La Fontaine était, des quatre amis, celui qui avait dans l’esprit le plus de notions de morale, qui avait les plus justes et les plus étendues, depuis la morale des rois, qui est si bien établie dans toutes celles de ses fables où se trouve un lion, jusqu’à celle du prolétaire qui s’adapte à la fourmi ; mais il était aussi celui de cette société à qui les devoirs domestiques et les préceptes de la continence étaient le plus indifférents et la morale pratique le plus étrangère. […] J’ai dit les griefs de la morale contre La Fontaine. […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale.
Il fallait bien qu’après la part faite à la politique par l’homme qui prétendait entrer au conseil, l’archevêque et le chrétien fissent des réserves au nom de la morale chrétienne. […] Hubert, janséniste déguisé, qui substituait à la doctrine de la prédestination pure celle de l’impuissance morale, et imaginait le système des deux délectations. […] La morale n’y dépasse point l’âge et l’intelligence d’un enfant, et l’histoire y est touchée plutôt que traitée. […] La morale de Mentor est celle des Directions pour la conscience d’un roi, et le trop grand nombre de prescriptions fatigue dans le roman comme dans l’ouvrage de direction. […] Ce n’était, après tout, que de la morale divine mêlée à de l’excellente morale.
L’affaiblissement des idées religieuses a eu pour effet une diminution morale. […] Est-il un pur positiviste en morale ? […] Donc point de loi morale, ce semble ; car la loi morale nous distinguerait du monde, nous donnerait un but en dehors du but commun, qui n’est que persévérer dans l’être. […] — Mais cette loi morale, quelle est-elle ? […] La loi morale, pour lui, c’est ne pas commettre l’injustice.
Non, il n’y a pas concordance obligée entre la chose littéraire et la chose morale. […] Quant à la morale, peut-elle jamais ressortir de l’ensemble de tous ses ouvrages ? On me dira que la valeur littéraire d’un livre n’a pas pour corollaire forcé la valeur morale. Une œuvre peut être vraie, peut être écrite avec talent, mais n’être pas morale à la façon dont l’entendent les bourgeois à courte vue. […] Après avoir étudié avec vous la valeur scientifique, philosophique et morale des œuvres de M.
Peu de nos Fabulistes ont montré plus de talens pour faire ressortir une morale saine, instructive & touchante, des sujets qui paroîtroient d’abord le moins s’y prêter ; plus d’aisance & de vivacité dans la versification ; plus de naturel & d’aménité dans la maniere d’exprimer leurs pensées. […] En Littérature, comme en Morale, vouloir tout réduire à l’arbitraire, c’est moins la preuve d’un esprit inventif & original, que l’indice de la dépravation du jugement & de l’inquiétude qui en est le fruit.
L’allégorie morale, comme celle des Prières dans Homère, est belle en tout temps, en tout pays, en toute religion : le christianisme ne l’a pas bannie. […] Mais si l’allégorie morale est toujours existante pour nous, il n’en est pas ainsi de l’allégorie physique.
Mais la vraie preuve de Dieu, pour Hugo, c’est la conscience morale. […] La morale est un épanouissement de vérités. […] Cette grande idée métaphysique et morale prend même chez Hugo la forme mythique qu’elle avait prise dans l’Inde : celle de la renaissance et de la métempsycose. […] Cette bienveillance finale est le fond de sa morale même, de sa morale sociale, qui pourrait se résumer en cette formule : identité de la fraternité et de la justice. […] … Ô mort morale !
Nous avons regretté pourtant de trouver au premier rang des détracteurs un prélat, homme d’esprit, autrefois bien connu dans la capitale, dans la rue du Bac et aux environs, non point pour ses sermons ni précisément par sa grande éloquence, mais pour l’onction, la modération et la morale de ses prônes ou instructions familières, l’abbé Le Courtier. […] Il a insisté avec raison sur l’élévation morale et religieuse de ces hymnes commandés, il est vrai, et payés, mais qu’il ne faudrait pas croire pour cela découlant d’une veine parasite et mercenaire. […] La part équitable ne me semble pas faite à la sagesse morale d’Horace.
Pour le développement de l’esprit, un enseignement élémentaire suffirait… Quant à la morale féminine, Jaufre la trouvait résumée dans l’horreur du mensonge, le désir du mariage et le culte du foyer : ce qu’avaient eu sa mère et sa femme. […] L’histoire de Camille, c’est celle d’un être presque inconscient, proche de la nature, point méchant au fond, transformé, par sa chute même et par l’affreux mensonge où cette chute l’a contraint, en une créature aimante et capable désormais de vivre d’une vie morale. […] La paternité consomme la bonté morale d’André ; le sentiment de sa responsabilité soutient son courage ; il oppose à chaque nouvelle trahison de la vie plus de patience et de résignation.
. — Deux idées principales en morale. — Comment elles suscitent deux classes de romans. […] Samuel Johnson. — Son autorité. — Sa personne. — Ses façons. — Sa vie. — Ses doctrines. — Son jugement sur Voltaire et Rousseau. — Son style. — Ses œuvres. — Hogarth. — Sa peinture morale et réaliste. — Contraste du tempérament anglais et de la morale anglaise. — Comment la morale a discipliné le tempérament. […] Il n’y a pas d’exemple d’une torture morale si variée, si incessante, si obstinée. […] À force de vouloir servir la morale, vous lui faites tort. […] Insinuez la morale, ne l’infligez pas.
On est immoral contre la morale, et la morale, contact naturel des hommes, existe toujours. […] Il ne peut valoir de morale, sinon absurde, qui le condamne. […] La métaphysique où se fournissait la morale en cours est la mine des pires erreurs. […] Le romantisme n’arbore pas de doctrine sociale, morale ni politique. […] La morale antique, si noble qu’elle paraisse, et qui, à défaut de sciences exactes, emplit toute l’œuvre romaine et grecque, cette morale s’avère nulle aujourd’hui et ne correspond plus depuis longtemps à notre mentalité.
Sans doute il nous montre, ou des hommes de la plus parfaite nullité morale comme M. […] Il ne faut jamais reprocher à un artiste d’être indifférent à la morale ; car ce n’est pas son office de la prêcher. […] La morale n’est plus tout à fait un calcul d’intérêt bien entendu, c’est-à-dire qu’elle commence à devenir morale. […] Il le rouvre, le feuillette avec soin, corne les pages, met des coups de crayon aux marges, et… cherche partout la morale de Maupassant. […] C’est là que je surprendrai sa morale, et, selon que sa morale me paraîtra bonne ou mauvaise, je déclarerai son roman mauvais ou bon, comme il est juste.
On peut différer de sentiment sur la sanction de cette morale, douter même du pouvoir de lier et de délier ; mais on ne peut nier que la morale chrétienne n’ait laissé aucun point du cœur obscur, et que le christianisme ne soit la philosophie qui a le mieux connu l’homme. J’ai peur que le plus bel axiome de la morale antique : « Connais-toi toi-même », n’ait été le plus souvent stérile. […] Les jésuites raffinaient sur la morale. […] On sent combien il importe à la morale et à la langue que Pascal triomphe des jésuites, et que son simple bon sens parvienne à discréditer leurs subtilités. […] Tantôt la morale vient à la suite du commentaire ; tantôt elle s’y mêle, ne laissant voir des choses humaines que ce que les religieuses pouvaient n’en pas regretter.
Mais qui sçait observer la marche de l’esprit humain, voit qu’insensiblement tous les genres d’écrire s’appliquent à la morale politique. […] La morale n’est ni triste, ni fâcheuse, ni sombre ; on peut intéresser, amuser, plaire, tout en instruisant. […] Il n’y a de rire doux & profond que le rire que la morale avoue. Que ce mot n’effarouche point ; la morale est gaie & susceptible d’être revétue des plus brillantes couleurs. […] La science n’est faite que pour nous conduire à la morale qui nous est nécessaire ; à la morale qui nous apprend à être patients, modérés, doux, & qui, en nous parlant de nos semblables, nous enseigne tout ce que nous leur devons.
On doit par conséquent se garder d’adopter inconsidérément tout ce qu’il leur impute dans sa Morale pratique & dans ses autres Ecrits, où l’animosité étouffe le discernement, & laisse une libre carriere à l’exagération, à la fausseté, aux contradictions. […] D’ailleurs la morale de M.
Que signifie morale ? […] » Il est impossible de mieux dénoncer le sophisme sur lequel le philosophe de Kœnigsberg appuie sa morale. […] Il n’entend pas fonder la morale sur la religion, mais bien la religion sur la morale. […] Il ne s’agit plus alors d’une différence de culture, c’est le fond même de la vie morale qui est en question. […] Mais pour que ce travail ait sa valeur morale — j’insiste sur le mot, — il faut qu’il soit volontaire.
Et je crois que la pièce a une morale, bien que cette morale ne soit pas directement exprimée. […] Qui oserait fixer, en pareille matière, les limites de la vraisemblance morale ? […] Et, ainsi, cette pièce de famille n’est pas même morale. […] Il est là pour opposer fortement la morale humaine à la morale religieuse, et la conception laïque du mariage à sa conception mystique et ascétique. […] Tout le fond d’une situation morale y est réellement épuisé.
Si elle écrit au courant de la plume une page qui est un chef-d’œuvre, c’est qu’elle avait au cours de toute sa vie lu, pensé, causé ; c’est que dans son intelligence toujours active les sentiments, les idées circulaient incessamment comme le sang dans son corps et entretenaient la vie ; que toute son âme était toujours debout, prête au service, et que chaque mot, chaque phrase était le produit et l’expression de toute son existence intellectuelle et morale. […] Le mot spirituel, ému, pittoresque, sublime, germe sans effort et s’épanouit sur le riche fond de la vie morale : c’est le prolongement extérieur et le dernier terme d’une longue série île sentiments intimes et d’idées inexprimées.