Le monde n’est plus à l’Idéal, qui fit Lamartine… D’ailleurs, ces Mémoires ne vont que de 1790 à 1815. […] Il n’y a pas ici un vers, un seul, de cette poésie qui va tout à l’heure déborder sur le monde comme le plus beau des quatre fleuves du Paradis terrestre, et qui nous l’a souvent apporté, le Paradis, dans les flots de son azur divin ! […] Il a vécu, à l’époque du monde la plus littéraire, comme le pêcheur sous sa cloche de cristal. […] Il resta, alors comme depuis, ce qu’il y a selon moi au monde de plus beau et de plus rare et ce qu’on n’avait jamais vu, du moins au même degré : — un grand poète sans littérature !
Puisque dans ce singulier monde de la publicité, c’est le bruit qui est tout, et non pas ce que le bruit signifie, il convenait de ne pas gratifier un livre pareil d’un bruit quelconque, même en disant ce qu’on en pensait, et je rengainai mon opinion… qui n’était pas un compliment. […] Mais n’ajouter rien à ce que nous savons et nous refaire, en l’abaissant et en l’encanaillant chaque fois davantage, La Dame aux Camélias ou Le Demi-Monde, ou le quart de monde, et s’enfoncer dans des milieux encore plus immondes et qui ne sont plus des mondes du tout, je dis que ce n’est pas là seulement amour de l’immoralité, mais, en matière d’observation, manque de regard et radicale impuissance ! […] sans peur) de la femme la mieux placée pour les connaître, je dis qu’il est temps d’en finir avec ce monde écœurant de drôlesses, qui a pris tant d’importance dans les préoccupations des écrivains du dix-neuvième siècle, qu’on dirait qu’en dehors des filles, il n’y a plus en France de mœurs à peindre et de sentiments à étudier.
Quelles merveilles suivirent, quel monde nouveau s’ouvrit à l’imagination des Hellènes, quelle gloire consola leur défaite intérieure et leur asservissement, quel simulacre de liberté leur resta, par l’absence chaque jour plus lointaine de leur puissant vainqueur, qui semblait leur général délégué dans l’Asie, il n’appartient pas à notre sujet de multiplier ici ces grands souvenirs d’une prodigieuse fortune. […] À vrai dire, et sauf cette merveilleuse souplesse du génie grec qui lui permit plusieurs retours et plusieurs Renaissances avant sa ruine, l’empire d’Alexandre, où il ne resta qu’un grand esprit, pour analyser tout ce que le monde avait su et fait jusque-là, fut à la fois la date de l’agrandissement démesuré de la Grèce et de son déclin moral. […] C’était une nouvelle forme de la poésie lyrique, l’élan réfléchi de l’âme, la force morale sans enthousiasme apparent, mais contenue et invincible devant l’erreur et les menaces du monde. […] et donne-leur d’atteindre à la pensée sur laquelle tu t’appuies, pour tout régir avec justice ; afin qu’ainsi nous-mêmes honorés, nous te rendions honneur en retour, célébrant tes œuvres, dans nos hymnes sans interruption, comme il convient à l’être mortel ; puisqu’il n’y a pas pour les humains, ni même pour les dieux, autre emploi plus grand que de célébrer, en esprit de justice, la loi générale du monde. » Cette élévation vous semble-t-elle abstraite et froide ?
Chaque type est bien comme il est, dans le monde pensant comme dans le monde animal. […] Ils n’ont rien vu dans le monde réel ni dans le monde imaginaire qui les opprimât de sa grandeur. […] Tout est habit dans ce monde. […] Quand il entra dans le monde, il trouva le roi demi-dieu. […] Elle disait les événements du monde en femme du monde, et l’apportait point les termes des langues spéciales dans la description des mouvements du cœur.
Et, flattant la manie de T…, il ajoute : — Tu es allé dans le monde ? […] C’étaient des dames du monde… de Gavarni. […] — N’aurai-je pas le plaisir de vous rencontrer dans le monde ? […] Un conflit s’est élevé dans le monde cosmographique. […] On a toutes les peines du monde à les mettre à la porte.
Ce passage de l’ordre sensitif à l’ordre intellectuel, du monde des images à celui des idées, nous pouvons le prendre sur le fait en comparant les deux séries de vocables sous lesquels un médecin, d’une part, un profane de l’autre, traduiraient les mêmes tableaux de clinique courante. […] Max Nordau, d’épiloguer sur la valeur séméiologique de ladite impassibilité, d’en faire un dérivé morbide et un symptôme de déchéance, de la considérer comme une « obtusion qui leur rend impossible de se représenter assez vivement un processus du monde extérieur. » Max Nordau, Dégénérescence, I, p. 67. […] Le Russe, dominé par le sentiment de la dépendance universelle, ne se décide pas à trancher les mille liens qui rattachent un homme, une action, une pensée au train total du monde ».
En 1610, pendant que la société de Rambouillet prenait un heureux essor, la publication du ier volume d’un roman nouveau fit événement dans le monde, et concourut puissamment à déterminer le changement de mœurs qu’amenait le cours des choses, en dirigeant les esprits vers un nouveau genre de la galanterie tout opposé à celui qui régnait en France, depuis François Ier. […] Il était célèbre dans le monde galant par sa beauté, ses grâces, son esprit et son tendre cœur. […] Il sembla, comme on voit, que d’Urfé fût venu au monde pour reproduire les délices de l’amour platonique et dégoûter des grossièretés de l’amour physique.
Les Érynnies — Irritées — qui ne mériteront qu’à la fin de la tragédie d’Eschyle leur euphémique surnom d’Euménides, étaient les plus terribles divinités du monde infernal. […] Les Érynnies y personnifièrent, dès qu’elles apparurent, le remords et le châtiment : — plus encore, les lois primordiales de la nature et du monde dont le dépôt était sous leur garde. […] Surveillantes de la nature, elles la maintenaient dans ses lois prescrites ; leur contrôle embrassait l’ordre universel, l’axe du monde tournait sous leurs mains.
L’auteur, en les composant, a essayé de donner quelque idée de ce que pouvaient être les poëmes des premiers troubadours du moyen-âge, de ces rapsodes chrétiens qui n’avaient au monde que leur épée et leur guitare, et s’en allaient de château en château, payant l’hospitalité avec des chants. […] C’est que ces deux livres vénérables, les premiers de tous par leur date et par leur valeur, presque aussi anciens que le monde, sont eux-mêmes deux mondes pour la pensée.
C’est qu’il a trouvé dans la religion une solitude ; c’est que son corps était dans le monde, et son esprit au désert ; c’est qu’il avait mis son cœur à l’abri dans les tabernacles sacrés du Seigneur ; c’est comme il a dit lui-même de Marie-Thérèse d’Autriche, « qu’on le voyait courir aux autels pour y goûter avec David un humble repos, et s’enfoncer dans son oratoire, où, malgré le tumulte de la Cour, il trouvait le Carmel d’Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus. » Les Oraisons funèbres de Bossuet ne sont pas d’un égal mérite, mais toutes sont sublimes par quelque côté. […] » Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse.
Elle voltige au-dessus du monde réel, et glisse, sans jamais s’y abattre, sur nos misères et nos passions. C’est l’hôte d’un monde ancien et fantastique, qui de loin en loin vient visiter notre vie lasse et désenchantée, traverse notre ombre d’un rayon de lumière et remonte au ciel avec la poésie. […] Elle rit de tout, et ne s’intéresse à rien ; elle touche à toutes les idées de la raison, et n’en épouse aucune ; elle joue avec toutes les passions de la nature humaine, et reste indépendante en face d’elles ; elle voltige d’objet en objet dans le monde réel et dans tous les mondes imaginaires, sans se poser plus d’un instant sur chaque fleur. […] C’est un petit monde en soi, où tout est régi par une constitution particulière, bien loin d’être abandonné à l’anarchie. […] Mais ce n’est pas avec des sentences morales qu’il est possible d’égayer une comédie ; ce n’est pas avec de longs plaidoyers sur la corruption du monde que l’on peut animer un drame et le rendre vivant.
C’est qu’on a précisément fait abstraction de la différence fondamentale qu’un examen attentif nous révèle entre le monde extérieur et le monde interne : on a identifié la durée vraie avec la durée apparente. […] Bref, si la relation causale existe encore dans le monde des faits internes, elle ne peut ressembler en aucune manière à ce que nous appelons causalité dans la nature. […] En vain nous ajoutons que, même sous cette forme « les mêmes causes produisent les mêmes effets », le principe de la détermination universelle perd toute espèce de signification dans le monde interne des faits de conscience. […] Et cette représentation de la causalité sera plus accessible à l’intelligence commune, puisqu’elle n’exige aucun effort d’abstraction, et qu’elle implique seulement une certaine analogie entre le monde extérieur et le monde interne, entre la succession des phénomènes objectifs et celle des faits de conscience. […] Elle en revient imprégnée de l’idée de nécessité ; et à la lumière du rôle que nous lui avons fait jouer dans le monde extérieur, nous apercevons la force comme déterminant d’une manière nécessaire les effets qui en vont sortir.
Vous m’avez ouvert votre revue, le seul endroit du monde où je crois qu’il m’était possible de parler comme il me convient de le faire. […] Le monde se trouve à jamais partagé entre les âmes que le sens religieux pourvoit de ses consolations, et celles dont il est absent. […] Il ne se donne pas pour un voyageur, mais il a l’expérience des pays étranges comme un homme bien élevé a l’habitude du monde. […] Par une curiosité bien légitime, il se plaît à dépeindre des milieux qui pourraient être pittoresques, et dont la représentation doit amuser le public qui les ignore : le monde des coulisses dans le Masque, le monde des artistes peintres dans la Femme Nue, le personnel d’un hôtel meublé dans la Marche Nuptiale, le monde des villes d’eau dans le Scandale. […] Dans ce monde enchanté vit une humanité privilégiée.
Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l’œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses.
En ce livre des Œuvres et des Hommes, j’ai eu le bonheur de parler le premier de votre belle Histoire de Christophe Colomb, ce monument élevé à la gloire du plus grand des hommes, payé du Nouveau Monde, qu’il donna à l’Ancien, par l’ingratitude universelle. Vous seul, parmi les historiens des Deux Mondes, vous avec dissipé, au souffle tout-puissant de votre histoire, les brumes entassées par les plus basses fumées des hommes sur une gloire qu’il n’est pas plus possible d’abolir que d’arracher une étoile du ciel.
Issue de souche réformatrice par son père, Mme de Staël se rallie par son éducation et sa première jeunesse aux salons de l’ancien monde. […] A propos de ces caractères, il était difficile dans le monde d’alors qu’on n’y cherchât pas des portraits. […] Le Publiciste toutefois, organe modéré du monde de M. […] comme, à certains moments de sévérité du faux monde et des faux moralistes, le lendemain de Lélia, comme elle fût accourue en personne, pleine de tendre effroi et d’indulgence ! […] Dans le tombeau du monde apprenons à mourir !
J’ai bien peur, que les rares fabricateurs de livres de ce jeune monde, soient mangés par le journalisme : où se payent de gros dividendes, avec le tintamarre de la gloire. […] Ce qui fait que mon monde ne dort, la nuit, que d’un œil, se relevant de temps en temps, pour aller tâter le mur, et sentir s’il se refroidit. […] Vous avez mis dans votre style les jeux de la lumière, les frissons du plein air, la coloration et la vie du monde extérieur ; vous y avez mis aussi les secousses intérieures, les émotions subtiles, les troubles secrets du monde moral ; et désireux de retenir dans votre phrase, un peu de ce qui luit ou de ce qui vibre, de ce qui aime ou de ce qui souffre, vous avez demandé à la richesse et à la diversité des formes, l’art d’exprimer fidèlement la multiplicité infinie de la nature. […] Une église pleine de monde, comme pour le mariage d’un personnage officiel. […] Là-bas, on met en bière les morts, comme ils sont venus au monde, dans le ramassement, où on les empote au Pérou, dans une jarre.
C’est Callot et Raphaël : il y a un monde entre eux. […] disent les potentats ; « Vient-il encor redemander le monde ? […] Sa gloire est là comme le phare immense D’un nouveau monde et d’un monde trop vieux. […] c’en est trop pour si petit théâtre ; Finissons-en : le monde est assez vieux, Le monde est assez vieux. […] Trente ans, amis, j’ai cru le voir éclore ; Finissons-en : le monde est assez vieux, Le monde est assez vieux.