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2264. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Callias, il nous le montre sale, dégoûtant, comme si on l’avait ramassé dans le ruisseau, ivre à tomber, et cependant se tenant par la force de la volonté, en équilibre sur le bord du trottoir, sans jamais dévaler sur la chaussée, et toujours occupé à attacher à sa boutonnière une fleur fanée, un brin de verdure, un légume ramassé dans les ordures.

2265. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Ces successeurs, qui reçoivent des enseignemens donnez par des maîtres excellens : ces successeurs, qui par cette raison et par bien d’autres, devroient surpasser leurs maîtres, s’ils avoient autant de genie que ces maîtres, occupent leur place sans la remplir.

2266. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il a mieux aimé s’occuper d’un monde créé que de nous en créer un.

2267. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Haeckel ne s’occupe pas de cette distinction. […] Prolongez et renouvelez cette réussite ou cet insuccès, cette économie ou cette dépense, durant des générations, vous avez la structure sociale, telle que l’histoire la constate à travers les siècles : deux classes, l’une possédante, l’autre non possédante, avec des échelons intermédiaires qui rattachent ceux qui les occupent à l’une de ces deux classes. […] Pour le problème particulier qui nous occupe, en vertu de quelle thaumaturgie l’État créerait-il une personne vivante, en organisant une région qui engloberait plusieurs départements ?

2268. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Les chants lyriques et les monologues narratifs en occupent la plus grande part. […] Par cette intelligence des œuvres du passé, par cette sympathie qui franchit les siècles, nous élargissons le point que nous occupons dans le temps, de même que nous agrandissons, par la charité et l’amour des hommes, le point que nous occupons dans l’espace. […] Ils n’ont pas l’air de croire qu’il s’échange nécessairement des pensées profondes dans les conseils des potentats, et, en faisant de leur roi Bobèche un idiot, ils nous insinuent que, neuf fois sur dix et par la force des choses, les hommes qui gouvernent les autres (et on ne sait jamais bien pourquoi c’est eux) les gouvernent avec des facultés de joueurs de dominos de force moyenne… « Bobèche : Et, maintenant, occupons-nous des affaires de l’Etat.

2269. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

« Non, a-t-il dit au malheureux père, je ne délivrerai point ta fille avant qu’elle ait vieilli dans mon palais d’Argos, loin de sa patrie, occupée à filer le lin et à préparer ma couche ! 

2270. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Mais Colineau est trop sûr de lui, et trop occupé ailleurs, pour écouter cet avertissement. […] Mais surtout il sent que jamais, jamais, les trois ou quatre romanciers originaux que nous avons aujourd’hui, et même les plus obscurs de leurs disciples ne le considéreront, je ne dis pas comme un égal, mais comme un compagnon occupé des mêmes besognes. […] Comme on comprend, là-bas et autrefois, sur cette terre grecque, sous le ciel si pur, dans quelque exquise petite ville, près des beaux temples et parmi les belles statues, chez un petit peuple très beau, très noble, peu vêtu et occupé tout le jour aux exercices du corps, comme on comprend et comme on aime cette vision souriante, superficielle et légère de la vie, cette philosophie voluptueuse, cette morale du plaisir qui, chez cette race, ne pouvait devenir grossière, car elle était toujours sauvée par le sens et le goût inné de l’élégance et la mesure ; et l’amour du beau, de ce qui sied (comme disaient ces anciens), était pour eux une règle suffisante.

2271. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

III Quelque temps après, le poète Arnault, qui occupait une haute situation dans le gouvernement des lettres, obtint pour Béranger de M. de Fontanes, grand maître de l’Université, un emploi de bureau au traitement de 1 800 francs dans l’administration de l’instruction publique.

2272. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Cette question dont on fait tant de bruit est peut-être la plus frivole qui puisse occuper des gens raisonnables, et j’ai grande peur qu’elle ne soit mise un jour au rang des paroles oiseuses. […] Voyons cependant à quoi se réduisent mes retranchemens ; aux répétitions, qui en y comprenant les formules, ne font guéres moins de la sixiéme partie de l’iliade ; je m’en rapporte à l’éxactitude de Me D si elle veut bien se divertir à en faire le calcul : aux harangues des combattans, qui outre le défaut de vrai-semblance, rentrent souvent encore dans le genre de répétitions : aux descriptions anatomiques des blessures, qui occupent quelquefois cinq ou six pages : à dire séchement, ce héros blessa un tel à tel endroit ; l’autre à tel autre : enfin à des épisodes qui roulent sur des personnages subalternes, et qui font perdre trop long-temps de vûë ceux à qui l’on s’intéresse.

2273. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

III Le corps d’un animal vivant est un assemblage admirable de particules, qui sont d’autant plus délicates et plus variées dans leurs propriétés physiologiques, que l’être occupe un rang plus élevé dans l’échelle de l’organisation. […] On pourrait produire la syncope en liant ou en comprimant directement toutes les artères qui vont au cerveau ; mais ici ne nous occupons que de la syncope qui survient par une influence sensitive portée sur le cœur et assez énergique pour arrêter ses mouvements.

2274. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Mais la ligne est composée de facteurs primitifs ou éléments qui sont ses points, et sa forme n’est qu’un ensemble, l’ensemble de toutes les positions distinctes occupées par tous ses points distincts.

2275. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

L’art sacré et réel — le Naturisme — ne s’occupera jamais des âmes. » Et n’est-ce pas dans ce même esprit que le jeune écrivain, au cours d’une méditation sur l’émotion, promulguait : « Peu importent, en effet, les anonymes acteurs de la tragédie humaine, seuls leurs rôles surent nous toucher ! 

2276. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Nous occupions une loge de face.

2277. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Je me rappellerai toujours la douceur que tu lui témoignais et la sollicitude fantasque avec laquelle tu t’occupais d’elle avec pitié, sans perdre le fil d’une de ces passionnantes conversations, jalonnée de mots, pleine de paradoxes et illuminée de rire enfantin dont nous avions l’habitude avec Guillaume.

2278. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Dans la période qui nous occupe, le genre dramatique présente donc trois cas particuliers, trois grandes individualités, dont chacune offre un problème à reprendre avec une méthode nouvelle.

2279. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Cette évocation d’images, à laquelle nous trouvons tant de charmes, n’est pas une simple distraction, une façon d’occuper en pensant à autre chose le loisir intellectuel que nous laisse la contemplation, comme ces libres rêveries auxquelles nous nous abandonnons devant certains spectacles de la nature, rêveries dont l’objet que nous avons devant les yeux est seulement le point de départ, et qui vont où les mène notre fantaisie. […] Cette idée générale évoque confusément dans son esprit l’image d’innombrables travailleurs occupés, ceux-ci dans leur atelier, ceux-là aux champs, à leur tâche du jour. […] Entre tous ces types, celui de l’homme moyen n’occupe nullement une place éminente ; il serait tout à fait injuste d’attribuer aux autres une valeur esthétique d’autant plus grande qu’ils se rapprochent davantage de celui-là.

2280. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Tournemine. ) Il obtint quelquefois des sommes assez considérables, mais c’était vite englouti : il eût fallu que sa pension fût régulière et augmentât avec ses charges, et qu’un ami s’occupât de ses affaires. […] Il a l’aspect « héroïque »… Je me rappelle une page de Louis Veuillot dans ses délicieuses Lettres à sa sœur : « J’occupe la chambre de Mme R… Il y a un lit qui égale presque en dimensions celui d’Epoisses.

2281. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Hamlet a fort raison de l’aimer, car, si elle devenait sa femme, elle serait capable d’un inaltérable dévouement, précisément par ce qui lui manque en élévation, — et de son côté Polonius a fort raison de la rudoyer et de prendre le soin de veiller sur elle, car, si Hamlet n’était pas tant occupé avec le fantôme, on ne voit pas comment Ophelia trouverait dans son ignorance confiante et dans sa naïveté toute physique des ressources Suffisantes pour résister au prince de Danemark. […] Mignon est un enfant qui n’a d’intelligence que par la poésie et la passion ; son état d’âme normal est poétique, en ce sens qu’il est toujours occupé par un sentiment extrême ; elle craint, elle pressent, elle regrette, elle désire, ou s’abandonne à l’heure présente avec une joie folle. […] Voyez plutôt dans le fond du tableau ce groupe de personnages qui fait contraste avec ceux qui occupent le premier plan : la belle sainte, l’oncle, l’abbé, Lothaire, Jarno, Thérèse, Nathalie, voilà les personnages, pour ne rien dire de ceux des années de voyage, qui donnent la clef du livre et qui sont chargés d’en exposer la morale et d’en tirer les conclusions.

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