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1670. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Si elle semble, par sa nature, avoir tenu plus de son père que de sa mère, il est une vertu, du moins, qu’elle tint de celle-ci, et qui manqua au pauvre Louis XVI pour le sauver : je veux dire la fermeté, le courage d’agir dans les moments décisifs. […] S’il manquait à ces lectures ce qui les eût vivifiées dans le sens mondain et littéraire, dans le sens politique et profane, si l’intelligence et le souffle du nouveau siècle ne pénétraient pas dans ces horizons tracés, peut-on s’en étonner, peut-on l’en plaindre ?

1671. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Jamais princesse ne fut si touchante… » De retour en France, elle y fut l’objet de tous les empressements imaginables, y compris ceux de Monsieur, qui « continua, jusqu’à son mariage, à lui rendre des devoirs auxquels il ne manquait que de l’amour ; mais le miracle d’enflammer le cœur de ce prince n’était réservé à aucune femme du monde ». […] Pour s’expliquer qu’au milieu de ces pièges et de ces périls où elle se jouait, Madame n’ait point failli, pour qu’elle ait pu dire sincèrement à Monsieur, à l’article de la mort : « Monsieur, je ne vous ai jamais manqué », il faut se rappeler et les difficultés de sa situation si observée, et aussi son âge avec cette sorte d’innocence qui accompagne les imprudences de la première jeunesse.

1672. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Et, quand ils sont dans la disgrâce et qu’on les envoie à leurs maisons des champs, où ils ne manquent ni de biens, ni de domestiques pour les assister dans leurs besoins, ils ne laissent pas d’être misérables et abandonnés, parce que personne ne les empêche de songer à eux. […] [NdA] Cet article des Regrets a fait un certain bruit ; il a été reproduit par la plupart des journaux, même par Le Moniteur ; et, pour qu’il n’y manquât rien, il a obtenu une réfutation de M. 

1673. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Que l’on note encore le chapitre de A Rebours, où, par une boueuse nuit d’automne, le duc erre par tout le quartier anglican de Paris, des bureaux de « Galignani » à la taverne de la rue d’Amsterdam  dans Les Sœurs Vatard, le tumultueux intérieur d’atelier de femmes par un matin de paye après une nuit blanche, la plaisante énumération des manques de tenue de l’ouvrière Céline devenue la maîtresse d’un monsieur à chapeau de soie  le bruissant tableau des Folies-Bergère dans les Croquis parisiens, et les vues en grisaille de certains sites dolents de la banlieue  enfin, dans tous ses livres, cette qualité que M.  […] S’il met en scène des personnages que leur manque de culture rend incapables d’observations minutieuses, dont les yeux rudimentaires ne savent point voir ; il intervient, décrit en personne, sensation par sensation, les tableaux que ces obtus spectateurs contemplent, et marque ensuite en réaliste exact le peu d’intérêt qu’éveille chez eux ce spectacle inaperçu.

1674. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Je prendrai donc la liberté que ses éditeurs me refusent, et je vous dirai quelques mots de ce livre de critique très inattendu, dans lequel Mme George Sand a pris, sans se manquer de respect à elle-même, la liberté de se juger. […] Elle a moins de véhémence et plus de contour de femme ; mais ce contour, qui ne manque pas de grâce, Ramollit souvent et s’avachit.

1675. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Mais une étude un peu attentive me fit aisément reconnaître qu’il devait manquer un bon nombre de lettres. […] Mme de Sévigné, qui était là, manqua de se convertir, et l’écrivit à sa fille.

1676. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il s’agissait de ne pas manquer la dernière voiture. […] C’était, en général, pour l’achat de quelque plat spécial, destiné aux chats, quand le mou avait manqué. […] L’effet que je cherchais fut, malheureusement, tout à fait manqué. […] Les tantes ne parlaient que par lambeaux de phrases, par sous-entendus énigmatiques, et leurs narrations manquaient d’ordre. […] Craignant de manquer de pain, on lui dit d’aller vite en chercher un.

1677. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Bastian, que la nature vraiment manque d’imagination. […] Un jour de grande fête, elles manquèrent et le bon aumônier s’en aperçut trop tard. […] Mais Courteline manque d’autorité. […] L’ami des chiens n’y manque pas. […] Mais c’est manquer d’idéal.

1678. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Il m’a tout l’air de vouloir faire faute : le relai manque. — Nous avons du moins de l’autre côté des détroits les admirables discours d’O'Connell. — Je vous recommande à ce sujet la fin d’un article de la Revue des Deux Mondes du 15, page 1021, sur la différence entre O'Connell et Lamartine : « A changer O'Connell de place, etc. … » C'est très-joli.

1679. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Rien alors ne manquait à l’orgueil ni à la vanité de Catherine, comme femme et comme reine.

1680. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chénier, André (1762-1794) »

J’en demande pardon aux personnes qui ont cru apercevoir dans les idylles d’André Chénier tout le naturel et l’ingénuité de l’ancienne Grèce, mais si elles eussent trouvé dans Delille un vers du genre de celui-ci : Les sons harmonieux que ma flûte respire, elles n’eussent pas manqué de se récrier contre l’affectation d’une telle périphrase.

1681. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Je considère comme intangibles la forme et la beauté de la langue française, et si je livre à la serpe la plupart des mots grecs et des mots étrangers, c’est précisément pour leur donner la beauté qui leur manque.

1682. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

» Cette question qu’il propose à Pantagruel près de l’île Caneph, est bien celle qui l’intrigue, et qu’il résout sans cesse, par son insouciance, un grand manque de scrupules, cette parfaite légèreté et indolence d’âme, qu’on appelle « avoir de la philosophie » ; certaine gayeté d’esprit, dit Rabelais, conficte en mespris des choses fortuites, pantagruélisme sain et dégourt, et prêt à boire si voulez. » *** Derrière ce personnage, grossi en caricature et décrit de verve, il y a plus qu’une imagination de Rabelais.

1683. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Mais il eut manqué quelque chose à la gloire des Médicis, aux délices de leur nation, sans la naissance du poëte dont je parle.

1684. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Ainsi la poësie fait des personnages allegoriques imparfaits, quand elle prête des sentimens aux bois, aux fleuves, en un mot quand elle fait penser et parler tous les êtres inanimez, ou quand élevant les animaux au-dessus de leur sphere, elle leur prête plus de raison qu’ils n’en ont, et la voix articulée qui leur manque.

1685. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

A cette théorie il fallait une réserve nécessaire, et l’auteur n’a pas manqué d’y consentir : le travail ne suffit pas ; les dons naturels sont la condition même d’un travail utile …36 » « Mais le tempérament des écrivains diffère, dit M. 

1686. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

Ce style, où il ne manque que des nerfs, du sang, du mouvement et de la lumière, ce style dur, mais épousseté et propre, lisse comme un parchemin qui joue la vie… pour des myopes, ne peut être admiré ou aimé sincèrement de personne.

1687. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Gabriel Ferry8 Le Coureur des bois 9 est le livre mort d’un homme mort qui avait du talent, mais qui n’en a guères laissé que la mâle promesse, et à qui la mort, comme toujours, n’a pas manqué de conquérir la bienveillance universelle.

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