Rossignol établit, avant tout, ce soin scrupuleux et presque religieux que mirent les Grecs à distinguer les genres divers de poésie, et à maintenir ces distinctions premières durant des siècles, tant que chez eux la délicatesse dans l’art subsista : La nature dicta vingt genres opposés D’un fil léger entre eux chez les Grecs divisés ; Nul genre, s’échappant de ses bornes prescrites, N’aurait osé d’un autre envahir les limites… André Chénier s’est fait, dans ces vers, l’interprète fidèle de la poétique de l’antiquité. […] Virgile, jeune, amoureux de la campagne, mais non moins amoureux des poésies qui la célébraient, s’est évidemment, à son début, proposé Théocrite pour modèle presque autant que la nature elle-même.
On a vu pourtant des natures d’élite plus réfractaires malgré un long séjour. […] Qu’on s’imagine une littérature qui serait de nature à satisfaire à première vue, bon Dieu !
Montesquieu semble donner la vie aux idées, et rappelle à chaque ligne la nature morale de l’homme au milieu des abstractions de l’esprit. […] L’éloquence donc, au lieu de recevoir à cette époque une grande impulsion, a pris dès lors, par la nature même des objets qu’elle traitait, la forme de l’argumentation.
La Muse et sa beauté pacifique, la Nature et sa fraîcheur immortelle, l’Amour et son bienheureux sourire, tout l’essaim de visions divines passe à peine devant ses yeux qu’on voit accourir, parmi les malédictions et les sarcasmes, tous les spectres de la débauche et de la mort. […] Auguste Barbier C’était une nature poétique des mieux douées qui a été avariée par sa liaison avec Stendhal et Mérimée.
C’est dire que cet écrivain, préoccupé d’une philosophie élevée et grave, comme préoccupé constamment de la recherche des plus hautes raisons des choses et comme alourdi du legs glorieux d’aïeux féodaux, ne dédaigne point les beautés calmes de la nature, ni la simplicité touchante des prairies. […] Il sait les affinités mystérieuses par où lu nature éternelle répond à notre cœur fragile.
2Chez Valadon, c’est, sous un crâne ras, Une façon de carme scélérat ; C’est, chez Carrière26, un Christ à bout d’haleine, Sans rien d’égal à ces maîtres divers, Mais plus nature, en tête de ses vers27, F. […] Il s’agit du portrait de Verlaine, introduit au Luxembourg et qu’a signé le peintre Chantalat, médiocre image, qui semble moins faite d’après nature que calquée sur la photographie d’Otto.
En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame. […] Du reste, bonne, brave, loyale et intelligente nature ; mélange du poète, du gueux et du prince ; riant de tout ; faisant aujourd’hui rosser le guet par ses camarades comme autrefois par ses gens, mais n’y touchant pas ; alliant dans sa manière, avec quelque grâce, l’impudence du marquis à l’effronterie du zingaro ; souillé au-dehors, sain au-dedans ; et n’ayant plus du gentilhomme que son honneur qu’il garde, son nom qu’il cache, et son épée qu’il montre.
Une société de précieuses établie à Paris, y avoit mis en mode un jargon ridicule analogue à leur caractère, une façon romanesque de s’exprimer, une affeterie continuelle, un ton hors de nature, & qu’elles appelloient celui de la bonne compagnie. […] De toutes ces lumières particulières, il en résulte, pour la nation, une lumière générale qui n’a qu’un temps, & qui s’éteint lorsqu’on ne consulte plus la nature, qu’on lui préfère le singulier & le manièré.
Lorsqu’il a raillé les hommes sur leurs défauts, il leur a appris à s’en corriger, et nous verrions peut-être encore aujourd’hui régner les mêmes sottises qu’il a condamnées, si les portraits qu’il a fait d’après nature, n’avaient été autant de miroirs dans lesquels ceux qu’il a joués se sont reconnus. […] Cette Comédie qui ne contenait qu’un Acte, et quelques autres de cette nature, n’ont point été imprimées : Il les avait faites sur quelques idées plaisantes sans y avoir mis la dernière main ; et il trouva à propos de les supprimer, lorsqu’il se fut proposé pour but dans toutes ses pièces d’obliger les hommes à se corriger de leurs défauts.
Dans une contrée où le culte oblige à la confession, qui est assez bonne quand elle est faite par un pénitent sincère et entendue par un honnête homme, et où l’on va demander au premier venu l’absolution qui est toujours mauvaise, il faut deux professeurs de la science des conseils, du jugement des actions et de la nature des réparations et expiations. […] Il traiterait de la nature des lois, de leur origine, de l’obligation qu’elles produisent, des causes qui la suspendent ou la font cesser ; du serment, des contrats, etc.
le sentiment de l’amour et de la nature cédant pour un temps à la nécessité. du même. à droite, sur le devant, l’extrémité du lit qu’on appelle le lit de misère. […] C’est tout cet apprêt qui fait le petit, le mauvais, qui chasse la nature.
Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans Tous les génies se manifestent bien, mais ils ne parviennent point tous au dégré de perfection où la nature les a rendus capables d’atteindre. […] La nature des eaux de l’Hipocrene, ne les rend pas encore bien propres à éteindre de pareils incendies.
Alors on parvint à atténuer la dissonance au point de la faire disparaître ; mais, il finit l’avouer, vous n’obtenez ainsi qu’une harmonie d’à-peu-près, comme le demandait Aristoxène, faute de mieux, au lieu d’une harmonie rigoureuse comme l’exigeait Pythagore ; tranchons le mot, vous avez une harmonie de convention, au lieu d’une harmonie essentielle, fondée sur la nature même du son et de l’ouïe. […] Dès lors ce qu’il y avait d’essentiel et de subsistant par son énergie propre a cédé la place aux signes variables et plus ou moins arbitraires ; dès lors le génie individuel a remplacé le génie général ; dès lors les impressions ont été reçues par un plus ou moins grand nombre, mais n’ont pas été reçues par tous ; dès lors enfin l’art est venu au secours de la nature.
… Or le génie, qui peut presque légitimer ce désordre d’une femme qui se jette dans l’abîme de la littérature, ce génie au nom seul duquel on peut remettre à la femme son péché, — son péché d’écrire, mortel à sa nature et à sa fonction sociale, — Mme Sophie Gay, — il faut bien en convenir, — ne Pavait point. […] Je l’ai déjà signalée, mais je veux la donner comme elle la donne elle-même, à sa première page, dans ce style qui a vieilli, mais qui ne s’est pas bonifié en vieillissant : « Ô vous que la nature et l’art ont favorisés !
L’Asie, où la femme errante a cru oublier tant de choses et, sinon comme elles, oublier la patrie, du moins en bercer et en assoupir l’idée douloureuse, l’Asie, avec ses éblouissements, sa nature radieuse et ses merveilles, n’est-elle pas à toute page de ce livre ce soleil qui navre le cœur de son impitoyable beauté, et les rayons, que les descriptions en rallument en vous, n’en apportent-ils pas contagieusement la tristesse ? […] On se dit que dans l’âme de cette femme qui traverse indolemment l’étincelante Asie les yeux mi-clos, les ouvrant plus grands sur sa jeune fille qui l’accompagne que sur cette magnifique nature effleurée des pieds de son cheval, l’heure de la chaleur est passée et que l’admiration pour les belles choses visibles est à son reflux.
Il n’a jamais pensé à chercher dans la nature de l’homme la racine de cette singulière plante, empoisonnée peut-être, qui fleurit en éclatant sur les lèvres humaines ! […] Il a juste de talent celui que l’Université donne, et peut donner, à force d’enseignement et d’études, mais enfin elle n’est ni le bon Dieu ni la nature, elle n’est que l’Université, et elle ne peut donner que cela.
Lui, Français et même un peu Gaulois, il a essayé de s’établir dans le fond d’une nature anglaise pour, de là, jeter son regard d’observateur sur la France, nous juger, et même nous raconter à nous-mêmes, d’une façon un peu plus nouvelle que s’il partait uniquement de ses impressions, que nous partageons, de Français. […] Originalité solitaire qu’il faut compter à Wey, parce qu’il ne la tient que de la nature propre de son esprit.
Mais c’est, surtout, quand il s’agit de l’homme redoutable envers lequel il était si facile à un écrivain comme Prescott d’être injuste, que ses paroles deviennent, à force d’impartialité, d’un grand poids : « Nous frémissons, — (je ne crois pas qu’il frémisse beaucoup, cet homme de race anglo-saxonne, fils de boucanier et de flibustier, mais passons-lui ce petit sacrifice à la rhétorique), — nous frémissons en regardant un tel caractère, — (il s’agit du monstrueux duc d’Albe), — mais, nous devons l’avouer, il y a quelque chose qui provoque notre admiration dans cette rigueur, dans cette inflexibilité, dans ce mépris de toute crainte et de toute faveur avec lesquels cette nature indomptable exécute ses plans !!! […] Prescott est, de nature, opposé à toutes les niaiseries.