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1476. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Monotonie si générale du reste, si insuportable, qu’on ne scauroit y tenir un peu de tems, sans avoir envie de bâiller.

1477. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Mais rend-on responsable de L’Amer Boulanger le « brav’ général » de Clermont-Ferrand ?

1478. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

On y observera l’ordre hiérarchique des connaissances et des génies, et c’est pour cela qu’on commence aujourd’hui par ce qu’il y a de plus général dans la pensée : les Philosophes et les Écrivains religieux.

1479. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Une foi nouvelle s’est fait pressentir à eux : ils s’attachent à cette perspective ravissante avec enthousiasme, avec conviction, avec résolution… Supérieurs à tout ce qui les entoure, ils ne sauraient être dominés ni par le fanatisme renaissant, ni par l’égoïsme sans croyance qui couvre la société… Ils ont le sentiment de leur mission et l’intelligence de leur époque ; ils comprennent ce que leurs pères n’ont point compris, ce que leurs tyrans corrompus n’entendent pas ; ils savent ce que c’est qu’une révolution, et ils le savent parce qu’ils sont venus à propos. » Dans le morceau (Comment les Dogmes finissent) dont nous pourrions citer bien d’autres passages, dans ce manifeste le plus explicite et le plus général assurément qui ait formulé les espérances de la jeune élite persécutée, M.  […] Jouffroy, c’est bien de tout voir de la montagne ; s’il envisage l’histoire, s’il décrit géographiquement les lieux, c’est par masses et formes générales, sans scrupule des détails, et avec une sorte de vérité ou d’illusion toujours majestueuse […] Les résultats les plus généraux de ses méditations à ce sujet sont consignés dans deux leçons d’un cours particulier professé par lui en 1826 (de l’État actuel de l’Humanité).

1480. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il fut aussitôt enlevé de sa résidence ; puis, seul avec le cardinal Pacca, pro-secrétaire d’État, sans un domestique, sans personne des siens, — on ne permit ensuite qu’à un petit nombre de le suivre, — on le jeta dans une mauvaise voiture, sur le siège de laquelle le général français avait pris place. […] Consalvi avait donné à ce frère du général français, émigré à Rome pendant la terreur et après, toute la protection papale à sa disposition. […] Les longs rapports qu’il avait eus dès sa jeunesse avec les hommes d’État de tous les gouvernements, à commencer par le prince régent, avec Canning, Stuart, Castlereagh, en Angleterre ; Talleyrand, Fouché, Napoléon, en France ; Gentz, Hiebluer, dans le Nord ; l’empereur Alexandre, de Maistre, en Russie ; Capo d’Istria, en Grèce ; Cimarosa, à Naples, le grand musicien, ami et successeur de Mozart, prédécesseur de Rossini ; Pozzo di Borgo, Decazes, sous la restauration ; Matthieu de Montmorency, le duc de Laval, Chateaubriand, Marcellus, dans l’ambassade de France à Rome ; Metternich et son école, en Autriche ; Hardenberg, en Prusse : lui avaient enseigné que le vrai christianisme se compose, sans acception, de ces idées générales qui, sans se formaliser pour ou contre tel ou tel dogme, généralisent le bien, la civilisation, la paix sous un nom commun, et font marcher le monde pacifié non dans l’étroit sentier des sectes, mais dans la large et libre voie du progrès incontesté sous toutes ces dénominations.

1481. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Anaxagore explique le mouvement apparent de la sphère céleste, dirigée de l’Est à l’Ouest, par l’hypothèse d’un mouvement de révolution général dont l’interruption, comme on l’a vu plus haut, produit la chute des pierres météoriques. […] « Avant de passer aux considérations générales, il nous paraît bon de nous arrêter, un moment, à un cas particulier, et d’étudier, dans les écrits d’un témoin oculaire, la vive impression que peut causer l’aspect inattendu d’un phénomène de ce genre. » VIII « Lorsque je quittai l’Allemagne pour retourner dans les îles danoises, dit Tycho Brahé, je m’arrêtai ( ut aulicæ vitæ fastidium lenirem ) dans l’ancien cloître admirablement situé d’Herritzwald, appartenant à mon oncle Sténon Bille, et j’y pris l’habitude de rester dans mon laboratoire de chimie jusqu’à la nuit tombante. […] De ces parasites, les uns ressemblent à des câbles composés de plusieurs torons ; les autres ont un gros stipe contourné de mille façons, qui s’enroule comme un serpent autour des troncs voisins, et va former entre les grosses branches des œils-de-bœuf ou des replis gigantesques ; d’autres encore courent en zigzag ou sont dentelés comme les marches d’un escalier qui monterait à une hauteur vertigineuse. » XIX « La faune offre, comme la flore, une propension très générale à devenir grimpante.

1482. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Bien des années plus tard, le Traité des lois civiles le ravit, parce qu’il y trouva une théorie et les principes généraux du droit, et il célébra Domat comme « le restaurateur de la raison dans la jurisprudence ». […] Pradon ne nous en dit pas plus, avec plus d’aigreur, quand dans de mauvais vers oubliés, il représente « les Messieurs du Sublime », une longue rapière au côté, importunant les généraux, moqués des soldats, notant sur leur carnet des termes de l’argot militaire, ici jetés par leur cheval dans un noir bourbier, là tirant de longues lunettes pour regarder l’ennemi de très loin. […] La surdité, l’hydropisie, un affaiblissement général l’affligèrent.

1483. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

A la science revient de plus en plus la constatation des faits particuliers et généraux, la recherche des effets et des causes, la critique des textes, des dates, des documents ; à la littérature le souci de l’arrangement, des proportions, du style. […] L’esprit scientifique, partout où il pénètre, apporte avec lui l’habitude de rechercher le comment et le pourquoi des choses, l’effort pour établir un enchaînement serré de causes et d’effets, le dessein de condenser une quantité de faits particuliers dans une formule générale, le désir de découvrir des lois constantes dans la suite des phénomènes. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée.

1484. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

On parle du discours de Clemenceau, à la fin duquel l’orateur était très fatigué… Une conversation générale, où l’on entend la voix tendre du gros Spuller, disant à Berthelot : « Il a trouvé dans le cerveau de notre grand ami, une finesse… » Et les apartés se taisent, et l’on écoute Spuller parlant de son grand ami mort, avec un peu de la religion d’un amoureux. […] Le ciel de Paris avec ses bleus délavés, la pierre grise des maisons, l’affiche en ses coloriages, tirant l’œil dans le camaïeu général, c’est merveilleux ; et dans ce tableau encore les figures ont le format qu’il faut au talent du peintre napolitain, le format de grandes taches spirituelles. […] Mardi 20 novembre Ce soir, au dîner de Brébant, existe le sentiment d’une conflagration générale au printemps, au milieu de laquelle la Prusse nous tombera sur les reins.

1485. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Le véhicule des idées générales était créé et il s’appelait la littérature française. […] Sous le moyen âge, la raison générale était ecclésiastique ; elle voulait devenir laïque, elle tendait, pour employer le mot des juristes, à la grande sécularisation de l’esprit humain. […] Démosthène et Cicéron ne parlaient que pour eux, de leurs affaires ou de leur nation : nous parlions pour l’humanité tout entière ; notre affaire était l’affaire de la raison générale, la cause de l’homme et de l’esprit humain.

1486. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Ce qui revient à dire que si quelques vérités, très générales, demeureront éternellement les mêmes, — et ce sont celles qui n’expriment pas tant les lois de la nature des choses que la constitution de l’esprit humain, — la science, bien loin d’être exceptée de la loi du changement, ne peut donc progresser qu’en changeant, comme aussi bien toutes les choses humaines ; et c’est ce que l’on entend quand on dit que du « point de vue statique », le positivisme a fait passer le concept de science au « point de vue dynamique. » Elle n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était hier : elle n’est pas aujourd’hui ce qu’elle sera demain. […] Cette rencontre de la nature et de l’homme dans la construction des mêmes engins, sans qu’on puisse dire que l’homme ait copié la nature, et encore moins que la nature ait pris modèle sur l’homme, est une des meilleures preuves que le système de nos sciences est bien fondé sur ses raisons naturelles, indépendantes des conceptions et des artifices de l’esprit humain7. » C’est ce qu’on a exprimé d’une autre manière, plus générale, en disant que « partout où il y a du sensible » il y avait toujours de « l’intelligible qui y correspond8. » Est-il, après cela, bien utile de compliquer le problème à loisir ? […] Il faut qu’il y ait du corps, et des fluides, une définition fixe, et une notion commune, générale, universelle.

1487. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Mon général était là tout à l’heure, je croyais avoir pris mon voleur. […] Y a-t-il donc rien de plus précis que ces sensations même générales, primitives, pour l’esprit même non encore agrandi, non encore débrouillé ? […] Une complaisance générale, c’est là l’idée avec laquelle vous voulez discuter ! […] Dès qu’il élève la règle du moment à la hauteur d’une loi générale, il se précipite infailliblement dans l’erreur. […] Comment donner une teinte générale à une page, à une phrase même, est-ce en employant des termes techniques ?

1488. (1886) Le naturalisme

L’indifférence générale met de côté leurs œuvres, sinon leurs noms. […] Du reste, ni Chateaubriand, ni Victor Hugo, ni Lamartine ne firent du roman un article de consommation générale, fabriqué au goût du consommateur. […] Quand il publia l’Assommoir, la levée des boucliers fut générale. […] Le lecteur n’ignore pas combien les jugements généraux en matière de morale sont parfois sans fondement et erronés. […] Que l’innombrable famille des romanciers d’au-delà du détroit me pardonne si je suis injuste en parlant de leur décadence générale.

1489. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

C’est qu’il lui faut étonner les marquises, les fermiers généraux et les philosophes. […] Il faut substituer la loi à l’homme ; armer les volontés générales d’une force réelle, supérieure à l’action de toute volonté particulière. […] La volonté constante de tous les membres de l’État est la volonté générale ; c’est par elle qu’ils sont citoyens et libres. […] Qu’est-ce donc que la « volonté générale » ? […] Mais qui décidera ce qui est conforme, sur tel point, à la volonté générale ainsi entendue ?

1490. (1925) Dissociations

Vient l’âge mûr, qui le mène jusqu’à soixante-dix ans et au-delà, parfois jusqu’à l’âge de Mathusalem. « Il est tout jeune, disait un général d’un de ses collègues, tout jeune. […] Comme fait mesurable, le Progrès général est évident. […] Quand un général, même un simple officier, s’était distingué par ses services, par un acte de dévouement, l’empereur, à sa mort, le nommait génie de telle montagne, telle forêt, tel fleuve. […] Je sais bien que les forêts sont soumises à un mauvais régime foncier, mais ne pourraient-ils consentir à un léger sacrifice pécuniaire, quand il s’agit d’entretenir des domaines si beaux et si utiles au bien général ? […] Néanmoins, on reconnaîtra que cette dernière histoire est assez caractéristique d’une incapacité générale qui va de l’art à la maçonnerie, à la menuiserie et au choix même des terrains et des matières premières.

1491. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Nisard, Pline l’Ancien : bonne traduction, bonne notice, point de vue juste, élevé, mais général, et d’où les mille difficultés de détail qui se rattachent au livre ne sont pas abordées. […] Ici, on se heurte, quand on s’attache absolument à lui, à des singularités qui compromettent les résultats généraux qu’on serait d’ailleurs assez disposé à accueillir. […] Comte, ç’a été, je l’avoue, un inconvénient littéraire : toutes ces idées générales qu’il déduit d’après le penseur solitaire et dont il lui fait honneur me paraissent le plus souvent vraies ou plausibles, et même grandes, quand il me les traduit et me les interprète ; mais les citations textuelles, toutes les fois qu’il en introduit, répandent du sombre et du terne à travers ses pages. […] Que si le système adopté par lui l’a conduit à forcer un peu dans l’application certaines lois dont le sens général est vrai, à mettre parfois trop d’ordre et de régularité dans l’étude qu’il a faite des éléments divers du passé, n’est-ce pas là une faute heureuse et préférable au défaut contraire, et n’est-il pas infiniment mieux d’avoir introduit un peu trop d’ordre dont on peut toujours rabattre, que d’avoir laissé subsister une confusion d’où l’on ne serait pas sorti ?

1492. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

« Je désire que vous examiniez bien ces livraisons, a-t-il dit, et que non seulement vous en fassiez une table analytique générale, mais que vous indiquiez aussi quels sont les sujets qui ne peuvent pas être considérés comme entièrement traités ; par là je verrai quels sont les fils que je dois ressaisir pour continuer le réseau. […] J’ai connu ces troubles dans ma jeunesse par moi-même, et je ne les dois ni à l’influence générale de mon temps, ni à la lecture de quelques écrivains anglais. […] J’embrassais les choses d’un coup d’œil général, et je savais où je me dirigeais. […] Il parut content de ces réponses, qu’il traduisait dans son langage, en leur donnant plus de précision que je n’avais pu leur en donner. — Comme remarque générale, je dirai que dans toute cette conversation j’eus à admirer la variété de ses paroles d’approbation : rarement, en écoutant, il restait immobile ; il faisait un mouvement de tête significatif, ou disait : oui, ou : c’est bien, et d’autres phrases de ce genre.

1493. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Il l’est parce que les auteurs de manuels ont un esprit routinier qui les pousse à préférer ce qui est vieux, habituel, convenu, consacré, et parce qu’ils pèsent longuement, lourdement sur l’opinion générale. […] Et parler du « stupide xixe  siècle » c’est faire œuvre de partisan exactement selon le même esprit (mais à rebours) que Pierre Larousse, qui tient que Louis XIV chantait faux et que Bonaparte est un général français mort à Saint-Cloud le 18 brumaire de l’an VIII. […] Ne voyez là, — parmi tant d’autres, — que l’un des signes, mais, à vrai dire, des plus graves, de l’incapacité où nous sommes présentement de ne point confondre la littérature et, d’une manière plus générale, l’art avec la morale, la politique et même la théologie. […] Les connaissances sommaires, dues aux manuels universitaires que ne commentent qu’avec prudence des professeurs insuffisamment avertis, suffisent à la curiosité générale, en même temps qu’aux exigences des examinateurs.

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