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2132. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Laurent fit approcher alors Pierre, son fils et son héritier, et lui parla longtemps des intérêts de la république et de sa famille. […] car, en songeant à la perte que nous avons éprouvée par la mort de notre père, je suis bien plus disposé à verser des larmes qu’à parler de mes peines. […] On n’a point entretenu Sa Sainteté sur l’objet dont tu avais recommandé qu’on lui parlât, parce que ce parti a paru plus sage ; on prendra une autre voie, comme tu le verras par les lettres des ambassadeurs : je crois que l’on trouvera un moyen plus commode et plus facile, dont tu seras content ; du moins je l’espère. […] Voici, à peu près, les prodiges avant-coureurs de sa mort, sans parler de ceux qui ont couru dans le peuple. […] Vous parlerai-je encore de ce couple des plus beaux lions gardés dans une cage pour un jardin public, et qui en vint aux prises avec une telle férocité, que l’un d’eux fut horriblement maltraité et l’autre tué ?

2133. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais alors, imagination, génie, don du ciel, de quelque nom qu’on veuille appeler cette source première de poésie, d’où vient que Boileau n’en parle jamais ? […] Mais ils aiment la précision, et la technique, comme ils en parlent, révèle et contient tout le reste. […] Tandis que Perrault, dans ses Parallèles, se donnera bien du mal pour réduire tous les arts à son système, et les faire marcher tous du même pas dans son idée du progrès indéfini, Boileau, sans parler de peinture ni de sculpture, sans y penser, n’y entendant peut-être pas grand’chose, mais concevant la poésie comme un art, et lui donnant pour but l’imitation de la nature, va au-delà des règles littéraires, et propose vraiment une formule d’où peut sortir une théorie générale des beaux-arts. […] Comment ce critique naturaliste, et ce naturaliste surtout qui a fait le Repas ridicule, condamne-t-il le poète bucolique qui Fait parler ses bergers comme on parle au village ?

2134. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Scott : il songe au mélodrame encore, lorsqu’il parle ainsi. […] Songeons, pour en comprendre l’effet, qu’elles s’adressaient à des gens qui n’avaient lu qu’Anquetil et Velly : de sèches, froides et décolorées annales, où rien ne parlait à l’imagination. […] Surtout Dumas a le sens de l’action : en dépit de la sentimentalité romantique, il fait agir plus encore que parler ses personnages ; les situations s’accumulent, les intrigues se croisent, les coups de théâtre se chassent. […] Nous y trouvons d’admirables couplets, de délicieux dialogues d’amour : il n’importe qui parle, Hernani et Dona Sol, Ruy Blas et la Reine, Didier et Marie ; c’est toujours lui et elle, le couple romantique. […] Puis, comme il faisait sur l’histoire de son temps, sur les faits divers de la vie contemporaine, le poète médite sur ses lectures, sur les histoires des temps disparus ; et, sous les noms de ses acteurs, c’est lui qui parle.

2135. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Mais vous, vous n’êtes guère poli et je crois d’ailleurs que vous exagérez. » On m’a raconté qu’il disait un jour : « Depuis que je suis au monde, j’entends un tas de gens dire qu’ils sont agacés ; moi, je ne sais pas ce que c’est : je n’ai jamais été agacé de ma vie. » Écrivain, il a au plus haut point le naturel et la clarté, car il ne parle jamais que dès choses qu’il « conçoit » parfaitement. […] les odeurs de Paris, le « tout à l’égout », la presqu’île de Gennevilliers  mais il n’y a rien de plus palpitant quand c’est lui qui en parle ! […] Moi, je lui trouve presque toujours de l’esprit, et du meilleur, quand il nous parle ; 1° de la Sainte-Enfance ; 2° de la magistrature ; 3° des abonnés du mardi. […] Il y a chez elle comme un gonflement d’orgueil… Elle possède les traditions de la Comédie française, elle parle comme Molière. […] Il blague la patrie et au besoin il mourrait pour elle ; il blague l’amour filial et pleure quand on lui parle de sa vieille mère, il blague les beautés de l’Italie et se mettrait à genoux devant un Raphaël.

2136. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Ne parlez pas… Le silence vaut mieux. […] Il prend soin de nous avertir que ce document vaut pour l’ensemble de sa génération : « Je vais vous parler un peu des jeunes filles et des jeunes gens… Le décousu de leurs sentiments factices… Ah ! […] Sans doute, il effleure le scrupule religieux quand il parle des « baisers au goût de terre », mais il y a, dans les préventions dont la jeunesse fait preuve à l’égard de la passion, peut-être autre chose qu’un relent superstitieux. […] En vain les brutalistes s’essayent à donner le change et parlent de franches lippées et de corps-à-corps éperdus. […] Il a cessé d’être cette simple fluxion de nos conteurs gaulois, dont parle Mathurin Régnier et dont Villon s’accommodait auprès de la grosse Margot.

2137. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Justement, voici deux bourgeois en paletot qui se rencontrent sous un réverbère ; ils vont parler de choses très sérieuses, raviver des souvenirs tout saignants encore : les familles dispersées, le déchirement des séparations, les femmes et les enfants abandonnant la ville assiégée. […] La physionomie de l’excellent juge change étrangement à mesure qu’il parle : de rayonnante qu’elle était, elle s’assombrit par degrés. […] D’un côté, l’oubli de l’offense vis-à-vis de la nature qui parle et commande, la piété filiale imposée par la mère outragée à l’enfant renié ; de l’autre, son acceptation par le fils hostile jusqu’alors à l’inconnu qui l’a délaissé, mais qui, dès qu’on lui montre ce père en détresse, se dévoue à lui sans l’aimer. […] Bernard parle avec une mâle et fraîche éloquence, mademoiselle Letellier souligne sa harangue d’aimables ironies et de fins conseils. […] Il interviendra cependant, et il parlera.

2138. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Si, dans l’Essai, il parle très sévèrement des républicains, il ne parle pas mieux des royalistes : « Le républicain, y dit-il, sans cesse exposé à être pillé, volé, déchiré par une populace furieuse, s’applaudit de son bonheur ; le sujet, tranquille esclave, vante les bons repas et les caresses de son maître. » Et sa conclusion était à la façon de Rousseau pour l’homme de la nature, et en faveur des forêts vierges du Canada. […] Il parlait très bien de la Charte, et commençait magnifiquement dès lors l’explication de la théorie constitutionnelle ; mais si les conclusions étaient saines, les arguments étaient presque partout violents et irritants, les moins faits pour attirer et affectionner les esprits à la cause qu’il préconisait. […] M. de Chateaubriand, en 1814, était moins désabusé en effet qu’il ne voudrait le paraître, il espérait encore beaucoup, il espérait tout, et parlait de Louis XVIII en conséquence : « Il marche difficilement, disait-il de lui avec toutes les ressources et les complaisances du langage, mais d’une manière noble et touchante ; sa taille n’a rien d’extraordinaire ; sa tête est superbe ; son regard est à la fois celui d’un roi et d’un homme de génie. » Plus tard il empruntera, pour peindre Louis XVIII, quelques-unes des couleurs de Béranger ; mais alors, quand il attendait encore de ce roi impotent sa fortune politique, il le voyait ainsi dans sa majesté. […] le roi le met sur la nomination de Fouché, et, au lieu de dire ses raisons, de montrer les inconvénients et les suites, d’indiquer les moyens de se passer ou de se débarrasser de ce choix funeste, il demande d’abord à se taire ; puis il ne parle que pour dire : La monarchie est finie.

2139. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Mes chers petits élèves, je ne vous ai pas souvent parlé de la guerre. […] C’est ainsi qu’il parlait, ce jeune instituteur, au cours d’un voyage en Allemagne et sans doute sous l’influence de Nietzsche, et maintenant vous allez le voir, sous l’influence de la guerre, qui rectifie sa pensée et son tir.‌ […] Au même moment, le 17 novembre, il crayonne sur un carnet cette note : « Dans un élan irrésistible, j’écris ces Conditions de la Paix… Il ne s’agit pas de les faire admettre, mais tout simplement de les penser, de savoir ce que nous voulons dire quand nous parlons de notre justice… » Et de cet éclair de novembre, son livre sort tout entier. […] Ils parleraient de paix après ! […] Quand on évoque ces deux noms, il me semble revoir, au milieu d’une mer humaine tachée de milliers de bannières rouges, ces deux hommes aux gestes larges et aux paroles profondes, qui semblaient, comme des apôtres, montrer aux prolétaires la cité future, tout un monde de paix, et non cette vie si proche à laquelle aucun esprit sensé ne voulait croire : la vie où l’on ne parlerait pas d’autre chose que de canons, de tranchées, d’attaques, de meurtres et d’incendies… Où sommes-nous tombés maintenant !

2140. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Mais de telles ressemblances, dont nous parlerons ailleurs, n’étaient prises peut-être qu’au trésor inépuisable des sentiments humains, et à ces rencontres du génie, perpétuelle révélation que Dieu donne à l’homme. […] Ni les chevaux ne sont vites, ni les hommes ne sont adroits, que pour fuir devant le vainqueur. » Est-ce Pindare, est-ce Bossuet, qui parle ainsi ? […] Mais, habitantes du ciel, les âmes des justes chantent harmonieusement dans des hymnes le grand bienheureux15. » Cette dernière expression, qui n’a point été remarquée ni traduite, n’aurait-elle pas pu sortir de la bouche de Bossuet même, lorsqu’il parle de ces justes « jouissant de Dieu dans une bienheureuse paix qui réunit en lui tous leurs désirs, et le contemplant avec une insatiable admiration de ses grandeurs », ou bien encore, lorsqu’il se figure « les élus tombant, à la vue de Dieu, dans un tel ravissement d’amour qu’il leur faut toute l’éternité pour en revenir » ? Certes, ce grand bienheureux ainsi nommé par le poëte, n’est pas le Jupiter corrupteur et profane, le dieu de la fable et du vice : c’est plutôt la pure et suprême intelligence que, deux siècles après, concevait Aristote, accusé d’athéisme dans son temps, mais loué par Bossuet pour avoir parlé divinement de l’âme. […] Cette première étude peut d’ailleurs nous aider à juger ce que Pindare fut pour l’antiquité, et comment Cicéron a dit : « Parmi les poëtes, je parle des Grecs24, on ne nomme pas seulement Homère, ou Archiloque, ou Sophocle, ou Pindare, mais aussi les seconds après eux, ou même ceux qui sont inférieurs aux seconds. » Le grand orateur romain avait senti l’âme éloquente du poëte ; et lui, qui dit ailleurs qu’il faut avoir du temps à perdre pour lire les poëtes lyriques », il ne conçoit le rang de Pindare qu’à côté d’Homère.

2141. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Et, chose extraordinaire, en même temps qu’elle conserve au plus haut degré l’empreinte d’une race particulière et séparée, elle est, par la force et la vérité des mouvements, par l’abondance de la passion, le langage qui parle le mieux au plus grand nombre des âmes humaines. […] Tel nous paraît ce psaume, ou, dans la pureté du théisme judaïque, l’idée de Dieu est entourée d’un pompeux appareil, comme pouvait l’entrevoir l’enthousiasme orphique, dans ces mystères d’Eleusis dont Pindare avait connu la grandeur : « Jéhovah, le Dieu des dieux a parlé ; et il a convoqué la terre, de l’orient du soleil à son couchant. […] « Écoute, mon peuple, et je parlerai ; écoute, Israël, et je témoignerai devant toi. […] « Tu parles une et plusieurs fois contre ton frère, et tu jettes le déshonneur sur le fils de ta mère. […] Sous les images de l’infinie grandeur, elle enveloppe la loi morale ; et elle n’éblouit les yeux que pour parler à la conscience.

2142. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Aussi les jeunes critiques qui parlent de M.  […] On dirait que quand il parle de lui, Scherer voit rouge. […] Les hommes posent les chiffres et le temps fait la preuve. » Ainsi parle, ainsi se juge M.  […] En revanche, à deux ou trois reprises, il parle assez irrévérencieusement des prêtres. […] Zola monte sur un trépied chaque fois qu’il parle des grandes lois de la science, et M. 

2143. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Il vaut mieux ne pas parler en vers de choses dont on n’ose pas parler simplement dans le langage de tous. […] Ils croient parler la langue de V.  […] « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. » Ils sont eux, ils sont nous, ils sont aussi l’avenir. […] Ils ne se parlaient pas, trop perdus qu’ils étaient dans l’envahissement de leur rêverie. […] Nous ne parlons pas, bien entendu, de l’inversion classique ridiculisée par V. 

2144. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il ne sera pas parlé du conte dans ce court essai. […] Je ne sais à quelle occasion j’en parlai un jour à M.  […] Je parle de sa vulgarité. […] Il suffit que l’on parle d’elles : mais elles en parlent elles-mêmes bien mieux ! […] On ne parle bien que de ce qu’on connaît.

2145. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

» Il fallait en parler toujours ! […] … » Ainsi parle la lingère, non Marianne. […] Elles parlent peu. […] … Vous en parlez bien à votre aise ! […] Je ne vous parle donc pas des autres causes de notre séparation.

2146. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Quoiqu’il en soit de ses causes, l’amour-passion — car c’est de l’amour-passion que je parle — est un fait. […] L’inconscient parle tout à coup. Il parle, c’est-à-dire qu’il s’exprime, c’est-à-dire qu’il se vide pour ainsi dire de lui-même. […] Il ne se sentait plus exilé et seul puisque, elle, qui s’adressait à lui, lui parlait à mi-voix d’Odette. […] Je sentais qu’il m’entendait venir, qu’il me voyait, mais qu’il ne voulait ni parler ni bouger.

2147. (1932) Les idées politiques de la France

Lamartine parlait avec justesse quand il disait que sa place à la Chambre était le plafond. […] On parle couramment, et avec raison, du danger actuel des nationalismes. […] La séparation oblige Paris à passer par Rome pour parler à l’Église. […] Dès qu’il pense et parle école, la pure doctrine jacobine apparaît. […] Mais on dut bientôt parler au paysan un autre langage, un langage à lui.

2148. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ce ne sont point des délicats de salon, comme nos marquis du dix-huitième siècle : un lord visite ses pêcheries, étudie le système des engrais liquides, parle pertinemment du fromage, et son fils est souvent meilleur rameur, marcheur et boxeur que ses fermiers. […] C’est parce que ce réseau aristocratique est fort que l’action de l’homme peut être libre ; car le gouvernement local et naturel étant enraciné partout, comme un lierre, par cent petites attaches toujours renaissantes, les mouvements brusques, si violents qu’ils soient, ne sont pas capables de l’arracher tout entier ; les gens ont beau parler, crier, faire des meetings, des processions, des ligues, ils ne démoliront pas l’État ; ils n’ont point affaire à un compartiment de fonctionnaires plaqué extérieurement sur le pays, et qui, comme tout placage, peut être remplacé par un autre ; toujours les trente ou quarante gentlemen d’un district, riches, influents, accrédités, utiles comme ils sont, se trouveront les conducteurs du district. « Comme on voit le diable dans les papiers périodiques, disait Montesquieu, on croit que le peuple va se révolter demain. » Point du tout, c’est leur façon de parler ; seulement ils parlent haut, et d’un ton rude. […] C’est de cela qu’on lui parle dans les églises, en style grave et froid, avec une suite de raisonnements sensés et solides : comment un homme doit réfléchir sur ses devoirs, les noter un à un dans son esprit, se faire des principes, avoir une sorte de code intérieur librement consenti et fermement arrêté, auquel il rapporte toutes ses actions sans biaiser ni balancer ; comment ces principes peuvent s’enraciner par la pratique ; comment l’examen incessant, l’effort personnel, le redressement continu de soi-même par soi-même doivent asseoir lentement notre volonté dans la droiture : ce sont là les questions qui, avec une multitude d’exemples, de preuves, d’appels à l’expérience journalière1331, reviennent dans toutes les chaires, pour développer dans l’homme la réforme volontaire, la surveillance et l’empire de soi-même, l’habitude de se contraindre, et une sorte de stoïcisme moderne presque aussi noble que l’ancien. […] Ce n’est plus un ami de cœur à qui l’on confie ses menus désirs, ses petites peines, une sorte de directeur affectueux et tout humain ; ce n’est plus un roi dont on essaye de gagner les parents ou les courtisans, et de qui on espère des grâces ou des places : on ne voit en lui que le gardien du devoir, et on ne lui parle pas d’autre chose. […] Ainsi parlent les vieilles et graves prières, les chants sévères qui roulent dans le temple, soutenus par l’orgue.

2149. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

À ces trois titres, j’ose donc parler ici de ces trois grands hommes ; à un autre titre encore, j’aime à parler de statues. […] » XXII Elle finissait de parler quand la porte s’ouvrit et que tu l’embrassas comme un fils, en lui faisant compliment sur la propreté et sur l’ordre de ta maison rustique. […] « C’est à la forme humaine que semble empruntée cette symétrie, qui n’est pas la symétrie froide de notre architecture classique moderne ; c’est à la forme humaine sans doute, bien plutôt qu’à la nature inanimée, que les architectes grecs ont dû la pensée de ces courbes dont j’aurai plus tard à parler, et qui corrigeaient par je ne sais quoi d’organique la sécheresse de la géométrie. […] que l’artiste infusait de sa propre individualité, de son propre sang, dans les formes, dans les veines des êtres qu’il créait, et que c’est encore une partie de sa vie qu’on voit palpiter dans ces formes vivantes, dans ces membres prêts à se mouvoir, sur ces lèvres prêtes à parler. […] Démosthène parlait là, et soulevait ou calmait cette mer populaire plus orageuse que la mer Égée, qu’il pouvait entendre aussi mugir derrière lui.

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