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324. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Dieu par-dessus tout, et l’homme en rapport avec Dieu, voilà le double objet de toute philosophie religieuse. […] Un Dieu à la façon de Plotin, de Spinosa, de Schelling, de Hegel, n’a rien de commun avec l’objet du sentiment religieux. […] Ce n’est plus les objets étrangers qu’il nous ôte alors ; il nous arrache le moi qui était le centre de notre amour. […] L’homme réel est une cause, une force active, douée de facultés diverses qui n’attendent que le contact d’un objet pour entrer en exercice. […] Il a pour objet un Dieu qui, à part les attributs que lui reconnaît la raison, est l’idéal de notre nature.

325. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Nous retrouverons alors l’objet essentiel de notre recherche. […] 1° Quel est l’objet de l’art, en général, et particulièrement de l’art d’écrire ? […] Voilà le grand mot prononcé : la critique change d’objet. […] Et tout le reste n’a pour objet que de préparer de plus loin à ces deux questions une réponse à la fois plus précise, plus ample et plus décisive. […] Enfin, ce qui n’est pas plus exact, c’est qu’il fût, dès 1825, en possession de la méthode et de l’objet de sa critique.

326. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

On étoit alors si peu accoutumé à voir tourner en ridicule les objets les plus graves, à trouver dans les Livres des Satires si mordantes & si libres, des entretiens si licencieux & si orduriers, que la hardiesse qui enfanta cette singuliere & extravagante Production, en grossit le mérite aux yeux même de ceux qui l’eussent condamnée avec sévérité, en conservant leur sang froid. […] Nous n’ignorons pas que les Admirateurs de Rabelais ont prétendu excuser le défaut de plan, de méthode, de suite, de raison, qui choque dans tout son Livre, en croyant trouver dans ses peintures une censure allégorique des mœurs, des usages & des ridicules de son temps ; qu’ils ont vanté avec complaisance certains traits ingénieux qui y pétillent par intervalle ; qu’il n’est pas même jusqu’à son verbiage qui ne leur paroisse mystérieux, & tendre à des allusions, dont leur sagacité regrette de ne pouvoir expliquer l’objet.

327. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Puis s’adressant pour finir à Bernières, à qui il dédie son ode : Tu vois dans cette poésie Pleine de licence et d’ardeur Ces beaux rayons de la splendeur Qui m’éclaire la fantaisie : Tantôt chagrin, tantôt joyeux, Selon que la fureur m’enflamme Et que l’objet s’offre à mes yeux, Les propos me naissent en l’âme, Sans contraindre la liberté Du démon qui m’a transporté. […] c’est l’élément des bons esprits, il ne l’a pas suffisamment prouvé, et il a plutôt fait une solitude moitié naturelle, moitié de fantaisie, dans laquelle les objets ont tant soit peu dansé devant sa vue, et où si d’un côté il ôtait le masque à la nature, il lui en mettait un à l’autre joue. […] Saint-Évremond dit cela en pensant à Pétrone, et il continue en appliquant ses observations à ce qui n’est que grossier et répugnant à la propreté et aux sens : Notre délicatesse va plus loin, et l’on n’aimerait pas aujourd’hui la description d’un objet rebutantt. […] Il y a cependant des détails assez agréables, et je n’en veux pour preuve que cette comparaison qui termine le premier chant, et qui nous montre la mère ayant déposé à contre-cœur le berceau flottant, et ne s’en éloignant qu’avec anxiété et avec lenteur : Telle que, dans l’horreur d’une forêt épaisse, Une biche craintive, et que la soif oppresse, Quitte à regret son faon depuis peu mis au jour, Quand pour chercher à boire aux fosses d’alentour, Ayant au moindre bruit les oreilles tendues, On la voit s’avancer à jambes suspendues, Faire un pas, et puis deux, et soudain revenir, Et de l’objet aimé montrant le souvenir, Montrer en même temps, par ses timides gestes, Le soupçon et l’effroi des images funestes Qui semblent l’agiter pour autrui seulement ; — Telle fut Jocabel en son éloignement. […] [1re éd.] et on n’aimerait pas aujourd’hui la description d’un objet rebutant.

328. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Annoncés comme élèves de l’École normale, ils furent accueillis avec politesse et exposèrent l’objet de leur visite, qui était de soumettre à l’illustre auteur des Martyrs un essai de traduction de l’Iliade que Loyson avait commencée. […]    Marqué de sa terrible empreinte, Les vivants me verront comme un objet de deuil, Vain reste du trépas, tel qu’une lampe éteinte    Qui fume encor près d’un cercueil. […] Pourquoi me rapprocher de ces têtes chéries, Objet de tant d’amour et de tant de regrets ? […] Edmond Biré, qui a fait tout un volume pour réfuter les cinq ou six pages de Victor Hugo, et qui les considère comme outrageuses à la Restauration, objet pour lui d’un culte rétrospectif, n’a pas eu de peine à montrer qu’en 1817 Loyson ne passait nullement pour un génie, et que le vers satirique qu’on lui lança ne fut décoché qu’un peu plus tard. […] Mais puisque celle-ci est devenue décidément un objet de controverse, puisque c’est la première chose, et la seule, que cite plus d’un de nos beaux esprits du jour quand il s’agit de Loyson, force m’est bien d’en parler.

329. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Il a très bien compris, et très bien dit — et dit à Scudéry même, — que le Cid est beau, en dépit des règles, et que l’objet de la poésie est le plaisir par la beauté ; il a très finement écrit — et à Corneille même — sur la prétendue vérité historique de Cinna. […] Et dans une âme bien faite, l’amour qui n’est que le désir du bien, se portera toujours au plus grand bien connu : et le degré de l’amour sera en relation avec la perfection connue de l’objet ; il sera goût, amitié, dévotion. « On peut avoir de la dévotion pour son prince, pour son pays, pour sa ville, et même pour un homme particulier, lorsqu’on l’estime beaucoup plus que soi » ; mais « son principal objet est sans doute la souveraine divinité, à laquelle on ne saurait manquer d’être dévot lorsqu’on la connaît comme il faut294 ». […] L’affirmation de l’universalité de la raison engageait à poursuivre dans l’œuvre d’art aussi un objet universel, et à faire consister la perfection dans le caractère général du sujet étudié, dans le caractère commun du plaisir procuré. […] L’esprit classique manifeste donc encore ici sa concordance avec le cartésianisme, lorsqu’il fait de la vérité l’objet suprême de l’œuvre littéraire, et pose comme identiques le vrai et le beau.

330. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

L’objet en est universel. […] Ce ne sont pas crises d’un âge, mais égarements innés de la sensibilité que le premier objet propice met à nu. […] L’objet peut lui manquer, non la sincérité de l’aspiration. […] Par là elle atteignait indirectement les plus hauts objets. […] L’objet de la discipline stoïcienne, c’est le bonheur.

331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

C’est parce qu’on s’éloigne trop de cette noble simplicité, qui fut toujours l’objet de leur émulation, qu’on donne à présent dans l’extraordinaire, dans le bizarre, ou dans le foible. […] le Brun s’étoit proposé ; mais ce n’est point en imitant les titres des Ouvrages de Virgile & d’Ovide, qu’il pouvoit remplir son objet ; c’est en tâchant d’égaler le mérite des Ouvrages mêmes, ce dont il est bien éloigné, malgré sa bonne volonté.

332. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 367-370

Les réflexions ; la critique, les discussions, l’art d’analyser les matieres, s’y montrent tour-à-tour, jamais hors de propos, & répandent la lumiere sur les objets les plus abstraits. […] Il est vrai que cette liberté de prononcer sur les Ecrivains, qui, en général, ne demandent que des Panégyristes, lui attira des disgraces, & en occasionna la suppression pour quelque temps : mais l’autorité comprit bientôt qu’il n’étoit pas moins essentiel de maintenir les loix de la Littérature, que celle de la subordination dans les autres ordres de l’Etat ; qu’il sera toujours avantageux aux Littérateurs d’être instruits, redressés, & contenus dans les bornes qu’ils ne doivent pas franchir ; que le bon usage des connoissances & des talens est un objet essentiel à l’intérêt & aux agrémens de la société ; que l’abus de ces deux puissans ressorts, dignes de toute l’attention de la Politique, entraîne toujours des suites dangereuses ; qu’un esprit éclairé, courageux, inflexible, mérite de l’encouragement, & ne doit point être livré à d’injustes persécutions.

333. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet, et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements ». […] De l’objet tu à l’objet absent, les frontières sont indécises. […] L’objet poétique fut présenté comme une notion précise, gardant toute sa valeur, non plus comme le principe d’une allusion. […] « La poésie, disait Rivarol, doit toujours peindre et ne jamais nommer. » Bien au contraire, pour Mallarmé, la poésie ne doit jamais peindre, toujours nommer, — et ne pas nommer directement son objet, ce qui serait encore une manière sinon de peinture, du moins de dessin, nommer à côté et même loin de l’objet ce qui suscitera l’émotion correspondant à l’objet. […] « À l’égal de créer : la notion d’un objet, échappant, qui fait défaut.

334. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Que ne puis-je à mon gré, te choisissant pour maître, Dans tes sages leçons apprendre à me connaître, Et, de ma propre étude inconcevable objet, De ma nature enfin pénétrer le secret ! […] Quels témoins, quels arbitres Vous feront reconnaître à mes yeux incertains Pour de réels objets ou des fantômes vains ? […] Marqué de sa terrible empreinte, Les vivants me verront comme un objet de deuil, Vain reste du trépas, tel qu’une lampe éteinte Qui fume encor près d’un cercueil Pourquoi me renvoyer vers ces rives fleuries Dont j’aurais tant voulu ne m’éloigner jamais ? Pourquoi me rapprocher de ces têtes chéries, Objet de tant d’amour et de tant de regrets ? […] Le style, le style, ne l’oublions pas, c’est ce qu’il faut même dans l’élégie, sans quoi elle passe aussi vite que l’objet qu’elle a chanté.

335. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

On la suit dès le berceau, on assiste à ses jeux, à ses rêveries d’enfance, à son mariage, à sa première vie diplomatique, à ce premier débordement d’imagination qui cherchait un objet idéal, même dans son sage mari ; on la voit, à Venise (1784-1786), laissant s’exalter près d’elle la passion d’Alexandre de Stakieff, le jeune secrétaire d’ambassade, dont elle fera plus tard le Gustave de Valérie, ne favorisant pas ouvertement cette passion, ne la partageant pas au fond, mais en jouissant déjà et certainement reconnaissante. […] Celui-ci, en sincère et véritable amant, avait pu se contenir tant qu’il avait vu l’objet de son adoration rester dans une sphère de pureté et d’innocence ; mais lorsqu’en arrivant à Copenhague la jeune femme, a bout de son essai de roman conjugal et comme en désespoir de cause, se fut lancée dans les dissipations du monde et le tourbillon de la vanité, l’humble adorateur n’y tint pas, et, en prenant la résolution de s’éloigner, il fit sa déclaration, non pas à madame, mais à M. […] de Frégeville, après avoir franchement déclaré à son mari que le lien conjugal était rompu , et s’être vue l’objet de sa clémence, habite le Nord pendant quelques années, et ne revient en Suisse, puis à Paris, que vers 1801, à cette époque d’une renaissance sociale universelle. […] Voici, j’imagine, à peu près comme il raisonnerait, et j’emprunterai le plus que je pourrai les paroles mêmes des maîtres : « Les dames galantes qui se donnent à Dieu lui donnent ordinairement une âme inutile qui cherche de l’occupation, et leur dévotion se peut nommer une passion nouvelle, où un cœur tendre, qui croit être repentant, ne fait que changer d’objet à son amour194. […] « La vie ordinaire des hommes est semblable à celle des saints : ils recherchent tous leur satisfaction, et ne diffèrent qu’en l’objet où ils la placent197. — Le cœur humain se retrouve partout avec les mêmes mobiles ; partout c’est le désir du bien-être, soit en espoir, soit en jouissance actuelle, et le parti qui le détermine est toujours celui où il y a le plus à gagner198.

336. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Son objet est, non l’exposition seule, mais la prédication des vérités utiles à l’humanité. […] Là comme toujours, l’amour, la foi transfigurent leur objet : ce grand rieur qui passa sa vie à se moquer de tout le monde, devient sous la plume de Mme Suard un apôtre attendri, doux et bénin : c’est un Voltaire idéalisé, le Voltaire des âmes sensibles, à mettre en face de Rousseau sur une console. […] Cette nature complexe, riche de bien et de mal, mêlée de tant de contraires, dispersée en tous sens, a tendu avec une énergie inépuisable vers tous les objets que ses passions ou sa raison lui ont proposés. […] Voltaire est tout nerfs, et toujours agité de passion : mais il écoute ses nerfs ou sa passion comme chacun de nous ; il ne fait pas des impressions de ses nerfs, des vibrations de sa passion l’objet immédiat d’un travail d’art. […] Une critique plus large, plus profonde, plus juste, qui comprend les religions en dissolvant les dogmes, qui admire la fonction, l’efficacité, la beauté des croyances auxquelles elle retire la réalité de leur objet, une critique non moins rationnelle, plus scientifique et plus savante, plus respectueuse et plus bienveillante précisément à cause de cela, a remplacé la critique voltairienne.

337. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Par l’art seul, l’intelligence et la volonté saisissent leurs objets qui, partout ailleurs, leur échappent : dans l’art seulement, l’homme peut connaître et créer ; hors de l’art, il n’y a qu’illusion et impuissance. […] Il semblerait que l’objet principal du romancier devrait être l’étude de l’individu en qui se continue la névrose héréditaire : mais pas du tout. […] Zola, ou sa plume, déforme et agrandit tous les objets. […] La répression de la sensibilité, l’étude sévère de l’objet, ne coûtaient aucune peine à Guy de Maupassant912 : aussi est-ce chez lui, après Flaubert, qu’il faut chercher la plus pure expression du naturalisme. […] Il voit l’homme assez laid, médiocre, brutal en ses appétits, exigeant en son égoïsme, fort ou rusé selon son tempérament et sa condition, et, par force ou ruse, chassant au plaisir ou au bonheur : les satisfactions physiques et les biens matériels sont les objets presque toujours de cette chasse.

338. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

C’est l’exposition, l’analyse, & la discussion de ces caractères qui font l’objet de son livre ; c’est l’histoire de l’état actuel de la langue écrite qu’il y présente. […] Un Dictionnaire universel devroit être un code de littérature & de belles-lettres ; celui de Trévoux, plus occupé à copier les phrases de nos bons auteurs, qu’à recueillir & à exposer les principes & les préceptes de la nature & de l’art, n’enseigne presque rien sur des objets si intéressans. […] Son unique objet est de fixer & de déterminer le vrai sens & la vraie signification des mots de la langue les plus usités. […] Le second de ses Entretiens d’Ariste & d’Eugene, imprimés en 1671., n’est consacré qu’à cet objet. […] Il veut seulement rendre les Gascons attentifs à des gasconismes qui ne leur sont que trop familiers, & dont il est important qu’ils se corrigent, s’ils veulent éviter ces petites humiliations auxquelles les personnes qui parlent mal sont exposées, surtout à Paris où ces expressions impropres ne manquent pas de donner lieu à des railleries dont il est toujours désagréable d’être l’objet.

339. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Cet auteur est devenu, de siecle en siecle, un objet important de la vanité et de la curiosité humaine. […] Il décrit des actions et des objets. […] Que le poëte choisisse un objet inutile ou desagreable ; il ne me causera que de l’ennui ou du dégoût : au lieu, qu’en blâmant un pareil choix dans le peintre, je puis encore admirer dans son ouvrage, la ressemblance parfaite avec les objets qu’il aura choisis. […] Il employe souvent les mêmes sujets de comparaison, et jusqu’à trois et quatre fois dans la même page ; comme si un objet l’ayant une fois frapé, son imagination ne lui en présentoit plus d’autres. […] Ce ne seroit pas assez que la composition d’un tableau fût sage, ni que le dessein fût exact, si le coloris n’achevoit de donner aux objets toute leur ressemblance.

340. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Son livre, en un mot, s’il l’avait exécuté comme il l’avait conçu, n’aurait pas été seulement destiné aux moralistes et aux penseurs ; il aurait eu pour objet d’acheminer et d’entraîner tout un peuple moins relevé de lecteurs par l’attrait, par le mouvement graduel et l’émotion presque dramatique d’une marche savamment concertée. […] Les moralistes français y sont l’objet d’un examen approfondi, et l’on pourra reconnaître dans le critique qui les juge le coup d’œil de leur égal et de leur pareil. […] C’en est un encore, dût-il en coûter à l’amour-propre (et certes vous avez trop ménagé le mien), que de se voir étudié avec un soin si attentif ; tant d’attention ressemble un peu a de l’affection ; et quel profit d’ailleurs n’y a-t-il pas à être l’objet d’une si pénétrante critique ?

341. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Mais surtout le vice radical de leurs descriptions, c’est qu’ils donnent ou suggèrent les noms des objets naturels : ils n’en procurent jamais la vision. […] A mesure que le siècle avance, la grande ressource de la poésie est la périphrase, qui substitue la description de l’objet au nom de l’objet.

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