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894. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Il a, en poésie, les théories les plus hautes et les plus étroites. […] Je voulus la voir, car la thaumaturgie m’intéressait alors au plus haut point. […] Plus haut, d’autres lumières entourent la première plate-forme, puis la seconde ; et, plus haut encore, très haut, luit une couronne de feu qu’on dirait suspendue dans l’air. […] Nous rencontrâmes un grand troupeau de bœufs parqués au haut de la falaise. […] Il ne faut donc pas la percher si haut, sur un corps inutile, qu’on n’en puisse plus du tout distinguer les traits dans la noirceur du bronze.

895. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je remarquais plus haut l’étrange liberté vis-à-vis du public du romancier et du poète. […] La courbe de l’art dramatique, du haut Moyen-Âge à nos jours, n’est certes pas moins éloquente. […] Oui, avec le génie, il a la chance ; je disais plus haut : le bonheur. […] Si l’art est la plus haute expression de l’homme, de quel droit en chasser les sentiments et les pensées par lesquels il s’élève à Dieu ? […] Saint-Georges de Bouhélier dont les intentions très hautes ont été desservies par une grave insuffisance de moyens.

896. (1842) Discours sur l’esprit positif

Le concours décisif de ces divers motifs intellectuels serait, en outre, puissamment fortifié si la nature de ce Traité me permettait d’y signaler suffisamment l’influence irrésistible des hautes nécessités sociales, que j’ai convenablement appréciées dans l’ouvrage fondamental mentionné au début de ce Discours. […] Pendant tout le cours d’une telle élaboration, le contrôle permanent de cette vulgaire sagesse conserve d’ailleurs une haute importance, afin de prévenir, autant que possible, les diverses aberrations, par négligence ou par illusion, que suscite souvent l’état continu d’abstraction indispensable à l’activité philosophique. […] Cette double indication de l’aptitude fondamentale de l’esprit positif à systématiser spontanément les saines notions simultanées de l’ordre et du progrès suffit ici pour signaler sommairement la haute efficacité sociale propre à la nouvelle philosophie générale. […] Notre respectueuse admiration sera toujours bien due assurément à la prudence sacerdotale qui, sous l’heureuse impulsion d’un instinct public, a su retirer longtemps une haute utilité pratique d’une si imparfaite philosophie. […] Aucune supériorité personnelle ne peut vraiment dispenser de cette gradation, fondamentale, au sujet de laquelle on n’a que trop l’occasion de constater aujourd’hui, chez de hautes intelligences, une irréparable lacune, qui a quelquefois neutralisé d’éminents efforts philosophiques.

897. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Nous avons exploré en géologues un grand pays, depuis ses plus hauts sommets jusqu’à ses côtes, et, à travers tous les accidents du sol, nous avons reconnu une même assise qui supporte toutes les diversités du terrain. […] Il n’y a pas d’exception à cette règle ; la pensée la plus haute, la conception la plus abstraite y est soumise, par les mots ou signes qui lui servent de support. […] Bien plus, « si l’on place une goutte d’acide acétique sur le haut de la cuisse d’une grenouille décapitée, le membre postérieur se fléchit de façon que le pied vienne frotter le point irrité ». […] Au plus haut degré, dans les lobes, la sensation devient capable de réviviscence et s’appelle image. […] Tel est le type réel du centre nerveux ; c’est celui-ci qu’il faut concevoir à la place du type réduit que, pour la commodité de l’exposition, on a figuré plus haut.

898. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Sans doute, la barbarie de Shakespeare monte quelquefois plus haut dans ses drames tragiques, et y atteint à des hauteurs philosophiques au-delà desquelles il n’y a rien à éprouver qu’un frisson de chair de poule et une angoisse d’admiration ; là, on ne peut le comparer à rien, il dépasse tout et efface tout ; il est Shakespeare, le synonyme du sublime, l’entre ciel et terre du génie ; mais il ne semble s’être élevé si haut dans l’Empyrée de l’idéal que pour vous précipiter dans la boue et pour vous étourdir par la chute. […] Elle lui servit de secrétaire intime ; elle prit, avec lui, le goût de la haute littérature et de la philosophie naturelle. […] Rentré à Paris, il y adressa au roi un discours du haut de la scène, pour lui demander l’autorisation de jouer devant lui des divertissements scéniques. […] La pièce déplut au public, et charma Louis XIV ; il en félicita Molière, il était assez homme de goût pour y saisir les deux ridicules de la noblesse et de la bourgeoisie, il était placé assez haut pour se moquer de son peuple. […] Horace lui raconte les tendres regards d’Agnès du haut du balcon. « Quant à l’homme qui entretient Agnès dans cette maison, ajoute-t-il, on m’en a parlé comme d’un ridicule, ne le connaissez-vous pas ? 

899. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

… Non Gavarni, dans les légendes, n’a pas cette implacabilité, et les dires de Vireloque sont tempérés par une philosophie, à la fois bonhomme et haute. […] Il parle encore de son séjour, près d’un mois, sur les hauts plateaux, où dans ces altitudes, près desquelles le Mont-Blanc est une plaisanterie, il avait des saignements de nez, comme en ont eu Biot et Gay-Lussac, dans leurs ascensions en ballon. […] Au-dessus, au premier, existait et existe encore un grand appartement, qu’habitait ma tante, sous de hauts plafonds, pénétrant mon enfance de respect. […] Un jour, la préfète sort seule de la préfecture, et voici mon Césarin, qui lui offre le bras, et s’indigne tout haut et très drolatiquement du refus de la dame. […] Un intelligent haut de tête, des yeux clairs et voluptueux, un petit nez droit, un grain de beauté jeté au beau milieu d’une joue rose.

900. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Tout ange qu’elle est, Éloa est bien femme ; ce n’est qu’une nouvelle Ève créée par le Fils, comme la première l’avait été par le Père, et qui, comme Ève, tombe aussi, mais de plus haut et avec infiniment plus de charme. […] Encore une fois rien, si ce n’est faire acte de haute poésie. […] Bûchez et ses amis avaient remarqué au sein de la jeune école romantique la haute personnalité de M. de Vigny et avaient tenté de l’acquérir : il résista, mais il fut amené dès lors à s’occuper de certaines questions sociales plus qu’il ne l’avait fait jusque-là, et, quand il s’occupait une fois d’une idée, il ne s’en détachait plus aisément. […] Il est bon, pour bien comprendre la situation académique de M. de Vigny, de remonter un peu plus haut. […] Mais c’est déjà beaucoup d’avoir reçu le don et le rayon à une certaine heure, d’avoir atteint d’un jet lumineux, ne fut-ce que deux et trois fois, les sphères étoilées, et d’avoir inscrit son nom, en langues de feu, parmi les plus hauts, sur la coupole idéale de l’art.

901. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Messieurs, A notre dernier semestre, j’arrivais à un milieu d’année ; j’ai cru ne pas devoir m’adresser tout d’abord aux premières origines de notre langue, de notre littérature, ne pas devoir remonter si haut, attaquer mon sujet par ses hauteurs : les fruits à cueillir se seraient trop fait attendre. […] Dans les grandes villes, dans les centres et aux environs, dans le rayon de la puissance administrative et dans le cercle de la haute société gallo-romaine, on parlait latin ; dans les cantons écartés et hors des grandes voies romaines, les idiomes du pays, qu’on sait être si tenaces, devaient persister. […] Dans le tome III de sa Grammaire (publié à Berlin, en 1856) il a dit : « Je dois réclamer encore en faveur d’un autre de mes compatriotes (il vient de parler de Ménage), qu’on s’habitue aussi à traiter un peu de haut en bas, bien que tous ceux qui ont écrit sur les langues romanes aient puisé à pleines mains dans ses ouvrages : on voit que je veux parler de Raynouard. […] L’autre, dû aux notaires et aux moines, alors que les langues nouvelles commençaient à s’écrire, est dénué d’importance. » La haute période du bas-latin était une époque encore vivante. […] Maintenant, ce problème, qui en est un, à proprement parler, de haute chimie linguistique, je ne le traiterai pas à fond devant vous.

902. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Ce sont des Alpes sans neige ; quelques bouquets de sapins suspendus aux flancs des rochers y encadrent des pâturages d’herbes hautes et fines perpétuellement arrosées par la brume des nuages. […] Ce spectacle de l’industrie sédentaire de l’horloger, mêlé aux travaux champêtres du paysan des hautes montagnes, présentait un aspect de bien-être et de bon ordre qui faisait penser aux premiers temps du vieux monde. […] C’est là et dans quelques autres chalets du haut Jura français que j’appris à apprécier ce mélange heureux d’une profession pastorale d’été et d’une profession mécanique d’hiver, qui donne l’aisance et l’occupation à toutes les saisons. […] la voilà, dansant les cheveux, semés de fleurs des hautes montagnes, une ivresse qui a peur de sa joie, une lionne qui badine avec sa griffe naissante. […] Elle a noué autour de ses cheveux, à demi détachés, une couronne de fleurs sauvages d’un admirable éclat ; on y reconnaît les bleuets, les œillets rouges, les marguerites blanches, les pavots mêlés à des épis de folle avoine, toutes fleurs des hauts pâturages du Jura transportées par réminiscence sur le front de la fille des Abruzzes.

903. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Il la réveilla trop en sursaut par ses premières paroles et par ses premiers actes du haut de son trône. « Quand l’Italie fut debout, il ne sut qu’en faire. » Son patriotisme lui disait de la lancer contre l’Autriche. […] Il ne leur manquait qu’une place aussi haute que leur renommée dans la constitution de la république, pour être aussi utiles à leur patrie au dedans qu’illustres au dehors. […] On a vu plus haut qu’une révolution militaire avait tout à coup éclaté à Naples au mois de juillet 1820 ; une secte masquée, les carbonari, avait jeté hardiment son masque en Calabre, soulevé les régiments, marché sur Naples et proclamé la constitution d’Espagne. […] Ce qui est certain, c’est que le plus grand nombre de ses jeunes favoris militaires, fils des plus hautes familles du Piémont, furent les premiers à débaucher une partie de l’armée du roi et à proclamer la constitution espagnole, qui le détrônait moralement. […] Ce que nous voulons tout haut, nous le voulons tout bas ; ce ne serait pas une diplomatie sincère de la France vis-à-vis de l’Allemagne, qu’une diplomatie qui se proclamerait pacifique sur le Rhin, et qui vous pousserait à déclarer sous notre garantie une guerre d’agression sur le Pô.

904. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

La fille de l’heure présente n’est plus même cette lorette de Gavarni qui avait gardé au fond d’elle un petit rien de grisette, et consacrait un peu de son temps à amuser son cœur… Du reste, le bas monde de l’amour ne fait que refléter le haut monde de l’amour, ce monde où les femmes de la société commencent à prendre l’habitude de se faire entretenir. […] On parle de la femme d’un haut fonctionnaire, dont on n’a pu me citer le nom, qui a tiré de son gendre 30 000 francs sur la corbeille de noces et avec lesquels elle a acquitté les dettes de son couturier. […] Cet homme ; au premier abord un peu fermé ou plutôt comme enseveli au fond de lui-même, a un grand charme, et devient avec le temps sympathique au plus haut degré… Aujourd’hui, il nous disait que, lorsqu’il a voulu faire quelque chose de bien, il l’a toujours commencé en vers, parce qu’il existe chez lui une incertitude sur la prose, sur sa complète réussite, tandis qu’un vers, quand il est bon, est une chose frappée comme une médaille ; — mais il ajoutait que les exigences de la vie avaient fait des nouvelles en prose de bien des nouvelles, commencées par lui en vers. […] — mettent L’Artiste à mes pieds, Aubryet me salue comme un succès, m’adresse la parole comme à un grand homme, et moi-même, je me mets à lui parler comme du haut d’un piédestal. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres.

905. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

ne dites pas cela trop haut ! […] Quelques-uns déclarent tout haut que si cela durait plus de trois heures, ils ne pourraient rester. […] C’est le type, dans la disgrâce physique, de la grâce morale ; il y a chez cet apôtre du doute, la haute et intelligente amabilité d’un prêtre de la science. […] Mais remontons plus haut, revenons à de vieux souvenirs de famille. […] Il est aux pieds du fauteuil de Sacy qui lui parle par-dessus l’épaule, et dont le mépris enjoué a l’air de tomber de haut sur ce bizarre candidat romantique.

906. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

» Le soleil, qu’il aperçoit réverbéré sur les épaules d’une haute colline, le rassure un peu ; il regarde avec moins d’effroi on ne sait quel passage étroit et terrible qui est sans doute la mort : il ne le dit pas ; le sens est inintelligible ; puis, sans dire s’il a franchi ou non ce passage, il commence à gravir la colline. […] XIII Le sentier rampe en serpentant sous de hautes falaises de rochers éblouissants, qui fument, comme la gueule d’un four, sous les rayons répercutés d’un soleil d’été. […] — Vous ne pouvez affronter la haute mer qu’en suivant le sillon que je trace dans ces vagues qui se referment derrière moi !  […] Dante rencontre là une religieuse de Florence, nommée Piccarda ; il lui demande si les âmes reléguées à ce dernier rang du ciel désirent monter plus haut pour mieux comprendre et mieux aimer. […] Je vis », ajoute-t-il, « tout ce que l’univers renferme relié en un volume par l’amour. » Enfin il discerne, dit-il : « Dans la profonde et lumineuse substance d’un haut foyer, trois cercles de trois nuances et d’une même surface.

907. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Les vers veulent être lus tout haut beaucoup mieux que nous ne savons lire, et ceux-ci ont fait exception. […] Comme on se les arrachait, elle m’en mit un dans les mains, en me priant de le lire haut, là où elle l’ouvrirait avec son aiguille à tapisserie. […] La raison humaine est une chose courte et bornée ; l’émotion va plus loin, monte plus haut et voit dans l’infini. […] Il vient lentement, mais ceux qui sont placés pour le voir saluent sa venue du haut de la montagne. […] C’était une réaction d’énergie extraordinaire ; c’était une haute raison doublée d’une fierté transcendante et d’un respect de lui-même qui allait jusqu’au stoïcisme.

908. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ce n’est pas seulement la date qui produit ce caractère d’historicité, c’est, comme je le disais plus haut, que l’imagination et la sensibilité de l’époque ont changé. […] Elle habitait plus haut, parmi les œuvres immortelles. […]  » Il n’est que juste d’ajouter qu’il corrigeait cette critique par un éloge des hautes qualités de son rival en influence sur nous autres, jeunes gens. […] Les moins bien doués se résignent et renoncent aux hautes ambitions de culture. […] Aucun Français soucieux des hautes choses de la vie, ne lira ces lettres sans être réchauffé de la flamme dont cette âme fut soutenue et consumée.

909. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Taine, de Flaubert, étudier plusieurs cas de conflit entre la démocratie et la haute culture. […] Autrefois, au séminaire d’Issy, ces études me passionnaient au plus haut degré. […] Et cependant, cette félicité si haute lui eût été accordée, ce grand cœur solide se serait offert. […] La sagesse, d’après la philosophie dont j’ai indiqué plus haut le principe, réside dans l’acceptation de cette nécessité. […] Les condillaciens définissaient la langue une algèbre, et Beyle voulut écrire, je le disais plus haut, comme un algébriste.

910. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il mange haut et avec grand bruit ; il roule les yeux en mangeant. […] Pour la porter plus haut encore, Balzac la munit de toutes les forces de l’esprit et de la volonté. […] C’est alors qu’ils fondèrent Nauvoo, et que leur prospérité s’éleva au plus haut point. […] Ce sont là les exemples que du haut de la chaire on propose encore aujourd’hui à l’imitation des bouddhistes. […] Au centre et au-dessus du Mérou commence le ciel, d’abord le monde du désir, où habitent les dieux, qui comprend six cieux et en outre la terre ; plus haut le monde des formes, qui comprend quatre régions selon les quatre degrés de l’intuition ; plus haut encore le monde sans formes, qui aussi a quatre cieux.

911. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Mais les hautes considérations d’un Henry Bérenger ne cesseront jamais de captiver. […] Ils étaient mûrs pour les hautes actions ; c’est ainsi qu’ils s’y préparaient. […] Maurice Le Blond n’est pas un haut esprit. […] Certes, je comprends plus que tout autre les hautes visées de MM.  […] Nous étions tous confondus, afin de glorifier le poète dans son incarnation la plus pure et la plus haute.

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