Vous savez qu’on a constaté qu’une grande révolution vint détruire cette création, comme si elle n’eût pas été digne de la main qui l’avait formée. […] Les habitudes de l’homme intérieur, ayant formé le philosophe, formèrent sa philosophie ; son système du monde fut produit par l’état de son âme ; sans le savoir ni le vouloir, il construisit les choses d’après un besoin personnel, Ce genre d’illusion est presque inévitable ; nous ressemblons à ces insectes qui, selon la diversité de la nourriture, filent des cocons de diverses couleurs.
Un mot est primitif relativement aux autres mots qui en sont formés, pour exprimer avec la même idée originelle quelque idée accessoire qui la modifie ; & ceux-ci sont les dérivés, dont le primitif est en quelque sorte le germe. Un mot est simple relativement aux autres mots qui en sont formés, pour exprimer avec la même idée quelqu’autre idée particuliere qu’on lui associe ; & ceux-ci sont les composés, dont le simple est en quelque sorte l’élément. […] Il faut observer, 6°. que comme les terminaisons introduites par la dérivation grammaticale forment ce qu’on appelle déclinaison & conjugaison, on peut regarder aussi les terminaisons de la dérivation philosophique comme la matiere d’une sorte de declinaison ou conjugaison philosophique. […] Il est donc constant, nonobstant toutes les irrégularités apparentes, que tous les verbes fréquentatifs sont formés du supin du verbe primitif ; & cette conséquence doit servir à réfuter encore Priscien, & après lui la méthode de P. […] ) Impetratum est à consuetudine ut peccare suavitatis causâ liceret : c’est à l’usage qu’il attribue les fautes dont il parle, impetratum est à consuetudine ; & conséquemment il reconnoît une regle independante de l’usage & supérieure à l’usage ; c’est la nature même, dont les décisions relatives à l’art de la parole forment le corps de la science grammaticale.
Un ordre expédié à Grouchy l’informa de la bataille qui allait se livrer : tenir les Prussiens séparés des Anglais, et rester lui-même en communication avec l’armée française, dont il formait avec ses 36,000 hommes l’extrême-aile droite, voilà le rôle, la part d’action qui lui revenait ; c’était clair. […] L’ordre de bataille que prennent les deux armées, les premiers mouvements pour en venir aux mains, sont l’exposition ; les contre-mouvements que fait l’armée attaquée forment le nœud, ce qui oblige à de nouvelles dispositions et amène la crise, d’où naît le résultat ou dénouement. » Par malheur, le plan de Waterloo ne put être exécuté à aucun moment comme il avait été conçu.
Cela s’est déjà passé de la sorte aux autres époques de civilisation raffinée ; et du moment que la poésie, cessant d’être la voix naïve des races errantes, l’oracle de la jeunesse des peuples, a formé un art ingénieux et difficile, dont un goût particulier, un tour délicat et senti, une inspiration mêlée d’étude, ont fait quelque chose d’entièrement distinct, il a été bien naturel et presque inévitable que les hommes voués à ce rare et précieux métier se recherchassent, voulussent s’essayer entre eux et se dédommager d’avance d’une popularité lointaine, désormais fort douteuse à obtenir, par une appréciation réciproque, attentive et complaisante. […] Ce qui avait eu lieu en Italie se refléta par une imitation rapide dans toutes les autres littératures, en Espagne, en Angleterre, en France ; partout des groupes de poëtes se formèrent, des écoles artificielles naquirent, et on complota entre soi pour des innovations chargées d’emprunts.
De tant de richesses amassées au jour le jour, sans efforts et sans dessein, déposées et fondues ensemble dans le naturel le plus heureux du monde, s’était formé avec l’âge cet inimitable style, à la fois trop complexe et trop simple pour être défini, et qu’on caractérise en l’appelant celui de La Fontaine. […] Colletet avait été l’un des cinq auteurs qui formaient le conseil littéraire de Richelieu ; et, grâce aux largesses du cardinal, il avait pu acheter dans le faubourg Saint-Marceau, tout à côté de l’ancien logement de Baïf, une maison que Ronsard avait autrefois habitée ; circonstances glorieuses qu’il ne se lassait pas de remémorer.
aux hommes de lettres ; et les personnages titrés, en les admettant à leur intimité, n’en demeuraient pas moins persuadés que ces hommes n’étaient point formés comme eux des éléments choisis de la terre (from porcelain clay of earth). » A quoi pensiez-vous donc, mesdames du Châtelet, de Tencin, du Défiant, de Puisieux, d’Épinay, d’Houdetot, etc., etc., d’accorder de si charmants sourires à des êtres formés d’un si grossier limon ?
Au lieu de ce noble amour de la liberté et du gouvernement républicain qui nous a fait surmonter toutes les difficultés de la guerre, il s’est formé un parti monarchique et aristocratique dont l’objet avoué est de nous imposer la substance, comme il nous a déjà donné la forme du gouvernement de l’Angleterre. […] Les deux lettres dont nous parlons forment le manuel républicain le plus convaincant et le plus substantiel qu’on puisse étudier en tout pays.
Le groupe philosophique, poétique et critique, dont les travaux et les productions forment d’habitude ce qu’on pourrait appeler le fonds de la Revue, indépendamment des portions de voyages ou de science où les faits seuls sont admis, ce groupe a une marche commune, rapprochée, sinon concertée, et constitue librement une alliance naturelle. […] Il s’est formé, depuis deux ou trois ans, une société de jeunes peintres, sculpteurs et poètes, dont plusieurs annoncent un mérite incontestable, mais qui comptent beaucoup trop sur les avantages de l’association et de la camaraderie en fait d’art.
J’ai cité, dans les notes ajoutées à cet ouvrage, les autorités sur lesquelles j’ai fondé les opinions littéraires qu’on a attaquées1 : je me bornerai donc, dans cette préface, à quelques réflexions générales sur les deux manières de voir en littérature, qui forment aujourd’hui comme deux partis différents, et sur l’éloignement qu’inspire à quelques personnes le système de la perfectibilité de l’espèce humaine. […] Il est peut-être à propos de remarquer que les hommes qui, depuis quelque temps, forment un tribunal littéraire, évitent, en citant nos meilleurs auteurs français, de nommer J.
La force de l’esprit ne se développe tout entière qu’en attaquant la puissance ; c’est par l’opposition que les Anglais se forment aux talents nécessaires pour être ministre. […] Sans doute il faut de grands talents pour bien administrer ; mais c’est pour écarter le talent qu’on s’attachait à persuader que les pensées qui servent à former le philosophe profond, le grand écrivain, l’orateur éloquent, n’ont aucun rapport avec les principes qui doivent diriger les chefs des nations.
Les saints locaux et indépendants du moyen âge s’effacent et se subordonnent, comme les seigneurs féodaux et libres, pour former une cour d’adorateurs « inclinés qui, d’un oeil respectueux, contemplent l’éclat » de leur maître. […] C’est par ce tact toujours éveillé qu’il forme des ensembles ou plutôt que les ensembles se forment en lui.
Dans la sensation particulière que le morceau me donne, j’isolerai pourtant de quoi former l’idée générale du désert (assez vide, assez désolé, etc. ; soleil, étendue, solitude). […] Maintes fois, vous n’aurez pas vu, vous ne pouvez voir l’objet qu’il vous faudra décrire : il vous restera à l’imaginer, c’est-à-dire à adapter, à joindre des fragments d’images, résidus de vos expériences antérieures, de façon à former une image qui puisse être la représentation sensible, aussi approchante que possible, de l’idée que vous prenez de l’objet, selon les conditions et les données qui vous sont indiquées.
est-ce un effet de la perspective trop courte il me semble qu’il y a beaucoup d’esprits intéressants et singuliers, et cela justement parce qu’ils sont tard venus ; parce qu’ils ont derrière eux toute une littérature accumulée ; parce que, même ignorants, ils savent néanmoins ou devinent beaucoup de choses et se trouvent tout formés pour aller très loin dans la sensation violente et raffinée ; parce que, tout ayant été dit (et voilà deux cents ans que cela (mot illisible) a été dit), ils donnent naturellement dans l’osé, le bizarre et le fou, et que leur extravagance fleurit elle-même sur un passé trop riche, comme ces fleurs étranges qui poussent mieux dans un humus composé d’innombrables débris de végétaux morts. […] Silvestre et ses contes plus que gaulois forment comme deux courants de même origine et que, par exemple, la grossière sensualité des Contes grassouillets était déjà contenue dans la sensualité raffinée des Sonnets païens.
Lesbino, désespéré, cherche à persuader à Arlequin qu’il doit le tuer, lui Lesbino, parce qu’il a formé le dessein d’assassiner son maître. […] Andreini fit paraître à Venise, en 1607, un recueil des traits les plus comiques de son rôle : Le Bravure del capitano Spavento, divise in molti ragionamenti in forma di dialogo.
Mots récents ainsi formés : cheval-vapeur, idées-forces. […] C’est aussi [comme le bec de grue] une espèce de tire-balle ou de pincettes dont les lames qui forment la partie antérieure sont applaties. ».
L’hiatus n’est jamais évité ; très souvent des liaisons inattendues le suppriment : Mon bon ami de cœur S’en va-t-aller en guerre… Le rejet est inconnu : la répétition le remplace, soit formée d’un mot, soit d’un vers entier : Beau pommier, beau pommier Aussi chargé de fleurs. […] Si le vers manque d’une syllabe on y supplée : J’irai me plaindre J’irai me plaindre (6) Au duc de Bourbon (duque) Mais de par la musique ces trois derniers petits vers n’en forment en réalité qu’un seul de 15 syllabes : J’irai me plaindre, j’irai me plaindre au duque de [Bourbon]216.
Ils leur apprenoient la bonne prononciation, la durée des mesures & l’intonation des accens : ils faisoient, en un mot, ce que nous serions encore obligés de faire, si nous avions à former pour le théâtre un acteur Normand ou Provençal, quelque intelligence qu’il eût d’ailleurs : mais un cas particulier, ajoute M. […] Au sortir d’un autre sermon, la vérité arracha à ce célèbre acteur cet aveu humiliant pour sa profession : « Mon ami, dit-il, à un de ses camarades qui l’avoit accompagné, voilà un orateur, & nous nous ne sommes que des comédiens. » Un jeune homme, qui se destine à la chaire, doit former sa déclamation sur tout ce qu’on raconte de celle de ces grands hommes, les imiter en tout, excepté dans les défauts qu’on leur a reprochés.
Si l’âme et le corps n’ont rien de commun ni même d’analogue, comment peuvent-ils coexister et former un seul et même être ? […] Le positivisme, le matérialisme, se forment en églises, et hors de ces églises il n’y a plus de salut.