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1227. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

C’est par les qualités, jusqu’ici les moins soupçonnées, que ces poésies frapperont les esprits amis ou familiers du talent de l’auteur et qui croyaient bien le connaître.

1228. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

L’Aveugle (Homère), Le Mendiant (Lycus), la partie de l’œuvre intitulée les Églogues, frappèrent tout le monde à la tête, et la tête de presque tout le monde garda si bien l’impression du coup qu’aujourd’hui c’est s’aventurer que de dire tardivement et hardiment comme je le dis : le meilleur de la poésie d’André Chénier n’est pas là !

1229. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

ce qu’il fait n’est pas moins intense, puisqu’il frappe l’esprit d’épouvante comme le ferait une monstruosité.

1230. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

… Mais, pour un livre qui a déjà produit son effet, qui n’a plus sa fleur, qui est tombé peut-être sous le coup de cette indifférence du public dont furent frappés pendant longtemps un si grand nombre de chefs-d’œuvre, pour un pareil livre à reprendre et à relancer, le libraire n’a plus que son appréciation, son sentiment de la valeur de l’ouvrage, sa propre perspicacité.

1231. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ou bien encore, c’était l’amour heureux, en pleine possession, qui se suicidait lui-même sans raison (l’amour n’en ayant ni pour naître, ni pour durer, ni pour mourir), et qui se frappait, comme le scorpion se perce de son dard, en pleine flamme.

1232. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

Elle m’a plus frappé, pour mon compte, que les autres héroïnes de Houssaye.

1233. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Pour ces populations auxquelles il est mêlé, pour ces gens de la plaine et de la montagne, c’est un sorcier, si ce n’est pas un fou, c’est un timbré, comme on dit parfois, quand l’esprit a frappé trop fort sur le cerveau d’un homme.

1234. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Mais pour la majorité des esprits qui pensent, avant tout, à être littéraires quand ils écrivent, on peut dire qu’on est revenu de toute part maintenant au roman de moyenne proportion, qui n’a pas la prétention napoléonienne de brasser tout un monde de caractères et de passion comme Napoléon brassait les masses dans ses carrés de bataille ; à ce genre de roman, enfin, qui n’est que l’étude de l’individualité humaine et qui, sans avoir pour cela besoin d’être modeste, se contente d’une passion (tout un infini) à creuser, d’une situation à frapper de lumière et d’un caractère à faire vivre.

1235. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Dans un pays où l’on est plus frappé d’un ridicule que d’une chose utile, on ne doit point aisément pardonner l’éloge.

1236. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Une image bien choisie frappe vivement son imagination et se grave sans peine dans sa mémoire. […] Or, après la simplicité du début, dont je parlais tout à l’heure, ce qui me frappe constamment, chaque fois que je relis les chansons patriotiques de Béranger, c’est la progression dramatique des sentiments et des pensées. […] Adrienne tombe frappée mortellement : dénouement qui ne dénoue rien, car, si le spectateur pressent l’issue de la lutte, le poète ne conclut pas. […] Quoiqu’il ait à exprimer un sentiment vrai, il ne tient pas à frapper juste, mais à frapper fort, et il manque le but faute d’avoir mesuré son élan. […] Cent cinquante-deux pieds ne suffisent pas à frapper de terreur.

1237. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

À qui, sinon à Rousseau qui, certes, n’avait pas beaucoup de ce qu’on appelle prétentieusement aujourd’hui des idées, mais frappait droit au cœur et entrait. […] La douleur surtout frappe à mesure des années à toutes les portes du sentiment, les ouvre sur des régions nouvelles de l’âme, amplifie l’horizon moral. […] Ce qui frappe dans l’évolution de ce penseur, c’est qu’elle ne peut plus s’arrêter. […] Il ne s’agit plus tant de finasser et de ruser que de frapper juste. […] Maupassant qui, lui aussi, a écrit des contes fantastiques, savait, tout admirable écrivain qu’il fût, sacrifier le style et frapper droit au bon moment, sans biais ni orfèvrerie.

1238. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il frappe la sienne ; ses bras tombent, et il regarde en souriant le malheureux ami qui trouve cela beau. […] Ils ne raisonnent pas, ils ne se contiennent pas ; ils sentent, s’abandonnent et se lancent ; ils injurient, puis ils frappent. […] Le fanatisme est comme le caillou : plus on le frappe, plus il pétille. […] « On te frappe, ne rends pas, selon la loi antique, blessure pour blessure. […] Tends les bras tendrement vers celui qui t’a frappé.

1239. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Il se retournait, animé d’une fleur magnifique, écrasant de ses ironies les mieux frappées, de ses moralités les plus hautaines, la badauderie qu’il avait ameutée sournoisement. […] Le spectacle de cet animal qui reçoit les coups paisiblement et qui pleure, quand il voit frapper, est d’une tristesse où il y a de l’ignoble. […] Parfois, parmi ses contemplations, la flèche d’un souvenir frappe son cœur d’une courte défaillance. […] Sous une imagination aussi luxuriante que celle d’Adolphe est aride, René cacherait un cœur frappé de la même stérilité. […] Cette contradiction originelle frappait de mort la littérature romantique.

1240. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ils frappent la terre du pied, disant qu’ils vont en faire jaillir des légions de poètes, et les poètes ne jaillissent pas. […] Le spectateur se sent humilié en eux, comme si les traits qui frappent Péponet et Dufouré, lancés avec trop peu de ménagement, passaient à travers leur corps pour arriver jusqu’à lui et le transpercer lui-même. […] Louis XIV lui-même qui ne l’aimait point, éprouvait une hésitation invincible à le frapper. […] Cette fin subite, les circonstances qui l’accompagnèrent, étaient faites pour frapper vivement un homme de sa pitié et de son imagination. […] Quoi qu’il en soit, l’étendue du mal, à l’époque qui nous occupe, frappe tous les moralistes

1241. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il lui donne l’air d’un homme frappé, ahuri. […] C’est qu’il avait frappé son imagination à un endroit qui lui était particulièrement sensible. […] Ils sont là en l’air, pour ainsi dire, et frappent à vide. […] Le dieu vient au-devant d’elle : elle l’aperçoit, et soudain la voilà frappée. […] Elle fait semblant de s’être frappé le front contre la carne d’un volet et se met à geindre.

1242. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ainsi, par l’Aquilon troublés, Dans un tumultueux orage, On voit les flots amoncelés S’empresser, à la fois, de frapper le rivage. […] Oui, disaient-ils, cet Auteur a frappé quelques-uns de ses vers au même coin que l’Auteur d’Athalie ; mais il les a toujours battus à froid ; son style manque de chaleur & de mouvement ; ses beautés sentent le travail & l’apprêt : enfin il les doit plus à son goût qu’à son génie. […] Celui-ci attirait, en particulier, l’attention de Corneille qui fut toujours plus frappé de l’énergie d’un tableau que de la suavité de son coloris. […] Qui ne connaît le noble pathétique du second chant, l’éloquence mâle du discours de Pothier, le noir & terrible sacrifice des Ligueurs, le songe sublime de Henri IV ; tant de magnifiques descriptions, tant de portraits frappés au meilleur coin ? […] Nul ne connut mieux l’art de frapper à propos les coups décisifs.

1243. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Quand je regarde les passants, ce qui me frappe le plus, c’est le nombre des lâches qu’il doit y avoir dans le monde. […] un fort saisissement que j’ai eu… C’est que ç’a été si brusque… Je l’avais quittée le mardi… Elle m’a écrit le mercredi… et le dimanche ses bans étaient publiés… Il n’y avait rien eu entre nous, la dernière fois… Seulement en s’en allant elle m’avait montré son chapeau… c’était sans doute son chapeau pour se marier… Mon Dieu, quand elle m’avait parlé de se marier, je l’avais toujours engagée à le faire… mais ça a été trop prompt… Puis ces derniers jours aussi, elle m’avait dit — oui, j’en ai été frappé : — « Je croyais n’avoir que cela, j’ai tel âge… » Elle l’avait vu, son âge, sur l’acte de naissance, qu’elle avait fait venir pour son mariage. […] Je ne sais quoi de tragique, de funèbre et de touchant s’échappe de la désolation passionnée de ce vieillard, qui semble ne plus vouloir avoir la force de vivre, et que le délaissement frappe au cœur comme avec une épée. […] À son entrée, Delaunay ne paraissait pas… On l’a appelé, enfin il est venu… Ce qui nous frappe surtout, c’est le long ânonnement que les acteurs mettent à dire.

1244. (1921) Esquisses critiques. Première série

En vain vous me frappez d’un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le mot vicieux. […] Il les signale, les met au jour, mais à la façon d’un caricaturiste qui exagère le trait avec humour, plutôt que d’un satiriste qui frappe sa victime avec humeur. […] Leur beauté plastique saisit, leurs frissons émeuvent et ils demeurent imprimés dans l’esprit qu’ils ont frappé. […] Nous tenons pour certain qu’ils ont été les premiers frappés des réminiscences que nous avons remarquées dans leurs ouvrages. […] Elles ont un autre éclat, une autre frappe, un autre son que ce qu’on lit habituellement.

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