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1183. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Ou bien, en d’autres termes, il ajoutait à ce qui est physique ce qui est moral : l’âme. […] Un continuel souci moral s’y manifesta. […] Ces questions, il ne prétendait pas les résoudre ; mais il en indiquait au moins les différentes solutions morales. […] Vous voyez bien que votre dogmatisme moral n’a pas si mauvais caractère ; vous n’avez pas d’entêtement et je ne suis pas brutale sans précaution. […] Que de respect pour la foi jurée, dans les rapports les moins moraux ! 

1184. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

De tous ces incidents, le plus bruyant — le bruit n’en est pas encore éteint, — c’est celui dit : des deux morales. […] Bourget, médecin des affections morales, voué à l’auscultation des âmes, est précisément un spécialiste. […] … Aussi, pas plus dans le monde moral que dans le monde physique, nous ne nierons maintenant la divisibilité à l’infini. […] Il n’est pas de spectacle plus moral. […] N’êtes-vous pas surtout choqués de ce perpétuel matérialisme d’expressions à propos de phénomènes moraux ?

1185. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Si, quand l’imprimé parut, tout le monde se récria de la sorte avec transport et adopta par acclamation l’amusante parodie comme vérité, en l’antidatant légèrement et lui attribuant un effet rétroactif, c’est que les honnêtes gens étaient si las de ces horreurs et de ces calamités prolongées, étaient si heureux de retrouver exprimé avec éclat et vigueur ce qu’ils pensaient et se disaient à l’oreille depuis longtemps, qu’ils se prirent à n’en faire qu’un seul écho, en le reportant tant soit peu en arrière par une confusion irrésistible : glorieux et légitime anachronisme, qui prouve d’autant plus pour l’effet moral de la Ménippée. […] Je ne donnerais pas une panse d’à de tout le reste. » On voit qu’en faisant bon marché de bien des choses et en jetant à la mer une partie de son bagage, au moment où il entrait dans ce détroit de la seconde jeunesse, la noble nature de notre ami ne se dépouillait pourtant qu’autant qu’il le fallait : il savait garder au moral le plus essentiel du viatique.

1186. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Ces droits appartiennent également à tous les hommes, quelle que soit la différence de leurs forces physiques et morales. […] Quant au devoir de la société d’assister obligatoirement tous ses membres, la taxe des pauvres et l’impôt sur le revenu, pour égaliser le tribut aux forces contribuables, je suis toujours dans l’opinion qu’aucune société bien ordonnée ne peut subsister sans âme, que l’âme sociale doit se manifester par des actes moraux, et que la moralité de la société est dans l’assistance mutuelle de ceux qui la composent.

1187. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Apparemment, c’est un allègement moral que de n’avoir plus rien à perdre. […] L’auteur de Joseph Delorme et des Consolations, l’ami de la poésie lakiste et des nuances morales gris-perle, devait se plaire dans ce monde modeste, gracieux avec décence, un peu mélancolique au fond, de jeunes institutrices.

1188. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Celui qui ne réfléchit pas et a les yeux brûlés par des projections trop lumineuses est prêt pour le mauvais coup, moral ou physique : il est ivre. […] C’est un instructif cinéma moral que nous pouvons contempler sans fatigue.

1189. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Puis le symbole avait pris corps et un sens moral y était entré. […] Toutes ses filiations naturelles s’étaient effacées sous son magnifique développement moral.

1190. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Telles sont ces lettres que j’ai voulu laisser dans toute leur naïveté et avec tout leur caractère, pour montrer dans leur juste proportion les différentes parties, tant poétiques et morales que prosaïques et vulgaires, de l’âme et de l’habitude ordinaire de Bernardin. […] [NdA] Je laisse exprès ces détails, qui montrent la part que tenaient ces petites affaires d’intérêt et d’économie au milieu des rêveries et des spéculations morales de Bernardin : autrement on ne connaît pas tout l’homme.

1191. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

L’homme des foules est atteint d’un mal moral que les aliénistes peuvent classer. […] Dans l’invention des tortures morales, il déploie la plus diabolique fantaisie.

1192. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

, ce livre sera moral à sa manière ; et ne souriez pas ! […] Mais elles perdraient bien davantage au point de vue de l’effet moral que nous avons signalé au commencement de cet article.

1193. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Ceci est une erreur, parce que c’est habituer les jeunes esprits à considérer en effet tout grand artiste comme un homme détenteur et de la beauté et de la vérité morales, et alors cela les porte à se laisser aller à toutes les suggestions des livres de ce grand homme qu’ils liront. […] Mais en somme — j’y reviens et je termine par là — il est assez utile, malgré ce que je vous ai dit tout à l’heure de la malignité qui préside quelquefois et même souvent à ces anatomies, il est, en définitive, assez utile, pour les raisons morales que je vous ai exposées, de savoir ce qu’a été un auteur comme homme, comme de savoir ce qu’il a été comme écrivain.

1194. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

ici est l’erreur et la méconnaissance du fait moral que je tiens à revendiquer.

1195. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Faugère et les inconnus qu’il représente, que ces deux volumes devront s’ajouter désormais à la trentaine de volumes originaux et historiques qu’il suffit à l’homme de goût et au curieux raisonnable d’avoir dans sa bibliothèque, s’il veut connaître son Port-Roval très honnêtement et par le bon côté, par le côté moral, sans entrer dans la polémique et la théologie : c’était à peu près le chiffre auquel M. 

1196. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il retrouva quelques années après une compagnie plus à son gré dans la société de l’Entresol (1725), vrai berceau d’une Académie des sciences morales et politiques.

1197. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Drouet a le feu sacré, le prosélytisme moral ; elle voudrait ramener les sceptiques, humaniser les croyants, réconcilier les ennemis ; elle est femme à faire embrasser le déiste et le clérical, l’homme du Coran et celui de l’Évangile, — que dis-je ?

1198. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Quelque jeune ami, — et il en avait de cet âge, et un particulièrement bien digne de lui134, — devrait se donner pour tâche pieuse de recueillir dans ses divers écrits, et aussi dans les lettres pleines d’effusion et nourries de détails qu’il adressait à ses amis de France durant ses voyages d’Allemagne et d’Italie, des extraits, des pensées, des jugements, de quoi rappeler et fixer dans la mémoire quelques traits au moins de la physionomie de cet homme excellent dont les qualités morales et la candeur égalaient la haute intelligence.

1199. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Ne cherchez pas ici le profond instinct moral que la froideur du tempérament et l’imagination sérieuse engendrent chez les Germains.

1200. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Nous n’avons pas leur réflexion, leur tristesse ; nous ne savons pas, comme eux, nous imposer une consigne et resserrer nos inclinations entre des limites tracées par nous-mêmes ; nous ne sommes point, comme eux, profondément chrétiens ; notre instinct n’est point moral ; nous n’avons, au lieu de conscience, que l’honneur et la bonté ; nous ne prenons point la vie comme un emploi sérieux, assombri par les alarmes d’un avenir immense, mais comme un divertissement dont il faut jouir sans arrière-pensée et en compagnie.

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