L’un & l’autre expriment, avant de se poignarder, les mêmes sentimens, avec cette seule différence, que ceux d’Othello sont plus vifs & mieux rendus.
Comment la littérature d’un peuple pourrait-elle ne pas exprimer l’état des mœurs et des esprits à chaque période de la vie nationale ? […] L’idée que Charron exprime dans les paroles que nous avons citées, est plus spécieuse. […] Ce qui nous importe surtout, c’est ce qui exprime les idées morales de Rabelais, et ce qui explique l’effet qu’il a produit. […] Mais, du moins, Rabelais avait trop de bon sens pour exprimer lui-même cette prétention. […] Mais enfin Rabelais peut exprimer des idées sérieuses.
Souvent il ajoute à l’original des traits charmants… » Ainsi s’exprime M. […] Mais, en bafouant cet amour incongru, il l’exprime toutefois avec une sincérité entière. […] Car on ne saurait exprimer à quel point il en manque. […] Ça, c’est pour exprimer la fatalité. […] Et ceci exprime, pour la troisième fois, la fatalité.
Les mouvements du corps qui, suivant la locution admise, expriment l’attention, sont d’une importance capitale. […] La réflexion s’exprime d’une autre manière, presque inverse. […] Maury s’exprime encore plus explicitement. « Une simple différence de degré sépare l’extase de l’action de fixer avec force une idée dans l’intelligence. […] C’est une confession faite par ordre du pouvoir spirituel, c’est l’œuvre d’un esprit très délicat, très habile à observer, sachant manier sa langue pour exprimer les plus fines nuances. […] En sorte que nous trouvons toujours le même enchaînement : anomalie dans l’organisation, anomalie dans les tendances qui l’expriment, anomalie dans la position du plaisir et de la douleur.
L’amitié et la compassion que les poètes leur prêtent pour les hommes, expriment les vertus des sources thermales et les bienfaits que les sources versent aux campagnes. […] Hésiode nous a laissé quelques-uns de leurs noms, qui reflétaient la couleur ou qui exprimaient la qualité de leurs flots. […] Mais leur intervention exprime, en réalité, une idée plus haute, celle des âmes de la Nature émues du malheur de son plus grand fils. […] Chacun de ses dieux naît du point lumineux d’un astre, d’une motte du sol, d’une vague marine, d’un météore de l’atmosphère, et il n’exprime d’abord que ce phénomène isolé. […] Les métaphores qui exprimaient les phénomènes du couchant devinrent des vices, lorsqu’elles s’appliquèrent à un dieu figuré par des traits humains.
Les signes par lesquels les hommes commencèrent à exprimer leurs pensées, furent les objets mêmes qu’ils avaient divinisés. […] les tours ne vinrent que de la difficulté de s’exprimer ; les épisodes de l’inhabileté qui ne sait pas distinguer et écarter les choses qui ne vont pas au but. […] Joignez-y l’histoire des premiers siècles de Rome, qui nous présente le meilleur commentaire de l’histoire fabuleuse des Grecs ; en effet Rome ayant été fondée lorsque les langues vulgaires du Latium avaient fait de grands progrès, l’héroïsme romain jeune encore, au milieu de peuples déjà mûrs, s’exprima en langue vulgaire, tandis que celui des Grecs s’était exprimé en langue héroïque. […] Dans la seconde édition (1730), il part souvent des idées de la première comme de principes établis, et les exprime en formules qu’il emploie ensuite sans les expliquer. […] Nous ne nous arrêterons que sur les poésies où Vico a exprimé un sentiment personnel.
Les sonnets amoureux de Louise Labé mirent en veine bien des beaux esprits du temps, et ils commencèrent à lui parler en français, en latin, en grec, en toutes langues, de ses gracieusetés et de ses baisers (de Aloysiæ Labææ osculis), comme des gens qui avaient le droit d’exprimer un avis là-dessus. […] La première des pièces consacrées à la louange de Louise, dans l’édition de 1555, est une petite épigramme grecque qui peut jeter quelque jour sur cette situation ; à la faveur et un peu à l’abri du grec, les termes qui expriment son infortune particulière de cœur y sont formels. […] Il n’est pas possible, à un certain endroit, de méconnaître le rapport de la situation décrite avec ce qu’exprimeront tout à côté les sonnets de Louise : « En somme, dit-elle ici par la bouche de Mercure, quand cette affection est imprimée en un cœur généreux d’une Dame, elle y est si forte qu’à peine se peut-elle effacer ; mais le mal est que le plus souvent elles rencontrent si mal, que plus aiment et moins sont aimées. […] On peut chercher une de ces chansons diffamantes et tout à fait fescennines dans un petit écrit intitulé Documents historiques sur la vie et les mœurs de Louise Labé, Lyon, 1844 ; mais de telles malignités, ainsi exprimées, ne prouvent rien.
II Nous avons dit qu’une des plus merveilleuses facultés de l’âme était celle de s’exprimer elle-même par la parole écrite ou parlée, autrement dit par la littérature universelle. Ajoutons ici que l’âme éprouve le besoin ou l’instinct de s’exprimer, selon la nature de ses sensations, tantôt en paroles, tantôt en chant. […] De là la musique, ce chant sans paroles, qui s’écrit en notes intraduisibles dans aucune langue, et qui dit cependant à l’oreille de l’homme plus de choses, et des choses plus douces et plus fortes, qu’aucune parole articulée n’en peut exprimer. […] Ce qu’il y a de plus divin en nous ne s’exprime jamais, car les langues sont des moyennes, selon l’expression des géomètres, et les moyennes ne s’élèvent jamais aux excès des sensations et aux énergies ineffables du cœur humain.
Qui ne sent l’absurdité d’une pareille supposition, et quel homme de bonne foi, en comparant les paroles du poète et ses actions, en opposant tous les vers où il exprime sous son propre nom ses propres impressions à ceux où il exprime les sentiments présumés de son personnage, quel homme de bonne foi, disons-nous, pourra suspendre son jugement ? […] De ce qu’il y a quelques traits de vérité dans le fragment d’Harold, on veut conclure que ce ne sont point des sentiments feints, et qu’ils expriment la pensée de l’auteur plus que la passion du héros. […] Je n’en sais rien ; j’imagine que ce fut précisément le contraste, l’étreinte de la volupté sur le cœur qui le presse trop fort, et qui en exprime trop complètement la puissance de jouir et d’aimer, et qui lui fait sentir que tout va finir promptement, et que la dernière goutte de cette éponge du cœur qui boit et qui rend la vie, est une larme.
Hugo, Vigny, Gautier, Banville, Leconte de Lisle, l’ont faite souverainement intelligente et sympathique, soit qu’elle déroule la légende des siècles, soit qu’elle s’éprenne de beauté grecque et païenne, soit qu’elle traduise et condense les splendides ou féroces imaginations religieuses qui ont ravi ou torturé l’humanité, soit enfin qu’elle exprime des sentiments modernes par des symboles antiques. […] Surtout ils adorent la beauté et savent l’exprimer sans y faire effort. […] Sauf de rares exceptions, les épithètes appartiennent à l’ordre physique, rappellent des sensations, expriment des contours et des couleurs. […] Par là la netteté du rythme répond à celle des images et les dessine en quelque sorte pour l’oreille ; et la régularité un peu monotone de la phrase musicale est encore, pour le poète, une façon d’exprimer à la fois et d’entretenir le calme de sa contemplation.
Taine critique d’art, les deux parties de la phrase, qui ont l’air d’exprimer deux critiques analogues, se contredisent en réalité : car, si le dénombrement des cheveux d’un portrait indique bien un esprit myope et borné, tout au contraire l’explication d’un phénomène moral et religieux par une habitude d’alimentation serait plutôt d’un esprit philosophique et discursif à l’excès, capable d’embrasser de vastes ensembles de faits et de les ramener les uns dans les autres Enfin, le prince ne peut contenir son indignation contre cet « analyste perpétuel » qui « prend plaisir à déchiqueter sa victime jusqu’aux dernières fibres, sans un cri de l’âme, sans une aspiration vers l’idéal ». […] J’aime cet effort désespéré d’un poète triste et lucide pour exprimer l’ivresse et la joie. […] Et je ne sais rien de plus beau, de plus riche de sens et de poésie, de plus saisissant par la grandeur et l’importance de l’idée exprimée, et en même temps par la simplicité superbe et la rapidité précise et ardente de l’expression, que ces trente vers où nous est rendue présente, comme dans un large éclair, la suprême découverte de la science et la conception la plus récente de l’unité du monde physique. […] les dialogues où il exprime à Stella les inquiétudes de sa conscience et son dessein de redescendre sur la terre pour faire profiter les pauvres hommes de ce qu’il a appris dans un monde meilleur, et même, s’il le faut, pour souffrir encore avec eux… il y a dans tout cela une émotion, une beauté du sentiment moral, et comme un sublime tendre où M.
Alexandre Arnoux Les poètes méridionaux se sont exprimés, au moyen âge, en langue d’oc. […] Est-ce bien sûr, et cela prouverait-il que Provence et Languedoc, ayant perdu leur langue, ne parviennent, quoique terres ardentes de poésie, à s’exprimer en langue, non plus d’oc, mais d’oïl ? […] La formule de la « République une et indivisible » exprimait cet état. […] Fernand de Rességuier avait exprimé son étonnement que Toulouse n’eût jamais eu, en dépit des encouragements et des fleurs distribués par son Académie, un seul grand poète français.
De Philémon et Baucis je ne vous dirai presque rien aujourd’hui, parce que ce que ce poème contient de plus beau, de plus brillant et de plus charmant, j’ai eu l’occasion de vous le lire lorsque je vous ai décrit le caractère de La Fontaine et lorsque je vous ai parlé du goût de La Fontaine pour la médiocrité et de la manière exquise dont il s’est exprimé sur ce goût et sur cette chose. […] Ceci c’est, comme vous le savez, une idée chère à nos hommes de 1630, une idée antérieure, par conséquent, à La Fontaine, une idée qui n’est pas tout à fait de son temps, qui peut paraître surannée même, un peu, à l’époque où il l’exprime ; mais enfin il l’a exprimée et cela est intéressant précisément au point de vue des filiations et des péripéties de l’histoire littéraire. […] La lutte du jour et de la nuit, soit au crépuscule du matin, soit au crépuscule du soir, c’est une des idées poétiques qu’il caresse sans cesse et qu’il a le plus souvent exprimée, toujours avec une certaine variante, variante heureuse.
Ferrari n’a modifié ni sa manière de regarder les choses, ni sa manière de les voir, ni sa manière de les exprimer. […] Ferrari n’apparaît pas seulement comme une vérité, mais comme la seule vérité qu’il y ait à exprimer sur l’Italie. […] Qu’un tel mot cachât une idée, — ou, meilleure fortune pour un mot, qu’il dispensât d’en avoir une ; — que ce fût là une vérité ou un sophisme, une réalité ou une chimère, la chose que ce mot exprimait existait non pas seulement de fait, mais aussi avant d’être nommée, et M. […] Le fatalisme, dont il fait à présent une profession si ouverte, est certainement la plus triste et la plus humiliante de toutes les erreurs de notre esprit, car c’est son aveuglement par le fait et non plus l’éblouissement par l’idée ; et ce n’est pas seulement une erreur absolue, c’est aussi une erreur facile, qui ne coûte pas plus à celui qui l’exprime qu’à celui qui l’accepte, et qui, descendue d’une tête qui pense, va, par le chemin le plus court, se mettre à la portée du premier venu.
Cet art inouï du vers, si consommé qu’il est indépendant de ce qu’il exprime, ne peut guères être senti, du reste, que par les poètes, par ceux qui sont du bâtiment, comme dit l’excellente expression populaire. […] L’avenir pourra bien, un jour, rogner un pan de sa trop vaste gloire, mais, pour le moment, elle subsiste encore et brille de toute la splendeur de l’esprit de ceux qui l’acceptent… Or, pour cette raison et cette unique raison, je parlerai de son Pape, de ce poème qui, par le fait de la renommée de son auteur et par les idées qu’il exprime, pourrait bien avoir le triste honneur d’être dangereux. […] Mais il est d’une mélancolie plaisante de voir les vers grandiloquents de Hugo, que l’admiration de ce siècle appellerait volontiers Hugomagne, comme on dit : « Charlemagne », ne plus servir qu’à exprimer des idées que le chansonnier Béranger, ce polisson de France, qui, du moins, était gai, a exprimées d’une façon moins pleurarde, moins pompeuse et moins pédantesque.
Les mots lui mangent son talent, et c’est d’autant plus exact que les mots sont bêtes quand ils n’expriment pas des sentiments ou des idées. […] Stendhal nous l’avait exprimée dans sa Chartreuse de Parme, Ferdinand Fabre dans son Abbé Tigrane, — Ferdinand Fabre, tombé de l’abbé Tigrane au Frère Barnabé, qui n’est pas un prêtre, mais une espèce de prêtre à travers lequel on allonge un coup de couteau qui finira bien par trouver la poitrine d’un autre prêtre quelque jour. […] … Mais il est certain que sa tendance vers les choses abjectes, qui est celle de ce temps, réaliste et démocratisé, n’a jamais été exprimée avec un cynisme plus volontaire et plus fastueux. […] Il n’a plus dans le ventre que la conscience de ses personnages, que leurs ignobles passions, leurs horribles manières de sentir et de s’exprimer.
Il avoit principalement le talent d’exprimer avec grace jusques aux plus petites choses : « C’est en quoi, disoit* Boileau, il ressemble mieux aux Anciens, que j’admire sur-tout par cet endroit ; plus les choses sont seches & mal aisées à dire en Vers, plus elles flattent quand elles sont dites noblement & avec cette élégance qui fait proprement la Poésie ».
Depuis la derniere édition de cet Ouvrage, l'Abbé de Reyrac semble s'être fait justice sur son peu de talent pour la versification : il a publié une Hymne au Soleil ; mais il l'a écrite en prose ; & si cette prose sur la source de la lumiere & du feu est dépourvue de verve & de chaleur, elle ne l'est point de clarté, de correction, ni d'images grandes & noblement exprimées.