l’objet du roman n’est-il que de montrer, aux prises avec la science, deux imbéciles ? […] La peinture des objets et la peinture de l’esprit où les objets sont reflétés composent un paysage qui est aussi un état de l’âme. […] En ce contact du spectateur et de l’objet, qu’a-t-il apporté, qui dût modifier la vue de l’objet, son estimation ? […] l’idée même de cet objet ou l’idée même d’une idée. […] Il faut longtemps, pour qu’un bruit de syllabes s’identifie à un objet, à une idée.
Shakspeare n’aperçoit jamais les objets tranquillement. […] Ils deviennent semblables aux objets lointains, dont la distance adoucit les contours, et qu’elle enveloppe dans un voile lumineux d’air bleuâtre. […] Le sentiment est divin, et son objet est indigne. […] Shakspeare effleure les objets d’une aile aussi prompte, par des bonds aussi brusques, avec un toucher aussi délicat. […] Agile, impétueux, passionné, délicat, son génie est l’imagination pure, touchée plus fortement et par de plus petits objets que le nôtre.
Son premier objet était de visiter le terrain, le champ de bataille même, ce qui ne laissait pas d’offrir quelques difficultés ; au retour de cette excursion, il écrivait : « Ce 6 avril, à bord du Lavoisier. […] N’ayant d’affection que pour l’objet qui lui procure des jouissances, elle parle juste parce qu’elle n’est jamais dominée par un sentiment individuel. […] Pour mon compte, je viens de subir une rude épreuve contre laquelle je me roidissais depuis bien longtemps ; elle m’a confirmé dans la pensée que rien n’est plus fatal à un artiste que son éloignement de la multitude et du froissement du monde : l’isolement ne laisse prendre aucun repos à sa pensée dominante ; son sommeil même ne lui procure plus le moindre délassement ; une seule idée le domine sans cesse : elle l’use et l’énerve à force d’y songer, et, au bout du compte, il finit par ne plus savoir où il en est, faute d’objet de comparaison d’une part, et de l’autre parce qu’il ne rencontre plus sur sa route cet imprévu qui donne à chacun de nous la connaissance de sa force. » « Je suis convaincu, mon cher ami, que l’affaiblissement dans lequel je suis tombé est prématuré, que si les circonstances déplorables qui depuis une année ont changé mes rapports avec la société32 ne s’étaient pas présentées, je suis persuadé, dis-je, qu’il m’aurait été possible de soutenir plus longtemps le rang que mes travaux m’avaient assigné. […] donnez-moi votre palette. » Et, montant à l’instant à l’échelle, il achève le saucisson et autres objets que le confrère était en train de peindre : cela fait, il lui rend les armes. — « Monsieur Vernet, lui dit solennellement le peintre, en les recevant, ce pinceau et cette palette seront transmis à mes enfants comme mes titres de noblesse. » On ajoute que l’enseigne s’est vue longtemps rue Dauphine.
Racine conçoit toutes les émotions, tous les états passifs comme mobiles, et principes d’activité ; il les exprime justement sous l’aspect où leur force d’impulsion ou d’inhibition se découvre le plus fortement : l’objet est toujours une résolution à prendre, qui est prise, rejetée, reprise, autant de fois que s’exercent l’impulsion ou l’inhibition, jusqu’à ce qu’une secousse plus forte amène l’action définitive. […] Je ne sais pas au reste s’il est jamais arrivé que l’objet d’une grande passion, au roman et au théâtre, fût peint d’une manière satisfaisante, et parût autre chose qu’un ressort qui met la passion en branle, ou bien une cible où elle tire. Il n’y a peut-être que Corneille qui ait pu rendre l’objet égal à la passion qu’il inspire. […] Enfin Athalie est, sans maximes ni dissertations, une des plus fortes pièces politiques qu’on ait jamais écrites, et à coup sur la plus hardie peinture de l’enthousiasme religieux : Athalie est une femme, fiévreuse par conséquent et inégale, alternativement irritée et facile, selon les objets qui tournent son âme passionnée ; un songe, un visage d’enfant, tout dévie ou rompt son action.
D’après cette influence de la guerre de trente ans, il n’est pas étonnant qu’elle ait été l’un des objets favoris des travaux des historiens et des poëtes de l’Allemagne. […] Il le faut cependant, il le faut pour sauver sa vie, celle de son fils, celle de tous les objets de son affection. […] En dégageant le fait que l’on a choisi de tous les faits antérieurs, on porte plus directement l’intérêt sur un objet unique. […] L’admiration dont il est l’objet chez les Allemands tient à leur manière de considérer l’amour, et cette manière est très-différente de la nôtre.
Cousin est amoureux, c’est un amoureux impuissant qui flâne autour de son objet. […] … Il est vrai qu’il a des traits charmants, ce diable de cardinal : « Si le prieur des chartreux lui eût plu », dit-il, « elle eût été solitaire de bonne foi. — Son dévouement à la passion qu’on pouvait dire éternelle, quoiqu’elle changeât continuellement d’objets, n’empêchait pas qu’une mouche ne lui donnât des distractions ! […] Cousin, qui veut lui donner la sombre grandeur d’un crime et qui prend une peine infinie à nous démontrer qu’elle était l’âme d’une conspiration, ayant pour objet l’assassinat de Mazarin. […] Ce dessillement, cette lumière de la vérité, cette fonction qui grandit tout, l’objet qu’on voit et l’œil qui regarde, ce seau d’eau glacée que la Responsabilité jette à la figure de l’homme pour le calmer, toutes ces choses qui atteignent même les femmes, M.
Le principal objet de l’Auteur est d’expliquer, par des conjectures bizarres, les différentes révolutions de notre Globe.
C’est uniquement des instructions de la première classe que j’ai le dessein de vous entretenir aujourd’hui, et je les diviserai selon les objets auxquels elles s’appliquent. […] Pour ces objets de peu d’étendue et qui vous paraîtraient de quelque prix, des copies entières remplaceraient convenablement les indications et descriptions que vous réserveriez aux plus longs ouvrages.
La nature pittoresque, aussi, n’est pas objet de-littérature. […] Le malheur fut que les sciences mathématiques étaient incomparablement plus avancées que les sciences physiques et naturelles ; et ce furent les premières qui imposèrent leur méthode à l’étude de l’humanité, comme si elle eût été un objet idéal.
L’objet, le don, le goût de l’observation psychologique s’évanouissent également ; et cette connaissance de l’homme qui avait fait l’intérêt de la tragédie au siècle précédent disparaît sans laisser de traces. […] Il était à craindre que, la vérité mise à part et la nature, la tragédie n’eût plus d’autre objet que de présenter d’ingénieuses applications des règles.
Ce fut néanmoins dans cette année qu’elle cessa d’être l’unique objet de ses désirs. […] Saint-Simon rapporte clairement le motif et l’objet de l’apparition, et c’est plus qu’il n’en faut pour indiquer la personne déguisée.
Taine, que le critique ajoute à son âme naturelle et nationale cinq à six âmes artificielles ou acquises, et que sa sympathie flexible… (rappelez-vous le fameux vers d’Auguste Barbier, qui ne le disait pas de la Critique) : Ouvrant à tout venant et sa jambe et son cœur, l’introduise en des sentiments éteints ou étrangers… « Le meilleur fruit de la Critique — dit encore l’auteur du Carlyle — est de nous déprendre de nous-mêmes, de nous contraindre à faire la part du milieu où nous sommes plongés, de nous enseigner à démêler les objets eux-mêmes à travers les apparences passagères dont notre caractère et notre siècle ne manquent jamais de les revêtir… » Telles sont les propres paroles de M. […] Taine l’entend si bien ainsi qu’il ajoute : « Chacun regarde avec des lunettes de portée et de couleurs diverses… Et l’on s’est disputé et battu, l’un disant que les choses sont vertes, d’autres qu’elles sont jaunes, d’autres enfin qu’elles sont rouges… Mais voici que nous apprenons l’optique morale… que nous découvrons que la couleur n’est pas dans les objets, mais en nous-mêmes. » Et que, par conséquent, tout le monde a raison ou tort !
L’union sacrée n’a pas consisté à renier nos croyances, ou bien à les reléguer dans une armoire comme un objet inutile dont on reparlerait plus tard. […] » Le vote des femmes a été jusqu’à ce jour dans notre pays l’objet de critiques dont ses partisans n’avaient pu triompher.
Peu d’Orateurs ont possédé mieux que lui l’art de simplifier les faits les plus compliqués, les incidens les plus accumulés, & de les réduire à une proposition unique, capable de répandre la lumiere sur les objets qui en paroissoient auparavant le moins susceptibles.
Les Belles-Lettres furent l’étude de sa jeunesse, & la Poésie latine fut, tout le temps de sa vie, l’objet de ses délassemens.
Bourgelat la direction des Ecoles établies pour cette partie essentielle de l’économie publique ; Ecoles préférables à ces Sociétés oiseuses, qui ne s’attachent, la plupart, qu’à des objets frivoles.
Quel cas peut-on faire de ces Discoureurs énigmatiques, qui, semblables à Eole, n’assemblent que des nuages sur des objets qui auroient besoin de tous les rayons du soleil ?
On pardonne volontiers les fautes qui échappent dans le cours du long travail qu’il suppose, en faveur des détails curieux & des notions intéressantes qu’il donne sur chaque objet.