Il faut instruire, autant qu’on le peut, les jeunes Auteurs, par les disgraces de la médiocrité.
Ce jeune Poëte travailloit à une seconde Tragédie, lorsqu'une mort imprévue l'enleva au Théatre, où sa carriere auroit pu devenir plus glorieuse que celle de ses rivaux, pour peu qu'il eût eu le temps de perfectionner son génie.
Ce défaut, assez ordinaire aux jeunes Littérateurs, prend sa source dans une imagination trop vive ; car dans quelques esprits, il faut que l’imagination décroisse, pour que le goût se fortifie ; comme il faut, à l’égard de certains tempéramens, que le corps se dégraisse, pour devenir robuste.
Son Jeune Satyre qui s’amuse du sifflet de Pan a plus de gorge qu’une jeune fille.
Il veut peut-être concilier et assembler trop de choses, tenir trop d’éléments en présence et en équilibre, religion et philosophie, régularité et liberté, impartialité et émotion, stabilité et progrès, culte du passé et aspiration vers l’avenir… C’est après tout une noble ambition, l’ambition des esprits jeunes, même quand ils sont le plus modérés. […] Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter : J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous.
Le dernier recueil de Mme Desbordes-Valmore peut se placer à côté du premier ; il y a des choses aussi belles, aussi tristes, aussi passionnées, aussi jeunes : rare privilège, et qui ne saurait appartenir qu’à une âme intimement poétique et qui était la poésie elle-même ! […] Dans ce monde d’intrigues, de dissimulation, de faux amours et de haines mercenaires, où tout se vend jusqu’au génie, elle a conservé son génie pur de toute atteinte, sa renommée toujours jeune, et son cœur exempt d’occasions de haïr.
En cachant au jeune Télémaque l’assistance d’une Divinité toujours présente, il a l’art de ne rien dérober à sa gloire ; la vertu du jeune Grec en est plus vigilante & plus ferme, ses triomphes en sont plus glorieux & plus solides, ses dangers plus intéressans, ses succès plus flatteurs.
Le jeune enfant occupe le centre de la toile ; il est debout, il a le regard et la main droite tournés vers le ciel. […] Lorsque Denys d’Halicarnasse me tomba pour la première fois dans les mains, j’étais bien jeune ; j’avoue que ce grand homme, ce rhéteur d’un goût si exquis, me parut un insensé.
Pour un esprit comme le sien, pour un esprit jeune alors, animé, plein de sève, et par-dessus tout cela poétique (il venait de publier un volume de vers), c’était une charge, mais non une charge d’âme, que de continuer Sismondi, — Sismondi, l’historien érudit, si l’on veut, mais l’historien sans vie réelle, sans mouvement, sans chaleur, et l’un des écrivains de cette belle école grise de Genève qui, pour le gris, le pesant et le froid, a remplacé avantageusement Port-Royal ! […] » Et ailleurs : « Les traces qu’il gardait de ses occupations grossières, ses postures et ses formes pesantes, jusqu’à son énorme appétit, étaient un texte de moquerie pour la jeune cour.
Les splendeurs de cette salle étincelante, que la musique du roi remplissait d’harmonie, exaltèrent l’imagination des jeunes militaires, déjà disposés à l’enthousiasme. […] Marie-Antoinette saisit son fils dans ses bras, fait le tour des tables, le montre à ses jeunes officiers qu’elle enivre, qu’elle frappe d’un vertige chevaleresque.
Il va donc initier devant nous sa jeune enfant à la connaissance de l’homme et de la femme, — ces deux problèmes qui ont fait blanchir bien des poignées de cheveux aux moralistes quand ils ont voulu à eux seuls les résoudre, — et, père inquiet, faire balustrade à la petite pour qu’elle puisse sans danger se pencher sur ces deux abîmes ! […] Une leçon donnée en termes nets, qui pourraient bien faire lever de dégoût, dans sa poitrine virginale, ce jeune cœur divin de fille innocente.
Au moins il y avait là une idée, sinon un système, un essai de philosophie, malheureux, j’en conviens, défaillant, impossible à organiser, mais qui montrait dans les tendances de son auteur des besoins de zénith et d’horizon que sa pensée, ramenée sur la terre par la politique au jour le jour, ne connaît plus… Pelletan était jeune encore dans ce temps-là ; plein d’un enthousiasme, qui avait l’excuse de son inexpérience, pour des idées qui lui paraissaient généreuses. […] Il était enfin un des plus brillants jeunes premiers de cette démocratie qui ne s’est pas embellie en vieillissant, et dont je dirais qu’il est à présent un des pères nobles, s’il y avait des pères nobles en démocratie.
C’est un visage inattendu, quand on pense au temps où elle écrivait et surtout au temps où elle avait été jeune, — une physionomie qui tranche sur celles du xviiie siècle, toutes agitées, toutes molles et violentes, comme il convient à une société qui laissait évaporer ses mauvaises mœurs et couvait une révolution. […] — une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs, un cercle de jeunes femmes amies honnêtement enjouées… partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction, de la culture, des mœurs sans maussaderie avec le désir de plaire », la bonne compagnie recommencera et l’atticisme sortira de ses cendres.
Il n’y a guère de comparable dans un autre ordre que celui de Mademoiselle Rachel… Dès l’apparition du premier volume de La Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville fut, sans résistance et sans conteste, proclamé un jeune Montesquieu. […] Le hasard lui avait donné jusqu’à un titre, pour qu’il pût l’oublier… Il mourut jeune, c’est vrai, — mais il ne vit point baisser ce qu’il put très bien prendre pour de la gloire, et d’ailleurs il ne croyait pas mourir.
Le poète des Funambulesques écrivait prophétiquement à la date de 1857 (il était et nous étions alors dans le bleu) : « Sommes-nous sûrs que les chevaux indomptés ne viendront plus jamais mordre l’écorce de nos jeunes arbres ? […] En ces Idylles qui cachent des élégies, mais des élégies qui pleurent du sang, comme Le Jour des Morts, Les Femmes violées, Les Allemands, Le Jeune Prussien (je ne puis pas tout citer) ; dans ces Idylles où se rencontrent quelques notes simplement touchantes et tendres, ce qui vibre avec le plus de profondeur, c’est la haine, — la haine du Prussien, — et même encore plus (du moins dans ma sensation, à moi !)
Laurent Pichat, ce cygne des années lointaines qui s’est mis, comme un jeune coq, à chanter l’aurore qui se lève sur un monde nouveau le poulailler de la Démocratie, aurait, assurément, plus de grâce et de profondeur dans ses chants s’il chantait les heures crépusculaires, voisines de la nuit qui nous menace. […] Par exemple, Les Trois Cavaliers : Les trois cavaliers n’étaient pas très jeunes… et surtout, surtout, cette éblouissante magnificence qui s’intitule : Sur les cheveux, titre modeste pour une telle splendeur, voilée à la fin et s’éteignant dans la plus tendre et la plus triste des rêveries… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.
Un mari dupe de lui-même et une jeune femme innocente y sont joués et corrompus par l’intrigue d’un amoureux et d’un moine, dans un imbroglio et dans un dialogue dignes de Boccace. […] Un jeune écrivain politique de nos jours, M. […] XXVIII La république de 1848 en France s’était abstenue sévèrement de toute propagande armée ou désarmée chez les peuples libres de leurs formes de gouvernement ; mais Naples, agitée une seconde fois par l’esprit de 1820, avait conquis, avant l’explosion de la république en France, une constitution sur son jeune roi. […] Le jeune roi, qui l’épiait pour la surprendre en flagrant délit d’insurrection, marcha sur elle avec résolution ; ses troupes, dont il était l’idole, le suivirent ; il triompha en un jour, comme le roi de Suède Gustave, du parti qui avait voulu l’entraver. […] Le jeune roi, menacé de perdre sa nationalité et son indépendance sous l’envahissement sans bornes du Piémont, tient encore le royaume de Naples en équilibre ; l’esprit de nation lutte contre l’esprit de révolution : qui l’emportera ?
Mais le défaut d’exercice des organes, de même que la sélection, n’agit sur les individus que lorsqu’ils sont parvenus à maturité, c’est-à-dire à l’époque où ils sont appelés à jouer tout leur rôle dans la concurrence vitale, et n’a au contraire que peu d’action sur les organes des jeunes sujets. Il suit de là qu’un organe inutile ne paraîtra que peu réduit et à peine rudimentaire, pendant le jeune âge. C’est ainsi que le Veau, par exemple, a hérité d’un ancêtre éloigné, qui eut des dents bien développées, des dents qui ne percent jamais la gencive de sa mâchoire supérieure : or nous pouvons admettre que chez l’animal adulte les dents se sont résorbées pendant un certain nombre de générations successives, par suite du défaut d’usage ou parce que la langue, les lèvres ou le palais se sont adaptés par sélection naturelle à brouter plus commodément sans leur aide ; tandis que chez le jeune Veau les dents n’ont point été modifiées par le défaut d’usage ou la sélection et, en vertu du principe d’hérédité des variations à l’âge correspondant, elles se sont transmises de génération en génération à leur état fœtal depuis une époque éloignée jusqu’aujourd’hui. […] Un petit nombre de naturalistes, doués d’une intelligence ouverte et qui d’eux-mêmes ont déjà commencé à douter de l’immutabilité des espèces, peuvent être influencés par cet ouvrage ; mais j’en appelle surtout avec confiance à l’avenir et aux jeunes naturalistes qui s’élèvent et qui pourront regarder les deux côtés de la question avec plus d’impartialité. […] L’embryon vertébré manifeste dès le commencement un système de développement bien caractérisé et le jeune être ne prend, à aucune de ses phases fœtales, la forme de l’articulé, du mollusque ou du rayonné.