La duchesse du Maine avait parmi ses femmes cette spirituelle Delaunay qui a écrit : « Les grands, à force de s’étendre, deviennent si minces, qu’on voit le jour au travers ; c’est une belle étude de les contempler, je ne sais rien qui ramène plus à la philosophie. » Et encore : « Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique : on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes. » C’est en effet dans cet esprit qu’il faut étudier les grands, surtout depuis qu’on a appris à connaître les petits : ce n’est pas tant comme grands que comme hommes qu’il convient de les connaître. […] La vraie morale à en tirer, c’est, sans s’exagérer le présent, et tout en y reconnaissant bien des grossièretés et des vices, de ne jamais pourtant regretter sérieusement un passé où de telles monstruosités étaient possibles, étaient inévitables dans l’ordre habituel.
On était dans un siècle d’analyse et de destruction, on s’inquiétait bien moins d’opposer aux idées en décadence des systèmes complets, réfléchis, désintéressés, dans lesquels les idées nouvelles de philosophie, de religion, de morale et de politique s’édifiassent selon l’ordre le plus général et le plus vrai, que de combattre et de renverser ce dont on ne voulait plus, ce à quoi on ne croyait plus, et ce qui pourtant subsistait toujours. […] Ce serait pour nous une trop longue, quoique bien agréable tâche, de rechercher dans ces volumes et d’extraire tout ce qu’ils renferment d’idées et de sentiments par rapport à l’amour, à l’amitié, à la haute morale et à la profonde connaissance du cœur ; au spiritualisme panthéistique, véritable doctrine de notre philosophe ; à l’art, soit comme théorie, soit comme critique, soit enfin comme production et style.
Il n’est pas possible de dire avec de pauvres mots plus de détresse morale, plus de poignante et d’annihilante souffrance d’être. […] La première partie du livre porte le sous-titre : Décors liminaires ; la seconde : Déformation morale ; la dernière : Projection extérieure.
Le goût avait déjà distribué aux arts, aux sciences, à la chaire, au barreau, à l’histoire, à la morale, à la poésie, à la scène comique, à la scène tragique, le ton, le style convenables à chacune de ces parties. […] Il existait un grand nombre de lettres de Sévigné, modèles de style épistolaire ; on en avait de son cousin Bussy-Rabutin, homme de mauvais cœur, de mauvais esprit, mais d’assez bon goût ; En morale, on avait les nobles écrits de Balzac ; En métaphysique, la méthode de Descartes ; En didactique et en polémique, les Lettres provinciales ; En critique, plusieurs bons écrits de Port Royal, la critique du Cid ; En poésie, les belles odes de Malherbe, quelques ouvrages de Racan, de Segrais, de Benserade ; les chefs-d’œuvre de Corneille, Le Cid, Les Horaces, Cinna, Polyeucte, La Mort de Pompée, Le Menteur, Rodogune.
je défie bien qu’on puisse expliquer que ces lettres, meurtrières pour la personnalité intellectuelle et morale de Madame Sand, soient publiées par d’autres que par des ennemis, heureux de la trouver, pour la première fois, plate et ennuyeuse, et d’un ennui et d’une platitude qu’on ne lui connaissait pas ! […] Adolphe Guéroult, alors saint-simonien, ne sont plus de simples lettres comme on en écrit à ses amis, mais des pages ambitieuses de politique et de morale adressées, en vue peut-être du public, à des personnages solennels.
Ma philosophie n’est pas une ouvrière de science, c’est un instrument de morale. […] Un exemple suffira pour faire apprécier la valeur morale de ce critique. […] De cette triple impression résulte la morale des choses. (?) […] Baudelaire j’appelle la morale des choses ! […] Son action fut de toutes la moins morale.
Voilà la morale pratique de M. Renan, qui croit fermement à la beauté morale et à la vérité scientifique. […] Et je veux bien qu’il se trouve de l’immoralité dans sa morale. […] Ceux-là furent, en morale, indifférents comme la nature dont ils sont les voix. […] Ce fut comme une épidémie morale.
Considérez-le, en effet, du point de vue de la morale universelle. […] De tous les maux de notre âge d’angoisse, l’un des plus douloureux n’est-il pas justement cette solitude morale où vivent tant de sensibilités aujourd’hui ? […] Pour que le sortilège des beaux vers s’accomplisse, il y faut du rêve et de l’au-delà, de la pénombre morale et du mystérieux. « Qu’est-ce que la poésie ? […] Il lui fallait des contrastes vigoureux d’ombre et de lumière, qui lui donnassent l’impression de la saillie morale. […] On se demande : quelle est la valeur psychologique d’un poème, quelles idées il défend, quelle inspiration l’anime, quelle conséquence morale il emporte ?
Amyrault, [Moïse] né à Bourgueil en Touraine en 1596, mort en 1664, Théologien Protestant, qui a fait des Ouvrages de Religion, de Morale & de Biographie, dont on n’a conservé que le titre.
Tous ses Ouvrages de Physique, de Morale & de Belles-Lettres, fourniroient à peine la matiere d’un très-petit extrait à quiconque se borneroit à en tirer les choses passables, qu’on peut y trouver par intervalle ; tout y est diffus, plat & commun.
Ses Ouvrages polémiques sur la Morale, la Politique, la Controverse, ont été estimés dans leur temps ; mais leur mérite a disparu avec les causes qui les ont produits.
Son Livre des Loix civiles dans leur ordre naturel, excellent dans son espece, très-estimé de ceux qui étudient le Droit & la Morale, n’est point dépourvu du mérite littéraire, par la maniere pure & lumineuse dont il est écrit, & sur-tout par l’Introduction qui est à la tête de l’Ouvrage.
Bellegarde, [Jean-Baptiste Morvan de] Abbé, né dans le Diocese de Nantes en 1648, mort en 1734, Ecrivain sécond en Théologie, en Morale, en Politique & en Littérature.
De là une certaine morale et de certains personnages. […] On ne voit en lui qu’un corps de fonctionnaires, préfets et sous-préfets du dogme et de la morale ; nous ne les faisons pas, nous les recevons d’en haut comme aussi le dogme et la morale ; c’est pourquoi, à leur endroit, nous restons froids, quoique dociles. […] Nos occupations et nos habitudes sont comme une température morale qui fortifie et redresse notre âme, ou l’affaiblit et la fait ramper. […] un in-folio de morale. […] Il n’a pas pris pour héros, comme Phèdre ou Esope, des êtres abstraits qui ne sont d’aucun temps et d’aucun lieu, sortes de porte-voix chargés de publier une morale.
Un personnage historique ou allégorique se charge d’expliquer ces emblèmes et de moraliser la pièce, c’est-à-dire d’en faire jaillir la vérité morale qu’elle contient. […] » C’est qu’au-dessus de ce jeu terrible de l’homme contre la nécessité, plane son existence morale, indépendante, souveraine, exempte des hasards du combat. […] Partout ailleurs, la situation morale est claire, sans ambiguïté comme sans complaisance. […] Cette illusion morale que veut le drame, l’acteur seul est chargé de la produire. […] Le personnage qui fait marcher le drame est aussi celui sur qui se porte l’agitation morale du spectateur.
C’est cependant ce qui arrive, et c’est comme si l’on disait que l’observation psychologique et morale, qui depuis cent cinquante ans avait servi de base ou de support à l’idéal classique, se change en observation sociale. […] De l’esprit, discours III, ch. 8] ; et quant à Diderot, le vice de « toutes les institutions politiques, civiles et religieuses », est à ses yeux d’avoir « empoisonné l’homme d’une morale contraire à la nature » [Cf. […] En art comme en philosophie, en littérature comme en morale, c’est le contrepied de Corneille et de Racine, de Pascal et de Bossuet, de La Bruyère et de Boileau qu’ils ont pris. […] celui de l’ancienne morale, dont le principe était de substituer en nous des motifs généraux d’action à l’impulsion personnelle de l’instinct ? […] Il est nommé professeur de morale à l’École normale [Cf. sur l’École normale, Picavet, Les Idéologues, Paris, 1891, et le Livre du centenaire de l’École normale, Paris, 1895].
Un mélange heureux de morale & d’intérêt, d’instruction & de sentiment, de chaleur & de simplicité, rend cet Ouvrage très-propre à faire sentir les égaremens d’une jeunesse trop passionnée, & à la rappeler aux loix de la sagesse & de la raison.
L’Allégorie, intitulée Débats de folie & d’amour, est un Ouvrage plein d’images, de naturel, de finesse, dont le sujet est aussi ingénieux, que la morale en est utile.