en peinture. […] Je vous laisse le soin d’appliquer ces principes à tous les genres, je m’en tiens à la peinture.

221. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

D’ailleurs, personne ne l’ignore, les de Goncourt, qui sont presque des peintres et qui ont écrit sur la peinture, ont dû vivre beaucoup dans les ateliers. […] Leur opinion de moralistes ne rayonne pas à travers leurs peintures, comme les grands romanciers, comme Balzac, par exemple, la font rayonner à travers les leurs, même alors qu’ils ne l’expriment pas. […] MM. de Goncourt ne l’ont pas décrit avec ces surcharges de description qui auraient pu les tenter, car ces amateurs de peinture pourraient être des portraitistes très brillants. […] Zola, mon ami, et moi-même peut-être, avons apportée à dans la peinture du bas de la société… » Et alors tout sera dit ! […] Les peintures sur peintures des objets physiques, les badigeonnages éternels, les enluminures acharnées et effrontées, qui fatiguent d’abord et deviennent bientôt insupportables, ne sont pas la vie et ne peuvent pas la remplacer.

222. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

La peinture ne valait guère mieux. […] On voit à tout instant, sur la phrase poétique, la brisure du rythme comme celle de la vitre sur la peinture. […] Une influence mystérieuse détourna ce beau talent de sa route, et Delacroix resta le représentant de la peinture nouvelle. En ce temps-là, la peinture et la poésie fraternisaient. […] Jamais plus splendide et plus intelligent éloge ne fut donné à la peinture par la poésie.

223. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les contrastes de la nature, les effets remarquables qui frappent tous les yeux, transportés pour la première fois dans la poésie, présentent à l’imagination les peintures les plus énergiques, et les oppositions les plus simples. […] Tous les hommes, sans doute, ont connu les douleurs de l’âme, et l’on en voit l’énergique peinture dans Homère ; mais la puissance d’aimer semble s’être accrue avec les autres progrès de l’esprit humain, et surtout par les mœurs nouvelles qui ont appelé les femmes au partage de la destinée de l’homme. […] La privation absolue d’une telle affection se fait apercevoir, non seulement dans la peinture de l’amour, mais dans tout ce qui tient à la délicatesse du cœur.

224. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

« Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. […] Dans les trois arts d’imitation, sculpture, peinture et poésie, ces ensembles correspondent à des objets réels.

/ 1558