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769. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Jamais, dans les vrais siècles de grandes et vertueuses œuvres, on n’a songé ainsi à étaler cette plainte secrète ; on travaillait, on mûrissait, et se sentir mûrir console des fleurs qu’on n’a plus : on croyait à ce perfectionnement intérieur qui va à l’inverse des grâces riantes et qui, en définitive, sait s’en passer.

770. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Déjà, sur le fumier de Villon, au milieu des obscénités de taverne, on aperçoit quelques-unes de ces fleurs qu’on croirait tombées d’une couronne antique Mais dans Clément Marot, dont la muse s’était épurée à la cour de François Ier et de Marguerite de Navarre, la ressemblance devient frappante.

771. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

J’ai vu naître un mot ; c’est voir naître une fleur.

772. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Ses amis jettèrent des fleurs sur sa tombe.

773. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

On sentoit bien que ce livre étoit imparfait, qu’il étoit écrit avec sécheresse, qu’il étoit très-défectueux, & que l’abréviateur, beaucoup plus familiarisé avec les scholastiques qu’avec les bons écrivains, connoissoit peu la fleur de notre littérature.

774. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Fénelon, à la vérité, n’était pas, comme Voltaire, un homme de cour, ni comme Saint-Lambert ou l’abbé Delille, un amateur de fleurs artificielles. […] L’Alarcos de Frédéric Schlegel n’est peut-être qu’une fleur rare, exotique, arrachée par un touriste trop curieux à son sol naturel, et transplantée dans un climat où elle ne saurait vivre. […] La statue habillée, qui se penche avec un air rêveur au milieu des fleurs de nos expositions, apparaissait à mon imagination comme proposant à la critique une énigme tout aussi obscure, tout aussi curieuse, tout aussi digne d’être déchiffrée, que celles des sphinx et des colosses égyptiens qui bordaient, il y a quatre mille ans, les avenues des temples de Thèbes, écrasant de leur masse la foule imperceptible, à son approche de la demeure du dieu ; et je me disais : La critique doit comprendre cette énigme, cela suffit. […] Nous sommes libres, mais comme est libre un prisonnier qui n’a pas les fers aux bras qui n’a pas les fers aux pieds, qui peut sortir de sa cellule, descendre l’escalier, se promener dans un espace de huit cents mètres carrés, courir après les papillons, cultiver des fleurs, planter ici un arbre, en déraciner là, inventer et exécuter enfin toutes sortes de petits changements pleins d’esprit dans la cour de sa prison, pour embellir son existence et la rendre variée. […] « Si les fleurs qu’on foule aux pieds dans une prairie sont aussi belles que celles des plus somptueux jardins, je les en aime mieux. » Lettre sur l’éloquence.

775. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

On aimait la beauté des dames, à peu près comme on aime une fleur ou une parure. […] c’est vous, fleurs animées, topazes et saphirs ailés, c’est vous qui serez mon salut ? […] Ces oiseaux vivent des fleurs, de ces pénétrantes fleurs, de leurs sucs brûlants et âcres : en réalité, de poisons. […] « Ces oiseaux, disait-il tout à l’heure, vivent des fleurs, de ces pénétrantes fleurs, de leurs sucs brûlants et âcres : en réalité, de poisons. » Trois fois le mot primitif est corrigé, développé. […] Il est dans sa fleur et parfume toute la place !

776. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Patin pour lecteur) a répondu par un compliment fort agréable, comme on en faisait dans l’ancienne Académie, comme on s’en permet trop peu dans la nouvelle, pas trop long, pas du tout théorique, où la fleur est sans épine, où l’anecdote pique sans arrière-pensée, et où les douceurs toutes bienveillantes ne laissent en rien apercevoir ce que M. 

777. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Fort a pris à travers champs ; sa cueillette est brutale parfois, car il a pris la fleur avec la racine ; il s’est ordonné un bouquet spécieux d’un arôme rustique, où le franc parfum d’une herbe se mêle à l’odeur d’imprimé que dégage le papier dont il protège les tiges. — M. 

778. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Je suis le descendant des pages chevelus Qui, sveltes, se levaient après les vidrecomes, À la fin des repas — poètes gentilshommes Dont la couronne avait des baisers pour fleurons, Et qui, l’épée au flanc, coupe en main, fleurs aux fronts, Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines, Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines… — Et quoique le fil des beaux siècles soit rompu, J’ai gardé de leur race autant que je l’ai pu3.

779. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

L’intérêt que peut inspirer une princesse expirant à la fleur de son âge semble se devoir épuiser vite.

780. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Les colombes qui boivent ses eaux, ont toujours des œufs dans leur nid, et les fleurs qui croissent sur ses bords, toujours des boutons sur leur tige.

781. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

S’asseoir au printemps sous un lilas en fleurs procure une sorte d’ivresse suave, et cet enivrement des parfums n’est pas sans analogie avec les jouissances complexes de l’amour. […] Le beau, au lieu de rester quelque chose d’extérieur à l’être et de semblable à une plante parasite, nous apparaît ainsi comme l’épanouissement de l’être même et la fleur de la vie. […] L’esthéticien anglais Ruskin a voué une véritable haine aux railways ; le poète Tennyson lui a répondu que l’art peut, comme la nature, recouvrir de ses fleurs les voies même et les talus des chemins de fer. […] Toute l’immensité, a dit Victor Hugo, « traverse l’humble fleur du penseur contemplée ». […] Qui brise la jeunesse en fleur, qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l’homme !

782. (1914) Une année de critique

L’Écornifleur est la suprême fleur de l’amour de soi. […] Au contraire, leur succession est si rapide que la pensée n’a point le temps de s’arrêter à toutes les fleurs de la guirlande : leur abondance paraît un peu monotone. […] Eh bien, dans son dernier livre, le Marché aux Fleurs, le personnage sympathique est un socialiste, un partageux. […] Dans ce Marché aux Fleurs, M.  […] … Ou les fleurs de la haie, pour obéir à la voix de la fantaisie divine !

783. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Il voit d’abord Phasga, que des figuiers entourent ; Puis, au-delà des monts que ses regards parcourent, S’étend tout Galaad, Éphraïm, Manassé, Dont le pays fertile à sa droite est placé ; Vers le midi, Juda, grand et stérile, étale Ses sables où s’endort la mer occidentale ; Plus loin, dans un vallon que le soir a pâli, Couronné d’oliviers, se montre Nephtali ; Dans des plaines de fleurs magnifiques et calmes Jéricho s’aperçoit, c’est la ville des palmes ; Et, prolongeant ses bois, des plaines de Phégor Le lentisque touffu s’étend jusqu’à Ségor. […] Il était alors à Paris, jouissant dans un applaudissement universel de la fleur et de la primeur de son talent. […] Mais le talent a ses licences, il les justifie en les couvrant de fleurs. […] Des vallons peuplés de jolies maisons blanches qu’entourent des bosquets, des coteaux jaunis par les vignes, ou blanchis par les fleurs du cerisier, de vieux murs couverts de chèvrefeuilles naissants, des jardins de roses d’où sort tout à coup une tour élancée, tout rappelle la fécondité de la terre ou l’ancienneté de ses monuments, et tout intéresse dans les œuvres de ses habitants industrieux. […] Mais il n’a que de froides velléités de ces choses, et les devine plus qu’il ne les sent ; il les respire de loin comme de vagues odeurs de fleurs inconnues.

784. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Au haut du salon, tout alentour, sont attachés des rideaux de fin coutil, doublés de brocart d’or à fleurs, qu’on tire du côté du soleil en les étendant jusqu’à huit pieds de terre, comme une tente, ce qui rend le salon très-frais. […] Il fait admirablement beau s’y promener le soir, durant neuf mois de l’année, parce que, durant ce temps, on arrose les parterres et les chaussées, et l’on couvre de fleurs les bassins d’eau. […] J’oubliais de dire qu’on descend du dessus du pont au-dessous, à fleur d’eau, par des degrés pratiqués dans les arches. […] Quand les eaux jouent dans ce beau jardin, ce qui arrive fort souvent, on ne saurait rien voir de plus grand et de plus merveilleux, surtout au printemps, dans la saison des premières fleurs, parce que ce jardin en est couvert, particulièrement le long du canal et autour des bassins. On est surpris de tant de jets d’eau qu’on voit de toutes parts à perte de vue ; et l’on est charmé, tant de la beauté des objets que de la senteur des fleurs et du ramage des oiseaux, qui sont dans les volières et parmi les arbres.

785. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

., portent deux espèces de fleurs ; les unes présentent la structure normale de la famille, et l’on observe chez les autres une déviation ou une dégénérescence du type, bien qu’elles soient quelquefois plus fertiles que les autres. Si la plante cessait de produire des fleurs normales, et l’on a observé ce phénomène pendant plusieurs années sur un spécimen d’Aspicarpa importé en France, une transition soudaine et importante se trouverait ainsi effectuée dans la nature de la plante. […] Si, enfin, nous regardons comme admirable l’ingénieux mécanisme au moyen duquel les fleurs des Orchis et de beaucoup d’autres plantes sont fécondées par l’intermédiaire des insectes, pouvons-nous considérer comme une combinaison ingénieuse et également parfaite, que nos Sapins élaborent chaque année des nuages de pollen inutile, pour que seulement quelques-uns de leurs granules soient emportés au hasard de la brise sur les ovules qu’ils fécondent ? […] On conçoit, en effet, que le premier poisson volant, ou, pour employer une expression moins définie, le premier vertébré volant qui put se soutenir à fleur d’eau, de manière à échapper ainsi à ses ennemis sous-marins, dut avoir toute chance de survivre à ses rivaux et de laisser après lui une postérité nombreuse modifiée comme lui, mais plus que lui. […] Peut-être aussi quelque huile volatile séparée de la fleur phosphorescente, brûlant à la température ordinaire, peut être la cause de cette lumière. » Matteucci rappelle, en finissant, la belle expérience faite par M. de Quatrefage sur la phosphorescence des Annélides et des Ophiures.

786. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Charles Labitte « La mort a dépouillé ma jeunesse en pleine récolte… J’étais au comble de la muse et de l’âge en fleur, — hélas ! […] Nous ne citerons rien des vers mêmes : ils sont faciles et sensibles, de l’école de Lamartine ; mais c’est plutôt l’ensemble de cette fraîche floraison qui m’a frappé, comme d’une de ces prairies émaillées au printemps où aucune fleur en particulier ne se détache au regard, et où toutes font un riant accord. […] Et si l’on trouvait que je vais bien loin, en appliquant cette gracieuse image à une production quelque peu rabelaisienne, qu’on se rappelle, entre autres, ce riant et beau passage : «  Le Roy que nous demandons est déjà fait par la nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, rejeton droit et verdoyant du tige de saint Louis.

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