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1565. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

L’autre science, qui préexiste en nous, et qui est en nous une sorte de réminiscence des choses divines, est la science de ce qui est et ce qui doit être en soi-même, de ce qui est conforme au modèle intérieur divin des choses, le beau, le bon, le juste, le saint, le parfait, l’absolu, l’idéal, comme nous disons aujourd’hui.

1566. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Quand elles sont finies, on reconnaît ceci : que le genre humain a été rudoyé, mais qu’il a marché. » Le conventionnel, ajoute l’auteur, ne se doutait pas qu’il venait d’emporter l’un après l’autre tous les retranchements intérieurs de l’évêque ; celui-ci réclama cependant, timidement, indirectement, en faveur de Dieu.

1567. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Son visage, pénétré d’une béatitude intérieure et comme éclairé du dedans, n’avait jamais brillé d’une beauté si charmante et si pure.

1568. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Puis la, délicatesse devenant de plus en plus intérieure et spontanée, à mesure que se brisera le ressort des âmes, et que se videra le réservoir des énergies primitives, les formes se simplifieront, se détendront.

1569. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Avec quelle ardeur, au contraire, Descartes communique la vérité, et combien cette ardeur tout intérieure, que ne rendent suspecte aucun excès de langage, aucune affectation d’éloquence, est une première marque que ce qu’il tient si fort à communiquer aux autres est en effet la vérité !

1570. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

A la différence du théâtre espagnol, où l’art du poète consiste à dérouter cette logique intérieure, qui de certaines causes conclut par pressentiment certains effets, et à amuser l’imagination de l’embarras même où il jette la raison, l’art du poète, dans le théâtre antique, est de développer cette logique, et de faire profiter la raison des plaisirs de l’imagination.

1571. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Voilà Bacchus maître de l’intérieur de la terre, de cette région où l’antiquité révérait les racines sacrées de toutes choses : trésors des métaux et des pierres précieuses, fruits et plantes en germe, cultures et sépultures, effluves des antres et des trépieds prophétiques, lois immuables qui développent le monde et qui le portent comme des fondements.

1572. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Le symboliste Édouard Dujardin, fondateur de la Revue wagnérienne et de la Revue indépendante, inventeur du monologue intérieur, admirateur de Romain Rolland à qui il rend visite le 19 avril 1917, fonde en février 1917 Les Cahiers idéalistes français dans lesquels nombre des contributeurs d’Action publient.

1573. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Cet exemple nous indique le moyen de ramener tous les autres à l’analogie commune, en suppléant le sujet sousentendu de chaque verbe : poenitet me facti veut dire conscientia facti poenitet me, le sentiment intérieur de mon action me peine. […] Ainsi le mot voix n’est point homonyme, quoiqu’il ait diverses significations dans le sens propre & dans le sens figuré : dans le sens propre, il signifie le son qui sort de la bouche ; dans le figuré, il signifie quelquefois un sentiment intérieur, une sorte d’inspiration, comme quand on dit la voix de la conscience, & d’autres fois, un suffrage, un avis, comme quand on dit, qu’il vaudroit mieux peser les voix que de les compter.

1574. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

C’est à une sorte d’allégresse intérieure que les vieux prêtres reconnaissent l’élection divine chez les jeunes séminaristes. […] Wyzewa, le bon sens épais du vulgaire, l’esprit critique du savant et le rêve du poète ou de l’artiste enfermé dans son monde intérieur. […] Puisque le scepticisme a conduit, heureusement, je ne sais trop par quel chemin, M. de Wyzewa à la charité et à l’amour du prochain, qu’il laisse au moins à ses disciples assez d’esprit pour entendre le soliloque de leur cœur et la voix intérieure qui leur dira : « Prends ta part des souffrances du prochain. » Une âme jadis s’est prêtée mieux que toute autre à ces entretiens spirituels : celle de l’auteur de l’Imitation. […] Leurs yeux semblaient pleins de résignation, plutôt que d’horreur… À peine le premier souffle du matin faisait frissonner les voiles tendus sur les cours intérieures, qu’il apportait des maisons amies le chant grave des pleureuses.

1575. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

J’aimais tant à vous serrer la main ; et voilà que je ne pourrai plus vous la tendre. » Puis elle se radoucit en se refusant encore, avec quelque chose comme un frisson intérieur. […] La conviction lui manque un peu : cette conviction ardente du névrosé qui, quelque objet qui le tente, s’y jette de tout son être avec une sorte de trépidation intérieure.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

qui mettons-nous au ministère de l’Intérieur ?  […] dans nos petites monades intérieures, nous réfléchissons à souhait selon nos vœux, selon nos rêves, selon nos raisonnements les plus chers, des perspectives infinies : elles n’ont de réalité qu’en nous, elles s’évanouissent avec nous.

1577. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Si exceptionnel qu’il soit, un artiste subit tout comme un autre ses métamorphoses intérieures, ses besoins de renouvellement. […] Sa figure, son muet sourire, les demi-confidences de ses livres trahissaient une flamme intérieure, une passion dévoratrice, dont il s’imposait le devoir de ne jamais parler. […] Après un quart d’heure de promenade, nous nous arrêtons enfin, nous sommes au port… Toc… Toc… Un léger bruit à l’intérieur. […] Il pouvait être accusé par l’observateur inattentif de n’avoir pas de vie intérieure, parce qu’il n’avait pas de vie secrète. […] J’aurais beau connaître Paris dans tous ses recoins, avoir étudié sa vie et observé ses aspects, je ne saurais jamais rendre dans mes phrases cette vibration intérieure et caractéristique qui fait que l’on pense tout de suite en lisant une page  : « Comme c’est parisien, tout ça ! 

1578. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

C’est l’histoire d’un gentilhomme né pendant la Révolution, mort de nos jours, d’âme fière, de cœur tendre, de sensibilité délicate, qui conserve, purs de toute pénétration moderne, les croyances de sa jeunesse, les préjugés de sa race, et dont la vie intérieure, troublée, meurtrie, se déroule pathétiquement, à travers le siècle. […] Daudet, moins carrée de forme et plus restreinte de proportion, l’intérieur est plus soigné, plus habitable, plus intime. […] Elle avait un si bon air de paix intérieure, de joie familiale, il y avait autour d’elle tant de silence, tant de solitude douce, elle exprimait, sous ses très anciennes pierres, une vie si naïve, si édénique, que mon âme, soudain attendrie, fut conquise à de bucoliques extases. […] Il semblait que la vie d’un tel homme, voué à de si lointaines spéculations, résigné à se satisfaire par des joies intérieures, et qui ne gênait personne, ne disputant à personne sa part des honneurs et des succès volés, il semblait que cette vie silencieuse, cloîtrée dans le devoir et dans l’art pur, dût rester à l’abri de toute aventure, préservée de tous les heurts violents et publics.

1579. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Il en est pour elle des couleurs comme des lignes : elle ne se représentera pas plus l’intérieur d’un kaléidoscope que les mille côtés d’un chiliogone106. […] Robert de La Villehervé118, étude souvent puissante, vive et vraie toujours, La Ferme des Gohel et Les Hautes Manières, deux bons tableaux d’intérieurs normands, par M.  […] Il laisse seulement un livre de vers, La Cité intérieure, que ses amis publieront bientôt et qui le classera en un haut rang, et, avec ses contes philosophiques et ses poèmes en prose, la matière d’un livre de mélanges.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Selon moi, et après une étude dix fois refaite de Saint-Simon, je me suis formé de lui cette idée : il est doué par nature d’un sens particulier et presque excessif d’observation, de sagacité, de vue intérieure, qui perce et sonde les hommes, et démêle les intérêts et les intentions sur les visages : il offre en lui un exemple tout à fait merveilleux et phénoménal de cette disposition innée.

1581. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Son talent n’était qu’une lecture intérieure, une intuition renouvelée, qui faisait éclater le sourire ou couler les larmes quand il avait souri ou quand il avait pleuré.

1582. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Le quiétisme est une erreur de certains mystiques qui prétendent s’élever à un état de perfection indéfectible, dans lequel leur âme, unie à Dieu, ne fait plus d’actes distincts de foi ou d’amour, ne connaît plus les dogmes définis, n’emploie plus les prières formelles, ne désire plus le salut éternel, s’abandonne passivement à la volonté divine, à toutes les inspirations et suggestions de cette volonté : le pur amour des quiétistes aboutit, en théologie à l’indifférence aux dogmes, en discipline au mépris des autorités ecclésiastiques, en morale à l’abandon de tout l’esprit et de toute la chair aux suggestions de l’instinct intérieur.

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