On y apprend à connoître ce qui constitue le style figuré ; à saisir, dans toutes les expressions, le sens propre & celui que l’imagination y ajoute pour mieux colorier la pensée.
Le Cardinal du Bois appeloit ses projets les Rêves d'un homme de bien, expression plaisante, qui peut être juste à certains égards ; mais ces Rêves supposent, dans celui qui étoit capable de les avoir, une grande étendue d’idées, l’esprit de combinaison dans les détails, & par-dessus tout un grand amour du bien public.
Son Histoire universelle, qui ne renferme que l'espace de soixante-deux ans, est beaucoup plus estimable par le style que par l'expression.
L’expression est heureuse ; mais ces Messieurs devroient savoir que, si cet Auteur, réprouvé parce qu’il est décent, honnête, raisonnable dans la plupart de ses sentimens, n’a pas mérité d’être célébré par eux, comme tant d’autres, il n’en a pas moins le mérite d’écrire d’une maniere bien supérieure aux Auteurs de la Philosophie du bon sens, du Code de la Nature, du Christianisme dévoilé, & de tant d’autres rapsodies aussi insupportables par l’extravagance des idées, que par la bizarre contexture du style.
Sans doute nous avons devant les yeux les mouvements de cet homme et ses manifestations qui sont, nous en sommes sûrs, les modes d’expression de sa sensibilité et de sa volonté. […] Elle est l’expression du doute philosophique porté aussi loin que possible. […] Ce sont des expressions littéraires dont nous nous servons parce qu’elles représentent à notre esprit l’apparence de certains phénomènes. […] Nous regardons donc comme équivalentes les diverses expressions qui précèdent, et le mot déterminisme les résume toutes. […] Il ne faut pas, suivant l’expression de Priestley, rester dans l’inaction par une fausse modestie fondée sur la crainte de se tromper.
— Une lettre imprimée a été adressée à M. de Broglie par l’abbé Dupanloup, vicaire général de Paris et supérieur du petit séminaire : il y relève quelques expressions sévères du savant rapporteur sur les études des petits séminaires et leur peu de portée littéraire et classique.
Vous êtes moins grec que lui ; le Parthénon vous inspire moins que les minarets et les pagodes ; mais, chez vous comme chez lui, l’accent païen, la note franche et libre, l’expression de la sainte nature sans réticences et sans voiles pudiques.
Laurent Pichat s’est fait remarquer par ses Libres Paroles (1847), où il a trouvé, pour l’expression de ses sentiments, de ses doutes, de ses interrogations généreuses, plus d’une action et d’un cri où l’on surprend comme un écho de Byron.
Aussi ce qui distingue sur-tout cet Orateur de ses Rivaux, c’est la précision & la clarté du style, la noblesse des expressions, la justesse & la profondeur des idées, la variété des tons, la solidité des principes, & une grande étendue de lumieres.
Il seroit difficile de douter, par exemple, que les remarques & les expressions suivantes, tirées du Traité de l’Eloquence du corps, ne soient de sa façon.
De là, le défaut de liaison & de suite dans ses idées, d’assortiment dans l’ensemble, de caractere dans son style, tantôt philosophique, tantôt religieux, & toujours froid ; de là, ces figures étrangeres au sujet & préparées avec effort, ces tours étudiés, ces expressions symétriques qui supposent de l’esprit, mais qui décelent un cœur vide de sentimens, & par conséquent incapable de toucher les autres cœurs & de s’en rendre le maître.
Ses Poésies, qu’on ne lit plus, consistent en des Satires, dont le sujet est moral & critique ; en plusieurs Epigrammes, Madrigaux, Stances, Ballades, parmi lesquelles on trouve plusieurs Pieces d’un très-bon goût, si on fait grace à quelques expressions surannées.
Qu’on suppose que Rabelais ait voulu s’envelopper, pour ne point paroître attaquer si directement ce qui aiguisoit son humeur satirique : étoit-ce d’un tissu de pensées triviales, de propos obscènes, d’expressions basses, qu’il devoit former le voile destiné à cacher ses allégories ?
Sa Prose est assez communément dans le même goût ; mais si elle n’a pas le mérite des tours & de l’expression, elle a quelquefois celui des pensées.
Peut-être l’expression eût-elle été plus terrible et plus forte, si elle eût souri au serpent attaché à son sein.
On a quelquefois besoin d’un exemple de platitude, de platitude de composition, d’ordonnance, de couleur, de caractère, d’expression.
« La veille du jour où Benjamin Constant devait prononcer son discours, j’avais chez moi Lucien Bonaparte, MM… et plusieurs autres encore, dont la conversation, dans des degrés différents, a cet intérêt toujours nouveau qu’excitent et la force des idées et la grâce de l’expression. […] C’est là, selon nous, le secret de cette douleur sans proportions et sans bornes, dont l’expression dans ses mémoires excite presque la pitié à force d’exagération. […] L’accusation n’avait ni fondement, ni prétexte : le livre triompha de l’opposition, et madame de Staël, qui n’avait signalé jusque-là que son génie de controverse et d’éloquence, signala sa puissance dans l’expression de la passion. […] » En effet, je l’avoue, ma haine, quelque forte qu’elle fût contre Bonaparte, n’allait pas jusqu’à me faire croire à la possibilité d’un tel forfait. « Puisque vous doutez de ce que je vous dis, me répondit le prince Louis, je vais vous envoyer le Moniteur, dans lequel vous lirez le jugement. » « Il partit à ces mots, et l’expression de sa physionomie présageait la vengeance ou la mort. […] « Le don de révéler par la parole ce qu’on ressent au fond du cœur est très-rare ; il y a pourtant de la poésie dans tous les êtres capables d’affections vives et profondes ; l’expression manque à ceux qui ne sont pas exercés à la trouver.
Qu’un philosophe se dépasse lui-même et use plusieurs systèmes (c’est-à-dire plusieurs expressions inégalement parfaites de la vérité), cela n’a rien de contradictoire, cela lui fait honneur. […] J’aime et j’admire le grand scepticisme désespérant, dont l’expression a enrichi la littérature moderne de tant d’œuvres admirables. […] Il s’agit de savoir, en un mot, si la loi de l’humanité est une expression telle qu’en augmentant toutes les variables on augmente la valeur totale, ou si elle doit être assimilée à ces expressions qui atteignent un maximum, au-delà duquel une augmentation apportée aux éléments divers fait décroître la valeur totale. […] Le bon sens a tous les droits quand il s’agit d’établir les bases de la morale et de la psycho-logie ; parce qu’il ne s’agit là que de constater ce qui est de la nature humaine, laquelle doit être cherchée dans son expression la plus générale, et par conséquent la plus vulgaire ; mais le bon sens n’est que lourd et maladroit, quand il veut résoudre seul les problèmes où il faut deviner plutôt que voir, saisir mille nuances presque imperceptibles, poursuivre des analogies secrètes et cachées.