Beaucoup de vers en sont devenus proverbes ; mais les proverbes, qui sont des images dans l’Orient, ne sont que des maximes en Occident. […] … est une image interrompue qui emporte l’avare et le lecteur jusqu’aux extrémités de l’Océan, à la fortune ou à la mort. […] Y en a-t-il d’aussi riches en images appropriées au sens, et d’aussi vibrants d’harmonie ? […] Aucune langue, même la plus naturellement harmonieuse, n’est arrivée par la perfection du travail de ses plus habiles ouvriers (les poètes) à produire de pareils effets de musique et d’images. […] « Dieu fit l’homme à son image. » On pourrait dire encore : « Dieu fit toute chose à son image. » Or Dieu est le grand logicien par excellence.
On y verra l’image ébauchée de cette vie « nouvelle », que la jeunesse littéraire d’aujourd’hui se propose de plus en plus comme idéal. […] Depuis les temps les plus reculés, le poète est celui qui charme et qui instruit en offrant aux hommes une image artificielle de la réalité qui les entoure comme des passions qui les agitent. […] Une foule de pensées et d’images, de sensations et de sentiments, de vagues réminiscences ataviques et de beaux souvenirs de famille ou de patrie l’agitaient et le travaillaient obscurément. […] Des images riantes ou gracieuses s’opposent à des images d’horreur ou de violence. […] Des ressouvenirs de Watteau se mêlent aux images arcadiennes du Poussin.
J’étais revenu vingt fois, attiré par je ne sais quoi (c’était l’indéfinissable, ce qui attire le plus dans l’homme, dans la femme ou dans leur image). […] Tu rentres, et le matin suivant te trouve, avant la pleine aurore, au coin de ton feu flamboyant de sapin, devant ta table chargée de livres et de crayons, les yeux levés et rêveurs promenés sur l’horizon des montagnes, et cherchant lentement dans ta mémoire les images dont tu avais besoin pour peindre, dans ton poème, la félicité de l’homme. […] Les temples sont vastes et ornés, mais les images des dieux ne sont le plus souvent que l’assemblage incohérent de formes disparates. […] « Ces représentations, dont, à défaut d’autres monuments, nous retrouvons l’image sur des monnaies et des pierres gravées, contrastent avec les formes élégantes que ces mêmes hommes avaient su donner à leurs vases et avec le raffinement de leur goût en fait de luxe. […] Gaspari nous reçut comme des amis inconnus ; et, pendant qu’il envoyait son fils chercher une maison pour nous dans quelque masure encore debout d’Athènes, une de ses filles, Athénienne, belle et gracieuse image de cette beauté héréditaire de son pays, nous servait, avec empressement et modestie, du jus d’orange glacé dans des vases de terre poreuse, aux formes antiques.
Les tons, les nuances, les lignes que le pinceau peut seul reproduire, ils font cette gageure de les rendre sensibles avec des phrases écrites ; et c’est alors un labeur, un effort désespéré des mots pour prendre forme et couleur, une lutte du dictionnaire contre la palette, des phrases qui ont des airs de glacis, des substantifs qui sont des frottis, des épithètes qui sont des touches piquées, des adverbes qui sont des empâtements, une transposition d’art enragée… Les classiques, quand ils veulent peindre, emploient des mots abstraits qui évoquent d’abord un sentiment, puis une image, mais indéterminée «… Un horizon fait à souhait pour le plaisir des yeux », ou des mots concrets qui évoquent une image précise, mais sommaire et rapide : L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours. […] Rousseau, avec Chateaubriand, on voit les images devenir plus nombreuses, plus nuancées et plus poussées dans le détail. […] 22 Mais on aura beau faire, une page écrite ne sera jamais l’équivalent d’un tableau ; les mots, de quelque façon qu’on les accumule et qu’on les arrange, ne pourront qu’évoquer chez le lecteur, s’il s’y prête, une image approchante des objets qu’on lui décrit. […] Il y a dans lazzaronisme d’âme une image, et une image italienne, qui n’est pas dans nonchalance ou paresse. […] Madame Gervaisais, avec son style forcené, ne nous en offre pas moins, de la Rome catholique, une image extrêmement frappante et qu’on n’oublie pas.
Mais, si le langage naturel de la physionomie et des gestes est métaphorique, il ne faut pas croire pour cela qu’il se compose de symboles et d’images plus ou moins arbitraires, comme les figures de discours ou les signes conventionnels du langage humain. […] « Représentez l’horreur sur le visage, dit Mantegazza, et ajoutez-y des poings fermés : vous aurez l’image de la haine. » C’est que la haine est l’horreur tendant à détruire son objet. […] Ces images, loin d’être complètement artificielles, ont leur naturelle origine dans la constitution de notre sensibilité et dans le rapport des organes sensibles aux muscles moteurs. […] Aussi ce sont les images empruntées au toucher, à la résistance et à la force motrice qui sont les plus nombreuses et les plus expressives61. […] C’est l’image mécanique de la sympathie qui relie les divers organes de notre corps.
En général les Hatangueurs anciens sont babillards & verbeux ; mais ils le sont avec cette majesté, cette harmonie, cette vivacité de couleurs, cette abondance d’images qui fait tout pardonner. […] Mais ses peintures, quoique vives, sont sans images. […] La marche de cet Orateur est pleine de dignité ; ses plans sont clairs, méthodiques & heureusement exprimés ; ses images sont vives ; son ton est touchant & onctueux. […] Des images, des figures, de la magnificence dans le style, ce n’est pas l’éloquence, à proprement parler ; c’est plûtôt la poésie. […] La noblesse des idées, la variété des images, la pureté de la diction, tout annonce en lui un grand maître.
On accumule images sur images, hyperboles sur hyperboles, périphrases sur périphrases ; on jongle avec les mots, on saute à travers des cercles de périodes, on danse sur la corde roide des alexandrins. […] Abordez-la hardiment cette forme, déroulez ses volutes, regardez derrière ses images, et vous ne trouverez rien, rien : et si comme Polonius je vous demande : Que lisez-vous là, Monseigneur ? […] C’était l’esprit du bien, aveugles qui ne savez pas le reconnaître, et qui, renversant vos propres textes, créez votre Dieu à votre image ; c’était l’esprit du bien qui se répandait parmi les hommes et leur mettait entre les mains les instruments sacrés qui doivent défricher les plaines du fécond avenir ! […] » J’avoue que je n’en suis pas encore arrivé là ; mais je crois qu’il faut laisser les vieilles allégories, les vieilles histoires, les vieilles images dans la demeure vide des dieux détrônés. […] Quelques-uns croient avoir accompli toute leur mission lorsqu’ils ont savamment agencé des mots, assemblé de rayonnantes images et coloré leur style de toutes les nuances de l’arc-en-ciel.
Brizeux me fournit lui-même l’image en me rappelant, d’après Walter Scott, cette espèce de joute entre Saladin et le roi Richard. […] L’image est parfaite pour exprimer le genre de nerf, la vigueur ménagée et choisie, et un peu coquette de simplicité, dont souvent M. […] Dans les Chants alternés, dans les Cornemuses, dans la pièce à saint Mauto ou Malo, le même croisement de sentiments et d’images se produit avec bonheur. […] Sa poésie est ainsi toute pleine de bons sentiments qu’il propose, d’idées et de visées qui ennoblissent, d’images qui observent l’austère beauté.
Parmi nos sensations, les unes sont représentatives de l’univers, et sont les matériaux avec lesquels nous construisons le monde extérieur dont nous portons en nous l’image ; les autres ne sont pas (directement du moins et facilement) représentatives, comme certaines sensations musculaires, et, pour la plupart des hommes, les sensations d’odorat et de goût : ces dernières, les romantiques en abandonneront l’expression à leurs successeurs, et ils se contenteront des premières. […] Nous avons noté, dans la société du temps, des indices d’exaltation passionnelle, et de dépression mélancolique ; nous y avons vu se faire la liaison des images du monde extérieur et des dispositions intimes de l’âme. […] Il fallait avoir vécu loin des salons, et n’avoir pas subi le joug du discours latin, pour faire des mots la sincère et simple image de l’émotion ou de la sensation. […] Combinaison et facture des vers, choix d’images et artifices de construction, rien dans ce premier recueil ne rompait avec la tradition, sinon la puissance du talent qu’on pouvait déjà entrevoir.
Dans un œil dont l’éducation est complète, ces quatre choses : l’ajustement oculaire, l’étendue de l’image sur la rétine, la distance, la grandeur, se suggèrent les unes les autres. […] L’inclinaison des axes, accompagnée d’une image rétinale donnée, suggère d’abord la grandeur ; de la grandeur ainsi donnée et de la grandeur rétinale nous inférons la vraie grandeur. » Peut-être quelque intraitable adversaire de la métaphysique reprocherait-il à M. […] VI Jusqu’ici nous n’avons eu en vue que la résurrection, le réveil littéral des sensations, images, émotions, suites de pensées antérieures. […] Ici on unit de nouvelles formes, on construit des images, des tableaux, conceptions, mécanismes, différant de tout ce que l’expérience a donné auparavant.
Morvonnais est abondante, cordiale, salubre pour ainsi dire, pleine d’images heureuses et particulières de la nature, féconde en effusions mystiques : le fond a beaucoup de richesse et de fertilité ; la forme en est souvent indéterminée et quelque peu inculte. […] Marche donc, mon enfant, image du passé ; Ranime mon esprit qui, voyageur lassé, Se traîne vers l’hôtellerie.
Elles offrent en effet une tournure d’esprit agréable, de la finesse, des détails piquans, des comparaisons ingénieuses, des images riantes, un coloris brillant, une touche délicate & facile, & une peinture assez vraie des travers aimables qui caractérisent notre Nation. […] Sa Muse, à qui voudroit s’en former une idée, offriroit assez l’image d’une femme plus jolie qu’intéressante, sans cesse occupée à plaire, & plaisant en effet à ceux qui préferent l’Art à la Nature, l’esprit à la sensibilité, le ton pétillant & cavalier à la modestie & à la pudeur ; ou, pour se la peindre plus exactement, elle annonce le caractere & les manéges d’une Coquette, qui, au milieu de son changement perpétuel d’ajustemens, de fantaisies, de conversation & de cercle, a toujours la même façon de s’habiller, la même démarche, les mêmes manieres, le même jargon.
J’ai vu peindre La Tour, il est tranquille et froid ; il ne se tourmente point ; il ne souffre point, il ne halète point, il ne fait aucune de ces contorsions du modeleur enthousiaste, sur le visage duquel on voit se succéder les images qu’il se propose de rendre, et qui semblent passer de son âme sur son front et de son front sur la terre ou sur sa toile. […] C’est d’après ce dernier que nos neveux se forment les images des grands hommes qui les ont précédés.
Les mœurs pastorales du berger-prophète y sont retracées avec une naïveté terrible dans l’image des courroies avec lesquelles le laboureur lie ses bœufs, et du joug rejeté au loin par le cou des taureaux. […] » On voit, par cette répétition de la même image du sommeil à si peu de distance, combien elle lui avait paru naturelle et expressive à la fois pour figurer sa sécurité en Dieu, et combien il se complaisait à la reproduire presque dans les mêmes termes. […] « Si le pervers ne se repent pas, Jéhovah tend son arc et vise. » Il paraît ici que le poète, justifié et vengé, se complaît à chanter un cantique de reconnaissance, et l’on retrouve, avec quelques images plus suaves, les images grandioses du livre de Job dans cet hymne. […] Il célèbre l’immatérialité de Jéhovah pour apprendre au peuple à discerner l’idée divine de l’image et le culte visible de l’être invisible. […] » Théocrite est égalé par ces images ; mais dans Théocrite l’imagination seule est satisfaite.
Votre image m’a tenu compagnie dans la solitude, incessamment. […] Deux images contrastées s’expliquent et se complètent. […] Toujours l’image binoculaire. […] Bovary » et reconnaissait en cet homme son image agrandie. […] « Les images fulguraient comme des phares à l’horizon de sa vie.
Sainte-Beuve dans sa belle étude littéraire intitulée Chateaubriand : LXVI Il commence par comparer la belle image du cygne dans Chateaubriand à l’image du même oiseau qu’il trouve dans les premières Méditations poétiques. L’image en prose de Chateaubriand est admirable ; nous regrettons de ne l’avoir pas en ce moment sous les yeux pour la citer. […] « L’image du cygne, dit M. […] Qu’on se rappelle la mort de la jeune Napolitaine dans les Harmonies (le Premier Regret) : Mon image en son cœur se grava la première, Comme dans l’œil qui s’ouvre au matin la lumière ; Elle ne regarda plus rien après ce jour ; De l’heure qu’elle aima, l’univers fut amour ! […] Malgré le nombre et l’éclat de ses images, il ne fut pas poëte.
Il ne s’agit pas seulement d’avoir de bons yeux, ni myopes, ni presbytes, voyant de loin, voyant de près, voyant juste et rapidement, et une âme claire, qui ne déforme pas l’image ; il faut entendre par là une acuité de tous les sens, la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, une aptitude singulière à toutes les perceptions externes dont l’art peut tirer parti, et à laquelle se joint, ordinairement, la mémoire spéciale des images. […] Tout se réfléchit dans ces yeux-là, tout converge vers eux, s’y précipite en images successives, et ils retiennent tout. […] Quelle multitude d’êtres de fiction ont multiplié pour les passants de la terre les images et les attitudes de la vie ! […] Silence tragique et poignant, habileté du romancier qui jette dans l’imagination, comme l’a observé Scherer, « je ne sais quelle douloureuse incertitude, quelle image d’abandon infini ». […] Il dit du peintre Van Orley : « Vous trouvez en lui du gothique et du florentin… ici la pâte lourde et cartonneuse, la couleur terne et l’ennui de pâlir sur des méthodes étrangères ; là des bonheurs de palette, et la violence, les surfaces miroitantes, l’éclat vitrifié propres aux praticiens sortis des ateliers de Bruges. » Quelles images neuves, et quelle langue nouvelle aussi, combien forte !
Tel qu’un feu embrase les forêts et sur leurs épaisses cimes a répandu sa flamme, tel, dans ta colère et tes foudres, tu les as suivis, et tu as couvert leur face de honte. » Cet aspect du Dieu des armées, ces images empruntées aux souvenirs bibliques, sont dignes de la verve du poëte. […] » La langue du poëte, même pour redire ce bonheur céleste, ne saurait trouver que des images mortelles ; mais la passion dont il est inspiré est toute spirituelle et tout idéale. […] Mais, dans ces débris mêmes, le temps étale aux yeux de formidables spectacles ; et, devant ces images confuses, l’âme a entendu des cris de douleur. […] Plus l’âme se détache des sens pour contempler le juste et le beau, plus elle mériterait de n’entrevoir que l’image de l’idéal divin. […] Souvent elle retombe sous cette loi des images sensibles, qu’elle voudrait fuir et dédaigner.