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511. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Pareillement enfin, dans la philosophie et la science, ils n’ont voulu cueillir que la fleur des choses. […] Selon d’autres, il est le plus jeune des dieux, car la vieillesse exclut l’amour ; il est le plus délicat, car il marche et se repose sur les choses les plus tendres, les cœurs, et seulement sur ceux qui sont tendres ; il est d’une essence liquide et subtile, car il entre dans les âmes et en sort sans qu’on s’en doute ; il a le teint d’une fleur, car il vil parmi les parfums et les fleurs. […] Thallo, la saison des fleurs, Karpo, la saison des fruits, honorées près de là, sont encore des noms de dieux agricoles. […] La vie, c’est donner sa fleur, puis son fruit ; quoi de plus ? […] Un rien, un arbre, une fleur, un lézard, une tortue, provoquent le souvenir de mille métamorphoses chantées par les poètes ; un filet d’eau, un petit creux dans le rocher, qu’on qualifie d’antre des nymphes ; un puits avec une tasse sur la margelle, un pertuis de mer si étroit que les papillons le traversent et pourtant navigable aux plus grands vaisseaux, comme à Poros ; des orangers, des cyprès dont l’ombre s’étend sur la mer, un petit bois de pins au milieu des rochers suffisent en Grèce pour produire le contentement qu’éveille la beauté.

512. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Des mémoires remplis uniquement par la femme qui semble avoir pris absolument possession de son moi : et un mélange de cynisme et de « petite fleur bleue ». […] Il reprend appuyant sur le trait : « Ce n’est pas le fruit, c’est la fleur !  […] * * * — Choses et gens : tout est ici, un peu comme l’odeur de la rue de Rome, où l’on ne sait pas trop ce que l’on sent, si c’est la m… ou la fleur d’oranger. […] Mais cette intelligence n’est-elle pas semblable au soleil purement artiste de Rome, qui ne fait que des fleurs et pas de légumes ? […] » crie Mariette, — et d’un canif qui fouille l’aisselle, il fait sortir quelque chose qu’on se passe et qui semble une fleur qui a senti bon : un petit bouquet planté par l’Égypte sous le moite du bras de ses mortes.

513. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

J’aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs ; Mais, étrangère aux excès politiques, Ma Liberté n’a qu’un chapeau de fleurs. […] Chargé de lauriers et de fleurs, Il brilla sur l’Europe entière. […] Ce sont des villageois qui parlent : Notre vieux roi, caché dans ces tourelles,     Louis, dont nous parlons tout bas, Veut essayer, au temps des fleurs nouvelles,     S’il peut sourire à nos ébats. […] Les nations, reines par nos conquêtes, Ceignaient de fleurs le front de nos soldats. […] Dans le premier de ces bas-reliefs, on le verra, dans la maison de sa pauvre tante, à Péronne, écoutant les leçons de la Providence par la bouche de cette seconde mère, leçons qui devaient lui remonter un jour au cœur comme ces sèves d’automne qui donnent les fruits à l’homme après que les fleurs folles sont tombées.

514. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Les Fleurs du Mal, par M.  […] Buloz, avec ce titre : les Fleurs du Mal. […] Pour un vrai bouquet de fleurs, et pour un vrai paysage, quelle stupéfiante gamelle d’épinards au beurre rance et de choucroute avariée ! […] Sous les marronniers en fleur du Luxembourg, elle rêve de Bérangère, elle demande Bérangère à tous les échos d’alentour ; comme en ses plus beaux jours du parterre, elle rappelle sa bien-aimée : — Bérangère for ever ! […] C’est généralement l’inévitable destinée de ces héros de l’improvisation et de l’aventure, de disparaître avant le temps et de se sentir manger vifs en pleine jeunesse de l’âge, en pleine fleur du talent.

515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

Romantique, il se permit toutes les excentricités du genre, enchérit même sur ses néologismes par de beaucoup plus téméraires, dignes de Du Bartas, tels que « le flot rumoreux extuant, les rocs fluctisonnants, les fleurs immarcescibles, etc… ».

516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 412-415

Il paroît que cette anecdote n’a été imaginée que pour faire dire un bon mot, ou plutôt un mauvais rebus* au Cardinal de Richelieu : Quoi qu’il en soit, cette longue Paraphrase ne valoit pas un Evêché ; on n’y trouve par-tout que des fleurs d’or sur le Ciel étalées, des miracles roulans, de vivans écueils, & mille autres expressions semblables que le bon sens rejette, & que n’admit jamais la belle Poésie.

517. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s’effeuille page à page dans le tome premier, qui est l’espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil.

518. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Elle croit à la vertu des hommes, à la joie de la lumière, à l’éternelle beauté du ciel, des eaux et des fleurs. […] On dirait qu’au lieu de vouloir assommer ses adversaires par des poids énormes, il songe à les griser de parfums en leur mettant sous le nez des feuillages et des fleurs. […] Il est entré dans les courtils clos d’aubépine et il a vu s’épanouir, parmi les fleurs des haies, sur les lèvres des jeunes filles, une moisson de mélancoliques et gracieux symboles, encore vierges et inconnus. […] Penker, qui le regardait mourir, les yeux pleins de larmes, vit alors sortir de sa bouche un moucheron grêle, aux ailes ténues, pareil aux éphémères que l’on voit tourbillonner les soirs d’été autour des sources… L’âme apparaît aussi sous la forme d’une fleur, d’une grande fleur blanche ; elle est plus belle à mesure qu’on s’approche d’elle, et s’éloigne quand on veut la cueillir. […] En tête de l’élégant livret où il a enfermé ces gentilles fleurs d’Orient, un peu décolorées, il a inscrit cette dédicace sur laquelle je ne veux pas le chicaner : ἸΩΣΗΠΩ ΜΑΡΙΑ ΑΦʹ ἙΡΕΔΙΑΣ.

519. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Est-ce qu’un naturaliste méprise une fleur d’être gonflée de poison ? […] Une brise passait, légère et molle, comme une caresse du printemps nouveau à ces fleurs. […] L’observateur se demande longuement : d’où cette fleur merveilleuse du talent est-elle éclose ? Est-ce malgré cette existence désorbitée, est-ce à cause d’elle que la fleur a grandi ? […] Le botaniste des esprits ne saurait expliquer la fleur sans nous montrer ces causes profondes.

520. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M.  […] À l’ombre des jeunes filles en fleurs, p. 16 (N.  […] A l’ombre des jeunes filles en fleurs, p. 134. […] À l’ombre des jeunes filles en fleurs, I, 30. […] À l’ombre des jeunes filles en fleurs, I, 17.

521. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Nous avions des styles merveilleux, souples et nets, dépouillés, aptes à la logique, au bon sens lumineux qui est la fleur de notre race. […] Ni Valmont, ni Mme de Merteuil ne croient au spontané, ne cueillent les fleurs naturelles. […] Dans la cité de vos opinions, il amène ses guerriers si couverts de fleurs que vous les prenez pour des danseuses. […] Ô lectures premières et premiers contes, lait de l’esprit, source du fleuve fécond, joyeux réveils, cloches entendues et fleurs cueillies ! […] Mme Dargelle s’éprend du secrétaire de son mari, se l’avoue à peine, languit et meurt, pauvre fleur non respirée.

522. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

Son livre, Le Château des merveilles, — une série de poèmes jolis et musqués comme le nom de leur auteur, — apparaît comme une guirlande de fleurs minuscules pour une jolie fête de Lilliput.

523. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

D’ailleurs, on me comprendra quand on aura lu le sonnet suivant, qui est une merveille : Quand nous serons vieux, étendus parmi D’antiques coussins à fleurs démodées, Nous échangerons nos vieilles idées En parlant tout bas d’un ton endormi.

524. (1856) Cours familier de littérature. I « Épisode » pp. 475-479

La nature servait cette amoureuse agape ; Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits, Et l’anneau nuptial s’échangeait sur la nappe, Premier chaînon doré de la chaîne des nuits !

525. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Le Moine » p. 321

La guirlande de fleurs qui descendait d’une épaule, jolie, mais peu selon la sévérité de l’art ; la coëffure moitié antique, moitié moderne.

526. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Il a pu naître sur les bords de l’Oise ; il n’y a certainement pas grandi : autrement, à défaut de son cœur, ses yeux en eussent gardé le souvenir, et ses rêves au moins lui eussent plus d’une fois rapporté le parfum des herbes et des fleurs de la rive natale. […] Et Charles qui, dans la fleur de sa jeunesse, faisoit trembler l’Italie ? […] Toujours, quand il sera question de la rapidité et de la fuite des générations des hommes qui ressemblent, a dit le vieil Homère, aux feuilles des forêts ; toujours, quand on considérera la brièveté et le terme si court assigné aux plus nobles et aux plus triomphantes destinées : Stat sua quaeque dies, breve et irreparabile tempus Omnibus est vitae… mais surtout lorsque la pensée se reportera à ces images riantes et fugitives de la beauté évanouie, depuis Hélène jusqu’à Ninon, à ces groupes passagers qui semblent tour à tour emportés dans l’abîme par une danse légère, à ces femmes du Décaméron, de l’Heptaméron à celles des fêtes de Venise ou de la cour de Ferrare, à ces cortèges de Diane, — de la Diane de Henri II, — qui animaient les chasses galantes d’Anet, de Chambord ou de Fontainebleau ; quand on évoquera en souvenir les fières, les pompeuses ou tendres rivales qui faisaient guirlande autour de la jeunesse de Louis XIV : Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs ; quand, plus près encore, mais déjà bien loin, on repassera ces noms qui résonnaient si vifs et si frais dans notre jeunesse, les reines des élégances d’alors, les Juliette, les Hortense, ensuite les Delphine, les Elvire même et jusqu’aux Lisette des poètes, et quand on se demandera avec un retour de tristesse : « Où sont-elles ? 

527. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

quelqu’un de ses favoris à lui-même et des courtisans de Louise, quelque Olivier de Magny peut-être : « Celui qui ne tâche à complaire à personne, quelque perfection qu’il ait, n’en a non plus de plaisir que celui qui porte une fleur dedans sa manche ; mais celui qui désire plaire, incessamment pense à son fait, mire et remire la chose aimée, suit les vertus qu’il voit lui être agréables, et s’adonne aux complexions contraires à soi-même, comme celui qui porte le bouquet en main, donne certain jugement de quelle fleur vient l’odeur et senteur qui plus lui est agréable. » En un mot, qui aime, s’applique et s’évertue. […] Lorsque le rossignol, dans la saison brûlante De l’amour et des fleurs, sur la branche tremblante Se pose pour chanter son mal cher et secret, Rien n’arrête l’essor de sa plainte infinie, Et de son gosier frêle un long jet d’harmonie S’élance et se répand au sein de sa forêt.

528. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

que de fleurs ! Mais ce n’étaient que fleurs peintes et lustrées, printemps artificiel ; tout cela laissait froid et sans émotion, et ne s’adressait qu’aux lettrés. […] Le Cid est une fleur immortelle d’amour et d’honneur.

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