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1957. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

… Pélisson et d’Olivet étaient, à coup sûr, des hommes de talent, d’un talent relatif et divers, que leur tâche d’historiens de l’Académie n’aurait pas dû décontenancer à ce qu’il semble ; et pourtant, il faut bien l’avouer, ils ne se sont ni l’un ni l’autre montrés de niveau avec elle, Pélisson surtout, Pélisson, que le nouvel éditeur, dans sa préface, met bien au-dessus de d’Olivet, et que nous nous permettrons, nous, de mettre bien au-dessous. […] voilà le véritable historien de ces anonymes, qui eurent un nom quelques jours, le temps que l’engouement de la société de leur époque mit à le répéter, et qui n’en ont plus depuis qu’elle est morte.

1958. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Lenient, fidèle à ses maîtres, ne craint pas de mettre la satire au compte de la bourgeoisie au Moyen Âge, et d’en faire l’instrument et la preuve même de son émancipation. […] De tels livres, du reste, sont la preuve de ce que l’éducation toute seule peut donner en fait d’hommes, car je ne vois dans ce livre (exécuté avec des choses purement apprises) que ce que l’éducation y a créé et y a mis. […] mais qui n’a pas de relief, et qui pourrait porter aussi bien la date du règne de Louis-Philippe, par exemple, que celle du règne de Napoléon III, l’homme qui l’a écrite étant identiquement le même professeur moyen, le même élève de l’École normale du milieu de la classe, qui pouvait l’écrire, il y a vingt ans, exactement de ce même style, — la construire exactement avec les mêmes renseignements, — y professer exactement les mêmes admirations pour les mêmes personnes, Casimir Delavigne et Béranger, — et, finalement, la saupoudrer de la même fleur d’érudition facile, cueillie dans tous les livres que la fonction met aux mains et force à feuilleter.

1959. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Il avait extrait — comme il l’avait dit — « le dernier pépin de cette « Grenade », le plus beau fruit des Huertas de l’Espagne, quand Isabelle, ayant mis son confesseur Fernando de Talavera sur le siège de sa conquête, vit Ximénès, et, devinant le grand homme futur caché sous le froc, le choisit pour remplacer l’homme de conseil qu’elle avait perdu. […] Sisson et Crampon ne le sont point… Ils se sont mis à deux pour mieux faire, et cela est modeste et prouve l’envie de réussir, — mais nous leur conseillons de se mettre quatre à la première occasion.

1960. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

— une pension du gouvernement qui les avait mis à la porte de l’Angleterre. Légitimiste, il n’entendait pas davantage que le dernier Bourbon de la branche aînée tendît la main à ceux qui, aussi, le chassèrent, dussent-ils mettre dans cette main la monnaie d’un trône ! […] On n’aime pas que quelqu’un y parle très haut, et on s’y met du coton dans les oreilles contre la vérité âprement exprimée.

1961. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

C’était donc, avant tout, pour mettre la main fructueusement sur un pareil sujet, un esprit compétent aux choses de la politique qu’il fallait, dominant plus ou moins ce côté de l’esprit humain, et capable, non pas de raconter uniquement les faits et gestes du journalisme, qui furent, par parenthèse, bien plus souvent les Gesta diaboli que les Gesta Dei per Francos, mais aussi d’essayer une solution des grands problèmes que le journalisme a posés et n’a pas encore résolus. […] Hatin nous met au courant, avec minutie, de la composition de cette Gazette, qui causa d’abord des soulèvements parmi les nouvellistes du temps (les nouvellistes à la main), et qui allait opérer une révolution. […] À cette époque, la Gazette augmenta son format et se mit de taille avec le faste et la gloire du grand roi, dont elle raconta les merveilles.

1962. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

L’éditeur Marpon a publié une partie de l’œuvre de Camille Desmoulins qui n’était pas dans la circulation, et bien évidemment c’est pour l’y mettre ; car le prix des volumes de poche que voici est de trente-cinq centimes par toute la France. […] Voyez-le raconter, dans une de ses lettres à son père, la chasse donnée pendant SIX heures, dans le carré du Palais-Royal, à un malheureux agent de police reconnu par dix mille bourreaux (c’est lui qui donne le chiffre), lesquels le jettent dans le bassin, le daguent de la pointe de leurs cannes, et lui mettent un œil hors de la tête ! […] … Tout spirituel qu’il fût, à qui Voltaire, s’il avait vécu, aurait peut-être mis sa maigre main blanche sur l’épaule en l’appelant, qui sait ?

1963. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Dans son livre d’aujourd’hui, il l’a mise bien bas, cette vieille mère, qui avait son orgueil et voulait régner comme Agrippine. […] Platon mettait les poëtes à la porte de sa république avec des couronnes ; le Platon de la maison Hachette veut mettre toutes les religions à la porte de tous les cœurs en se prosternant devant tous les sanctuaires.

1964. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Il a mis sa main, sa main libre de prêtre, sur les questions du moment, et il a été tout à la fois sacerdotal et politique. […] Ventura avait pour la Critique l’intérêt d’un esprit de l’ordre le plus élevé qui, jusque-là, s’était illustré dans de très puissantes polémiques, mais que l’événement et le choix de l’Empereur mettaient en demeure de se montrer fécond et net dans sa fécondité et de dire enfin le mot suprême que, sur toutes les questions, le christianisme, s’il rencontre un homme de génie, n’a jamais manqué de prononcer ! […] C’est l’instrument de l’observatoire catholique à mettre au point du firmament.

1965. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Cela rappelle trop le mot de Rivarol : « C’est là de la prose où les vers se sont mis.  » Et encore, nous connaissons beaucoup de proses d’un tissu plus serré, plus étincelant, plus ferme et plus souple que ces molles poésies sans articulation et sans relief. […] C’est de l’Alfred de Musset sans la grâce de ses éperons d’or ; de l’Alfred de Musset mis à pied et au niveau de la bassesse générale des imaginations, ne choquant plus personne par sa supériorité même. […] Mais tous les trois donnent, chacun à sa façon, une note déjà entendue ; tous les trois mettent en relief ce signe du temps : l’absence de l’originalité !

1966. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Alfred de Vigny ne s’est pas pressé pour mettre une dernière main et laisser tomber un dernier coup d’œil sur l’œuvre entière de sa vie. […] Je veux rapprocher deux hommes placés dans des milieux différents sur lesquels ils ont influé, chacun à sa manière, et qui ont même participé à la création de ce milieu ; je veux simplement mettre en regard deux organisations analogues, supérieures toutes deux par une délicatesse exquise et une très grande force, — une force qui donne d’autant plus de plaisir qu’elle est cachée sous la grâce et sous l’harmonie. […] Certes, toute cette partie des œuvres de l’homme qui a écrit Stello, Grandeur et Servitude militaires, Cinq-Mars, Chatterton, La Maréchale d’Ancre, et traduit Othello et Shylock avec une précision qui est une création dans la langue, toute cette partie si considérable mérite d’être prise à part et jugée, en soi, par la Critique, et voilà pourquoi nous l’y mettons, à part, pour, dans d’autres volumes2, l’y retrouver.

1967. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

À ce compte-là, plus la civilisation se compliquerait et tordrait sa spirale, moins on serait capable de poésie épique, ce qui mettrait, du reste, la vanité des nations hors de cause et raierait d’un trait le fameux anathème physiologique : « les modernes (et particulièrement les Français) n’ont pas la tête épique », nul poème ne pouvant désormais étreindre le détail énorme de nos colossales civilisations. […] On pourrait très bien supposer que le poète fruste, salin et amer, découvert aujourd’hui comme une perle dont on ne m’a pas assez montré l’huître, fût, par hasard, quelque lettré moderne qui, blasé des corruptions et des hauts goûts de nos décadences, aurait reculé, par impatience de sensation nouvelle, jusqu’aux formes délaissées de la Bible et d’Homère, et eût fait de l’archaïsme en provençal, avec une habileté plus ou moins scélérate… Seulement, quoiqu’il en pût être, imitateur ou spontané, l’homme quelconque qui a enlevé ces douze chants sur un sujet qui serait vulgaire, si ce n’était pas la rabâcherie immortelle de l’amour, et donné à Daphnis et Chloé des proportions d’Iliade, est en définitive un poète que l’on peut mettre, ici ou là ! […] Mistral sont naïves, dans leur pittoresque, et les personnages qu’il met en scène, des êtres essentiellement primitifs.

1968. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Puis vinrent tant de sénatus-consultes, par lesquels les cognats furent mis sur la ligne des agnats. Enfin Justinien ôta la différence des legs et des fidéicommis, confondit les quartes Falcidianienne et Trebellianique, mit peu de distinction entre les testaments et les codicilles, et dans les successions ab intestat égala les agnats et les cognats en tout et pour tout. […] En France on était puni sévèrement, en Espagne mis à mort, lorsqu’on osait les alléguer.

1969. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

Métius Suffetius, roi d’Albe, fut écartelé, Romulus lui-même mis en pièces par les sénateurs. La loi des douze tables condamne à être brûlé vif celui qui met le feu à la moisson de son voisin ; elle ordonne que le faux témoin soit précipité de la Roche Tarpéienne ; enfin que le débiteur insolvable soit mis en quartiers. — Les peines s’adoucissent sous la démocratie.

1970. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Un pâtre, endormi sur sa tombe, s’était mis à chanter dans le sommeil ; et les bergers accourus pour l’entendre, ayant, de leur foule tumultueuse, renversé la colonne qui portait l’urne funèbre, le soleil avait vu les restes d’Orphée. […] On s’étonne que, par opposition au brouet noir de Sparte ; Alcman recommande des mets recherchés et des vins délicieux, comme pourrait le faire Archestrate ou tel autre des beaux esprits alexandrins cités par Athénée. […] Un des moins courts fragments qui nous en soient parvenus met sous nos yeux, à cet égard, ce qu’ont décrit d’autres poëtes célèbres, le silence d’une nuit d’été dans les beaux climats de Grèce et d’Italie.

1971. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

du soin jaloux, de l’obstination farouche qu’il avait mis à se préserver de la contamination des préjugés environnants ? […] Mettons encore ici les noms de Mérimée, de Jules Sandeau, de Charles de Bernard. […] Tous les rayons étaient égaux avant qu’on eut tracé de circonférence de cercle, et ce n’est pas Galilée qui a mis la terre en mouvement autour du soleil ! […] « Quant à laisser voir mon opinion sur les gens que je mets en scène, écrivait-il à George Sand, non, non, mille fois non ! […] Le Fils de Giboyer, Lions et Renards]. — Et, sans doute, c’est ce que l’on prétend louer en lui quand on le met « de la famille de Molière ».

1972. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Virgile mit trente ans à composer les douze mille vers qu’il nous a laissés. […] L’ascète est moins mal venu à mettre, sous ses pieds nos affections et nos plaisirs, quand nous le voyons traiter de la même manière les causes de nos souffrances. […] J’ai toujours eu envie de mettre pour épigraphe symbolique à ce petit livre la phrase de Quincey : « Ô juste, subtil et puissant opium, tu possèdes les clefs du paradis ». […] Prévost se mit à cuisiner des romans, — romanesques si l’on veut (je ne pense pas que lui-même tienne beaucoup à cette étiquette)  disons simplement des romans d’amour, où je vois bien qu’il y a moins de gros mots que dans les livres de M.  […] Il a vulgarisé, mis à la portée de l’oie une partie du travail secret qui s’accomplissait dans les demi-ténèbres des Revues jeunes.

1973. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Érostrate, pour être fameux, mit le feu au temple de Diane, et, malgré la loi interdisant aux Éphésiens de prononcer son nom, il a obtenu ce qu’il désirait. […] Mettez la main sur votre cœur et dites-nous s’il est bien vrai que vous consentiez « à ignorer, afin que l’avenir sache » ? […] Et pour que nous y puissions mettre une foule de choses, il est bon que ces grandes oeuvres ne soient pas d’une beauté trop claire. […] Combien donc faudrait-il de savants ordinaires mis bout à bout pour balancer un Newton ? […] Napoléon a des mets en lui qui sont comme des batailles d’Austerlitz.

1974. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

» J’avoue d’ailleurs que, parfois, elle y met un peu plus de bonne volonté. […] C’est plein d’épisodes inutiles, dont quelques-uns, mis à part, seraient intéressants. […] Une âme, même médiocre, candidement mise à nu, est un spectacle admirable : Verlaine l’a prouvé. […] Le Coz) qui s’est décidé à mettre son vrai nom sur son dernier livre. […] Tels de laborieux vaudevillistes, ils se mettent à deux pour inventer.

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