Sandeau peint la passion avec franchise, avec liberté, sans crainte, sans pruderie, comme s’il lui attribuait le gouvernement de la société, et cependant, entraîné par la pente inexorable de sa pensée, il donne toujours gain de cause au devoir.
Le gouvernement lui-même s’occupe du peuple à ce point de vue, puisqu’il fait rechercher officiellement les poésies populaires.
C’est comme une rélation de voyage, où l’on ne garantit ni la bonté des moeurs, ni celles des idées des peuples qu’on décrit ; et comme on n’éxige point du voyageur qu’il louë la religion, le gouvernement ni la morale des nations dont il rend compte, on ne doit pas non plus éxiger du traducteur, qu’il louë les auteurs qu’il veut faire connoître, et qui peuvent avoir des utilitez curieuses, indépendamment de la perfection de leur esprit.
Il ne se contente plus de se glisser, quémandeur d’amour et de richesses, dans la demeure d’Orgon ; il laisse à de moins ambitieux le soin de ruiner et de sottifier ce bourgeois crédule ; pour lui, ce qui le tente, à l’heure qu’il est, c’est, ni plus ni moins, le gouvernement du monde et la direction des affaires publiques.
Il n’admet qu’une seule âme, l’âme immortelle, chargée en même temps du gouvernement corporel.
Je crois qu’il a exprimé cette simple pensée que « le véritable Amphitryon est l’Amphitryon où l’on dîne », et que le meilleur gouvernement est le gouvernement qui donne à boire aux magistrats municipaux.
Préface M. Ferdinand Brunetière, que j’aime beaucoup, me fait une grande querelle1. Il me reproche de méconnaître les lois mêmes de la critique, de n’avoir pas de critérium pour juger les choses de l’esprit, de flotter, au gré de mes instincts, parmi les contradictions, de ne pas sortir de moi-même, d’être enfermé dans ma subjectivité comme dans une prison obscure. Loin de me plaindre d’être ainsi attaqué, je me réjouis de cette dispute honorable où tout me flatte : le mérite de mon adversaire, la sévérité d’une censure qui cache beaucoup d’indulgence, la grandeur des intérêts qui sont mis en cause, car il n’y va pas moins, selon M. Brunetière, que de l’avenir intellectuel de notre pays, et enfin le choix de mes complices, M.
Solidaires, lorsque l’art est en cause, nous prions le Gouvernement de réfléchir. » Et, parmi la cinquantaine de signatures, l’on trouvait les noms de Daudet, Zola, Goncourt, Ohnet, Bergerat, Richepin, Becque, Bourget, Banville, de Porto-Riche, J. […] Albert Savine, l’éditeur-propriétaire de « l’Indépendante », homme très doux, lent et songeur, mais d’âme passionnée d’action sous la cendre du rêve, venait d’éditer le livre qui mettait en émoi le Gouvernement et le public : Comment on a vendu la mélinite.
Le premier, par des règles trop statiques, arrêtait l’élan du vers et, sous son gouvernement tyrannique, la césure frappa la poésie d’une monotonie désespérante.
On dit dans le sens propre, (…), prendre le gouvernement d’une province, en être fait gouverneur ; et on dit par métaphore, (…), être dans un emploi, dans une fonction, faire quelque entreprise. (…), tu t’es chargé d’une mauvaise comission, d’un emploi dificile.
Il en est en matière de critique comme en matière de gouvernement.
Enfin le prince de Conti, qui avait été obligé de quitter Paris au mois de mai pour se rendre dans la province de Guyenne, au gouvernement de laquelle il avait été appelé, en étant revenu au commencement de septembre, le recommanda à Monsieur, frère unique du Roi.
*** Messire Claude de Rubys, sieur de l’Antiquaille, procureur général de la commune, conseiller à la sénéchaussée de Lyon et au Parlement des Dombes, auditeur de camp au gouvernement du Lyonnais et échevin, prenait volontiers de l’humeur, à ce qu’il semble, et il y avait peut-être en lui assez d’étoffe pour faire un fripon.
L’éclectisme politique s’imposa à la longue aux gouvernements les plus absolus en apparence. […] Zola, la France et son gouvernement : « La république sera naturaliste, ou elle ne sera pas. » Le patriotisme lui-même (on s’étonne un peu de le voir mêlé à tout ceci) est intéressé au triomphe de l’art positiviste : « C’est en appliquant la formule scientifique qu’elle (la France) reprendra un jour l’Alsace et la Lorraine141. » En conséquence, travailler, peiner, tel est désormais le lot de l’écrivain, de l’artiste qui comprend sa mission.
Je crois que Caërdal approuve Salluste qui, écarté de la politique, déclare aussi belle que le gouvernement l’histoire. […] Si l’on s’en rapporte aux velléités et à l’instinct, si l’on se livre, corps et âme, à la subconscience, n’est-ce pas qu’on a renoncé aux principes clairs et distincts et qu’on échappe au net gouvernement de la raison ?
Je suis peuple… » Mais il n’a pas eu besoin d’opter, Messieurs, ou, si vous l’aimez mieux, un autre a opté pour lui : c’est ce jeune prince, qui va prendre en main, demain, à la surprise de tous, et de sa mère la première, le gouvernement de son royaume ; c’est Louis XIV en personne, galant et même rieur alors, mais qui sait et qui peut ce qu’il veut ; Louis XIV, bientôt entouré de ces Colbert, de ces Louvois, de toutes ces « espèces » dont la faveur, pendant cinquante ans, va faire écumer de rage ou blêmir de colère les âpres Saint Simons et les « aimables », les « souriants » Fénelons44. […] Là était la hardiesse et la nouveauté de Tartufe, si grande, Messieurs, que depuis Molière, aucun auteur dramatique, vous le savez, n’a osé là même chose, et, qu’en y songeant, aujourd’hui même, je ne pense pas qu’aucun gouvernement permît de jouer ainsi publiquement ni l’hypocrisie de la religion, ni l’hypocrisie du patriotisme, ni l’hypocrisie de la charité ou de la philanthropie.
Insulter Dieu en ce temps, où le blasphème est partout étalé, où il émarge au budget, où il trône en habits officiels sur les bancs du gouvernement, où il est devenu le credo des ministres et la religion des foules, où on le voit, ricanant la bouche tordue, sur les affiches, au coin de toutes les rues, ne voilà-t-il pas un beau courage et une belle originalité.
Que de gouvernements même sont tombés pour s’être abandonnés aux illusions de leur amour-propre !