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793. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

» — « C’est moi, monsieur, répliqua-t-elle en se retournant brusquement dans le couloir, son petit cabas à la main, c’est moi-même ; mais donnez-moi donc deux sous pour m’acheter de la galette, s’il vous plaît. » Et voilà pourquoi, entre autres motifs à l’appui, elle eut toute raison, l’autre soir, de reparaître dans le personnage de l’illustre infortunée à qui elle avait dû une joie d’enfance ; voilà pourquoi elle eut raison de vouloir dire, aux applaudissements de tous, ce mot de fierté qu’elle relève si bien : Si le Ciel était juste, indigne souveraine, Vous seriez à mes pieds, et je suis votre reine. […] Et quelle est l’œuvre tragique, de celles qu’on appelle simplement distinguées, qui, à l’occasion et à l’aide d’une seule actrice, se pourrait reprendre au théâtre, après vingt années, sans causer une hésitation d’un moment, et sans réclamer du spectateur par endroits quelque juste complaisance ? […] Eh bien, lui, ayant déjà assez avant l’empreinte de l’époque antérieure, il ne s’y est pas immobilisé ; mais, prenant la chose dramatique au point juste où elle était, il l’a poussée du premier jour à l’innovation dans une mesure habile, heureuse, applaudie. […] Schlegel, est allé en porter la nouvelle à la Diète assemblée… » Ceci, pour commencer, n’était pas tout à fait juste ; le succès de M.

794. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Ses honnêtes duretés contre cette noblesse décadente dont il s’est fait spécialement le peintre impliquent, avec un sens très juste du rôle historique de la noblesse, une irréductible sympathie et un rien de préjugé. « Si l’on pèche plus dans cette société-là, fait-il dire à un abbé, on rachète aussi davantage. […] Ses reconstructions de systèmes, religieux, philosophiques, politiques, sociologiques, sont merveilleuses d’ampleur, d’harmonie, de précision, de juste emboîtement de toutes leurs parties. […] * * * Il me disait un jour : « Quand je songe à quel point j’ai eu jadis la folie et l’orgueil de vivre, je me dis qu’il est juste que je souffre. » Je me suis rappelé ce propos d’héroïque résignation en voyant, parmi les roses qui jonchaient son lit de mort, sa tête devenue ascétique et, sur sa poitrine, le crucifix… La République Française On dira d’elle ce qu’on voudra : elle a ceci pour elle, qu’étant la plus révolutionnaire des républiques, elle est pourtant l’héritière d’un passé monarchique plus long et plus illustre que celui d’aucune des nations européennes. […] On pardonne tout, pour ainsi parler, au Dieu qu’on aime ; on lui pardonne même les choix dont on est exclu ; on le déclare juste et bon, quoi qu’il fasse.

795. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Je conçois cependant que Zaïre l’ait ébloui ou désarmé ; mais qu’il n’ait compté dans Mérope que neuf fautes, tout juste une de moins que dans Zaïre, voilà qui est moins d’un critique que d’un auteur de tragédies qui sentait les vers d’autrui comme il faisait les siens. […] Ils ont beau nous faire mille avances, mille agaceries, nous parler la langue de nos préjugés : loin de nous abandonner avec eux, nous les discutons ; nous ne savons pas au juste à qui nous avons affaire. […] Avec plus de sensibilité que Corneille, Racine avait, non pas plus d’esprit, mais un sentiment plus juste de la réalité. […] Où la pensée est solide, le sentiment juste et profond, le style ne brille pas ; il pénètre, il frappe, il échauffe.

796. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Sa balance était très juste, mais dans un des plateaux il y avait un poids infini, une foi inébranlable. […] Le Hir joignait une manière d’écrire juste et ferme. […] On ne saurait prouver qu’il soit arrivé un miracle dans le passé, et nous attendrons sans doute longtemps avant qu’il s’en produise un dans les conditions correctes qui seules donneraient à un esprit juste la certitude de ne pas être trompé. […] En vérité, j’en viens à regretter la misérable part de liberté que Dieu nous a donnée, nous en avons assez pour lutter, pas assez pour dominer la destinée, tout juste ce qu’il faut pour souffrir.

797. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

L’observation de Tacite est très juste : mobiles ad superstitionem perculsæ semel mentes . […] Dans l’histoire du genre humain, nous voyons s’élever d’abord des caractères grossiers et barbares, comme le Polyphème d’Homère ; puis il en vient d’orgueilleux et de magnanimes, tels qu’Achille ; ensuite de justes et de vaillants, des Aristides, des Scipions ; plus tard nous apparaissent avec de nobles images de vertus, et en même temps avec de grands vices, ceux qui au jugement du vulgaire obtiennent la véritable gloire, les Césars et les Alexandres ; plus tard des caractères sombres, d’une méchanceté réfléchie, des Tibères ; enfin des furieux qui s’abandonnent en même temps à une dissolution sans pudeur, comme les Caligulas, les Nérons, les Domitiens. […] Le principe du droit naturel est le juste dans son unité, autrement dit, l’unité des idées du genre humain concernant les choses dont l’utilité ou la nécessité est commune à toute la nature humaine. […] La seule doctrine de Platon nous présente le juste dans son unité ; ce philosophe pense qu’on doit suivre comme la règle du vrai ce qui semble un, ou le même à tous les hommes.

798. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

La juste mesure et la proportion dans un portrait sont la première loi de la ressemblance. […] Pendant ce temps, il faut être juste, on faisait des caricatures et des chansons sur Joubert dans son pays natal.

799. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Adolphe Regnier, il a soigné toute la partie des imitations espagnoles et les a pesées dans la plus juste balance ; dire tout cela, c’est ne donner qu’une bien faible idée du mérite, des connaissances, de l’utilité pratique, des services enfouis et de l’inépuisable obligeance de M.  […] Patin en publiait un dans le Journal des Débats : il y rendait un juste et complet témoignage à l’ami de toute sa vie.

800. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Les sentiments qui ne peuvent se rapporter à des idées justes, ne sont point susceptibles d’images naturelles. […] Malebranche a essayé de réunir, dans ses ouvrages de métaphysique, les images aux idées ; mais comme ses idées n’étaient pas justes, on n’a pu sentir que très imparfaitement la liaison qu’il voulait établir entre elles et ses images brillantes.

801. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Ici, et à cinquante lieues alentour de Paris, la beauté manque, mais l’intelligence brille, non pas la verve pétulante et la gaieté bavarde des méridionaux, mais l’esprit leste, juste, avisé, malin, prompt à l’ironie, qui trouve son amusement dans les mécomptes d’autrui. […] Ils trouvent à l’instant et sans effort l’expression juste, et atteignent du premier coup l’objet en lui-même, sans s’empêtrer dans le magnifique manteau des métaphores, sans être troublés par l’afflux trop grand des émotions.

802. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Quelque opinion qu’on se fasse sur les tendances du XIXe siècle, il serait juste au moins de reconnaître que, la somme d’activité ayant augmenté, il a pu y avoir accroissement d’un côté, sans qu’il y eût déchet de l’autre. […] La tendance des classes pauvres au bien-être est juste, légitime et sainte, puisque les classes pauvres n’arriveront à la vraie sainteté, qui est la perfection intellectuelle et morale, que par l’acquisition d’un certain degré de bien-être.

803. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Nous nous élevions contre une Cabale qui se croyoit triomphante ; nous combattions les usurpations du mauvais goût ; nous réduisions à leur juste valeur des mérites équivoques ; nous vengions le vrai mérite des atteintes de l’ignorance & de l’envie ; nous déclarions, en un mot, la guerre à la Philosophie, à la fausse Littérature, à la vanité, à la prévention, à tous les préjugés dominans ; nous rappellions les esprits à la Religion, à la raison, aux vrais principes, à la justice, à la vérité. […] Depuis quand ne sera-t-il plus permis de s’élever contre les usurpations de la vanité, de confondre l’orgueil, de démasquer l’artifice, sans passer pour malin, parce qu’on aura employé les armes les plus efficaces, la plaisanterie ou l’essor d’une juste indignation ?

804. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin pratiqua, pour son propre compte, ce conseil si juste, et prêcha d’exemple. […] Mais la poésie dramatique, celle qui présente les passions du cœur humain aux prises dans les diverses variétés sociales, celle-là il la recherche et il la goûte ; il aime à en disserter, et il trouve à en dire les choses les plus ingénieuses et les moins prévues, qui n’en sont pas moins justes pour cela.

805. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Tel auteur est préféré par un lecteur, non pas parce que ce lecteur lui trouve l’esprit juste, mais parce qu’il lui trouve l’esprit faux, ce qui donne à ce lecteur le plaisir d’avoir toujours raison ou de croire toujours avoir raison contre lui, par suite de quoi c’est à cet auteur que ce lecteur revient constamment. […] Comme je vais avoir l’esprit juste ! 

806. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Notre persévérance à vouloir les maintenir telles qu’elles ont été posées par les premiers législateurs de notre langue, prouve que nous ne nous tendons pas compte de la distance où nous sommes du point de départ, et que nous ne nous faisons pas encore une idée juste de l’essence même de la poésie. […] Pour avoir sur cet objet des idées justes et vraies, ne faudrait-il pas rétablir, par la pensée, les idées qui dominaient à l’époque où Eschyle, Euripide et Sophocle régnaient sur la scène tragique ?

807. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Mais la Critique, qui a ses convictions, qui n’examine, ne raisonne et ne conclut que du milieu d’elles, a le droit de demander au philosophe pourquoi, dans un livre où toutes les questions liées à son sujet sont touchées de manière à les faire vibrer dans les esprits, il a négligé d’appuyer plus longtemps et plus fort sa juste et pénétrante analyse sur le côté fécond et sanctifié du mysticisme. […] En détaillant, sous son analyse, l’individualité de Saint-Martin, il a compris que cette plante étrange avait pourtant sa racine dans le terrain de son siècle, et, pour qu’on ne pût s’y méprendre, il nous a retourné le siècle en quelques traits justes et profonds, et nous en a ainsi montré le fond et la superficie.

808. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

… Mais l’histoire, trop mâle pour s’attendrir jamais, trop juste pour être généreuse, l’histoire, quand elle raconte les bonnes et les mauvaises actions des hommes, doit avoir un autre langage que celui d’une apologie idolâtre ou d’une défense pleine de colère. […] Faute si grande, qu’il n’importe guères à présent de savoir au juste si le pontife agit par haine ou bien sans haine ; car une pareille faute, au bout d’un certain temps, fait toujours équation à un crime, et le temps à attendre où le crime qui ne s’était pas nettement dressé dans la conscience de Clément XIV a surgi, tout à coup, évident dans la conscience des hommes, ce temps à attendre n’a pas été long !

809. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Il a intitulé son livre : les Pléiades, — allégorie enfantine, qui n’est pas même juste. […] Gobineau, qui pense, et avec juste raison, qu’on ne peut plus s’intéresser à l’histoire de la décrépitude et de l’avilissement continu des peuples actuels, et que le seul intérêt et le seul mérite appartiennent à quelques individualités supérieures, — étoiles (pour parler son langage) pointant encore dans un firmament dévas té, — nous a fait un livre à plusieurs héros, dont il a décrit les passions et développé les caractères.

810. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Ajoutons que ce drame fut écrit, improvisé pour dire plus juste, en 1838, juste un an avant Ruy Blas et un an après les Burgraves, c’est-à-dire au moment où le poète était dans toute la puissance de son génie. […] L’auteur y rend un juste hommage au grand écrivain, et tous les amis des lettres l’en doivent remercier. […] Chanter juste est chose difficile en poésie, car il faut l’émotion d’abord, qui appartient à la jeunesse, et l’expression, résultat de l’expérience. […] Si les rapports harmoniques étaient justes, un bras, une jambe, une tête reflétés par le ciel bleu, paraîtraient à M.  […] c’est juste !

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