On ne trouve pas, il est vrai, non plus, dans ces vers d’un enthousiasme austère et d’une tristesse ardente, le flot incessant de magnifiques images que roule le Livre Surnaturel, toujours allumé, comme le chandelier d’or à sept branches, devant la pensée du poète ; mais on y trouve l’âme, l’élancement, le plus beau mouvement de la poésie lyrique, — le mouvement haletant vers Dieu, — la brièveté forte, la flamme courte, tout cela sur un fond de grande naïveté orientale très étonnante venant d’une plume moderne.
Pierre Dupont, nous déplorions le travail funeste que les philosophies modernes ou les idées politiques du jour pratiquaient jusque sur les airains les plus solides en fait de génie, et nous en montrions le ravage ; mais quelle ne doit pas être cette influence quand elle s’exerce sur des esprits plus délicats que forts, comme celui de M.
Huysmans mette Ruysbroek sur la couverture de son roman, il faut que le naturalisme moderne craque furieusement en lui, et qu’il commence d’en avoir assez de cette littérature en vogue et dans laquelle il a morfondu des facultés qui seraient plus hautes qu’elle.
Dans nos climats d’occident, et surtout dans une grande partie de notre Europe moderne, nous avons commencé presque tous par être des espèces de sauvages, enfermés dans des forêts et sous un ciel triste ; ensuite nous avons été tout à la fois corrompus et barbares par des circonstances singulières et des mélanges de nations ; enfin, nous avons fini par être corrompus et polis.
Enfin, en plaçant le christianisme avec lui sur le trône, il fit la plus grande révolution qu’il y ait jamais eu dans les idées, les lois, les mœurs, l’esprit général des nations, changeant tout ce qui avait gouverné les hommes jusqu’alors, et devant influer, sans le savoir, sur presque tous les événements politiques et sacrés de l’histoire moderne ; tel fut le sort attaché au règne de Constantin.
Corollaires relatifs aux contrats qui se font par le simple consentement des parties Les nations héroïques, ne s’occupant que des choses nécessaires à la vie, ne recueillant d’autres fruits que les productions spontanées de la nature, ignorant l’usage de la monnaie, et étant pour ainsi dire tout corps, toute matière, ne pouvaient certainement connaître les contrats qui, selon l’expression moderne, se font par le seul consentement.
Delà, le jugement hardi d’un moderne, qui a vu deux œuvres distinctes dans le texte conservé : une première œuvre antique, pure, délicate, n’offrant que la fleur du sujet, vingt-deux vers en tout ; puis une refonte, une paraphrase, formant le reste du poëme et pouvant s’en détacher.
Mais le morceau vraiment sans prix, dans ces deux volumes, c’est l’étude sur les Influences littéraires, leur rôle nécessaire et fécond, la ridicule peur moderne de perdre sa personnalité en subissant l’influence des maîtres. […] Cette moderne paraphrase de l’antique est vigoureusement conçue. […] Il a été remplacé par un faux pape qui exerce imperturbablement le ministère pontifical et désole les vrais croyants par ses condescendances pour les abominations modernes, notamment par sa politique de ralliement à la République Française. […] Ce n’est pas sa faute si ces principes tutélaires sont mis en échec, malgré l’énergique protestation du Syllabus, par les damnables erreurs modernes. […] Quant à Molière, certes il observait directement la vie, mais il était fort docte aussi et s’aidait beaucoup de sa culture, jusqu’à faire nombre d’emprunts aux anciens et aux meilleurs modernes.
Vertu merveilleuse des statistiques, signes de la foi nouvelle, devant lesquels se prosterne, abandonnant tout jugement, l’homme moderne. […] Ainsi la rapidité et la facilité des communications, le mouvement accéléré de la vie moderne n’ont pas annihilé le besoin qu’ont les hommes de correspondre entre eux par lettres, besoin aussi général que celui d’échanger des paroles. […] Est-ce lui qui est cause de cette sorte de main-mise du mercantilisme sur toutes les formes de la vie moderne, de cette poussée formidable de l’argent, qui rompt les barrages élevés par la paresse, l’orgueil et les préjugés ? […] La propriété qui, dans notre société moderne, est l’objet de tellement de restrictions dictées d’un point de vue économique général16, n’en subit pas une seule qui ait pour but de défendre les intérêts intellectuels de la collectivité. […] Chacun cherche à s’excuser, à accuser, à imposer sa sophistique par les moyens modernes de la publicité.
— Encore moins ; il sait trop bien les sciences modernes. — Imite-t-il Condillac ? […] J’en ai omis plusieurs traits, mais vous en avez assez vu pour reconnaître que nulle part l’induction n’a été expliquée d’une façon si complète et si précise, avec une telle abondance de distinctions fines et justes, avec des applications si étendues et si exactes, avec une telle connaissance des pratiques effectives et des découvertes acquises, avec une plus entière exclusion des principes à priori et des suppositions métaphysiques, dans un esprit plus conforme aux procédés rigoureux de l’expérience moderne. […] Ils ont aidé à la grande oeuvre moderne, la découverte des lois applicables ; ils ont contribué, comme les savants spéciaux, à augmenter la puissance de l’homme. […] Nous considérons la substance, la force et tous les êtres métaphysiques des modernes comme un reste des entités scolastiques. […] Si limitée que soit notre expérience, nous pouvons donc les atteindre, et c’est d’après cette remarque que les modernes métaphysiciens d’Allemagne ont tenté leurs grandes constructions.
On le sait, la tristesse moderne n’a pas dédaigné de leur faire de fréquents emprunts. […] Arrivons donc aux temps modernes. […] Aussi Pascal a-t-il la faveur des mélancoliques modernes. […] peut-on dire, l’Essai sur l’indifférence en matière de religion (1817-1824), est-il un des indices du mal moderne ? […] On s’accorde à voir en lui le créateur du pessimisme dans sa forme moderne.
Ainsi, tour à tour ou à la fois, le mouvement d’esprit des salons du dix-huitième siècle, la vigueur des espérances nouvelles et des fortes en treprises, la tristesse du patriotisme stoïque, comme le retour aux gracieuses amitiés et l’accès aux modernes élégances se mêlent ou se succèdent en cette âme aussi diverse que véritablement complète. — Et plus tard, à sa rentrée en France après l’Empire, dans les trop courtes années qu’elle vécut, la voilà qui saisit avec la même promptitude le sens des transactions nécessaires, et sa liaison plus fréquente, dans les derniers temps, avec des personnes comme Mme de Duras, achève de placer en son existence toutes les teintes caractéristiques des phases sociales où elle a passé, depuis le salon à demi philosophique et novateur de sa mère jusqu’au royalisme libéral de la Restauration. […] En un mot, des générations jeunes, si elles avaient eu le temps de grandir sous un régime honnêtement directorial ou modérément consulaire, auraient pu développer en elles cette inspiration renouvelée, poétique, sentimentale, et pourtant d’accord avec les résultats de la philosophie et des lumières modernes, tandis qu’il n’y a eu de mouvement littéraire qu’à l’aide d’une réaction catholique, monarchique et chevaleresque, qui a scindé de nobles facultés dans la pensée moderne : le divorce n’a pas cessé encore. L’idée que Mme de Staël ne perd jamais de vue dans cet écrit, c’est celle du génie moderne lui-même, toutes les fois qu’il marche, qu’il réussit, qu’il espère ; c’est la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine. […] Leroux (Revue Encyclopédique, mars 1833) a démontrée explicite au sein du dix-septième siècle, par plus d’un passage de Fontenelle et de Perrault, et que le dix-huitième a propagée dans tous les sens, jusqu’à Turgot qui en fit des discours latins en Sorbonne, jusqu’à Condorcet qui s’enflammait pour elle à la veille du poison, cette idée anime énergiquement et dirige Mme de Staël : « Je ne pense pas, dit-elle, que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue. » Et plus loin : « En étudiant l’histoire, il me semble qu’on acquiert la conviction que tous les événements principaux tendent au même but : la civilisation universelle… » — J’adopte de toutes mes facultés cette croyance philosophique : un de ses principaux avantages, c’est d’inspirer un grand sentiment d’élévation. » Mme de Staël n’assujettit pas à la loi de perfectibilité les beaux-arts, ceux qui tiennent plus particulièrement à l’imagination ; mais elle croit au progrès, surtout dans les sciences, la philosophie, l’histoire même, et aussi, à certains égards, dans la poésie, qui, de tous les arts, étant celui qui se rattache le plus directement à la pensée, admet chez les modernes un accent plus profond de rêverie, de tristesse, et une analyse des passions inconnue aux anciens : de ce côté se déclare sa prédilection pour Ossian, pour Werther, pour l’Héloïse de Pope, la Julie de Rousseau, et Aménaïde dans Tancrède. […] Dans son second extrait ou article, Fontanes venge les Grecs contre l’invasion du genre mélancolique et sombre ; genre particulier à l’esprit du Christianisme, et qui pourtant est très-favorable aux progrès de la philosophie moderne.
Les griffonneurs politiques, et surtout les tribuns de même nature, ont seuls le droit, enseignait Pierre-Charles, d’employer admonition pour conseil, objurgation pour reproche, époque pour siècle, contemporain pour moderne, etc., etc. […] Léon Valade est un poète aussi moderne qu’Albert Mérat, mais avec plus de rêve, il semble. […] Il ressemblera en même temps à une pagode, à un temple grec, et à une villa moderne ; réunissant, dans un ensemble prodigieux sans être disparate, tout l’art et tous les luxes des temps et des pays les plus divers. […] J’admire la science et la patience modernes. […] Ceci est aussi une fatalité de l’homme moderne.
C’est un Léonce de Mondoville, un peu plus moderne. […] Il aime mieux, à tout prendre, l’égoïsme instinctif et involontaire de l’homme des steppes, obligé, en somme, à se garder contre le péril, que la férocité raisonnée de l’âme moderne. […] On suit déjà, au cours de son ouvrage, le progrès de son intelligence, un peu compliquée, surchargée par l’éducation moderne, et se redressant au contact de la réalité. […] La ville des Ptolémées, décidément pareille aux cités modernes, connut toutes les fureurs de l’antisémitisme. […] Quel dommage que nous n’ayons pas, en France, un ouvrage complet sur cette période décisive où la limpidité de l’esprit grec se troubla et où apparurent les premiers linéaments de l’esprit moderne !
Songez que les pyramides d’Égypte, rigoureusement orientées, précèdent toutes les époques certaines de l’histoire ; que les arts sont des frères qui ne peuvent vivre et briller qu’ensemble ; que la nation qui a pu créer des couleurs capables de résister à l’action libre de l’air pendant trente siècles, soulever à une hauteur de six cents pieds des masses qui braveraient toute notre mécanique, sculpter sur le granit des oiseaux dont un voyageur moderne a pu reconnaître toutes les espèces ; que cette nation, dis-je, était nécessairement tout aussi éminente dans les autres arts, et savait même nécessairement une foule de choses que nous ne savons pas. […] Ses interlocuteurs ordinaires dans ses derniers jours étaient M. de Chateaubriand, M. de Bonald, M. de Lamennais, plumes irritées alors contre l’esprit moderne, qui faisaient écho à ses colères. […] La partie théologique de l’œuvre de M. de Maistre, dans le livre du Pape, dans les Soirées, dans le panégyrique de l’Inquisition, est entièrement le contrepied de ce que nous venons de présenter comme l’idéal d’une théologie moderne et d’un prosélytisme efficace du christianisme.
II J’ai dit tout à l’heure : Amusons-nous un peu avec le plus charmant poète de ce triumvirat d’hommes de lettres romains composé de Cicéron, d’Horace et de Virgile ; c’est qu’en effet la société d’Horace est une des sociétés d’esprit les plus aimables que l’on puisse rencontrer dans tous les siècles de l’antiquité ou des temps modernes. […] Grâce aux patients travaux que les anciens, les modernes, et surtout un savant français de nos jours, Walckenaer, ont consacrés à l’interprétation de ses œuvres et à la confrontation de ses vers avec sa vie, Horace est pour nous un homme d’hier ou d’aujourd’hui. […] En ce genre les Géorgiques de Virgile sont le chef-d’œuvre immortel des anciens et des modernes, parce que le spectacle de la nature et les travaux des champs sont un sujet bien plus susceptible de description et de sentiment que les leçons de rhétorique et de prosodie données en vers boiteux par Horace et par Boileau.
Parfois les auteurs flagellent les anciens, qui n’en peuvent mais, de coups vigoureux qui ricochent sur les modernes. […] C’est un fait propre à la France moderne que cet effacement presque complet des provinces, que cette concentration des forces vives de la nation dans une seule ville. […] L’influence de Paris mériterait à elle seule une étude particulière, et elle explique plusieurs des différences qui existent, au point de vue littéraire, entre le moyen âge et les temps modernes.
port de Rome, orné de différents monuments d’architecture antique et moderne. du même. […] Il faut parler des choses modernes à l’antique. […] Toutes les ruines de Machy sont modernes ; celles de Robert, à travers leurs débris rongés par le temps, conservent un caractère de grandeur et de magnificence qui m’en impose.