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649. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

C’est en méditant sur l’ambition que je parlerai de tous les succès éphémères qui peuvent imiter ou rappeler la gloire ; mais c’est d’elle-même, c’est-à-dire, de ce qui est vraiment grand et juste, que je veux d’abord m’occuper ; et pour juger son influence sur le bonheur, je ne craindrai point de la faire paraître dans toute la séduction de son éclat. […] S’il est donc vrai que choisir le malheur est un mot qui implique contradiction en lui-même ; la passion de la gloire, comme tous les sentiments, doit être jugée par son influence sur le bonheur.

650. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Mais les deux cas diffèrent en ceci, que, si l’on ne peut démontrer l’influence du courant sur l’aiguille, on peut au moins se la figurer, et que nous n’avons aucun doute qu’on finira par résoudre mécaniquement le problème ; tandis qu’on ne peut même se figurer le passage de l’état physique du cerveau aux faits correspondants du sentiment. — Admettons qu’une pensée définie corresponde simultanément à une action moléculaire définie dans le cerveau. […] De plus, elle a pour elle les analogies et quantités de précédents ; car, ainsi que tant d’autres théories physiques et psychologiques, elle admet en ligne de compte le jeu d’optique, l’influence du sujet percevant et pensant, la structure spéciale de l’instrument observateur.

651. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Quelque admirée que la Franciade ait été à son apparition, elle fut sans influence : ce qui compte, ce ne sont pas les chants imprimés en 1572, c’est le dessein annoncé bien des années auparavant par Ronsard de tenter l’épopée, c’est la confiance unanime des poètes et du public qui, avec Du Bellay, le désignaient pour le souverain effort du poème héroïque, c’était l’admiration grave, le respectueux enthousiasme dont pendant tant d’années on entoura celui qui marchait dans les voies d’Homère et de Virgile. […] Par ses sujets, ses idées, son inspiration, il indique une déviation aristocratique de la Pléiade qui, sous l’influence italienne, et se vidant de plus en plus de sentiment pour faire prédominer l’esprit, aboutira à la délicatesse tout intellectuelle des Précieux.

652. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Le culte souvent aveugle des formes anciennes était le dogme fondamental de cette critique : et elle parvint à l’imposer à la légèreté indépendante de la société polie. l’homme qui nous représente éminemment l’influence des doctes sur le monde, l’homme qui fit plus que personne pour opérer la transformation des théories savantes en préjugés mondains, fut le bonhomme Chapelain291, qui se place entre Ronsard et Boileau, comme ayant fait faire un progrès décisif à la doctrine classique. […] Le soin de la forme, l’idée de la beauté furent maintenus par le respect des modèles grecs ou romains : grâce à cette influence, la littérature resta un art : et l’idée d’une vérité artistique, concrète et sensible, l’idée du vrai naturel et réel se superposa à l’idée de la vérité scientifique, nécessairement abstraite.

653. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Cette rhétorique modulera sur le thème sonore de l’altruisme, qu’on choisira comme principe, fond et unité de la vie, et qu’on imposera ensuite au voisin conformément aux habitudes d’influence si parlementaires et si françaises. […] Vingt « meneurs », dont la puissance est énorme, et dont ce livre nous dit le caractère, la valeur, la doctrine et l’influence.

654. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

On en est là, et l’on peut reprocher aux meilleurs travaux actuels des critiques biographes, deux défauts : les indications psychologiques qu’ils extraient de l’examen superficiel d’œuvres littéraires sont trop générales et trop peu précises pour être considérées comme scientifiques ; d’autre part, ils ont tort d’employer simultanément dans leurs essais et en vue de déterminer l’individualité d’un artiste, l’histoire de sa carrière, l’ethnologie, les notions de l’hérédité et de l’influence des milieux, avec l’analyse directe de ses œuvres. […] Le texte auquel Hennequin fait ici allusion est La psychologie morbide dans ses rapports avec la philosophie de l’histoire, ou De l’influence des névropathies sur le dynamisme intellectuel (Masson, 1859).

655. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Elle prévient l’esprit à la Postérité contre la Critique qui, — dit-elle, — l’a calomniée ; qui a toujours attribué à ses ouvrages une influence et une intention qu’ils n’ont pas. […] Elle dit sans cesse de telle ou telle œuvre : « Je la fis à bâtons rompus. » La conscience réfléchie de la chose qu’on fait ; l’idée vraie qui doit la dominer ; la mesure de son influence ; la caresse féconde de l’étude qui en approfondit la beauté ; le calcul de la route qu’on doit suivre pour arriver au but qu’on veut frapper ; toutes ces choses, grandes et difficiles, qui seraient l’orgueil et la force des plus nobles esprits, ne sont pas pour elle « du génie. » Tout cela est trop déduit, trop travaillé, trop voulu.

656. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Babou est né entre Toulouse et les Pyrénées, dans ce pays où la domination romaine a laissé des traces aussi profondément enfoncées que les casques, les épées et les grands ossements — grandia ossa — qu’on y retrouve dans le sol, et ce sont ces vestiges d’une influence païenne, qui ont résisté à quatorze siècles de christianisme, que l’auteur des Païens innocents a voulu peindre. […] Ce n’est pas tout que des aperçus inattendus qui viennent tout à coup casser les glaces dans lesquelles chacun vient bêtement mirer son absence de pensée, comme, par exemple, cette théorie de la volonté spirituelle opposée par Babou à cette idée déjà commune, déjà décrépite, de l’influence fataliste des tempéraments.

657. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Je crois que l’art est soumis à la loi morale, à laquelle n’échappe aucune manifestation de l’activité humaine, et qu’il y est d’autant mieux soumis que l’œuvre d’art est une œuvre d’enseignement, une leçon, un acte d’influence et de direction sur autrui. […] Nul ne saura jamais les lois de cette influence des choses, le secret de la dépression morale, de la tristesse ou de la joie, de l’énergie, de la grandeur et de la plénitude d’amour que nous recevons d’elle.

658. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

L'inconvénient de ces sortes de travaux est de trop abonder dans un sens et de voir partout des ressemblances et des influences au lieu de s’en tenir aux seuls courants généraux, les seuls après tout qui agissent un peu grandement.

659. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Si j’ai bien compris l’auteur de Marfa, il voudrait qu’après la psychologie des personnes on tentât l’étude de ce qu’il y a en nous d’étranger et de supérieur à nous, des influences fatales dont nous n’avons pas clairement conscience et qui ne deviennent intelligibles qu’à la condition de les observer, non plus dans des individus isolés, mais dans des successions ou des groupes d’êtres humains.

660. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Elles exercèrent chacune une influence spéciale sur les deux grands génies qui fondèrent chez nous l’un et l’autre genre dramatique : Pierre Corneille, le père de la tragédie, fut soutenu dans sa puissante initiative par la littérature espagnole ; Molière, le comique, s’inspira davantage de l’art de l’Italie.

661. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Dans ces différentes suppositions, l’hôtel de Rambouillet n’aurait eu que le tort de développer et de répandre l’esprit dont il aurait été infecté par des influences étrangères.

662. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Il ne souhaite tout au plus qu’une certaine influence de ses idées sur les esprits capables de les comprendre. […] Cela prouve que les plus fermes esprits n’échappent pas complètement aux influences scolaires. […] À l’influence de son tempérament s’ajoutait pour Taine celle de l’actualité, après 1870. […] D’où vient son influence ? […] Bergson ne prouve pas sa théorie du philosophe tombé du ciel et ne subissant aucune influence.

663. (1898) Essai sur Goethe

Si ce livre a quelque mérite, c’est celui d’être pensé librement et librement écrit, à l’abri des influences du fanatisme et de celles du dénigrement. […] Mais ils échappaient entièrement à l’influence de ses œuvres les plus récentes et ne se rattachaient à lui que par celles de la première manière, dont il se trouvait alors fort éloigné. […] L’influence de Shakespeare, celles de Herder et de la cathédrale de Strasbourg le détournèrent un instant de la voie entrevue : il eut sa crise romantique. […] Mais dans la première, sous l’influence d’une amie de sa mère qui s’appellait Mlle de Klettenberg, il avait traversé une période de mysticisme. […] À vrai dire, les lectures de Lessing et de Winckelmann, comme aussi les leçons d’Oeser, son professeur de dessin, déposèrent en lui les germes d’idées nouvelles ; mais ces idées ne devaient éclore que plus tard, sous des influences plus actives.

664. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et l’influence de ces maîtres n’a pas agi sur moi seul. […] Mais le prisonnier, sous l’influence d’idées nouvelles, voit ses chaînes tomber. […] Celui-là est encore pénétré de l’influence cartésienne. […] Sous ces influences nouvelles, fut instituée la musique romantique. […] Je me reproche parfois de voir partout, autour de moi, l’influence du comte Tolstoï.

665. (1914) Une année de critique

Franck avait aussi subi l’influence d’un autre maître, Rauh, qui m’était insupportable ; mais en littérature, presque tous nos goûts nous rapprochaient. […] Il avait subi des influences, et c’est à de mauvaises influences qu’il dut d’adopter trop souvent un vers dérimé. […] Pierre Loti a raison, quand il dit l’importance de nos impressions enfantines, et leur influence sur notre destinée ! […] On pourra ajouter que Lorrain, s’il eut passagèrement une influence haïssable, n’a point de postérité. […] J’ai noté l’heureuse influence de son esprit sur les jeunes gens qui s’en imprègnent.

666. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Trois influences générales dominent, au xvie  siècle, les esprits adonnés aux choses de l’esprit : c’est à savoir la Réforme, la Renaissance et l’Humanisme. […] Et depuis quand le roi des Romains y est entré, ils ont fait du roi comme ils avaient fait du lion ; et est la nature de ce peuple d’Italie de ainsi complaire aux plus forts. » Il a fait la plus grande attention à l’influence des climats. […] Mais le véritable secret de Rabelais n’est pas encore là, le secret de son succès, de sa gloire, de l’immense, dirai-je influence, de l’immense retentissement de son œuvre à travers les esprits tant français qu’étrangers, les plus différents du reste. […] Comme sa réforme religieuse a eu la plus grande influence sur la correction de la discipline religieuse catholique, son style aussi n’a pas laissé de contribuer à l’amendement du style ecclésiastique en France. […] Telles sont les principales influences qui ont agi sur Ronsard, et l’éducation littéraire que, tant dans ses années de claustration que dans la suite de sa carrière, il s’est donnée.

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