Puis l’on cause des uns et des autres… Daudet s’avoue beaucoup plus frappé du bruit, du son des êtres et des choses, que de leur vue, et tenté parfois de jeter dans sa littérature des pif, des paf, des boum. […] Donc, nous nous sommes mis à causer toilette, et, elle me conte l’origine de cette mode, elle m’apprend que le docteur Tardieu, ayant été visiter une fabrique de potasse, avait été frappé du ton de la chevelure des ouvriers et des ouvrières. […] Des reflets de cette étendue immense d’eau, comme des reflets d’un miroir frappé de soleil, la rive, les arbres, la villa, sont tout brillantés des éclairs d’une lumière courante. […] * * * — À propos d’élections, et des statistiques fournies, ces jours-ci, par de simples gendarmes, j’ai été frappé de la certitude, pour ainsi dire, de la prophétie du renseignement sur les votes. […] Je suis toujours frappé des énergiques dessins, que donne la trituration de l’industrie, dessins que personne n’a tenté de faire.
Arbre bleu, frapper, établissent des catégories génériques qui ne correspondent qu’à un aspect abstrait du monde ambiant. S’il s’agit, pour un littérateur, de désigner un arbre particulier, une nuance précise de bleu perçu, une façon de frapper, il n’y parvient qu’en accouplant à grand’peine une série de mots toujours génériques mais qui se bornent réciproquement et, à force de se préciser les uns les autres, parviennent enfin à cerner, pour ainsi dire, mais toujours à distance, l’objet qu’il s’agit de montrer. […] Ils ont frappé par le contraste qu’ils font avec les productions plus impassibles et cruelles des romanciers contemporains, par le souci extrême qu’ils ont des problèmes de la vie, de la morale, par la solution hâtive et passionnée qu’ils leur apportent. […] De plus, il fait preuve d’une puissance d’analyse, d’une aptitude à douer de vie ses personnages qui ne pouvaient manquer d’être aperçus et de frapper. […] On aura remarqué, cependant, qu’un petit nombre d’écrivains seulement étaient frappés de ce qui est, pour le public, la principale innovation des œuvres russes, leur caractère passionne et moral.
III Lorsque l’exécution du 24 août 1572 eut été accomplie, le gouvernement de Charles IX fit frapper, en commémoration de ce terrible événement, une médaille qui représentait le roi, assis sur son trône, sceptre d’une main, épée de l’autre, avec cette légende : « Virtus in rebelles. » Au revers, étaient gravées les armoiries de France avec la devise de Charles : « Pietas justitiam excitavit. » Une autre médaille, qui fut aussi frappée à la même époque, portait l’effigie du monarque avec l’inscription : « Charles IX, vainqueur des rebelles », et sur le revers se dressait un Hercule. […] Publié en 1839, cet ouvrage atteignit les passions protestantes dans les pays où il y en avait encore, en Suisse et en Allemagne, et frappa, en France, les esprits élevés, du moins ceux qui n’étaient pas rongés par les verbiages parlementaires, cette vermine du temps qui a failli nous dévorer et qui n’a pas été suffisamment écrasée. […] La faute de Léon X fut précisément de « parlementer » au lieu de frapper comme la foudre ; ce fut d’oublier qu’il ne s’agissait pas seulement de Luther, un pécheur de plus, mais que Jean Huss avait prédit qu’un « cygne merveilleux sortirait des cendres de l’oie », phénix supérieur au premier ! […] Malheureusement la plus haute dignité dans la vie, l’opulence des facultés, la sainteté, la miséricorde, ne sont pas assez pour le Pasteur universel qui doit conduire, châtier et séparer, et qui n’a pas pour rien à sa houlette le bâton qui frappe et le fer qui retranche.
Si, rentrant en moi-même, je m’interroge alors soigneusement sur ce qui vient de se passer, je m’aperçois que les quatre premiers sons avaient frappé mon oreille et même ému ma conscience, mais que les sensations produites par chacun d’eux, au lieu de se juxtaposer, s’étaient fondues les unes dans les autres de manière à douer l’ensemble d’un aspect propre, de manière à en faire une espèce de phrase musicale. Pour évaluer rétrospectivement le nombre des coups sonnés, j’ai essayé de reconstituer cette phrase par la pensée ; mon imagination a frappé un coup, puis deux, puis trois, et tant qu’elle n’est pas arrivée au nombre exact quatre, la sensibilité, consultée, a répondu que l’effet total différait qualitativement. Elle avait donc constaté à sa manière la succession des quatre coups frappés, mais tout autrement que par une addition, et sans faire intervenir l’image d’une juxtaposition de termes distincts. Bref, le nombre des coups frappés a été perçu comme qualité, et non comme quantité ; la durée se présente ainsi à la conscience immédiate, et elle conserve cette forme tant qu’elle ne cède pas la place à une représentation symbolique, tirée de l’étendue. — Distinguons donc, pour conclure, deux formes de la multiplicité, deux appréciations bien différentes de la durée, deux aspects de la vie consciente. […] Pas tout à fait, sans doute, parce que nous conserverions l’idée d’un espace homogène où les objets se distinguent nettement les uns des autres, et qu’il est trop commode d’aligner dans un pareil milieu, pour les résoudre en termes plus simples, les états en quelque sorte nébuleux qui frappent au premier abord le regard de la conscience.
L’art exprime ce que la nature ne fait que bégayer ; « il lui crie : Voilà ce que tu voulais dire. » Certaines statues antiques, dans les musées d’Italie, sont placées sur des socles ; le gardien, à son gré, les fait tourner et les présente sous différentes faces, faisant frapper par la lumière telle ou telle partie et rentrer telles autres dans l’ombre. […] La vie auparavant réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à et ce point, non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. […] Il se produit dans notre pensée une sorte de lutte pour la vie entre toutes nos impressions ; celles qui ne nous ont pas frappés assez fortement s’effacent, et il ne subsiste à la longue que les impressions fortes. […] Là est la grande erreur des romantiques, et de Victor Hugo dans ses mauvais moments : ils ont cru que le mot qui frappe était tout, que le pittoresque était le fond même de l’art. […] Le devin Théoclymène, au festin de Pénélope, est frappé des présages sinistres qui menacent : — « Ah !
C’est l’effet de la musique continuellement bruyante : quand le maximum du forte a été atteint du premier coup, tout le reste a beau faire tapage, le seul moyen de frapper l’attention serait de faire un pianissimo. […] Il faut que le poète ait l’entière liberté, après avoir fait éclater son vers, de l’assourdir et de l’adoucir, après avoir frappé les yeux ou les oreilles, de parler au cœur ou même à la pensée. […] Il n’y a peut-être pas, dans cette page, trois rimes qui attirent l’attention ; beaucoup sont à peine suffisantes (sans consonne d’appui), pas une n’est riche ; l’esprit n’est frappé que par la série de pensées et d’images qui remplissent les vers, par le mouvement et le rythme qui entraînent le tout comme un flot. […] C’est donc une même loi d’évolution qui rend aujourd’hui notre prose tantôt scientifique, tantôt poétique ; c’est la recherche de l’expression intellectuelle ou sympathique qui nous fait traduire le plus fidèlement possible tantôt l’idée abstraite et tantôt le sentiment, tantôt les systématisations de pensée et tantôt les systématisations d’émotion. « Quand, disait Flaubert, on sait frapper avec un mot, un seul mot, posé d’une certaine façon, comme on frapperait avec une arme, on est un vrai prosateur », et aussi un vrai poète. Par l’évolution de la langue, le vocabulaire du prosateur et le vocabulaire du poète se confondent ; tout dépend de la manière de frapper.
Comme ces pièces premières de Lamartine n’ont aucun dessin, aucune composition dramatique, comme le style n’en est pas frappé et gravé selon le mode qu’on aime aujourd’hui, elles ont pu perdre de leur effet à une première vue ; mais il faut bien peu d’effort, surtout si l’on se reporte un moment aux poésies d’alentour, pour sentir ce que ces élégies et ces plaintes de l’âme avaient de puissance voilée sous leur harmonie éolienne et pour reconnaître qu’elles apportaient avec elles le souffle nouveau.
Mais Libri n’est pas éclectique ; c’est un philosophe du xviiie siècle qui pousse sa pointe à travers ce débat et ne songe qu’à frapper son vieil ennemi.
Il faut louer sans réserve le style de M. de Gourmont, d’une pureté et d’une souplesse admirables, la joliesse de ses descriptions, l’art avec lequel il sait choisir le détail qui doit frapper l’observateur.
La nuit approchait : comme nous passions entre deux murs, dans une rue déserte, tout à coup le son d’un orgue vint frapper notre oreille, et les paroles du cantique Laudate Dominum, omnes gentes, sortirent du fond d’une église voisine ; c’était alors l’octave du Saint-Sacrement.
Lorsqu’on ouvre les poésies de l’auteur que nous examinons, on est frappé dès les premiers vers de cette marche vive et preste à laquelle les poètes français n’habituent pas leurs lecteurs. […] Nous avons été moins frappé de Lorenzaccio lui-même, il nous a semblé que les raisons données de son rôle odieux n’étaient pas suffisantes à rien expliquer. […] Cette sorte de maxime a été inventée, dans le principe, pour frapper d’excommunication tout ce qui ressemblait au style maniéré et même au pastiche. […] Frappe ta caisse, hardiment comme un jeune homme ; marche en avant de la multitude en faisant résonner des sons belliqueux. […] À force de lui voir trouver tous les petits brillants, on finit par être frappé de l’oubli qu’il fait des grands.
Vous reviendrez charmés puissamment, délicieusement frappés de ce voyage au pays bleu.
Des rondes de bergers tournant sur les collines imitaient les évolutions des étoiles ; la Gnossienne, attribuée à Thésée, retraçait par l’ondoiement de ses cercles, les dédales du labyrinthe affronté par le héros athénien ; la Pyrrhique frappait de l’épée le bouclier du combat ; des chœurs figuraient les noces de Zeus et d’Héra, la victoire d’Apollon sur le Dragon pythien, les combats et les exploits des Dioscures.
À Paris, lord Charlemont revit Montesquieu, et fut surtout frappé de le trouver la galanterie même auprès des dames. — Enfin, le naturaliste genevois Trembley, ayant rencontré Montesquieu en Angleterre, fut invité par lui à le visiter en France dans sa terre de La Brède.
Et, pour tout dire enfin, ajoutons à ces qualités substantielles d’un ouvrage qui n’a pas la prétention d’en dire plus long qu’il n’est gros, quoiqu’il en dise beaucoup, que l’esprit qui l’anime est ce qu’il doit être, et qu’on y sent vibrer sympathiquement une âme à tous les coups qui frappent sur le grand cœur du Sacerdoce.
Ils obéissent aussitôt, et assis en ordre sur les bancs, ils frappent de leurs rames la mer blanchissante. […] Ils s’asseyent en ordre sur les bancs, et frappent de leurs rames la mer blanchissante. […] Cette abominable révélation frappa au cœur Mme d’Épinay. […] Devant le Conseil de guerre l’assassin déclara : — Je n’ai pas frappé une Européenne, j’ai frappé une musulmane sous une impulsion divine. […] Dans ces conditions, celui qui frappe fort et remplit le théâtre de tumulte a quelque chance de l’emporter.
L’attention en est moins distraite des personnages principaux qui ressortent fortement, et frappent l’imagination. […] Ses yeux et ceux de Juliette Cappelletto se rencontrèrent bientôt, et, frappés également d’admiration, ils ne cessèrent plus de se regarder. […] La situation lui a paru posséder les conditions d’une grande scène dramatique ; le fait l’a frappé comme un cadre heureux où pouvait venir se placer la vie. […] Ce qui a frappé Voltaire, ce qu’il a fallu reproduire, c’est la passion, la jalousie, son aveuglement, sa violence, le combat de l’amour et du devoir, et ses tragiques résultats. […] La plus grande partie de la pièce originale y est textuellement reproduite ; on y retrouve de même le décousu qui a pu frapper dans la première et la seconde partie.
Mais je trouvai une grande sensibilité et une spontanéité de bonne résolution qui me frappèrent vivement. […] Je l’ai reconstruit en me promenant dans les bois et en me rappelant l’ensemble des détails qui m’ont frappé. […] Frappé, mais non vaincu, je puis mourir en joie. […] quelqu’un frappe à la porte ; qui est là ? […] … Elle s’en frappa violemment avec la frénésie d’une pénitence qu’elle voulait s’infliger dans un fanatisme féroce.