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368. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Alexis de Tocqueville, dont le genre de talent n’est ni l’abondance, ni l’élan, ni l’ampleur, ni la force active, a consacré, nous dit-il, un an et plus à tel chapitre assez court de son ouvrage. […] Quand la Démocratie parut, on se rappelle avec quelle insistance on se demanda de toutes parts si l’auteur était pour ou contre la démocratie, pour ou contre le système américain, car il y avait dans son livre assez pour l’une ou pour l’autre de ces deux thèses, et ce fut, sans doute, la raison de l’immense succès d’un ouvrage qu’on ne craignit pas de comparer à l’Esprit des Lois ! […] Quoique le volume ne soit que la première partie d’un ouvrage qui doit en avoir deux, quoique nous ne soyons pas encore entrés dans la Révolution française, le livre de Tocqueville se distingue par l’ancienne manière de l’auteur : le manque de netteté, de profondeur et de conséquence. […] Les vues les plus contraires s’entre-choquent dans son ouvrage, où pas un mot n’est défini et où l’auteur reste suspendu entre deux antithèses, comme le cercueil de Mahomet entre le pavé et la voûte. […] Nous avons montré la valeur substantielle du livre de Tocqueville, soit qu’on le prenne pour un livre d’histoire indépendante écrit pour la postérité, soit qu’il veuille être, sous un autre aspect, un ouvrage de parti et de circonstance.

369. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

I Ces deux ouvrages, qui vulgarisent de récentes découvertes faites en Espagne et en Belgique, et dans lesquelles MM. Mignet et Amédée Pichot ne sont pour rien, ces deux ouvrages écrits d’un style fort différent, — l’un, avec la tenue froide d’un membre de l’Académie, l’autre, avec l’égoïste flânerie d’un chroniqueur qui aurait dû oublier sa personnalité davantage, — ont cependant pour nous un intérêt très animé et très réel. […] Le Charles-Quint de Yuste (et dans l’ouvrage de M.  […] Pichot, c’est un esprit poétique et individuel, dont le sentiment ne manque pas de justesse dans l’appréciation de ce qui est élevé, mais dont les allures familières et trop égotistes, — comme dirait lady Morgan, — rendent l’ouvrage parfois fatigant. […] C’est peut-être la meilleure raison à donner de la médiocrité d’aperçu d’un ouvrage sur un sujet qui, plus que tout autre, aurait exigé de l’écrivain, assez hardi pour y toucher, cette sagacité supérieure, qui est le vrai génie de l’histoire.

370. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Il faudrait donc dans ces sortes d’ouvrages tâcher de n’être jamais ni au-dessus, ni au-dessous de la vérité. […] Ce recueil est un des plus beaux monuments qui ait été élevé en l’honneur des sciences, et l’un des ouvrages qui laissent le plus dans l’esprit le sentiment de son élévation et de sa force. […] Je ne puis finir cet article sur les éloges des gens de lettres et des savants, sans parler encore d’un ouvrage de ce genre, qui porte à la fois l’empreinte d’une imagination forte et d’un cœur sensible ; ouvrage plein de chaleur et de désordre, d’enthousiasme et d’idées, qui tantôt respire une mélancolie tendre, et tantôt un sentiment énergique et profond ; ouvrage qui doit révolter certaines âmes et en passionner d’autres, et qui ne peut être médiocrement ni critiqué ni senti : c’est l’éloge de Richardson, ou plutôt, ce n’est point un éloge, c’est un hymne. […] Depuis que cet ouvrage est écrit, il a paru des éloges d’un mérite distingué dans différents genres, et justement accueillis du public.

371. (1864) Études sur Shakespeare

On a longtemps attribué à notre poëte ces deux ouvrages originaux, comme un premier essai qu’il aurait ensuite perfectionné. […] De 1599 à 1605, l’ordre chronologique des œuvres de Shakespeare ne nous offre que des comédies, et Henri VIII, ouvrage de cour et de fête. […] Il faut le découvrir dans ses ouvrages, examiner de quels moyens il se sert, à quels résultats il aspire. […] De là résulte une impression fausse qui, plus d’une fois, a nui à l’effet des plus beaux ouvrages. […] On en peut retrouver les principes dans les ouvrages de Shakespeare ; mais-il ne les a ni pleinement connus, ni toujours respectés.

372. (1925) Comment on devient écrivain

» Il sourit : « A quoi bon augmenter la quantité des mauvais ouvrages ?  […] Il y a de faux tirages, des affiches menteuses, des ouvrages dont on parle peu et qui se vendent, et des ouvrages dont on parle beaucoup et qui ne se vendent pas.‌ […] Toutes les dames voulurent avoir cet ouvrage, qui n’est pourtant pas folâtre. […] C’est nous qui faisons la signification d’un ouvrage. […] Je connais des auteurs qui refont chaque année l’ouvrage à la mode.

373. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Dans l’Ouvrage estimable qu’il a composé à ce sujet, il en revient continuellement à cette idée primitive, & en tire non-seulement les regles de la Poésie & de l’Eloquence, mais encore celles des autres genres d’imitation. […] Nous ne nous sommes étendus sur l’analyse de son Livre des Beaux-Arts réduits à un même principe, que pour faire sentir à la Jeunesse combien il lui est important de s’attacher à de tels Ouvrages. […] Ils trouveront encore des ressources puissantes dans le Cours de Belles-Lettres du même Auteur, Ouvrage qui n’est que le développement du premier.

374. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Beaume Desdossat, [Jacques-François de la] de l’Académie des Arcades, Chanoine d’Avignon, sa patrie, mort en 1756, est principalement connu par ses Christiades, ou le Paradis reconquis, Ouvrage en prose, où sont observées toutes les regles de la Poésie épique, mais où celles du goût sont fort négligées. […] Quelque temps avant sa mort, il se proposoit de donner une nouvelle édition de cet Ouvrage. […] Nous ne connoissons point d’Ouvrages polémiques qui offrent un aussi grand nombre de traits d’esprit, de vivacité, de force, & de cette éloquence qui suppose autant de vigueur dans l’ame, que de chaleur dans l’imagination.

375. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 84-86

N'eût-il que la gloire d'avoir fondé des Colléges, favorisé le progrès des Lettres, donné l'existence & de sages loix à l'Académie Françoise, il mériteroit une place dans cet Ouvrage : il y a encore des droits en qualité de Littérateur. […] Son Testament fût-il réduit au mérite du style, il pourroit être encore regardé comme un Ouvrage estimable. […] Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il en a fait beaucoup, & la Tragédie de Mirame paroît être incontestablement son Ouvrage, par la tendresse paternelle qu'il témoigna pour cette Piece.

376. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Comment se fait-il qu’un ouvrage dramatique si attendrissant ne soit pas une tragédie ? […] L’ouvrage n’est-il pas toujours le même ? […] Bajazet un ouvrage du second ordre ! Quels sont donc les ouvrages du premier, composés depuis Racine ? […] L’auteur n’a peut-être point d’ouvrages plus réguliers et plus parfaits, si l’on excepte Athalie.

377. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Je n’oublie pas que cet ouvrage a été l’objet d’un débat tout autre qu’un débat littéraire, mais je me souviens surtout des conclusions et de la sagesse des juges. L’ouvrage appartient désormais à l’art, seulement à l’art, il n’est justiciable que de la critique, et celle-ci peut user de toute son indépendance en en parlant. […] On pouvait supposer à l’ouvrage de folles poussées, à l’auteur des intentions qu’il n’avait pas. […] Le tableau de cette fameuse journée compose le troisième grand morceau d’ensemble de l’ouvrage ; il est achevé dans son genre. […] L’ouvrage, en tout, porte bien le cachet de l’heure où il a paru.

378. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Le Roi s’amuse et Lucrèce Borgia ne se ressemblent ni par le fond, ni par la forme, et ces deux ouvrages ont eu chacun de leur côté une destinée si diverse que l’un sera peut-être un jour la principale date politique et l’autre la principale date littéraire de la vie de l’auteur. […] Corneille et Molière avaient pour habitude de répondre en détail aux critiques que leurs ouvrages suscitaient, et ce n’est pas une chose peu curieuse aujourd’hui de voir ces géants du théâtre se débattre dans des avant-propos et des avis au lecteur sous l’inextricable réseau d’objections que la critique contemporaine ourdissait sans relâche autour d’eux. […] Il pourrait pousser le détail de ces explications beaucoup plus loin, et examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire ; et, après tout, les réponses qu’il pourrait faire aux objections de la critique, il aime mieux que le lecteur les trouve dans le drame, si elles y sont, que dans la préface. On lui pardonnera de ne point insister davantage sur le côté purement esthétique de son ouvrage.

379. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Il prendra pour guides : L’ouvrage de Puffendorff intitulé des Devoirs de l’homme et du citoyen, de Officio hominis et civis ; ou revenir sur Le Droit naturel de Burlamaqui. […] L’ouvrage d’Hoffman a le même titre97 et le même objet. […] Mais ce qu’il ne faut point perdre de vue, c’est que les parties d’éducation publique qui paraîtront superflues dans ce moment pourront devenir nécessaires avec le temps ; à mesure que le grand ouvrage de la civilisation s’avancera, les intérêts divers, les relations entre les sujets se multiplieront, et c’est cet avenir que Sa Majesté Impériale doit prévénir par sa sagesse, si elle redoute d’abandonner la suite de ses projets à l’ignorance ou aux caprices de la folie. […] Le titre de l’ouvrage d’Antoine Thys est : Memorabilia celebrarum rerum publicarum ; Leyde, 1640, in-16.

380. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Je serai même aussi peu surpris qu’un homme qui auroit pris son idée du mérite des anciens sur leurs ouvrages de physique, de botanique, de geographie et d’astronomie, parce que sa profession l’auroit obligé à faire sa principale étude de ces sciences, n’admire point l’étendue des connoissances des anciens, que je suis peu surpris de voir l’homme qui a formé son idée du mérite des anciens, sur leurs ouvrages d’histoire, d’éloquence et de poesie, rempli de véneration pour eux. […] Nos médecins conviennent néanmoins que les aphorismes d’Hippocrate sont l’ouvrage d’un homme à tout prendre, plus habile que les medecins d’aujourd’hui. […] Quintilien dit que Seneque ne cessoit point de parler mal des grands hommes qui l’avoient précedé, parce qu’il voïoit bien que leurs ouvrages et les siens étoient d’un goût si different, qu’il falloit que les uns ou les autres déplussent à ses contemporains.

381. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

C’est l’idée qu’on se forme de Charron à la lecture de ses Ouvrages. […] Si l’on fait attention au caractere de cet Auteur, développé dans ses propres Ouvrages, on verra qu’il n’écrivit son Livre de la Sagesse, que pour réfuter les doutes de quelques Beaux-Esprits de son temps, au nombre desquels étoit son ami Montagne. […] Un autre Ouvrage de Charron, qui ne laisse aucun doute sur la sincérité de sa foi, c’est son Livre des trois Vérités, publié en 1594.

382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

Les moins mauvais de ses Ouvrages sont des compilations, parce qu’elles contiennent peu de choses de lui. De ce nombre sont sa Rhétorique du Prédicateur, son Traité de l’Eloquence du corps, deux Ouvrages où se trouve réuni, sans méthode & sans goût, ce que Cicéron, Quintilien, & parmi nous Fénélon, Rollin, le Pere Lami, Sanlecque, Lucas, l’Abbé de Villiers, l’Abbé Mallet, ont écrit sur ces matieres si fort rebattues. […] Il en est à peu près de même des autres Ouvrages de M. l’Abbé Dinouart.

383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

Il ne paroît pas que, depuis ce temps, il se soit encore attaché à des Ouvrages de grand genre. […] C’est ainsi que nous nous sommes exprimés sur le compte de ce Littérateur, dans les précédentes Editions de notre Ouvrage. […] Depuis que leur malheureux Auteur a osé parler de regles & de goût à des Poëtes bizarres & volontaires, de clarté & de méthode à des Prosateurs décousus & nébuleux, de force & de chaleur à des Ecrivains froids & symétriques, de bons sens & de précision à des Moralistes enthousiastes & confus, de justesse & de raison à des Philosophes inconséquens & téméraires ; dès-lors notre Siecle, ce Siecle, grace à leurs prouesses, le plus ingénieux, le plus éclairé, le plus merveilleux, le plus heureux des Siecles, s’est vu, d’après leurs déclarations, méconnu dans ses richesses, calomnié dans ses lumieres, ouvrage dans ses prodiges, troublé dans sa felicité ; dès-lors des milliers de bouches éloquentes se sont ouvertes à la plainte, aux clameurs, à la plaisanterie ; dès-lors l’Abbé SABATIER n’a plus été qu’un Cuistre, qu’un polisson, qu’un méchant Critique & un Critique méchant.

384. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

L’ouvrage le plus complet en ce genre est le Nouveau Dictionnaire de Commerce, par M. l’Abbé Morellet, 1771., cinq vol. […] in-8°. : ouvrage où l’on a corrigé quelques fautes & commis beaucoup d’autres. […] L’Art de tenir les Livres à doubles parties, in-fol. par Samuel Ricard : bon ouvrage & peu commun.

385. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

À cela près, cette partie de l’ouvrage est curieuse, très agréable, en général exacte ; les antiquaires qui sont venus depuis (M.  […] Le premier ouvrage de quelque importance qu’eût achevé le ciseau de Thorwaldsen, le Jason, fut si bien vanté et préconisé par Bonstetten, qu’il ne resta pas longtemps dans l’atelier. […] » Au retour d’Italie, l’ouvrage sur le Latium fut lu par morceaux et, en quelque sorte, essayé dans le salon de Coppet chez Mme de Staël. […] Il avait alors un ouvrage en portefeuille, un ouvrage de métaphysique, ou du moins de psychologie ; car il s’était remis à ce genre d’études dont il devait le goût à Bonnet, et qui était assez à la mode au commencement de ce siècle. […] C’est de faire un ouvrage pour vous et par vous.

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