A côté de quelques vrais monuments, on produisait une foule d’ouvrages plus ou moins secondaires, surtout politiques, historiques. […] Depuis la Restauration et au moment où elle a croulé, ces idées morales et politiques se sont, chez la plupart, subitement abattues ; le drapeau a cessé de flotter sur toute une cargaison d’ouvrages qu’il honorait et dont il couvrait, comme on dit, la marchandise. […] Sans doute pour qui considère les productions de l’époque d’un coup d’œil complet, il y a d’autres littératures coexistantes et qui ne cessent de pousser de sérieux et honorables travaux : par exemple la littérature qu’on peut appeler d’Académie des Inscriptions, et qui reste fidèle à sa mission de critique et de recherche en y portant un redoublement d’activité et en y introduisant quelque jeunesse ; il y a encore la littérature qu’on peut appeler d’Université, confinant à l’autre, et qui par des enseignements, par des thèses qui deviennent des ouvrages, est dès longtemps sortie de la routine sans perdre la tradition. […] L’annonce constitue, après l’impression, un redoublement de frais qu’il faut prélever sur la première vente, avant d’atteindre aucun profit ; mille francs d’annonces pour un ouvrage nouveau ; aussi, à partir de là, les libraires ont-ils impitoyablement exigé des auteurs deux volumes au lieu d’un, et des volumes in-8° au lieu d’un format moindre ; car cela ne coûte pas plus à annoncer, et, les frais d’annonce restant les mêmes, la vente du moins est double et répare. […] C’est à la littérature imprimée, à celle d’imagination particulièrement, aux livres auparavant susceptibles de vogue, et de degré en degré à presque tous les ouvrages nouveaux, que le mal, dans la forme que nous dénonçons, s’est profondément attaqué.
Le titre et l’idée de cet ouvrage sont imités du Décaméron de Boccace ; mais l’exécution en a fait un ouvrage original. […] Ces tours si vifs et si heureux cette élégance peu ornée, parce que l’ornement gâterait le sens, ces proverbes populaires semés dans l’entretien à l’appui des réflexions, ce sont les vraies traditions de la comédie, et de tous ces ouvrages de formes diverses, dont la vie sociale est la matière. […] La première édition de cet ouvrage ne fut publiée que plusieurs années après la mort de Marguerite, en un temps où les retouches étaient regardées comme des actes de piété envers la mémoire des auteurs. […] L’Heptaméron est le premier ouvrage en prose qu’on puisse lire sans l’aide d’un vocabulaire.
Plus tard, Alfred de Vigny, dans le meilleur de ses ouvrages en prose : Servitude et grandeur militaires appela l’attention sur les périls et les tristesses de l’obéissance passive. […] Et le philosophe de s’écrier : « Messieurs, parlons de l’éléphant ; c’est la seule bête un peu considérable dont il soit permis de parler. » L’histoire du xviiie siècle est pleine d’écrivains arrêtés ou exilés, d’ouvrages mis au pilon, lacérés, brûlés par la main du bourreau : l’Eglise et l’Etat, la Sorbonne et les Parlements collaboraient il cet étouffement. […] Il était l’ami des novateurs ; il avait corrigé les épreuves de l’Emile qui fut à son apparition un ouvrage séditieux ; il prévenait Diderot des perquisitions dont son logis était menacé. […] Si l’on essayait de déterminer dans quel ordre s’est opéré l’affranchissement des diverses matières qui peuvent faire l’objet des livres, on verrait que la littérature pure, celle qui borne ses visées à plaire et à divertir, qui par conséquent ne heurte aucun intérêt grave et ne peut guère commettre d’autre méfait que d’ennuyer, a la première, comme il est naturel, obtenu sa place au soleil ; que la science, grande redresseuse de préjugés et par là suspecte, mais protégée contre les défiances du pouvoir par sa sereine impassibilité comme par les formules mystérieuses dont elle est d’abord enveloppée, a eu déjà plus de peine à se dérober au contrôle des gouvernants excités contre elle par l’Eglise ; que les écrits philosophiques et religieux ou antireligieux, malgré de nombreux retours offensifs de la même Eglise, ont su ensuite se libérer de la surveillance officielle ; enfin que l’histoire, les mémoires, et surtout les ouvrages traitant de questions politiques et sociales, exprimant de la sorte des idées pouvant du jour au lendemain se transformer en actes et troubler l’ordre établi, ont été les derniers à conquérir la faculté de paraître sans encombre. […] S’adressant à une foule encore mal dégrossie, ils s’abaissent volontiers à sa taille au lieu de l’élever à leur niveau, ils se gaspillent en œuvres bâclées ; ils ressemblent à cet homme à la cervelle d’or dont parle quelque part Alphonse Daudet : ils s’arrachent chaque matin un morceau du trésor qu’ils ont dans la tête et, quand ils ont durant des années éparpillé ainsi leur pensée, ils s’aperçoivent un peu tard qu’ils sont parvenus au bout de leurs forces et de leur vie sans avoir rempli leur mérite, sans avoir condensé le meilleur d’eux-mêmes en un ouvrage élaboré avec amour.
Cette fin prématurée doit disposer à quelque indulgence pour un homme d’un esprit ferme et brillant, que la société avait beaucoup distrait, que la Révolution avait jeté dans l’exil, et qui n’a pu mener à fin de grands projets d’ouvrages, sur lesquels il a mieux laissé pourtant que des promesses. […] Ce remarquable Discours, qui dépassait de bien loin par le style et par la pensée la plupart des ouvrages académiques, valut à Rivarol l’estime de Frédéric le Grand et obtint un vrai succès en France et en Europe. […] Ce n’est que plus tard que l’ouvrage y fut imprimé dans son entier ; il forme le premier volume des Œuvres complètes de Rivarol (1808), mais avec quelques fautes qui en gâtent le sens. […] Roederer, dans le temps, essaya de répondre à cette partie de l’ouvrage de Rivarol ; mais il ne l’a fait que dans le détail, et sans en atteindre la véritable portée ni en mesurer l’essor. […] [NdA] Revue des deux mondes du 1er juin 1849, p. 724 ; — et au tome II de l’ouvrage intitulé : Chateaubriand et son groupe littéraire.
Et d’Aguesseau, le félicitant sur son ouvrage, entrait dans sa pensée, quand il lui disait : « Vous parlez le français comme si c’était votre langue naturelle. » C’est que Rollin, en effet, était du Pays latin, et ce mot avait alors toute la signification qu’il a perdue depuis. […] D’Aguesseau, résumant cette impression si juste, lui écrivait après l’avoir lu : « J’envie presque à ceux qui étudient à présent, un bonheur qui nous a manqué, je veux dire l’avantage d’être conduit dans les belles-lettres par un guide dont le goût est si sûr, si délié (délié est un peu fort), si propre à faire sentir le vrai et le beau dans tous les ouvrages anciens et modernes. » Voltaire lui-même, qui fut sévère et une fois surtout injuste pour Rollin, l’a proclamé « le premier de son corps qui ait écrit en français avec pureté et noblesse. » Il l’a loué dans Le Temple du goût en des termes qui sont le jugement même, et il est allé jusqu’à appeler le Traité des études « un livre à jamais utile », ce qui est même trop dire, puisque ces sortes de livres n’ont qu’un temps, et que les générations qui en profitent les usent. […] » À cette parole trop dure et que Voltaire lui-même rétractera, Montesquieu semble avoir voulu répondre quand il écrivait sur un petit papier cette parole souvent citée, parole d’or et qui montre combien la vraie supériorité est indulgente : « Un honnête homme a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public. […] Quand on relit cet endroit de l’ouvrage de Rollin, on sourit malgré soi de voir qu’il avait le duc d’Aremberg et Jean-Baptiste Rousseau si présents à l’esprit, au moment où, à la fin de l’« Histoire des Carthaginois », il disait : Ce goût exquis (de Scipion) pour les belles-lettres et pour les sciences était le fruit de l’excellente éducation que Paul-Émile avait donnée à ses enfants. […] Rollin, autour dont tout le monde estime les ouvrages.
Par ces points, l’art touche à la morale sociale et à la morale individuelle, et si ce qui le constitue, les propriétés générales mêmes de ce qui est esthétique, contribuent à modifier la conduite des individus et des masses, la sorte particulière d’émotions et de pensées que chaque ouvrage tend à faire naître chez ses lecteurs et ses admirateurs peut de même exercer une action bonne ou mauvaise sur le cours de leur caractère. […] Ceux-ci distingueront entre les ouvrages qui tendent à suggérer des sentiments qui doivent décroître, s’il faut que la race ou l’Etat vive, et ceux qui contribuent au contraire à rendre l’homme plus sain, plus joyeux, plus moral, plus noble. […] Ces considérations nous amènent à donner de l’œuvre d’art une définition dernière qui modifie en partie ce que nous avons dit au début de cet ouvrage : l’œuvre d’art est en résumé un ensemble de moyens et d’effets esthétiques tendant à susciter des émotions qui ont pour signes spéciaux de n’être pas immédiatement suivies d’acte, d’être formées d’un maximum d’excitation et d’un minimum de peine et de plaisir, c’est-à-dire, en somme, d’être fin en soi et désintéressées ; l’œuvre d’art est un ensemble de signes révélant la constitution psychologique de son auteur ; l’œuvre d’art est un ensemble de signes révélant l’âme de ses admirateurs qu’elle exprime, qu’elle assimile à son auteur et dont, dans une faible mesure, elle modifie les penchants, à cause soit de sa nature, soit de son espèce. […] L’historien Augustin Thierry (1795-1856), Normalien, secrétaire de Saint-Simon, grand lecteur de Chateaubriand et de Walter Scott, défenseur de la Révolution de 1830, s’est penché sur l’histoire de l’Angleterre féodale (Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, 1825), avant se consacrer à la France mérovingienne dans un ouvrage qui, par son style mêlant érudition et imagination, eut un large succès en dehors du cercle des spécialistes (Récits des temps mérovingiens, 1840). […] Précisons que Hennequin pouvait trouver une présentation synthétique des thèses de Buckel dans l’ouvrage de vulgarisation que constitue Les Origines.
Auguste Demesmay a voulu animer et rajeunir sous forme d’art un ouvrage qui aurait pu être de pure érudition. […] Et d’abord, pour les esprits sévères qui aiment avec raison qu’en recueillant même les songes et les fantaisies de l’imagination dans le passé, on soit fidèle à la lettre et qu’on transmette scrupuleusement les vestiges, l’ouvrage de M.
Et comme cet ouvrage n’est consacré qu’à l’étude des caractères passionnés, tout ce qui n’entre pas dans ce sujet en doit être écarté. […] Les tragédies, les ouvrages d’imagination, vous représentent l’adversité comme un tableau où le courage et la beauté se déploient ; la mort, ou un dénouement heureux terminent, en peu d’instants, l’anxiété qu’on éprouve.
Peu d’Ouvrages offrent autant d’exemples de ce sublime, qui consiste dans l’expression simple d’une grande pensée. […] Les autres Ouvrages de M.
Brumoi, Ouvrages dignes d'être regardés comme le Code de la législation poétique. […] M. de Voltaire a beau s'épuiser en raisonnemens, se consumer en recherches, pour prouver que celui dont il se glorifioit autrefois d'être l'Eleve & l'Ami, est véritablement l'Auteur des Couplets qui occasionnerent ses malheurs ; tous ses efforts seront inutiles, & ne produiront jamais que cette réflexion : Comment l'Auteur de tant d'Ouvrages, plus condamnables & plus odieux que ces mêmes Couplets, ose-t-il se déclarer si obstinément l'accusateur d'un homme plus malheureux que coupable, plutôt soupçonné que convaincu ?
Elles se consultoient sur leurs ouvrages, sur les vers que l’amour ou l’amitié leur inspiroit. […] Elle avoit jusques-là mis sa gloire à contribuer à celle de Louise Labbé, à vanter ses ouvrages : mais, dès ce moment, elle ferma les yeux à toutes leurs beautés ; elle n’y vit que d’horribles défauts.
Je ne prétend pas loüer l’Algarde d’avoir tiré de son génie la premiere idée de cette execution, ni d’être l’inventeur du grand art des bas-reliefs, mais bien d’avoir beaucoup perfectionné par l’ouvrage dont il s’agit ici, cet art déja trouvé par les modernes. […] Je ferois voir encore que le cavalier Bernin et Girardon, ont mis autant de poësie que lui dans leurs ouvrages, si je ne craignois d’ennuïer mon lecteur.
Il n’est pas décidé qu’un tableau soit de la premiere classe, parce qu’il est décidé qu’il est l’ouvrage d’un peintre des plus illustres. […] On sçait que plusieurs peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, et qu’ils ont pris quelquefois une copie pour l’original qu’eux-mêmes ils avoient peint.
Il faut lire, dans l’ouvrage de M. […] C’est à cette échelle de proportion entre les ouvrages de l’esprit que M. […] Mignet et de ses Notices historiques, c’est-à-dire d’un écrivain supérieur et d’un ouvrage excellent. […] Son ouvrage, je le répète, est un vrai service rendu à la science, et ceux que M. […] Grâce à ce second travail, son ouvrage a tous les avantages des Mémoires sans en avoir les inconvénients.
On y voit ce que ce discours fut réellement un ouvrage de circonstance, venu à point dans la polémique entamée alors, un écrit judicieux, d’une satire modérée, appliquée à son moment et sans exagération. […] L’ouvrage du jeune oratorien fut cité et loué par lui en pleine chaire, honneur insigne et que nous voyons payé quarante ans après avec usure. […] Cet ouvrage a deux parties distinctes. […] Sa manière de juger les ouvrages dans le Journal des Savants se rapportait en toute convenance à celle que ce journal a conservée, et que M. […] Vers la fin, un peu plus seul ou plus indulgent, il paraissait moins insensible aux avances, et la connaissance personnelle de l’homme le faisait quelquefois revenir sur l’ouvrage.
M. de Sismondi, dans son bel ouvrage sur les littératures du midi, a tracé le caractère de la poésie de l’Italie et de l’Espagne dans son rapport avec la religion et l’état politique de ces deux pays. […] Cet ouvrage parut en 1781. […] Prenez la table des matières de la Critique de la Raison pure ; comme là il ne peut être question que de l’ordre logique, de l’enchaînement de toutes les parties de l’ouvrage, rien de plus lumineux, rien de plus précis. […] Depuis Aristote, la logique n’a pas reculé ; il n’y a dans ses ouvrages aucune règle du syllogisme, aucun axiome logique qui ne soit aujourd’hui aussi incontestable à nos yeux qu’il ne l’était alors à ceux des Grecs. […] On comprend maintenant la signification et la portée du titre de l’ouvrage de Kant.
C’est qu’au milieu des plus sublimes modèles de tout genre, la peinture et la sculpture tombent en Italie ; on y fait de belles copies, aucun bon ouvrage. […] J’avais jetté hors du sallon des ouvrages que j’ai retrouvés seuls, isolés, et pour lesquels il m’a semblé que j’avais eu trop de dédain. […] Le reste, pauvre, terne, gris, effacé, l’ouvrage d’un écolier qui a mal fini ce que le maître avait bien commencé. […] S’il s’agissait d’un dessin à placer dans l’ouvrage d’un voyageur, il n’y aurait pas le mot à dire ; il faut alors une exactitude rigoureuse. […] C’est que l’esquisse est l’ouvrage de la chaleur et du génie, et le tableau l’ouvrage du travail, de la patience, des longues études et d’une expérience consommée de l’art.
Il avait déjà dit, dans ses Lettres sur les Anglais, qu’on ne lisait plus Dante en Europe « parce que tout y était allusion à des faits ignorés : il en est de même d’Hudibras. » Mais dans une lettre adressée au Père Bettinelli, auteur des Lettres Virgiliennes, où Dante était traité assez lestement, Voltaire se découvrait encore davantage (mars 1761) : Je fais grand cas, écrivait Voltaire à ce littérateur italien, du courage avec lequel vous avez osé dire que le Dante était un fou, et son ouvrage un monstre. […] La Harpe, après Rivarol, rétrogradait et se repliait sur le jugement de Voltaire, lorsqu’en quelques lignes rapides de son Cours de littérature il parlait de l’ouvrage de Dante comme « d’un poème monstrueux et rempli d’extravagances, que la manie paradoxale de notre siècle, disait-il, a pu seule justifier et préconiser ». […] M. de Chateaubriand, dans le Génie du christianisme, rencontrait tout d’abord l’ouvrage de Dante au premier rang des poèmes chrétiens dont il devait désirer établir l’excellence, sinon la prééminence sur les poèmes anciens. […] Cet écrivain laborieux et instruit, ayant été ministre de France à Turin sous le Directoire, y apprit à fond la littérature italienne et y amassa les matériaux du cours qu’il professa, et de l’ouvrage qu’il écrivit ensuite, sur ce sujet alors très nouveau.