À toutes les époques et sous tous les régimes, il y a ainsi, dans les jeunes générations, des chefs de file qui se concertent, se préparent à l’avance et se croient nés pour arriver au pouvoir. […] Bien de jeunes imaginations, bien des spéculations studieuses, bien des intrigues aussi, ménagées de longue main, étaient dirigées dans cette espérance. […] Sénac de Meilhan, fils d’un premier médecin du feu roi, maître des requêtes et intendant du Hainaut, fort jeune encore (il n’était pas si jeune, ayant bien près de quarante ans à cette date de 1776), mais ayant du talent et de l’esprit, et qui lui avait été indiqué par ses faiseurs et conseils secrets, qui étaient en grande liaison avec lui. […] Le jeune administrateur, comme on l’appelait encore, s’y montre avec tous ses avantages de physionomie, de regard, de représentation : il est peint assis, jusqu’à mi-jambe, en habit habillé, avec dentelles, coiffure du temps ; la main gauche est étendue sur une console d’où tombe en se déroulant une carte de la province : ses doigts distraits s’y posent et s’y déploient quelque peu complaisamment. […] Lui-même que l’on appelait encore complaisamment en 1787 un jeune magistrat, va devenir en peu d’années un débris d’émigration, une antique, un monument.
Il n’est que juste de remercier tout d’abord les jeunes érudits et antiquaires, MM. […] Ils n’ont pas eu de peine à montrer que Saint-Simon exagère, en les résumant, les défauts du personnage ; nos jeunes auteurs vont trop loin toutefois quand ils font de Saint-Simon un ennemi de Dangeau : on n’est pas ennemi de ceux dont on voit les ridicules, et le seul tort de Saint-Simon est de trop voir et d’être doué par la nature d’un organe qui est comme un verre grossissant, et d’une parole de feu irrésistible : de là tant de portraits ressemblants, outrés, vrais à les bien entendre, et en tout cas ineffaçables. […] Quand le roi l’eut fait grand maître de l’ordre de Saint-Lazare, en même temps qu’il s’adonna beaucoup au cérémonial et prêta à jaser aux railleurs, Dangeau conçut une idée utile, honorable : il fonda une pension à l’usage des jeunes gentilshommes de l’ordre, et qui visait à être dans son genre un pendant de Saint-Cyr. […] Comme il était grand maître de l’ordre de Saint-Lazare, il se chargea généralement de l’entretien et de l’éducation de vingt jeunes gentilshommes, qu’il fit chevaliers de cet ordre, et les rassembla dans une maison de la rue de Charonne, en bon air, avec un jardin, mur mitoyen du couvent de Bon-Secours. […] Les enfants qu’il y plaçait étant trop jeunes pour les armes et l’équitation, la base des exercices était la lecture, l’écriture, le latin, l’histoire, la géographie et la danse.
Les incidents imprévus et tout fortuits en apparence, qui enlevèrent le jeune agent de change à la coulisse de Paris et qui l’amenèrent à être militaire suisse, sont assez piquants, et Jomini se plaisait à les raconter d’un ton de spirituelle ironie. […] Figurez-vous un jeune officier suisse qui, au lendemain de Marengo, a la prétention d’écrire un ouvrage de grande tactique et d’innover en ce genre de littérature militaire : il y avait de quoi faire sourire. […] Les gens qui pensent à la retraite avant le combat peuvent rester chez eux. » Le jeune officier piqué au vif offrait déjà sa démission ; Ney revint vite : ce n’était qu’une boutade. […] Voilà un jeune chef de bataillon, et un Suisse encore, qui vient m’apprendre, à moi, comment je gagne mes batailles. […] Ce sont ces deux écrivains militaires que Jomini, jeune, avait surtout étudiés et qu’il s’appliqua, le premier, à faire connaître à la France, en les résumant, les analysant et les mettant sans cesse aux prises dans son Traité.
Mais, au milieu de ces études paisibles, de ces méditations solitaires, de ces reproductions naïves des anciens chefs-d’œuvre, survint l’invasion de 1815, qui brisa le cœur du jeune poëte comme celui de tous les amis de la France. […] C’est lorsqu’aux rives du Gange, dans cette patrie des roses et du soleil, il a prêté sa voix harmonieuse aux prêtres, aux jeunes guerriers, aux jeunes filles, et qu’entièrement soustrait au monde moderne qu’il ignore, il a réalisé une Grèce selon son cœur ; car c’est toujours une Grèce, quoique plus resplendissante et plus orientale que l’ancienne. […] Ne nous plaignons point, toutefois, qu’on nous ait conservé dans les notes la charmante ballade du Jeune Matelot. […] A l’occasion de la Popularité, j’écrivais dans la Revue des Deux Mondes (15 décembre 1838) l’article suivant : — La Comédie Française est en veine heureuse : un jeune talent lui rend ses anciens chefs-d’œuvre ; et son poëte moderne, qui l’a accoutumée à des succès légitimes et sûrs, vient d’en obtenir un nouveau. […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir.
Le trait qui domine dans cette longue vie de souffrance, de martyre dès les jeunes ans, et toujours de bouleversement et de vicissitudes, est une vérité parfaite, une parfaite simplicité, et, on peut dire, une entière et inaltérable uniformité. […] Si jusque-là la timidité de Louis XVI auprès de sa jeune épouse avait été extrême, sa passion à ce moment ne l’était pas moins, et cette enfant, qui en était le premier fruit, devait être en grande partie son image. […] La jeune Marie-Thérèse avait remarqué que son père et sa mère avaient l’air très agités et occupés dès le matin : Dans la promenade, dit-elle, ma mère me prit à part, me dit que je ne devais pas m’inquiéter de tout ce que je verrais, et que nous ne serions jamais longtemps séparés, que nous nous trouverions bien vite. […] Un des commissaires chargés de visiter la jeune princesse au Temple l’a représentée dans son attitude digne, souffrante et appauvrie ; tricotant, assise près de la fenêtre et loin du feu (car elle ne voyait pas assez clair pour son travail près de la cheminée), les mains enflées par le froid et pleines d’engelures (car on ne lui donnait pas assez de bois pour la chauffer à cette distance). […] Lepitre, qui se chantait sous les murs du Temple, jusqu’au roman d’Irma ou les Malheurs d’une jeune orpheline, histoire indienne, avec des romances, publiée par Mme Guénard en l’an VIII, jusqu’à l’Antigone de Ballanche qui couronne plus noblement cette littérature allégorique et mythologique en 1814.
Vous avez empoigné les crins de la Déesse Avec un tel poignet qu’on vous eût pris, à voir Et cet air de maîtrise et ce beau nonchaloir, Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse. […] Jamais les difficultés, cherchées et multipliées à plaisir d’artiste, de la prosodie et du rythme n’ont été mieux déguisées par la simplicité mélodique du sentiment ; et jamais la banalité du sentiment éternel n’a été mieux relevée par la recherche, la complication adroite de l’art… Aujourd’hui, M. de Banville, après avoir publié deux livres de poésies remarquables, et répandu dans les journaux, dans les revues, de nombreuses pages d’une prose savante, correcte, pleine de nombre et de mouvement, est encore considéré par bien des gens comme un jeune écrivain dont le talent promet. […] Seulement s’il a connu, jeune, l’adoration mystique de la ligne, il a eu aussi la folle passion de la couleur. […] Voilà le maître intérieur auquel la jeune génération devrait dresser des autels secrets. […] Edmond Pilon Ô toi dont la geôle est pareille à la source Qui coule nue et vive entre les cailloux clairs, Banville, jeune dieu des époques de lumière, Poète dont la voix tour à tour grave et douce Disperse le sourire, la joie et la lumière, Banville, sois béni entre les dieux du vers… Ta statue est bâtie au palais des oiseaux, Auprès des massifs frais de buis et d’anémones, Le socle dans la mousse et le front aux couronnes Que tressent les branchages et que mêlent les rameaux ; D’antiques marbres blancs se cachent sous les saules’ Où rêve ton sourire, où de sur ton épaule Chante le rossignol, face à face à tes eaux, Banville, dieu des strophes, du rire et des oiseaux !
Jeune, il l’aimait encore moins, s’il est possible. Quand j’ai dit qu’il n’avait jamais eu de passion et d’excès, je me suis trop avancé : il a eu, à un moment, un excès de raison ; cette poésie lyrique, alors toute jeune et florissante, il la niait, il la raillait, s’il nous en souvient, et ne la notait au passage qu’avec ironie. […] Mais surtout il est de ceux qui ont le plus contribué à guérir les jeunes générations de la maladie de René. […] Saint-Marc Girardin l’a définie mainte fois et combattue sous toutes les formes ; il l’a rencontrée et décrite particulièrement avec une expression frappante dans un jeune homme à qui saint Jean Chrysostome en son temps adressait des conseils et qui passait pour possédé du démon, dans le jeune Stagyre, premier type reconnaissable de cette famille des René et des Werther. […] Le rêve des jeunes prudents aujourd’hui, c’est de vivre, d’être préfet à vingt-cinq ans, ou représentant, ou ministre.
J’admire et j’applaudis de grand cœur avec la noble Chambre d’autrefois ce qu’il y a de jeune, de brillant, d’aventureux dans ce tournoi à outrance ; ce sont des exploits de tribune ; mais je me demande quels pouvaient être les résultats. […] Il faut bien des qualités, il faut même quelques défauts peut-être pour composer un grand orateur ; ou, du moins, quelques-unes des qualités de l’orateur, quand il débute très jeune, avant de devenir tout à fait des qualités, peuvent ressembler à des défauts. […] Jamais, sous prétexte d’avoir mis son humilité, une fois pour toutes, aux pieds du Saint-Siège, un jeune talent d’orateur ne s’est passé plus en sûreté de conscience ses facultés altières, piquantes, ironiques, et n’a joué plus librement de l’arme du dédain. […] Très frappé des pertes graduelles, croissantes, que faisait la foi catholique au sein des jeunes générations, et qui proviennent de tant de causes combinées, M. de Montalembert, pour couper court au mal, crut qu’il fallait en dénoncer toute l’étendue, et marquer au vif la séparation entre la partie saine et celle qui, selon lui, ne l’était pas. […] Il était allé, en 1843, à l’île de Madère, pour y chercher un climat propice à la santé de sa jeune femme ; il y travaillait, dans ses loisirs, à une Histoire de saint Bernard.
Mais je me souviens nettement que Flaubert me parla avec enthousiasme de son jeune ami et qu’il me lut, de sa voix tonitruante, une pièce qui figura, quelques mois après, dans le premier volume de Maupassant : Des vers. […] Et tout de même, comme il est jeune et qu’un sang de campagnard, de chasseur et de marin coule dans ses veines, il laisse voir assez fréquemment une prédilection pour les tableaux charnels soit qu’il porte en ces matières l’esprit du naturalisme antique, ou l’amertume pessimiste qui est à la mode depuis vingt ans. […] Déjà, dans Bel-Ami, M. de Maupassant nous avait dit le supplice de la femme qui n’est plus jeune et qui perd son dernier amant. […] Comment Olivier se met à aimer la jeune fille sans le savoir, et comment la comtesse s’en aperçoit et prend le parti désespéré d’en avertir son ami ; comment Bertin souffre d’aimer cette enfant — lui, un vieil homme — et comment la comtesse souffre de n’être plus aimée de ce vieil homme parce qu’elle n’est plus une jeune femme ; la lutte d’Olivier contre cette passion insensée et de la comtesse contre les premières flétrissures de l’âge ; et comment la jeune fille traverse tout ce drame (qu’elle a déchaîné) sans en soupçonner le premier mot ; et comment enfin les deux vieux amants assistent, impuissants, au supplice l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’Olivier se réfugie dans une mort à demi volontaire : voilà tout le roman.
Telle est principalement la destinée des jeunes poëtes. […] Il est donc naturel que les jeunes poëtes, qui, au lieu d’imiter la nature du côté que le génie la leur montre, l’imitent du côté par lequel les autres l’ont imitée, qui forcent leur talent, et le veulent assujettir à tenir la même route qu’un autre tient avec succès, ne fassent d’abord que des ouvrages médiocres. […] Notre jeune artisan, doüé de génie, se forme donc lui-même une pratique pour imiter la nature, et il forme cette pratique des maximes résultantes de la refléxion qu’il fait sur son travail et sur le travail des autres. […] Plusieurs témoins oculaires m’ont raconté, que Le Poussin avoit été jusques à la fin de sa vie un jeune peintre du côté de l’imagination.
Il a eu la justesse d’esprit de mourir jeune, ne trompant que par la mort une espérance qu’il aurait trompée autrement, s’il avait vécu. […] Écrivain qui n’est pas toujours correct, je l’en avertis, mais qui est brusque et familier dans le tour et dans l’expression, ce dont je le loue, qui a des besoins de force, mais qui n’a pas la force venue, la force qu’il aura plus tard, son mérite n’est pas actuellement dans son style, mais dans la fermeté avec laquelle il attache son jeune regard auquel les cils, je crois, poussent encore, sur ce flamboiement de l’enfer et sur cette lumière du paradis qui s’appellent également le Dante. […] Magnier a été plus long, et il devait l’être, sur le livre immense dont la beauté intellectuelle a créé au profit de la personne morale du Dante une si grandiose illusion ; c’est là que le jeune critique a ramassé tout son effort pour être juge, et il a jugé le livre. […] Selon lui, le Paradis est la partie la plus belle du poème, comme l’Enfer doit rester littérairement la plus populaire, et les raisons que le jeune lauréat a données de son opinion sont d’une solidité et d’une sagacité qui font bien présager de ce sens critique que je vois poindre en lui et qui est encore à l’état d’aurore.
C’est peut-être qu’il est resté jeune. […] Les héros sont un pasteur protestant et une jeune aveugle-née. […] Ces jeunes catholiques d’aujourd’hui ont des âmes d’inquisiteurs. […] Sans parler des plus jeunes parmi ceux que M. […] Pour les jeunes champions du mouvement dada, dont l’initiateur, M.
L’idéal de ses jeunes ans, la vie errante, aventureuse, s’exprime dans tous ses écrits avec plus ou moins d’âpreté de désir. […] Giraud s’est-il trop attaché à mettre en lumière les avantages de cette large éducation du normalien, du jeune professeur ? […] Ses amis des jeunes ans le jugeaient capable d’aboutir à ce noble ouvrage. […] Mais d’autres l’ont connu jeune, vaillant, et à l’époque où cette foi faisait chaque jour des miracles. […] Baudelaire n’est pas le seul poète à qui le jeune auteur ait fait vraiment payer tribut.
Ce fut ainsi que les confidences du jeune capitaine de la garde mobile se résumèrent dans l’esprit du directeur du journal. […] Ce premier pas ne permettait pas de présager le succès obtenu peu d’années après par le jeune écrivain. […] C’est à ses yeux la jeune littérature. Il y a dix ans qu’il a fait ce tableau, et déjà la jeune littérature qui lui apparaissait comme pleine d’avenir sonne le vide et sent le vieux. […] À cette page les yeux des jeunes femmes se mouillent de douces larmes.
Comment cette vocation historique si prononcée se forma-t-elle, et se rencontra-t-elle ainsi toute née au sein de la Cour et dans un si jeune âge ? […] Jeune page, il avait su plaire à Louis XIII par quelques attentions et de l’adresse à la chasse, en lui présentant commodément son cheval de rechange ou en rendant le cor après s’en être proprement servi. […] C’est de ce père déjà vieux et remarié en secondes noces avec une personne jeune, mais non plus de la première jeunesse, que naquit Saint-Simon en janvier 1675. […] Le jeune Saint-Simon est vertueux ; il a des mœurs, de la religion ; il a surtout d’instinct le goût des honnêtes gens. […] Il fait de De Saumery un argus impitoyable et un espion farouche auprès du duc de Bourgogne, et l’on sait, par une lettre de ce jeune prince à Fénelon, que c’était un homme dévoué et sûr.
» leur dit le roi, « n’entretenez pas cette jeune femme dans son erreur, jamais je ne fus son époux. […] Petit mutin, c’est donc ainsi que tu feras sans cesse le tourment de ces jeunes animaux, placés comme nous sous la protection de notre divin Gourou. […] si tu quittes ce jeune lion, je te donnerai un autre hochet. […] Qu’il brille donc de nouveau à ton doigt, comme une fleur éclatante dont se pare une jeune plante au retour du printemps. […] La scène s’ouvre par un dialogue conjugal, comparable au Cantique des cantiques de Salomon, entre le demi-dieu Rama et sa jeune épouse Sita.
Elle était jeune encore lorsqu’en 1801 un mal mortel la frappa. […] Son jeune frère, M. […] Jean Moréas marche suivi, dit-on, de cinquante poètes, comme un jeune Homère conduisant ses jeunes homérides. […] Un jeune poète, M. […] Son jeune maître, M.
Pittié, Victor [Bibliographie] Les Jeunes Chansons (1887). — Poèmes algériens (1900). […] Victor Pittié, en 1883, publia les Jeunes Chansons.