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400. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger : Une Vierge de Galilée Du nom de Marie appelée En ses deux lianes vous portera, Et dans une étable naîtra Le roi de la sphère étoilée ! […] Il naîtra sur un lit de chaume, Et celle qui l’aura porté, Ce roi du céleste royaume, Gardera sa virginité ; Car à travers sa chaste mère Passera l’enfant radieux, Trait raphaëlesque ! […]                    ___ C’est à Bethléem, à minuit, Que, dans une crèche, il naquit.

401. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

Des Égyptiens, les arts passèrent chez les Grecs, et bientôt les éloges naquirent en foule. […] Des couronnes, des inscriptions, des vases, des statues, voilà ce qui récompensait et faisait naître les grands hommes. […] Je m’imagine que dans ce moment, le père devait approcher de son fils, et lui dire : « Tu vois dans quel pays tu es , et comme on y honore tout ce qui est grand ; et toi aussi, mérite un jour que ton pays t’honore. » Ainsi, chez les Grecs, de quelque côté qu’on jetât les yeux, on trouvait partout des monuments de la gloire ; les rues, les temples, les galeries, les portiques, tout donnait des leçons aux citoyens.

402. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

En conséquence d’un de nos axiomes (les hommes qui veulent expliquer aux autres des choses inconnues et lointaines dont ils n’ont pas la véritable idée, les décrivent en les assimilant à des choses connues et rapprochées), la géographie poétique, prise dans ses parties et dans son ensemble, naquit dans l’enceinte de la Grèce, sous des proportions resserrées. […] De même le Pont où Jason conduisit les Argonautes, dut être la terre la plus voisine de l’Europe, celle qui n’en est séparée que par l’étroit bassin appelé Propontide ; cette terre dut donner son nom à la mer du Pont, et ce nom s’étendit à tout le golfe que présente l’Asie, dans cette partie de ses rivages où fut depuis le royaume de Mithridates ; le père de Médée, selon la même fable, était à Chalcis, dans cette ville grecque de l’Eubée qui s’appelle maintenant Négrepont. — La première Crète dut être une île dans cet Archipel où les Cyclades forment une sorte de labyrinthe ; c’est de là probablement que Minos allait en course contre les Athéniens ; dans la suite, la Crète sortit de la mer Égée pour se fixer dans celle où nous la plaçons. […] Cette fable, inventée par la vanité des Grecs et adoptée par celle des Romains, ne put naître qu’au temps de la guerre de Pyrrhus, époque à laquelle les Romains commencèrent à accueillir ce qui venait de la Grèce.

403. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Les hommes étant alors naturellement poètes, la première jurisprudence fut toute poétique ; par une suite de fictions, elle supposait que ce qui n’était pas fait l’était déjà, que ce qui était , était à naître, que le mort était vivant, et vice versa. […] Ceci jette un nouveau jour sur les principes des obligations qui naissent des pactes et contrats, tels que nous les avons établis plus haut.

404. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Elle m’y racontait souvent, pour me distraire, Son enfance, et les jeux de mon père, son frère, Que je n’ai pas connu ; car je naquis en deuil, Et mon berceau d’abord posa sur un cercueil. Elle me parlait donc et de mon père et d’elle ; Et ce qu’aimait surtout sa mémoire fidèle, C’était de me conter leurs destins entraînés Loin du bourg paternel où tous deux étaient nés. […] « L’autre, en Italie, à une époque relativement récente, Virgile, est le poète de l’histoire. à Mantoue, n’ayant eu d’autre maître de poésie que la nature agreste de la Lombardie, il commence tout jeune ses Églogues, qui sont aussi ses chefs-d’œuvre. […] Le poème épique ne peut et ne doit naître qu’à une époque du monde où il peut être cru.

405. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Naît un sens du possible et du réel, à travers lequel, désormais, doit être créée la vie. […]   Par des contes et des légendes naquit la littérature des Grecs. […] Une harmonie des mots apparut possible, légitime : après la musique parlée des orateurs, naquit la musique écrite des poètes. […] Quand donc naîtra cette littérature artistique, produisant la vie totale d’une âme ? […] Elle naîtra, cette belle littérature, dans la bienheureuse semaine — oh si proche !

406. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il naquit instinctif et aveugle, et tel il est , tel il est encore, tel il restera toujours. […] Il naît avec nous. […] Dick d’être en Angleterre. […] Déjà naissait la légende des Girondins. […] Marie-Louise était née pour la résignation.

407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Pierre Daru naquit à Montpellier le 12 janvier 1767, le quatrième de onze enfants. […] De même qu’André Chénier, par La Jeune Captive, nous a donné l’élégie dans une prison pendant la Terreur, on aurait eu l’épître horatienne née dans une prison du même temps. […] L’idolâtrie n’a commencé que depuis : nous l’avons vue naître ; hélas ! […] si l’on pouvait deux fois naître, j’irais à vous et je vous dirais : Gentil Daru (comme on disait Gentil Bernard), soyez des nôtres… Une autre brochure poétique composée de trois ou quatre satires ou dialogues en vers, et intitulée La Cléopédie ou la Théorie des réputations en littérature, que Daru publia vers le même temps (1800), réussit moins. […] Quelquefois, entendant parler de vous, il m’est arrivé de dire avec un air de satisfaction : “J’ai vu naître ces talents-là, et j’en conserve précieusement les premières ébauches.”

408. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

1843 Il y a quelques années, il a été fait dans cette Revue une sorte d’appel à tous les talents qui, nés à peu près en même temps que le siècle, se trouvaient approcher de l’âge toujours redoutable de la maturité183. […] Nous sommes nés dans des entre-deux sans cesse coupés, non pas sous un seul astre continu, et force nous a été de croître à travers toutes sortes de régimes vacillants et recommençants. […] Mais, comme la conscience de leur usurpation les tient, pareils à ces empereurs nés d’une émeute, c’est à qui dévorera son règne d’un moment. […] La critique, en causant de ces choses, ne peut avoir d’autre prétention que de proposer ses doutes et de faire naître dans les esprits élevés de généreux désirs. […] La première règle à se poser, dans cette série recommençante, serait de se garder de cette sorte de sévérité qui naît moins du fond des choses que du contraste et du désaccord entre les espérances exagérées et le résultat obtenu.

409. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Vous aurez fait de beaux et légitimes raisonnements sur les races ou les époques prosaïques ; mais il plaira à Dieu que Pindare sorte un jour de Béotie, ou qu’un autre jour André Chénier naisse et meure au xviiie  siècle. […] Fils d’un père greffier, d’aïeux avocats (1636), comme il le dit lui-même dans sa dixième épître, Boileau passa son enfance et sa première jeunesse rue de Harlay (ou peut-être rue de Jérusalem), dans une maison du temps d’Henri IV, et eut à loisir sous les yeux le spectacle de la vie bourgeoise et de la vie de palais. […] Le François, malin, forma le vaudeville, Agréable indiscret, qui, conduit parle chant, Passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant. […] Cet article fut le premier du premier numéro de la Revue de Paris qui naissait (avril 1829) ; il parut sous la rubrique assez légère de Littérature ancienne, que le spirituel directeur (M. […] Devenues l’appui ou la ressource de la plupart des conversations, combien de maximes, de proverbes ou de bons mots ont-elles fait naître dans notre langue !

410. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

L’épi est utile, mais l’alouette vit, le grillon rappelle, la brise représente, le cœur sympathise, la mémoire se déplie, l’image surgit, l’émotion naît, avec l’émotion naît la poésie dans l’âme. […] La poésie est née en vous, elle vous inonde, elle vous submerge, elle vous étouffe, l’hymne ou l’extase naissent sur vos lèvres, le silence ou le vers sont seuls à la mesure de vos émotions ! […] Fénelon Fénelon naquit d’une famille noble et militaire du Périgord vivant tantôt dans les camps, tantôt dans le fond de cette province.

411. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Un des plus sévères contemporains de Louis XIV, Saint-Simon, qui ne le vit et ne le connut que dans les vingt-deux dernières années de sa vie, au milieu des analyses pénétrantes qu’il a données sur lui dans tous les sens, a dit : Il était sage, modéré, secret, maître de ses mouvements et de sa langue. […] il était bon et juste, et Dieu lui avait donné assez pour être un bon roi, et peut-être même un assez grand roi… Qu’il y eût dans Louis XIV un premier fonds de bonté, de douceur, d’humanité, qui disparut trop souvent dans l’idolâtrie du rang suprême, Saint-Simon le reconnaît et, même en s’en étonnant, nous l’atteste ; Mme de Motteville nous le fait remarquer comme un caractère naturel du roi enfant, et plus d’une parole de Louis XIV, dans les pages sincères de sa jeunesse, nous le confirmera. […] Pourtant, réduite et entendue dans un certain sens, cette idée a sa justesse : « Je ne crains pas de vous dire, écrit-il pour son fils, que plus la place est élevée, plus elle a d’objets qu’on ne peut ni voir ni connaître qu’en l’occupant. » Saint-Simon, que j’oserai ici contredire et réfuter, a dit de Louis XIV : avec un esprit au-dessous du médiocre, mais un esprit capable de se former, de se limer, de se raffiner, d’emprunter d’autrui sans imitation et sans gêne, il profita infiniment d’avoir toute sa vie vécu avec les personnes du monde qui toutes en avaient le plus, et des plus différentes sortes, en hommes et en femmes de tout âge, de tout genre et de tous personnages. […] Il ne suffit pas à un prince, pour être grand, de naître à propos : « Il y en a plusieurs dans le monde qui ont obtenu la réputation d’habileté, par le seul avantage qu’ils ont eu de naître en des temps où l’état général des affaires publiques avait une juste proportion avec leur humeur. » Lui, il aspire à mieux, il veut être de ceux qui suffisent par l’esprit à des situations diverses et même opposées.

412. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Le peu de notes qu’on a publiées de lui, et où il fait son portrait, ont donné à sa physionomie une vie et un naturel qui est mieux que de la majesté : « Plutarque me charme toujours, disait-il ; il y a des circonstances attachées aux personnes qui font grand plaisir. » le 18 janvier ‌1689, au château de La Brède, près de Bordeaux, il sortait d’une famille de robe et d’épée, de bonne noblesse de Guyenne : « Quoique mon nom ne soit ni bon ni mauvais, disait-il, n’ayant guère que deux cent cinquante ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis attaché. » Son père, qui avait servi, après s’être retiré de bonne heure, soigna fort son éducation ; le jeune Montesquieu fut destiné à la magistrature. […] sans ambition de fortune, il se trouva placé à un rang qui pouvait sembler médiocre entre les rangs élevés, mais qui n’en était que plus propre à son rôle d’observateur politique. […] Ceci devait mourir dans le même lieu qui l’a fait naître ; mais ceux qui vivent dans une société ont des devoirs à remplir ; nous devons compte à la nôtre de nos moindres amusements. » Il semble même qu’en terminant ce mémoire, Montesquieu s’attache trop à diminuer le mérite de l’observateur, lequel a souvent besoin de toute sa subtilité d’esprit et de son invention ingénieuse pour amener le fait sous son regard : Il ne faut pas avoir beaucoup d’esprit, disait Montesquieu, pour avoir vu le Panthéon, le Colisée, des Pyramides ; il n’en faut pas davantage pour voir un ciron dans le microscope ou une étoile par le moyen des grandes lunettes ; et c’est en cela que la physique est si admirable : grands génies, esprits étroits, gens médiocres, tout y joue son personnage. […] Avant d’y arriver, voyageant sur le continent avec un Anglais, lord Waldegrave, il disait déjà « qu’il n’y avait gens de vrai bon sens que ceux qui étaient nés en Angleterre ». […] Laissons les regrets, et acceptons avec respect cette forme unique et souveraine de considérations qui est proprement la sienne, cette forme née d’un esprit si haut et si ferme, et portant l’empreinte d’un moule qui, avec les beaux accidents qui le caractérisent, ne s’est rencontré qu’une fois

413. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Ainsi, d’après ces dates glorieuses, Marathon, Salamine, Eschyle et Pindare étaient nés à cinq ans l’un de l’autre ; et ils auraient pu se rencontrer rivaux d’héroïsme et de génie sur le champ de bataille et au théâtre, s’il n’y avait eu, dans l’instinct même de grandeur qui les rapprochait, quelques différences marquées de vocation comme de patrie. […] Comment, dirons-nous, si le grand poëte lyrique, sur ce territoire thébain, qui a tant fourni à l’horreur tragique, avait composé lui-même ce grand nombre de tragédies, comment, si Pindare avait été l’émule d’Eschyle, avait mis comme lui sur la scène des chœurs de Danaïdes ou de captives persanes, pas un souvenir anecdotique n’en serait-il resté ? […] C’étaient peut-être les vers mêmes, que nous retrouvons, au début de la Théogonie108 : « Ayons les Muses en tête de nos chants, les Muses qui habitent le grand et fertile sommet d’Hélicon, et dansent de leurs pieds légers autour de la fontaine bleuâtre et de l’autel du puissant fils de Saturne ; les Muses qui, lavant aux sources du Permesse leur beauté délicate, auprès de l’Hippocrène, ou sur le divin sommet d’Holmios au plus haut de l’Hélicon, forment des chœurs gracieux, sous leurs pas tressaillants ; puis, élancées de là, sous le voile d’un épais nuage, ont marché dans la nuit, jetant d’harmonieuses clameurs, en hymnes à Jupiter porte-égide, à la sainte Junon, reine d’Argos aux brodequins dorés, à la fille du dieu porte-égide, Minerve aux yeux pers, à Phébus Apollon, à Diane chasseresse, à Neptune qui enceint la terre et l’ébranlé, à la vénérable Thémis, à Vénus aux roulantes prunelles, à Hébé parée d’une couronne d’or, à la belle Dioné, à l’Aurore, au Soleil immense, à la Lune brillante, à Latone, à Japet, au ténébreux Saturne, à la Terre, au vaste Océan, à la Nuit sombre et à la race sacrée des autres dieux : célébrons ces Muses, qui enseignaient une si belle chanson à Hésiode, occupé de paître ses agneaux, aux bords de l’Hélicon divin. » Cette poésie brillante et gracieuse, non moins ancienne que les chants homériques, mais indigène en Béotie, offerte aux yeux et gravée dans les temples de cette religieuse contrée, suffisait à dénouer la langue du jeune homme, pour les vers, qui vivait dans ces lieux. […] La terre pleure la jeunesse née de son sein, et qu’a tuée Xercès, pourvoyeur de l’abime, tant de guerriers serrés en bataillons, fleur de la patrie, formidables archers ! […] sujet de larmes à la nation, je suis pour le mal de la patrie… » Et ces cris de détresse, ces échos de mutuelle douleur, se continuent, s’entrechoquent, durant une longue scène.

414. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Un grand poète épique est . […] De ce nombre était Roumanille, d’Avignon, poète provençal d’un haut atticisme dans sa langue ; de ce nombre aussi était Adolphe Dumas, qui était dans les ruines d’un couvent de chartreux, sous un rocher de la Durance, et qui en avait respiré l’ascétisme d’anachorète chrétien du temps de saint Jérôme. […] Ne voyez-vous pas naître les étoiles ? […] Tout est original dans le poème, parce que tout est de la nature dans le poète. […] Ou pourquoi, d’une pauvre femme, pourquoi ne suis-je pas née moi-même, dans quelque trou de serpent !

415. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il faut donc que cet écrivain prédestiné à devenir prophète naisse et vive dans l’éloignement ; il faut de plus qu’il naisse et qu’il vive dans un temps de grande dissension de l’esprit humain, époque où chaque parti a besoin de champions éclatants pour embrasser, fortifier, diviniser sa cause. […] Revenu peu de jours après à Chambéry, il y vit naître, dans les angoisses de l’invasion française, sa troisième fille, Constance de Maistre, qu’il ne devait pas revoir avant vingt-cinq ans. […] Un vengeur nous est  ! […] Les Savoyards naissent courtisans par la situation subalterne de leur province à Turin. […] La première qualité de l’homme pour mener et asservir les hommes, c’est de connaître les hommes.

416. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Le mortel n’est pas encore et ne naîtra pas qui oserait venir dans les États des Phéaciens pour y apporter la guerre, car ils sont chéris des dieux, et nous habitons à l’écart, les derniers, au sein des ondes écumeuses et immenses. […] Le premier chantre du monde pouvait-il, en effet, naître d’une autre origine que de l’union d’Apollon, le dieu des vers, avec la muse à la belle voix, Calliope ? […] « Il dirige les vents au milieu des airs, comme sur les courants des ondes, et fait étinceler l’éclair de feu dans l’espace. […] Depuis ce jour et tous les jours que Dieu fait naître Elle n’a plus quitté ma chambre ou ma fenêtre. […] d’un spasme, un spasme l’avait emporté.

417. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il est un cas pourtant où ce genre de comique peut naître de la passion du jeu ; c’est quand cette passion est vieille et qu’elle a pris l’homme tout entier. […] Éloquence, poésie, tout le style est là, et il n’y a ni éloquence ni poésie où le comique ne naît pas des caractères. […] Molière aurait dit, tout à l’opposé de Diderot : « C’est aux caractères à décider des situations. » Pour une fois que la situation donne l’essor au caractère, cent fois c’est le caractère qui fait naître la situation. […] Si Philinte n’existait pas, il naîtrait de l’exagération même d’Alceste, et tout près de lui, non pour le faire valoir, mais parce que c’est le propre des caractères excessifs d’engendrer leurs contrastes, ne fût-ce que par contradiction. […] Si ses enfants sont moins bien nés que ceux de Molière, ils n’en vivent pas moins de la même vie.

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