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1921. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

c’est le xixe  siècle, malgré ses lumières et ses prétentions, son mouvement d’idées, sa science des détails, son éclectisme et cette impartialité dont il parle tant et qu’il ne peut pas avoir encore. […] Ce livre, qui est intitulé : Histoire des réfugiés protestants de France depuis la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à nos jours 18, n’est pas, comme l’ouvrage de Moret, l’histoire du déclin d’un grand règne dans sa majesté et dans ses orages : c’est tout simplement l’histoire d’une faute, — pour parler comme la plupart des appréciations de notre époque, — et, entre toutes les fautes de Louis XIV, de celle contre laquelle la philosophie a poussé le plus furieux cri de haro dont elle pût honorer une mémoire. […] Obligé, par le sujet même de son livre, de parler d’hommes qui n’eurent jamais nulle part, à l’exception de quatre ou cinq d’entre eux peut-être, ce haut pavé historique qui agit tant et tout d’abord sur l’imagination du lecteur, il n’a pas, selon nous, assez contenu son récit entre ces quelques hommes vraiment dignes du regard de l’histoire, et il est tombé dans les infiniment petits d’une longue suite de biographies.

1922. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Les misérables princes qui gouvernaient l’Europe parlèrent beaucoup de se lever, mais ils restèrent à s’agiter et à se barbouiller dans les impuissants et sots bavardages de leurs diplomaties, et quand enfin ce lâche égoïsme se mit debout, ce fut pour le compte de la Prusse et trop tard, alors que le Roi et la Reine de France avaient terminé leur martyre du Temple par leur martyre de l’échafaud. […] on savait cela, mais en gros ; mais le détail de cela, parle menu et comme la Correspondance de Fersen nous le donne, on ne le savait pas, et on le sait maintenant ; et à présent on ne l’oubliera plus ! […] — farce de ce Congrès armé dont on parle toujours et qui n’arrive jamais, envie furieuse et sournoise de démembrer une France que la Royauté secourue ne leur aurait pas livrée, à ces ignobles dépeceurs, à ces coupeurs de portion qui n’osent, et qui font les chevaliers avec une couronne sur leur casque.

1923. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Toutes ses lettres attestent, au contraire, l’ardeur de cette âme qui, sans l’ennui, aurait peut-être en passion égalé celle de Madame de Staël, et qui se donne par les faits de si beaux soufflets à elle-même quand elle écrit, dans la Correspondance : “Je n’ai ni tempérament, ni roman.” » Assurément je ne parlerai point, et pour cause, de son intimité avec le président Hénault, le Sigisbé d’une partie de sa vie. […] Une des reines du xviiie  siècle, douée de tous les dons aimables par lesquels on était reine alors, une Titus femelle, les délices du genre humain, comme disait d’elle une de ses amies, une des plus éblouissantes soupeuses de cette époque où le souper était « une des quatre fins de l’homme et où l’on oubliait les trois autres », un des esprits les plus teintés de ce rouge audacieux que les femmes mettaient sur leurs joues pour qu’on vint l’essuyer, se plaint, à travers les rires de tout le monde et même des siens, d’un ennui que ne connaît personne, de cet inexorable ennui dont parle quelque part Bossuet, que certainement elle ne lisait pas ! […] M. de Saint-Aulaire, qui est un homme d’esprit pénétrant, dans sa Notice, et un chrétien… peut-être un peu archéologique, — un chrétien qui le serait peut-être un peu moins si le grand siècle de Louis XIV ne l’avait pas été, — M. de Saint-Aulaire a bien vu le vide de cette raison phraseuse qui parle de la nature sans se douter de Dieu et qui n’a pas deux sous de sensibilité réelle pour se faire pardonner cette abominable raison !

1924. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

III Telle fut la Sainte dans Mademoiselle de Condé, mais ce n’est pas à moi de parler de la Sainte. Je n’ai à parler que de la femme qui a écrit ces Lettres intimes, republiées par M.  […] Je n’ai à parler que de la sainte de cœur humain que fut cette délicieuse Condé, avant d’être la majestueuse Sainte qu’elle devint devant Dieu et devant l’Église.

1925. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

À cette époque de rénovation littéraire, l’Histoire si longtemps hostile à l’Église, et devenue presque innocente à force d’imbécilité sous les dernières plumes qui l’avaient écrite, l’Histoire remonta dans l’opinion des hommes parle talent et parle sérieux des recherches, mais elle remonta aussi dans le danger dont l’abjection de beaucoup d’écrivains semblait avoir délivré l’Église. […] Guizot en parla dans une de ses nouvelles préfaces.

1926. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

I Voici plusieurs années que cette chose, qui n’est pas un livre, existe à la vitrine d’une librairie, et je ne sais pas encore qui en a parlé, ou même si on en a parlé, parmi les tripoteurs de bruit qui battent et font mousser, dans les journaux, les petites omelettes soufflées des réputations. C’est par le fait d’un pur hasard, non parle fait d’un éditeur quelconque, que j’ai lu cette chose curieuse et cruelle, oubliée, par tout le monde, comme le testament d’un mort qui ne rapporte rien à personne, et qui m’a rapporté,, à moi, une impression profonde, que je vais essayer de faire comprendre si je ne puis pas la faire partager.

1927. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

— Ce n’est pas moi qui parle, c’est Gérard du Boulan. […] Mais ni les calqueurs à la vitre de Alceste-Montausier, ni Théophile Gautier, ni Loiseleur, qui ne prend pas d’oiseaux, n’ont l’inattendu et ne donnent la surprise bouffonne de Gérard du Boulan, avec sa mélancolique explication de l’Alceste de Molière, ce Jérémie du jansénisme, qui, trompé par Célimène, veut se réfugier au désert, et parle deux fois de désert dans la pièce… Le désert, — dit du Boulan, — entendez Port-Royal !!! […] Nous n’en avons parlé que par respect pour Molière, à qui on en manque quand on publie de telles billevesées sur le chef-d’œuvre de son génie.

1928. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité. […] La seconde personne, c’est royalement bon ; c’est, comme je l’ai dit déjà, la digestion et la dégustation majestueuses dans un grand fauteuil pour l’un (celui qui se tait), et, pour l’autre (celui qui parle), une révérence en roue de paon, d’un paon courtisanesque et majestueux, qui fait de sa queue une éblouissante révérence. […] car Hugo pense tout cela de lui-même, et de ses vers et de ses drames et de ses romans, mais n’oserait peut-être pas le dire à la première personne ; seulement, comme Figaro, qui dit : « Ce qu’on ne peut pas parler, on le chante ! 

1929. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

C’étaient des scélérats qui parlaient, les poètes étaient innocents ! […] Il a joué une comédie, mais c’est la comédie sanglante dont parle Pascal. […] Mais qu’il ait desséché sa veine poétique (ce que nous ne pensons pas) parce qu’il a exprimé et tordu le cœur de l’homme lorsqu’il n’est plus qu’une épongé pourrie, ou qu’il l’ait, au contraire, survidée d’une première écume, il est tenu de se taire maintenant, — car il a des mots suprêmes sur le mal de la vie, — ou de parler un autre langage.

1930. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps. […] Edgar Poe a écrit des Contes fantastiques avec le sentiment frissonnant de leur réalité, et un artiste qui comprend l’Église et le prêtre, et qui aurait dû aller jusqu’au bout et tout comprendre, n’ose pas faire parler franchement et distinctement un crucifix ! […] Hildebrand, — mais j’ai tort d’en parler, — ce n’est ni un homme, ni un grand homme, ni un saint, ni un pape.

1931. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

I Je viens le dernier pour parler du Capitaine Fracasse 30. […] Gautier n’y fût juste ce qu’il a été dans son roman d’aujourd’hui du Capitaine Fracasse, c’est-à-dire un faiseur d’images inanimées, quoiqu’elles parlent et se remuent, et qui passent devant nous sans nous intéresser ni nous plaire, à travers un style que ses amis peuvent appeler un tour de force ou de souplesse, mais que je hais comme un parti pris. […] Écrivant un roman dont l’action se passe au dix-septième siècle, il a mimé la langue du dix-septième siècle, qui ne vaut pas d’ailleurs celle du seizième, qu’il avait si bien reproduite dans sa préface de Mademoiselle de Maupin ; — c’est comme si Walter Scott, en écrivant Kenilworth, avait parlé la langue du temps d’Elisabeth !

1932. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Entre deux guerriers pleins d’honneur, l’autorité devint commune. » Et au commencement de cet éloge funèbre, après avoir parlé des honneurs entassés sur la tête d’un seul homme : « Oublions ces titres vains qui ne servent plus qu’à orner la surface d’un tombeau ; ce n’est ni le marbre ni l’airain qui nous font révérer les grands. […] Bossuet a créé une langue ; Fléchier a embelli celle qu’on parlait avant lui ; La Rue, dans son style négligé, tantôt familier et tantôt noble, sera plutôt cité comme orateur que comme grand écrivain. […] Au reste, ce défaut tient peut-être à un mérite de l’ouvrage, mérite d’autant plus estimable, qu’il ne se trouve dans aucune oraison funèbre, ni avant, ni après Massillon, et qu’il s’agissait d’un roi et de Louis XIV ; c’est que l’orateur y parle assez ouvertement des faiblesses et des vices de celui qu’il est chargé de louer ; et ne dissimule point que ce règne si brillant pour le prince a été souvent malheureux pour le peuple.

1933. (1925) Proses datées

Réunion de poètes, on y parlait poésie. […] Il se tient volontiers immobile et parle peu. […] N’en parlons plus. […] Il y parle d’une « commotion singulière ». […] Baudelaire parle de leurs « yeux attirants ».

1934. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Lui aussi a parlé de notre belle langue ; c’est une de ces grandeurs auxquelles il s’est intéressé. […] À la vérité, ce sont des vers de grand seigneur, et il y est mal parlé d’un moine : double mérite aux yeux de Voltaire. […] Si la charité eût alors parlé au cœur de Bossuet, il eût regretté d’avoir réduit son adversaire à avouer un commerce qui ne pouvait être que coupable ou ridicule. […] S’il parle de lui, c’est à titre d’évêque chargé du dépôt des âmes. […] On sent, dans sa controverse, ce désir de plaire, même à ses laquais, dont parle Saint-Simon.

1935. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Le poète épique n’étant que le narrateur d’une action peinte par le récit, ne dut jamais paraître dans sa fable ni parler en son nom, mais faire parler et agir les seuls personnages après les avoir montrés. […] Je me persuade qu’il n’en parle que sous le rapport du système fictif qui les caractérise. […] Nous ne parlons en ce lieu que de la condition du fait : celui de la Jérusalem délivrée me paraît un des meilleurs. […] L’espérance de les voir en paix est une fiction plus vaine que toutes celles du merveilleux épique, dont nous parlerons dans la prochaine séance. […] Rien n’est plus ni muet, ni mort ; tout respire, se meut, vous parle, vous interroge ou vous répond.

1936. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Qui parle ainsi ? […] J’ai parlé des applications diverses de ce principe. […] Avez-vous le droit de parler ? […]  » Et il en parle, en effet, comme un homme qui aurait subi les sueurs de l’agonie et l’horreur de la fosse ouverte parlerait des affres de la mort. […] Le livre lui parle, à elle aussi, comme au philosophe, mais il lui parle par évocation.

1937. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Maurice Magre a-t-il réussi, dans la Chanson des Hommes, à écrire ces prières dont je parle ? […] J’ai précisément sur ma table différents ouvrages de jeunes et je me propose d’en parler aujourd’hui. […] Henri Van de Putte, je me trouve vraiment mal à l’aise pour parler de ses poèmes. […] Je parlerai dans ma prochaine chronique de l’Essai sur l’Amour, d’Eugène Montfort. […] — Je parlerai dans ma prochaine chronique des Trois Idées politiques de M. 

1938. (1933) De mon temps…

Aux réunions du « Grenier » il parlait peu, mais il écoutait attentivement. […] Mais oui, c’est très beau, très beau. » Pendant que Heredia parle, le petit monsieur hoche la tête et fait le geste de quelqu’un qui ne veut rien promettre. […] Pour parler franc, ce salon de la rue de Rome était cossu, mais fort laid. […] Quant à Racine, il en parlait « en connaisseur » et je lui ai entendu dire de fort bonnes choses sur Andromaque. […] J’ai à lui parler.

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