/ 2634
1449. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Nous avons vu plus haut qu’en 1673, à l’époque de la mort de Molière, les trois amis qui lui survécurent avaient déjà arrêté le cours de leur fécondité, et qu’ils avaient exprimé, par un long silence, l’étonnement de ce qui se passait, le besoin d’étudier, d’observer, de suivre le changement qui s’opérait dans les mœurs de la haute société. […] Vigueul-Marville rapporte qu’il disait à ses amis : « Vous voyez la manière dont je parle : sachez que je suis toujours sur mes gardes et que personne n’observe mieux que moi les longues et les brèves. » T. 

1450. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

La phrase maigre et monotone tisse interminablement de l’ennui et, parmi les bâillements longs et répétés, le lecteur songe nostalgique à Barbey d’Aurevilly, comme, perdu dans un feuilleton morne de Jules Mary, il songerait au père Dumas. […] Que de temps exigerait la fastidieuse besogne d’éclairer l’une après l’autre les principales sottises prétentieuses accumulées par Bourget, jadis snob de la psychologie et de la vie mondaine, aujourd’hui snob du catholicisme… Il serait long aussi, et combien écœurant, d’étudier son style de bon élève et son écriture d’enfant sans imagination : le plus banalement coordonné des styles ; la plus grise des écritures.

1451. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Mais, dans ce portrait du Napoléon de 1812, M. de Lamartine s’est trop abandonné à son nouveau style de prose, dans lequel il entre plus de Balzac que de Tacite, je parle de Balzac le romancier : L’Empire l’avait vieilli avant le temps, dit l’historien : l’ambition satisfaite, l’orgueil assouvi, les délices des palais, la table exquise, la couche molle, les épouses jeunes, les maîtresses complaisantes, les longues veilles, les insomnies partagées entre le travail et les fêtes, l’habitude du cheval qui épaissit le corps (tout ceci joue le Tacite), avaient alourdi ses membres et amolli ses sens. […] Il y est long, il est peu lumineux par le manque de dates et de descriptions géographiques précises ; il est sévère plus qu’on ne le voudrait.

1452. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Ce qu’étaient alors les finances, et le désordre qui y régnait, ne pourrait s’expliquer que moyennant de longs éclaircissements, et par de plus initiés que nous ne saurions l’être. […] Un rapporteur de l’édit s’alla malheureusement promener aux champs, un autre perdit sa femme ; on tomba dans les fêtes, et, après la vérification même, les expéditions de l’Épargne étaient longues par la multitude des quittances et des contrats.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

L’Ancien Régime était à bout ; l’esprit s’était retiré de cette vieille monarchie durant le long affaissement de Louis XV ; ceux mêmes qui en étaient les gardiens naturels y portaient, sans le savoir, les plus rudes atteintes. […] C’était (sauf des différences qu’il serait trop long ici d’expliquer), c’était en somme une tentative de réorganisation de la justice en France sur un plan uniforme et d’après l’idée d’une législation homogène ; mais les auteurs de ce plan avaient bien moins songé à l’ordre judiciaire et à la justice en elle-même qu’aux conséquences politiques de cette mesure dans les difficultés extrêmes où ils se trouvaient.

1454. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Les Faux Démétrius. Épisode de l’histoire de Russie, par M. Mérimée » pp. 371-388

On était à la fin du xvie  siècle ; le tsar et grand-duc de Russie Ivan IV, surnommé le Terrible, était mort en 1584, après un long règne ; malgré son surnom effrayant, il ne paraît pas que les peuples aient gardé de lui un souvenir trop odieux, et ce qui était de sa race leur était cher. […] Pour peindre la douceur de l’habitude, par exemple, M. de Musset dira : Les amants qui ne se voient qu’à de longs intervalles ne sont jamais sûrs de s’entendre ; ils se préparent à être heureux, ils veulent se convaincre mutuellement qu’ils le sont, et ils cherchent ce qui est introuvable, c’est-à-dire des mots pour exprimer ce qu’ils sentent.

1455. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce bénédictin littéraire, à la robe trop courte, comme je l’ai dit, et qui la troussait et la retroussait comme si elle avait été trop longue, non pour passer les ruisseaux, comme Lazzara, mais parfois pour se mettre dedans, menait la vie du monde avec autant d’entrain que celle de la pensée, et ces vieux ennuyeux ne pouvaient souffrir qu’on ne s’ennuyât pas comme eux. […] Sainte-Beuve, avec la demi-lune rousse de sa tête, pelée comme le derrière d’un renard attaqué d’alopécie, son teint hortensia, son oreille rouge comme celle de Tartuffe et prête à chaque instant à monter au violet de la colère, le tout recouvert du vieux foulard qu’il étendait là-dessus quand il rentrait, échauffé, de l’Académie, et le beau Scaramouche de Chasles, à la face pâle, aux yeux italiens, aux moustaches callotiques, longues, peintes, relevées, qui ne devinrent que le plus tard possible la barbe blanche sans transition de gris qui apparut soudainement, comme celle d’un alchimiste, un jour, à son cours, et fut pour les femmes qui y venaient le coup de pistolet de la surprise.

1456. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Il faut voir Rossetti, italien d’origine et fortement incliné vers le catholicisme, s’abîmer dans le mysticisme dantesque, Holman Hunt ne vivre que par le Christ et passer en Terre Sainte de longues années, tel autre membre de la « Confrérie », Collinson, se réfugier au cloître, pour comprendre qu’elles pouvaient être les espérances et la vie intime de ce petit groupe.‌ […] Bon œuvre demeurera l’exemple de la plus extraordinaire aberration de la peinture, et j’imagine que l’avenir, s’il prend souci de comparer les œuvres des préraphaélites avec les jugements qu’elles ont suscités, demeurera stupéfait de ce que l’on ait pu, pendant de longues années, considérer comme de la peinture, ce qui n’en est le plus souvent que la parodie ou la négation.    

1457. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Les horribles substantifs allemands, les mots longs d’une toise, noyèrent la prose nette de d’Alembert et de Voltaire, et il sembla que Berlin émigré fût tombé de tout son poids sur Paris. […] Et lorsqu’à tant de variations utiles on ajoute l’alliance d’un parti politique, le crédit prêté par la rénovation de l’histoire, le talent des maîtres, le silence des adversaires, et par-dessus tout l’irrésistible sympathie de l’esprit poétique et nuageux du siècle, on comprend la nécessité de cette longue fortune et de cette solide domination.

1458. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Mais remarquez qu’il est entouré et précédé d’une longue suite d’inconnues. […] Mais remarquez que ce fait extérieur et apparent traîne autour de lui un long cortège d’inconnues.

1459. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il y a de longues années qu’il va au collège, tout proche de la rue Verdaine, et où son père l’a fait entrer dès que l’âge l’a permis. […] Les maux contre lesquels je lutte sont de vieille date… C’est une longue histoire qu’il me faudra écrire un jour. […] Sans doute y eut-il dans l’entourage de notre Récamier masculin un ou plusieurs Ampère aux cheveux longs et aux idées courtes. […] Je tire ces lignes d’un long monologue qui est de 1871. […] Il me laissera un long et doux souvenir ».

1460. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

C’est le Docteur Pascal qui marque la fin de cette longue étude sur l’hérédité et ses conséquences morales et physiques. […] D’autres en goûtèrent et cette petite fête laissa un long souvenir dans l’âme de ceux qui y avaient pris part. […] Soudain, en une minute, cette longue angoisse s’arrêtait. […] Le temps ne fut pas long, et c’est de cette époque que date son entrée en loge maçonnique. […] Des cheveux châtain clair l’encadraient et retombaient un peu longs.

1461. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Un anthropologiste, qui n’en sait pas plus long que moi sur ce sujet, dit que sa découverte se perd dans la nuit des temps. […] Nul ne peut préciser la part de l’invention soudaine au cours de cette longue élaboration. […] Aucune n’est plus propre à faire admettre, sans qu’il soit besoin de longues explications, la loi de constance intellectuelle. […] Dans cet ordre d’idées, ils en savent beaucoup plus long que nous et aucun Européen n’a encore pu trouver rien qui les étonne. […] Il saccage la maison, il prohibe tout voyage, tout déplacement un peu long.

1462. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

On peut la voir au long dans l’édition de Tallemant des Réaux donnée par M. 

1463. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Nous demandons pardon à nos lecteurs de cette longue digression trop morale peut-être, mais nul exemple mieux que la vie de Rancé ne pouvait y donner sujet et illustrer la démonstration.

1464. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Enfin, mademoiselle Plessy, qui remplissait le rôle de la chanoinesse Amélie de Moldaw, a été pleine de réserve et de bon goût, et dans deux ou trois de ces longues tirades où excellait mademoiselle Mars avec ses inflexions si savantes, elle s’est souvenue très-heureusement du parfait modèle.

1465. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Et celles-ci, à leur tour, suffisent pour embaumer bien des demeures, bien des tombeaux, durant de longues années !

1466. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

J’y débutai moi-même avec ce sonnet : À TRIANON Je trouve un charme étrange à tes longues allées Qui s’ouvrent en ogive à l’horizon vermeil, À tes bassins de pierre usée où le soleil N’éclaire plus qu’un tas d’herbes échevelées.

/ 2634