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860. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Par parenthèse, j’oserai blâmer cette clémence, car, en frappant sur un talent faux et perverti, on raffermit l’opinion publique, ce tonneau plein de vilaines choses qu’il est toujours bon de recercler !

861. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

 » Ainsi s’est fait, à la longue, un corps social développé à faux et à demi-factice, dont les proportions ne sont plus normales et dont l’économie interne subit les troubles qu’on a décrits, avortements et déformations, étranglements et engorgements, appauvrissement vital et arrêt de croissance, çà et là, l’atrophie aggravée par l’hypertrophie, inflammations partielles, irritation générale, malaise permanent et sourd.‌

862. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

De ce point de vue, s’il est faux que l’égalitarisme, niant les différences des individus, vise à supprimer leur concurrence, il est vrai qu’il vise à égaliser les conditions de cette concurrence même : dites en ce sens qu’il est « niveleur » et amateur d’uniformité.

863. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Et maintenant il faut savoir que Châtelain n’était point l’auteur du faux, ou pour être plus exact, du prétendu faux. […] Sainte-Beuve est mort convaincu que Châtelain avait fait du faux petit Constant ; M.  […] Il a des images dures, si ce n’est fausses. […] C’est au fond de la conscience, du milieu des idées de devoir et d’obéissance, que naît le vrai sérieux ; celui qui vient d’ailleurs est faux. […] C’est de cette idée, ou plutôt de ce fait, que la morale doit partir, sous peine, comme j’ai dit, d’être fausse.

864. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

On essaya d’abord une fausse imitation de l’antiquité grecque et romaine : c’était retourner à l’enfance. […] Et qu’on ne croie pas que je veuille faire de ce Moyen-Âge une peinture agréable et fausse. […] Et une fois la vie ainsi commencée, elle continue de faux pas en faux pas. […] Il faut au peuple l’égalité la plus grossière, la plus matérielle, la plus fausse par conséquent et la plus décevante, si vous ne pouvez pas constituer religieusement les différences qui existent entre les hommes. […] Lui seul a pu proclamer les droits de la femme après les avoir fait naître, et les faire naître en s’établissant dans le cœur de la femme. » Il est faux que l’Évangile ait proclamé les droits de la femme ; il a proclamé, au contraire, son asservissement : mais il est vrai qu’en ouvrant le paradis aux femmes et en répondant par l’amour à l’amour qui est leur nature, il s’est établi dans leur cœur, et a développé leurs droits, qu’il n’avait pas su tout d’abord reconnaître.

865. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

C’est là qu’on peut étudier la différence du génie vrai et du faux génie. […] Mais, au théâtre, il n’y a pas de ces complaisances : le vrai, le faux, l’impossible, y portent leur uniforme et s’y séparent en groupes bien distincts, comme des régiments différents sur un champ de manœuvres. […] Et cependant, même au point de vue purement littéraire, que de preuves à recueillir, que de réserves à faire, que de lacunes à montrer, que de choses fausses, agaçantes, obscures, fastidieuses, inintelligibles, avortées ! […] Métempsycoses druidiques, attitudes sacerdotales, amours éventés, mièvreries familières de vieux lion forçant son talent, fausse naïveté, fausse sensibilité, fausse grandeur, faux éclat, faux esprit, voilà de quoi justifier nos rigueurs envers cette poésie des Contemplations, quand même il ne s’y mêlerait pas mille scories de style, mille superfétations de couleur, une foule de ces végétations parasites qui croissent dans les fentes des monuments en ruines. […] Cousin. bien ; que tout effort pour embellir le mal ou accréditer le faux lui coûte à lui-même une partie de sa beauté et le condamne à se contourner, à s’amoindrir ou à grimacer.

866. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Ils avaient choisi l’antiquité pour le moment idéal de leur humanité quasi réelle et quasi fausse, j’entends historiquement fausse et humainement réelle. […] Fausse élégance, et non celle d’un garçon « large d’épaules et étroit du baudrier ». […] Après la mort de Jacques, ni le faux ménage du prêtre, ni la liaison des amants ne pouvaient durer. […] Ainsi, elle fausse les tables d’observations. […] Une fausse gravité — c’est une gravité inutile — ne date pas de loin, chez nous.

867. (1903) Propos de théâtre. Première série

Pour moi, elle est fausse. Je voudrais l’avoir inventée ; mais elle est fausse. […] Sa théorie me paraît fausse ; mais elle est curieuse, elle est amusante, elle est trouvée. […] Car enfin, ce n’est pas la « fausse religion » qui a séduit et abêti Orgon. […] Quand il s’est agi de votre inconstance, dont on m’apportait la fausse nouvelle, j’ai éclaté en colère et en imprécations.

868. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

le fat modeste, le petit seigneur, le faux magnifique, le défiant, l’ami de cour, & tant d’autres, viennent s’offrir en foule à qui aura le talent & le courage de les traiter. […] Les prétentions déplacées & les faux airs font l’objet principal du comique bourgeois. […] Mais les auteurs ne doivent pas compter sur ces coups de force, & le plus sûr est de ne pas mettre les acteurs dans le cas de joüer faux. […] Dans ces deux fables la moralité n’est vraie que par les circonstances, elle est fausse dès qu’on la donne pour un principe général. […] Il y a deux sortes de fausse gloire ; l’une est fondée sur un faux merveilleux ; l’autre sur un merveilleux réel, mais funeste.

869. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il ajoute : « La douleur est, de tous les tableaux, celui dont le spectateur se lasse le plus promptement : récente, elle intéresse ; vieille, elle est fausse ou insensée ; l’on s’en moque, et l’on fait bien. » Cela est-il vrai ? […] On voit, Lettre LVIII, que la langue latine s’était appauvrie, comme la nôtre, en se polissant : effet de l’ignorance et d’une fausse délicatesse ; de l’ignorance, qui laisse tomber en désuétude des mots utiles ; d’une fausse délicatesse, qui proscrit ceux qui blessent l’oreille ou gênent la prononciation. […] Ces deux faits sont attestés aujourd’hui par des témoins oculaires qui n’ont à se promettre de leurs mensonges aucune sorte de récompense. » D’après ce récit, je me demande si ces miracles sont vrais ou s’ils sont faux ; et j’avoue qu’après y avoir bien réfléchi, je vois presque autant d’inconvénient à les rejeter qu’à les admettre. […] Où en serions-nous, si des hommes pervers pouvaient rendre faux ce qui est vrai, mauvais ce qui est bon, laid ce qui est beau ? […] Si je les croyais de bonne foi, j’en aurais pitié ; mais je les crois faux.

870. (1864) Le roman contemporain

Paul Féval a un tout autre talent, et même, quand le genre est faux, le talent se retrouve. […] Si Maxime est un faux pauvre, j’ai bien peur que Laubepin ne soit pas un vrai notaire. […] Non seulement il y a des prolétaires, mais la paresse, les fausses spéculations, les désordres et la mauvaise conduite en font tous les jours. […] Idées fausses. — Caractères faux. — Premiers personnages. — Un évêque, un conventionnel, un galérien. […] Victor Hugo que cette fausse sensibilité exclut la vraie.

871. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

 Les autres, au contraire, trouvent ce traité fort utile, parce qu’il découvre aux hommes les fausses idées qu’ils ont d’eux-mêmes, et leur fait voir que, sans la religion, ils sont incapables de faire aucun bien ; qu’il est toujours bon de se connaître tel qu’on est, quand même il n’y aurait que cet avantage de n’être point trompé dans la connaissance qu’on peut avoir de soi-même.

872. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Et plus encore est illusoire et fausse la prétendue rigidité des naturalistes.

873. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Le faux seul fut noble.

874. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Il jugeait de haut et, d’un seul mot, clouait ses désaveux au front des faux talents.

875. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Hésiode les fait naître du sang d’Ouranos, inutile par la faux de Chronos ; mais la philologie comparée croit avoir découvert dans les mythes aryens leur plus lointaine origine.

876. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Elle leur défend seulement,         D’étaler & d’offrir aux yeux Ce que leur doit toujours cacher la bienséance, Et combat vivement la fausse piété, Qui, sous couleur d’éteindre en nous la volupté, Par l’austérité même, & par la pénitence, Sçait allumer les feux de la lubricité.

877. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Jeune, il fut très pauvre, très timide, et la femme, qu’il n’a point connue à l’âge où l’on doit la connaître, le hante d’une vision évidemment fausse.

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