« Ces concessions que vous appelez des bienfaits, et moi des restitutions, n’ont été conquises que par la Révolution ; ce mot seul les rappelle toutes, et le mot opposé rappelle leur privation. […] Dans cette Montagne, plus sanglante que la roche Tarpéïenne ou les Gémonies, il ne cesse, en un mot, de voir le Capitole de la patrie en danger. […] Ce dernier projet fut, de sa part, en voie d’exécution ; il en parla à M. de Bourqueney, qui, à son tour, en dit un mot à M. […] Un mot seulement sur le dernier acte qui couronne chez M. […] Sans prétendre diminuer le rôle de personne, je résumerai le sien en peu de mots quant au sens et au mouvement, sinon pour les paroles mêmes : « — Eh bien !
Plusieurs fois il a quitté, sans mot dire et sans qu’on sût pourquoi, la maison de lord Oxford, et il a fallu excéder les laquais de messages pour le ramener. […] Nul élan, rien de naturel ou de viril ; il n’a pas plus d’idées que de passions, j’entends de ces idées qu’on a besoin d’écrire et pour lesquelles on oublie les mots. […] Imaginez un chanteur italien qui ferait un trille sur chaque mot. […] Il y a toujours chez eux un magasin patenté de beaux mots convenus, d’élégances poétiques, où chacun se croit obligé d’aller chercher ses phrases. […] Dans ces quelques mots combinés d’une façon nouvelle, il y avait une révolution.
A chaque instant, ses affections mélancoliques et chrétiennes nous la montrent en harmonie avec ces modestes poètes qui ont pris pour devise le mot d’André Chénier : Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. […] Hugo dans ses premières odes politiques : et, s’il n’y avait pas là de quoi faire un chantre populaire, si le siècle ne se pouvait prendre d’amour pour qui lui lançait des anathèmes, et si, en un mot, le Lamennais de la poésie ne devait pas prétendre à devenir le Béranger de la France, peut-être au moins il avait dans sa franchise et son talent des titres à l’impartialité et à la justice. […] Bug-Jargal, en effet, n’est qu’un récit fait au bivouac par un jeune capitaine ; or, ce récit est rempli de dialogues à la Walter Scott, dont le capitaine fait fort patiemment les frais ; on y trouve même de longues pièces officielles, mais elles ont tellement frappé le capitaine qu’il assure les avoir retenues mot pour mot. […] Qu’on imagine à plaisir tout ce qu’il y a de plus pur dans l’amour, de plus chaste dans l’hymen, de plus sacré dans l’union des âmes sous l’œil de Dieu ; qu’on rêve, en un mot, la volupté ravie au ciel sur l’aile de la prière, et l’on n’aura rien imaginé que ne réalise et n’efface encore M.
On tâchera de se surveiller soi-même à tout moment, de se prendre sur le fait dans les accès de passion et de vive sensibilité, de voir où l’on est, où l’on va dans ses emportements : en un mot de se dédoubler, et d’être le spectateur infatigable et impartial de soi-même. […] Mme de Sévigné laissait trotter sa plume, mais elle l’avait bien en main, et ne la quittait pas de l’œil : elle pesait ses mots avec une décision rapide et sûre qu’elle tenait de son goût naturel et d’un fréquent exercice. […] Il en de si peu naturel aussi que de vouloir mettre toute son âme, tout son esprit dans chaque mot. […] Aussi quand on avait à écrire, comme lorsqu’on parlait, on y allait de tout son cœur et de tout son esprit ; on faisait donner toutes ses forces, et par cet élan vigoureux et spontané, on trouvait naturellement les mots qui représentaient les choses. […] On tient en grande estime la grammaire et l’orthographe : les candidats aux diplômes écrivent correctement les mots dont ils ne comprennent pas le sens, et analysent très exactement toutes les proportions qui composent une phrase : il n’y a que l’idée, dont ils ne savent que dire, ni si elle est juste ni si elle est fausse, ni même quelle elle est.
Le mot n’est plus qu’un terme historique dans les langages civilisés. […] Je t’aurai fabriqué des mots qui feront rire ton ennui. […] donne-moi le temps de dresser ta gloire jusqu’au ciel en vers plus impérissables que l’airain… D’autres fois, par des mots savants, j’exciterai tes sens épuisés et je te rendrai la vigueur d’aimer. […] Les prostitués les ont appelés : « Envieux. » Et le Maître a répondu : « Leur intelligence a justement mérité à ceux-ci la meilleure part. » Et : « Il faut que tout le monde vive. » Et encore : « Tout travail mérite salaire. » Bien que penser, chanter, sculpter, donner son âme et son esprit aux jeunes gens ne soient que des repos et des joies, le Maître avait raison d’employer le mot travail. […] Combien nous sommes peu à montrer le calme courage de la franchise, à mi-côte, à égale distance des saints qui pensent et travaillent et des absolus prostitués qui vendent âprement et habilement des mots vides et des grimaces de pensées.
V. 4 Besogne, (autrefois besongne) n’est pas le mot propre ; mais, à cela près, la fable est charmante d’un bout à l’autre. […] Le beau premier, le fin premier, mots reçus dans l’ancien style pour dire simplement le premier. […] Il faudrait insister sur chaque mot, pour en faire sentir les beautés. […] Chaque mot que dit le chêne fait sentir au roseau sa faiblesse. […] Si l’on considère qu’il n’y a pas un mot de trop, pas un terme impropre, pas une négligence ; que dans l’espace de trente vers, La Fontaine, en ne faisant que se livrer au courant de sa narration, a pris tous les tons, celui de la poésie la plus gracieuse, la plus élevée : on ne craindra pas d’affirmer qu’à l’époque où cette fable parut, il n’y avait rien de ce qu’on a dans notre langue.
… D’une confusion de termes, qu’on nous passe le mot ! […] Il confond perpétuellement le mot révolutionné et le mot révolutionnaire. […] Tel est, en quelques mots, le système de Couture. […] En effet, il a l’originalité du point de vue, la profondeur pénétrante, le mot aiguisé, et la contexture du style travaillée, serrée et ferme, quoique moins brillante, du grand publiciste de la Restauration.
Au siècle de César et d’Auguste, plusieurs Romains célèbres ne goûtaient point du tout les ouvrages d’Isocrate, et sûrement Brutus était de ce nombre ; au siècle de Trajan, Plutarque le peignait comme un orateur faible et un citoyen inutile, qui passait sa vie à arranger des mots et compasser froidement des périodes ; au siècle de Louis XIV, Fénelon le traitait encore plus mal ; Isocrate, selon lui, n’est qu’un déclamateur oisif qui se tourmente pour des sons, avide de petites grâces et de faux ornements, plein de mollesse dans son style, sans philosophie et sans force dans ses idées. […] Un autre grand mérite de cet orateur, c’étaient des finesses et des grâces de style ; or, ces finesses et ces grâces tiennent ou à des idées ou à des liaisons d’idées qui nous échappent ; elles supposent l’art de choisir précisément le mot qui correspond à une sensation ou délicate, ou fine ; d’exprimer une nuance de sentiment bien distincte de la nuance qui la précède ou qui la suit ; d’indiquer par un mot un rapport, ou convenu, ou réel entre plusieurs objets ; de réveiller à la fois plusieurs idées qui se touchent. Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible. Admettez un tiers à cette conversation, il ne concevra point ce que ces mots ont de touchant, ni pourquoi ils excitent une émotion si tendre, et font peut-être verser les plus douces larmes : telle est l’image du différent effet que produisent les beautés accessoires et les finesses d’expression dans une langue vivante ou dans une langue morte ; plus un écrivain a de ce genre de beautés, plus il doit perdre.
Le mot ami est trop familier ; le mot courtisan n’est pas assez digne. […] Et il trouve les mots qui traduisent exactement les nuances qu’il veut exprimer. […] Il excelle enfin à fixer en quelques mots bien choisis les lignes d’un paysage. […] Infailliblement, dans son texte, le mot marin s’accolera au mot brave le mot ingénieur au mot distingué ; le mot docteur au mot savant ; le mot officier au mot brillant ; le mot jeune fille au mot chaste ; le mot courtisane au mot infâme… Tous les lieux communs de pensée et d’expression, que la triste humanité a créés depuis un siècle, M. […] Stendhal ripostait par des mots insolents et dédaigneux.
En peu de mots, il devint cambrioleur. […] N’est-elle pas l’art des mots ? […] Seulement, l’art des vrais mots ! Ce sont les mots vivants ; ce sont les mots qui, ayant vécu, vivent encore. […] Il a des mots blessants.
Point de grands mots ni de périodes ronflantes. […] Faut-il marquer un écrivain d’un mot drôle et qui reste ? […] Suivant un mot de M. […] Ganderax n’est pas de ceux qui sacrifient la vérité à un bon mot. […] Faut-il donc le prendre au mot ?
Et il ne dit pas un mot de Shakspeare. […] quels grands mots ! […] le premier mot de Pauline à cette nouvelle est un mot d’amour. […] Elle n’a pas un mot de reproche à elle-même. […] Joad ne dit pas un mot.
René d’Argenson ; en un mot, qu’il y a lieu, en revenant à la source, de se faire une idée non pas autre, mais plus particulière, plus singulière même, et plus caractéristique, de cet homme de bien original. […] Mais remarquez ici même comme, en conseillant de mêler la bonne compagnie à l’étude, il trouve moyen de la flétrir de ce mot dédaigneux, si cher aux doctrinaires de tous les temps, de ce reproche de ne pas penser ! […] Sur une question du roi à ceux qui l’entourent, d’Argenson se hasarde à dire son mot, et assez hors de propos, très peu chasseur qu’il était. « Oh ! […] Il a de vieux mots qu’il écrit sans y prendre garde ni se détourner : postposant, gubernateur, les belles et idoines qualités, etc., etc. […] [NdA] Je donne le texte tel que je le trouve et dans ce qu’a d’inachevé une rédaction première, où la plume même a pu, en courant, laisser tomber quelque mot.
Le public des honnêtes gens (entendez ce mot aussi largement que vous voudrez) est disposé à lui prêter main-forte. […] À part ce dernier mot, c’est à peu près là l’exact jugement que portait M. de Féletz sur des critiques qu’il avait si bien connus, et parmi lesquels lui-même il ne tenait pas la place la moins distinguée. […] C’est énerver, prétend Geoffroy, la critique littéraire que d’aller chercher des circonlocutions pour exprimer des défauts qu’on peut très clairement spécifier d’un seul mot : appliqué à la personne, ce mot serait une injure ; appliqué à l’ouvrage, c’est le mot propre. Et ce mot, il le lâche aussitôt sans plus songer à sa distinction entre la personne et l’ouvrage : Quelques-unes de mes expressions, dit-il encore, leur paraissent ignobles et triviales : je voudrais pouvoir trouver des mots encore plus capables de peindre la bassesse de certaines choses dont je suis obligé de parler. […] Plusieurs fois je voulus placer quelques mots dans les courts intervalles de l’homélie, mais, d’un léger signe de la main, M. de Pradt me forçait au silence, et ce signe était encore si paternel, que je crus recevoir la bénédiction.
Ce vers est devenu le vers de douze syllabes, avec dix césures possibles, avec césure obligée, car il n’y a pas de mots de douze syllabes : ce qui est presque l’abolition de la césure. […] Ce fut du contact de ses idées et d’idées proches d’écrivains plus jeunes que naquit le mot symbolisme. […] Cet accent tonique qu’on pourrait relever dans les mots, en les laissant immobiles, soit en les citant à la file, en exemples, disparaît à la conversation, à la déclamation, ou mieux, il ne disparaît point, mais se modifie. Il y a donc un accent général qui, dans la conversation ou la déclamation, dirige toute une période, ou toute une strophe, y fixe la longueur des valeurs auditives, ainsi que les timbres des mots. […] Un mot encore sur la technique.
Et réellement, voilà en deux mots, ce que fut Mérimée. […] Mais il lui envoie de petits bouquets de mots grecs. […] … » C’est à nous, chrétiens, à écrire le mot « sainte », parce que nous savons ce que nous voulons dire quand nous l’écrivons. […] Excepté ce mot inconséquent sous lequel Mérimée ne pouvait mettre qu’une idée banale, sans aucun sens pour lui, on ne trouve rien dans ces Lettres à Panizzi qui caractérise et honore l’Empire, cet Empire qui l’avait comblé ! […] Il n’avait intellectuellement peur ni du mot, ni de la chose, — et c’est même lui qui, bien avant le cambronesque Hugo et les naturalités de M.
mot énorme par tout le vague que cela me semble remuer dans les idées de cette femme sur nos occupations. […] Il cause en s’écoutant avec de mortels silences, lentement, mot par mot, goutte à goutte, comme s’il distillait ses effets, faisant tomber autour de ce qu’il dit une froideur glaciale. […] Mme Plessy est presque toujours sublime, oui sublime, je ne recule pas devant le mot. […] On ne laisse pas entendre un mot. […] Du reste, maintenant, le plan des siffleurs est bien visible : c’est de tuer toutes les scènes et les mots à effet.
Ce titre sembleroit d’abord annoncer un systême conçu d’après l’idée attachée ordinairement au terme de Synonymes : au contraire, l’Auteur prouve très-évidemment que notre Langue n’a pas deux mots qui signifient précisément, & dans un égal degré de nuance, la même chose. En conséquence de ce principe, il s’est appliqué à développer le vrai sens, la véritable acception des mots qui ont entre eux une premiere ressemblance de signification, & c’est-là ce qu’il faut entendre par les mots synonymes.