Il a droit de nous intéresser, et comme roulant sur un objet utile, et comme un monument historique, qui peint également et l’esprit et l’âme de l’orateur54.
Avec le désir d’être sincère, vous eussiez fait un petit écrit qui pouvait avoir comme une valeur historique ; pourquoi avez-vous manqué une si bonne occasion ? […] Restif n’était pas encore dans ce sentiment de vérité historique que les citations que j’ai faites semblent indiquer, il a cru faire mieux en faisant plus que la nature, et son imagination aidant, il a outrepassé le but en croyant l’atteindre. […] Voilà des gens naïfs, spontanés, des esprits non historiques et qui se laissent aller à leur nature. […] Tu seras précipité du paradis du grand style dans le purgatoire du genre, et tu seras stigmatisé dans les dissertations historiques, techniques, pédantesques et aristocratiques dont la peinture idéale est la mère nourrice. […] À côté de cela, une partie historique et de théorie, la haine de David, l’amour de Gros, l’adoration exaltée de Ingres, le respect pour Delaroche, l’estime pour Vernet, Decamps accepté, Delacroix subi.
Nous voici en villégiature, dans un château historique de Touraine, parmi des gens titrés, armoriés, historiques aussi, qui ont pour devise : Dieu et le Roy ! […] La Révolution, vieille de cent ans, est assez lointaine pour devenir historique ; spectateurs et acteurs sortent un à un de la tombe pour redire le grand drame social et la prodigieuse épopée militaire qui, trente ans durant, étonnèrent, épouvantèrent éblouirent l’Europe de leur tragique splendeur. […] La résurrection littéraire du Ier Empire En a-t-on fait du vieux-neuf, durant notre siècle « historique ! […] Mais peut-être, au contraire, que cette irruption des fouilleurs d’archives sur l’empereur et son entourage est une preuve que le bonapartisme tend à devenir une opinion historique. […] Et durant cet intervalle, pièces de théâtre, épîtres, satires, romans, ouvrages historiques, une bibliothèque entière de pamphlets révèlent sous mille formes et à peu près sans relâche la passion tenace, ardente, infatigable de cet ennemi du dogme catholique.
Un problème historique à résoudre au sujet du roman. […] Guizot, rendu à ses études historiques par la politique, publia sur l’histoire d’Angleterre de nouveaux et importants travaux, dans lesquels ou retrouve l’esprit naturellement lumineux de l’historien éclairé par la pratique des affaires longtemps conduites par l’homme d’État. […] Nous mettons à part Victor Hugo, qu’on ne saurait ranger dans la catégorie des romanciers proprement dits, à cause de cette espèce d’universalité littéraire qui lui permet de toucher au drame, à l’épopée, à l’ode, à l’élégie, à l’histoire, et de la nature des Misérables, qui sont un poème, une invective historique, un pamphlet politique, une thèse philosophique et sociale, aussi bien qu’un roman. […] Au point de vue de l’art, les Beaux Messieurs de Bois-Doré constituent, de la part de George Sand, une excursion sur le domaine du roman historique ; le succès de la tentative est resté douteux. […] C’est pourtant devant cet amas de sophismes politiques, de déclamations creuses, de mots vides de sens, de solécismes historiques, que l’évêque courbe la tête.
Et, même un peu plus tard, dans son Essai historique, il est beaucoup moins sévère, et pour Chamfort et pour les autres. […] C’est l’œuvre d’un jeune disciple de Rousseau, qui a vu du pays ; c’est un poème épique ; c’est un roman historique et exotique ; c’est un conte philosophique ; c’est je ne sais quoi encore. […] Un paysage où se sont accomplis de grands faits historiques ressemble beaucoup à un paysage du même genre où il n’est rien arrivé. […] Ce voyage nous est présenté comme un événement tout à fait considérable, comme un épisode de la mission historique de l’auteur. […] Il croira avoir fait tout seul la guerre d’Espagne, et que la guerre d’Espagne est une sorte de prodige historique.
Le répertoire de Sainte-Beuve peut être considéré comme un véritable monument historique. […] Le bibelotage historique, l’anecdote, les petits papiers, devaient plaire à l’auteur de Port-Royal. […] Il n’était à l’aise que dans l’étude des publications purement historiques ou des publications d’histoire littéraire. […] C’est toujours le furetage historique, la biographie, les petits papiers, le renseignement, l’anecdote. […] Traitez le monde et la vie comme une collection historique.
» Un second aspect des Considérations, c’est celui des événements positifs et des jugements historiques que l’auteur y a appliqués ; on n’en saurait assez admirer la sagacité et la portée précise. […] Dans l’ordre secondaire des vérités historiques, il n’a pas ménagé les coups en tous sens et les paradoxes ; on sait trop le plus célèbre sur l’Inquisition espagnole, cette institution salutaire ; c’étaient des conséquences forcées qu’il tirait en haine du lieu-commun. […] Pour lui, le siège et l’instrument de la chose sacrée devait être manifeste et usuel, visible et accessible à toute la terre ; ce ne pouvait être que Rome ; et comme les objections abondaient, il se fit fort de les lever historiquement, dogmatiquement, et de tout expliquer : tour de force dont il s’est acquitté moyennant quelques exploits incroyables de raisonnement, moyennant surtout quelques entorses çà et là à l’exactitude et à l’impartialité historiques, comme Voltaire, Daunou et les autres détracteurs en ont donné dans l’autre sens ; mais les entorses de De Maistre sont magnifiques et à la Michel-Ange. […] En insistant outre mesure sur un sujet odieux et pénible que la déclamation avait exploité sans doute, et où peut-être il y avait des amendements historiques à proposer, M. de Maistre a trop oublié que, là où il s’agit de sang versé et de tortures, la discussion extrême, le summum jus a tort. […] Voir les Études historiques, chapitre de l’exposition « Le christianisme n’est point le cercle inflexible de Bossuet ; c’est un cercle qui s’étend à mesure que la société se développe… » 211.
Petit-Radel, a écrit fort savamment (je dirais peut-être un autre mot si ce n’était, lui aussi, un ancêtre) l’historique de l’établissement qu’il administrait. […] Naudé, si enfoui par le reste de ses œuvres, garde du moins, par celle-ci, l’honneur d’avoir apporté une pièce indispensable et du meilleur aloi dans un grand procès historique : son nom a désormais une place assurée en tout tableau fidèle de ce temps-là. […] Et encore (page 370) il enfile toutes sortes d’historiettes sur des réponses faites par bévue, et se moque en même temps de la rhétorique ; il y trouve son double compte d’enfileur de rogatons érudits et de moqueur des tours oratoires. — Il ne trouve pas moins son double compte de fureteur historique et de défenseur du Mazarin, lorsqu’il se donne (page 266) le malin plaisir d’énumérer tous les profits et pots-de-vin de l’intègre Sully, lequel « tira trois cens mille livres pour la démission, de sa charge des Finances et de la Bastille ; soixante mille pour celle de la Compagnie de la Reine-Mère ; cinquante mille pour celle de Surintendant des Bâtiments ; deux cens mille pour le Gouvernement de Poitou ; cent cinquante mille pour la charge de Grand-Voyer, et deux cens cinquante mille pour récompense ou plutôt courretage de beaucoup de bénéfices donnés à sa recommandation. » Et le fin Naudé part de là pour opposer le désintéressement du Mazarin ; mais il tenait encore plus, je le crains bien, à ce qu’il avait lâché en passant contre cette renommée populaire de Sully.
Les arcs triomphaux des anciens étoient donc des monumens historiques, et qui exigeoient une verité historique, à laquelle il étoit contre la bienséance de manquer. […] Enfin dans les quatre siecles qui se sont écoulez depuis Jules Cesar jusqu’à l’inondation des barbares, il y eut de suite plusieurs regnes tranquilles qu’on peut regarder comme le siecle d’or réel et historique.
L’historien… Je cite encore : « Sa philosophie historique est tout aussi élémentaire, et osons le dire, ne supporte pas mieux l’examen… » Il nous semble en effet inutile d’insister sur la valeur d’une critique historique pour laquelle les hommes sont semblables à ces figures inertes que fait mouvoir sur un échiquier, qui serait le monde, la main d’un joueur, qui serait Dieu. […] N’est-il pas étrange d’entendre glorifier par des Français, qui semblent, en d’autres cas, se piquer de pudeur et de conscience, celui qu’il est impossible, si l’on a quelque souci de la vérité historique, de ne pas considérer comme l’un des grands traîtres de notre histoire nationale, ce comédien sinistre qui conduisit allègrement la France à sa perte, à la musique de ses redondantes et creuses périodes de rhéteur ?
La connaissance de ce plan n’offrirait sans doute aujourd’hui qu’un intérêt historique si les dispositions en avaient été éliminées par d’autres. […] Ces allers et retours sont caractéristiques de l’État moderne, non pas en vertu de quelque fatalité historique, mais parce que le régime parlementaire a justement été conçu, en grande partie, pour canaliser le mécontentement. […] Il n’y a donc pas de loi historique inéluctable.
Les uns, de l’école d’Augustin Thierry, apportaient des vues historiques, originales, paradoxales même, neuves, — plus neuves peut-être que justes dans leurs premiers résultats, — mais stimulantes, pénétrantes d’aperçus et de recherches, et vivifiantes par l’esprit et pour l’avenir. […] Magnin, quelques-uns de loin en loin, sur les Études historiques de Chateaubriand, sur l’Histoire de la Renaissance de la liberté en Italie, par M. de Sismondi, un très bon article sur un drame du théâtre chinois traduit par M.
Villemain dans sa critique professée, ce qui lui constitue une grande place inconnue avant lui et impossible depuis à tout autre, c’est de n’avoir pas été un critique de détail, d’application textuelle de quatre ou cinq principes de goût à l’examen des chefs-d’œuvre, un simple praticien éclairé, comme La Harpe l’a été à merveille dans les belles parties de son Cours ; c’est de n’avoir pas été non plus un historien littéraire à proprement parler, et dans ce vaste pays mal défriché, dont on ne connaissait bien alors que quelques grandes capitales et leurs alentours, de ne s’être pas choisi un sujet circonscrit, tel ou tel siècle antérieur, y suivant pied à pied ses lignes d’investigation, y élargissant laborieusement son chemin, y instituant une littérature historique, scientifique en quelque sorte, ne reculant pas devant l’appareil de la dissertation, comme fait M. […] La gloire historique, qui, d’après l’exemple d’Augustin Thierry, le tente noblement, et qui est en effet le seul vœu d’agrandissement légitime qu’il ait à former, lui suggéra ce sujet et ces travaux, d’où il retira incidemment tant de profit pour sa critique littéraire.
En somme, Comte a pris pour le développement historique la notion qu’il en avait et qui ne diffère pas beaucoup de celle que s’en fait le vulgaire. […] Il en résulte que l’évolution du mariage lui paraît présenter une incompréhensible anomalie, puisqu’il croit observer la forme supérieure de l’union sexuelle dès les premières phases du développement historique, alors qu’elle semble plutôt disparaître dans la période intermédiaire pour réapparaître ensuite.
Vos héros, gens très singuliers, et fort peu historiques, grâce à vos changements de temps et de lieu, changent également de caractère. […] D’après cette décision et le certificat de la censure, je fis représenter mon drame historique qui obtint le plus grand succès.
Il est aussi érudit qu’un vieux savant et son érudition n’est jamais officielle : elle est curieuse, elle est recherchée, elle est originale, moins historique que légendaire, téméraire, hasardeuse, ce qui convient, d’ailleurs, dans le cas présent. […] Dans la légende de ce Moyen Age dont Hugo, qui a l’ambition d’être le poète historique, c’est-à-dire impersonnel, ne connaît guères que la moitié, ces choses que j’avais signalées comme oubliées dans les premiers volumes de La Légende des Siècles sont également oubliées dans les secondes.
Et quand la princesse veut lui envoyer un millier de louis pour prix de ses travaux historiques, quelle manière délicate et fine de repousser les bienfaits sous cette forme déjà surannée, sous cette forme qui n’est déjà plus française à cette date !
J’ai souvent entendu reprocher à la critique moderne, à la mienne en particulier, de n’avoir point de théorie, d’être tout historique, tout individuelle.