On nomme quelqu’un « contre » quelqu’un. Il y a tendance à ne pas lancer le nouveau venu dont le tempérament présage un concurrent aux ventes prochainement redoutables, mais à nommer plutôt un obligé de second ordre « qui ne cassera rien ».
Cette seconde manière d’exprimer nos pensées et nos sentiments, qu’on nomme pantomime, est trop intimement liée à la première pour qu’on puisse les séparer. […] Lecture d’une tragédie Dans un riant château, dont je dois à vos yeux Cacher discrètement le nom mystérieux, Par un beau soir d’été se trouvait réunie Ce qu’on nomme, je crois, la bonne compagnie.
En même temps le chef de la Pléiade développait dans d’ingénieuses théories les principes de l’Illustration, Du Bellay s’était borné à demander « une forme de poésie plus exquise. » Ronsard, après avoir osé nommer les genres, en donnait la poétique. […] Ici il se vante d’avoir imité Pindare, et de n’être pas pour cela tombé dans la mer, malgré la menace d’Horace ; beaucoup moins hardi que lui, remarque-t-il, parce qu’il était de moins bonne souche : Par une chute subite, Encor je n’ay fait nommer Du nom de, Ronsard la mer, Bien que Pindare j’imite.
Benjamin Godard qui feignait, il y a six mois, ignorer l’existence du nommé Wagner, a osé la marche de Tannhæuser, et même la Chevauchée avec, toutefois, moitié moins qu’il ne faut d’instruments et moitié plus de temps. […] Il semble aujourd’hui bien prouvé, dit M. de la Villemarqué dans sa célèbre étude sur les Romans de la Table ronde2, que les troubadours provençaux chantaient ses aventures dès l’année 1150 ; malheureusement leurs poèmes sont perdus ; quelques parties de ceux des trouvères ont survécu : l’un des trois plus anciens doit avoir été rédigé par un certain Bérox dans les dernières années du règne de Henri II, roi d’Angleterre ; le second est l’œuvre d’un poète nommé Thomas, postérieur au moins d’un quart de siècle au premier ; le troisième est généralement attribué à Chrestien de Troyes, déjà mort au commencement du treizième siècle.
Je vais décoiffer de leur toque quelques-unes des bavardes qu’on nomme professeurs ; je soulèverai leur robe austère et je ferai jouer autour de leur bouche l’anachronique bride jaune. […] Pouvez-vous aider beaucoup la belle âme commerciale de Fernand Gregh à atteindre ce qu’il appelle, en bavant de gourmandise, « les honneurs précis qu’ont inventés les hommes pour représenter cette chose impalpable qu’on nomme la gloire » ?
Qu’il réponde au nom qui le nomme Sans savoir s’il est né d’un homme Ou s’il est fils d’un meurtrier ! […] Ma fille me disait : « Le pays est mort ; il semble que la cloche pleure au lieu de carillonner. » On disait aussi que vous ne reviendriez jamais ; qu’il y avait eu du bruit là-bas ; qu’on vous avait nommé un des rois de la république ; et puis qu’on avait voulu vous mettre en prison ou en exil, comme sous la Terreur.
Inventé ou réel, le héros anonyme de ce récit, où l’on ne nomme personne, et qui ressemble au linge démarqué des suicidés ou des criminels, ce héros n’est qu’un enfant, et sa maîtresse, qui lui plante incessamment ce soufflet sur la face, « vous êtes un enfant », lui dit la vérité. […] J’ai nommé tous les personnages déterminants et décisifs du roman de M.
Villemain (puisqu’il faut le nommer) était de ceux-là.
des maux d’où naquirent nos pleurs, Le premier il connut, il nomma les auteurs Et dénonça devant l’humanité proscrite De Calchas et des rois l’alliance hypocrite.
Celle-ci n’a pas la décision du temps pour se diriger dans ses choix ; c’est elle-même qui choisit, qui devine, qui improvise ; parmi les candidats en foule et le tumulte de la lice, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux comme le héraut d’armes, marcher devant leur char comme l’écuyer : Nous tiendrons, pour lutter dans l’arène lyrique, Toi la lance, moi les coursiers.
Soumet, qui avait été auditeur sous l’Empire : « L’Empereur n’eût pas manqué sans doute de vous nommer auditeur », il a fait sourire le récipiendaire lui-même.
Mais quoique la critique en pareil cas ne soit nullement tenue de susciter le génie d’un trait de plume et de l’exhiber à l’heure précise, quoique ce soit là l’affaire du génie lui-même, et de Dieu qui l’a fait naître, on ne serait pas embarrassé, si on l’osait, de compter d’avance et de nommer par leur nom un bon nombre des soutiens et des ornements de cet art nouveau ; tant l’œuvre a déjà mûri dans l’ombre, et tant les choses sont préparées.
Il est peut-être à propos de remarquer que les hommes qui, depuis quelque temps, forment un tribunal littéraire, évitent, en citant nos meilleurs auteurs français, de nommer J.
Nous n’avons qu’une civilisation artificielle, qui nous recouvre sans nous pénétrer : d’un côté, ceux qu’on nommait autrefois les lettrés, les nobles, et qu’on appelle aujourd’hui les Parisiens et les fonctionnaires ; de l’autre côté, les bourgeois, les provinciaux, les paysans.
À part quelques cas exceptionnels, on ne cherche guère à suggérer des sons ou des groupements de mots, mais des idées et des images, laissant au lecteur le soin de les nommer en sa langue.
Il me fâche d’avoir à nommer ici Renan comme un des maîtres de l’erreur que je constate : il a écrit dans l’Avenir de la science cette phrase où j’aimerais à ne voir qu’un enthousiasme irréfléchi de jeune homme, tout fraîchement initié aux recherches scientifiques : « L’étude de l’Histoire littéraire est destinée à remplacer en grande partie la lecture directe des œuvres de l’esprit humain ».
Antistius a rompu cette tradition en se faisant nommer par le suffrage populaire.
Il me semble pourtant que par des poètes tels que Paul Verlaine, ce parfait musicien, et des prosateurs tels que Villiers de l’Isle-Àdam — pour ne nommer que ceux-là — les portes de l’avenir ont été du moins entr’ouvertes.