René a toutes les ambitions, toutes les velléités ou les extrémités d’ambition ; il les épuise : qu’il traverse les choses ou qu’il les effeure, il se dégoûte vite, il pénètre le néant de tout, il s’ennuie, et cet ennui n’est peut-être au fond, à le bien prendre, que l’amour de la gloire littéraire et poétique à laquelle il croit plus qu’à tout le reste et qui ne le satisfera pourtant pas, quand il l’aura obtenue.
Le fier et laconique billet de François Ier, défait et pris à Pavie : « Tout est perdu, fors l’honneur », a été laborieusement extrait d’une lettre peu héroïque du roi par un historien qui a voulu jeter un peu de gloire sur la honte de la monarchie française.
Donc je vous le dis, — bien moins pour sa gloire que par amour des malades, des infirmes, de tous les malheureux que ronge un ulcère, qu’une tumeur dévore ou qu’une difformité humilie.
Édouard Fournier Tandis qu’il multipliait au grand jour, en s’en faisant gloire, les éditions de ses Messéniennes, si peu lisibles aujourd’hui, avec leur versification de l’Empire, où la phraséologie du rhéteur parle plus haut que le cœur du patriote, il cachait obscurément dans un recueil son admirable ballade l’Âme du Purgatoire ; dans le coin d’une note, sa romance de la Brigantine où Mme Pauline Duchambge la découvrit pour la mettre en musique ; et je ne sais où, son adorable pièce de Néra, que Scudo ramassait de même pour y appliquer une de ses plus pures mélodies.
que ma gloire est loin de sa candide aurore, Quand, sur le luth nouveau, le cœur novice encore Cherchait l’être naïf de son tourment secret !
Son compatriote, & son admirateur Ségrais, fit exécuter, en pierre, sa statue plus grande que le naturel, & graver sous un marbre noir ces quatre vers : Malherbe, de la France éternel ornement, Pour rendre hommage à ta mémoire, Ségrais, enchanté de ta gloire, Te consacre ce monument.
» Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse.
Celui qui agit, agit à la face d’un peuple ; souvent il est entre l’ignominie et la gloire : s’il ne s’illustre pas, il s’avilit.
De toutes les propriétés de la vie, la plus chère et la plus sacrée, c’est cet éternel patrimoine de la gloire ou de l’infamie, pour lequel il n’y a ni prescription ni exhérédation possible, et que nous léguons à nos enfants, sans qu’ils puissent jamais le répudier !
je me serais également fatigué de la gloire et du génie, du travail et du loisir, de la prospérité et de l’infortune. […] Son désespoir ne l’a pas empêché de vivre, et ne lui a fait dédaigner ni l’amour ni la gloire. […] Un pâle rayon de gloire posthume est venu visiter son tombeau. […] Le bonheur du foyer, la gloire, tout lui sourit. […] Certaines gens ne se lassaient pas de mettre leur gloire à paraître profondément tristes.
Le désir de la gloire est donc une forme de l’amour. […] Les amants de la gloire sont ce que les amants proprement dits se flattent d’être, des amants par-delà le tombeau. […] Il désire être immortel nominalement et c’est de là que naît l’amour de la gloire. […] — Sais-tu ce que c’est que les honneurs et la gloire ? […] Quand tu as parlé d’honneur et de gloire, sais-tu de quoi, en vérité et au fond, tu parlais ?
Assurément nous ne voulons pas enlever à Balzac la gloire d’initiateur. […] Mais la gloire est une de ces choses dont il montre trop qu’il n’ignore pas la vanité. Or, si ceux qui croient trop naïvement à la gloire sont facilement ridicules, en retour ceux qui en rient avec affectation ne l’obtiennent pas aisément. […] Mais les huit volumes qu’il a écrits suffiront à sa gloire. […] » et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s’avancer dans une gloire de poussière.
Il dut surtout sembler tel à de grossiers adulateurs ou à de lâches envieux ; et quelle gloire échappe à cette poussière que le char du triomphe soulève sur les chemins ? […] Qu’il rende plutôt gloire à Dieu ! […] Là est son œuvre, là est sa vie véritable, là est sa gloire ; tout le reste n’est rien ou peu de chose. […] Vous pourriez dire encore au peuple, pour le désabuser de certaines illusions dont il est avide : « Tu crois trop à la gloire, elle t’enivre, et tu ne connais pas assez la psychologie du talent. […] L’âge ou la maladie ne respecte pas la gloire.
Depuis près d’un siècle on nous a contesté, en littérature, toutes nos gloires. […] Jamais auteur n’est passé plus soudainement de l’obscurité dans la pleine gloire. […] Je suis ta servante… » Elle lui dit pis encore ; et elle s’en fait gloire. […] Flaubert, « la pourriture instantanée des choses sur lesquelles s’appuie la passion », et c’est ce qu’il allègue à sa gloire. […] … Qu’il me tarde déjà d’être au champ de la gloire !
Ceux-ci voyaient déjà en lui une gloire future de la maison, sans se douter que les leçons mêmes qu’il y recevait allaient l’en détacher pour toujours. […] C’est là sa gloire par excellence. […] Ce n’est pas diminuer sa gloire que de lui donner, entant de directions variées de l’esprit, le rôle d’initiateur. […] Il est arrivé plus tard à la gloire, à la fortune ; mais il n’a point oublié qu’il sortait du peuple et qu’il devait sans doute à cette humble origine quelques-unes de ses meilleures qualités. […] Ces six volumes resteront, je crois, dans l’avenir, le plus solide titre de gloire de Michelet, la partie la plus utile et la plus durable de son œuvre.
Le beau chant à la gloire de la Forêt, magicienne qui guérit les mauvaises passions et ennoblit ! […] Henry Carton de Wiart nous y reconduit au moyen d’un roman historique, La Cité ardente, étincelante épopée à la gloire de Liège. […] Albert Giraud possède les qualités d’un admirable joaillier, il reste trop insensible aux misères et aux gloires de la vie. […] Et porte en toi l’orgueil Et le tourment de ses jours de gloire et de deuil ! […] La Multiple Splendeur, « À la gloire du vent ».
Ils arrivent à la gloire et au pouvoir en 1830. […] Mais n’oublions pas que ce sont ces gens du monde, que ce sont surtout les femmes, qui ont fait la jeune gloire de Rousseau, de Chateaubriand, de Lamartine, qui l’ont imposée d’abord, bon gré mal gré, aux critiques et aux auteurs. […] La critique du jour, qui donne la notoriété, écrit le brouillon d’où, par une série de retouches, sortira la critique qui donne ou plutôt qui enregistre la gloire. […] À ces articles sont venus s’ajouter les prix, par lesquels des auteurs généralement arrivés en accouchent de jeunes à la gloire ; mais enfin un vote n’est de la critique que dans la mesure où un silence peut être éloquent : tenons-nous en à ce qui est écrit. […] Dans l’Orator de Cicéron, nous voyons Crassus nous dire très sérieusement, et comme si c’était, pour l’éloquence un titre de gloire, que, lorsque l’orateur se trouve obligé de parler d’une science qu’il ignore, il n’a qu’à consulter ceux qui la connaissent, et il en parlera alors beaucoup mieux qu’ils n’en eussent parlé eux-mêmes.
Mais voici qu’en pleine apogée de ; gloire et d’argent, ce qui ne fait qu’un à notre époque, un murmure de désapprobation s’élève. […] Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle qui va d’un bout de l’animalité à l’outre sans haut ni bas, sans beauté ni laideur et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges qu’une langue sort enrichie de « ces bains de force et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde tiré, de la honte où on le cache, remis dans sa gloire sous le soleil. […] C’est surtout « l’acte sexuel qu’il faut tirer de la honte où on le cache », pour le remettre dans sa gloire sous le soleil. […] Le poète sublime, Victor Hugo, partage leur gloire sans l’effacer. […] Il faut que nous cessions d’établir la réputation, la fortune, la gloire d’écrivains sans idées et sans grandeur.