Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat.
Il avait dans sa défroque un habillement complet de galant, du temps qu’il était en garnison et amoureux ; car les jours où l’on n’a rien à faire, on les peut donner aux dames : « En ce temps-là, je portais gris et blanc pour l’amour d’une dame de qui j’étais serviteur lorsque j’avais le loisir ; et avais encore un chapeau de soie grise, fait à l’allemande, avec un grand cordon d’argent et des plumes d’aigrette bien argentées. » Il nous décrit toute sa toilette à l’avenant, chausses de velours cramoisi, couvertes de passement d’or, pourpoint de même, chemise ouvrée de soie cramoisie et de filet d’or, casaquin de velours gris, garni de petites tresses d’argent à deux petits doigts l’une de l’autre, etc.
Mais les pièces où l’auteur me semble avoir le mieux réussi, ce sont celles de voyage ; l’une, par exemple, qui a pour titre « En route !
La mère, en s’en allant, des agneaux fut suivie ; L’une partit, puis l’autre !
Le chevalier de Perrin, en possession de ce qui n’en était pas moins un trésor, donna deux éditions de Mme de Sévigné, — l’une en 1734 ; l’autre, vingt ans après, en 1754.
On y assiste ; dans un tête-à-tête avec son fils, elle lui adresse successivement quatre requêtes, et lui demande au moins de quatre choses l’une : 1° de ne point mourir, lui son fils, de ne point souffrir mort, s’il est possible ; 2° cette première requête refusée, et puisque cette mort est jugée nécessaire, de ne point la souffrir si amère, si honteuse et si cruelle ; 3° cette requête rejetée encore par Jésus au nom des Écritures et des Prophéties, de permettre au moins que sa mère meure la première et n’ait point à voir de ses yeux une mort si terrible ; 4° puisque cette troisième pétition n’est pas plus accueillie que les deux autres, de vouloir bien qu’elle perde au moins connaissance pendant la durée de la Passion, qu’elle soit ravie en esprit et demeure comme une chose insensible, privée d’intelligence et de sentiment.
A vrai dire, on ne s’intéresse plus guère à l’antique Carthage que par deux choses diversement immortelles, l’une vraie et l’autre mensongère : Hannibal et Didon ; celle-ci, la création la plus touchante que nous ait laissée la poésie des Anciens ; celui-là, à cause des obstacles de toute nature qu’il rencontrait sur sa route glorieuse et du génie qu’il mit à les vaincre, offrant « le plus beau spectacle que nous ait fourni l’Antiquité » : c’est encore Montesquieu qui dit cela.
Cervantes, soldat, fit encore deux campagnes navales, l’une dans l’Archipel en 1572, et l’année suivante (1573) il fut à l’affaire de la Goulette, à Tunis, sous Don Juan d’Autriche.
je voudrais qu’il fût tombé sur Raphaël. » Louise eût été l’une des immortelles madones.
Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.
« Me voici parvenu à trente-neuf ans et demi ; il y a plus de vingt ans que je suis sorti du collége : dans cette moitié de la vie (car la durée de l’homme n’est que de quarante ou quarante-huit ans entre l’une et l’autre débilité), dans cette moitié de la vie, je cherche vainement une saison heureuse, et je ne trouve que deux semaines passables, une de distraction en 1790 et une de résignation en 1797.
Mademoiselle Bertin a moins bien réussi, ce me semble, pour le chant même qu’elle prête à Homère : c’est, en strophes régulières, un résumé peu entraînant des événements de l’Iliade : La plaine attristée et déserte De tentes est bientôt couverte, Et l’une d’elles, entr’ouverte, Doit laisser partir Briséis.
S’il fallait exprimer l’ordre de structure employé ici, je dirais que c’est simplement une longue galerie en cinq appartements ou compartiments, et le tout revêtu de peintures et de tapisseries si attrayantes au regard, qu’on passe insensiblement de l’une à l’autre sans trop se rendre compte du chemin.
Les chansons dont, aux xe ou xie siècles, les femmes et les jeunes filles de nos villages accompagnaient leurs « caroles », l’une d’elles chantant le thème fondamental en solo et les autres reprenant en chœur les refrains à intervalles plus ou moins rapprochés, ne nous sont point parvenues.
Il se fait un mélange singulier de description objective et d’expansion subjective, un continuel et facile passage de l’une à l’autre.
Rochefort a, je crois, l’une de ces deux âmes avec l’esprit d’un boulevardier.
L’humanité n’eût point été complète sans la vie monastique ; la vie monastique ne pouvait d’ailleurs être représentée que par un groupe innombrable : donc tous ceux qui sont entrés dans ce groupe, quelque oubliés qu’ils soient, ont eu leur part à la représentation de l’une des formes les plus essentielles de l’humanité.
Spencer (Principes de psychologie) appelle ces associations organiques ou organisées, ou bien encore intégrées, parce qu’elles rentrent pour ainsi dire l’une dans l’autre.