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2307. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Or, ces études préliminaires sont aujourd’hui trop dédaignées, et lorsqu’il arrive aux poètes contemporains d’associer aux événements qu’ils célèbrent le souvenir d’un épisode antique, c’est presque toujours avec une espèce d’ostentation. […] Hugo a pu être amené à personnifier la poésie dans cette espèce de mendiant qui voudrait être bouffon.

2308. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Puisque le Poëte est l’interprète de la Beauté — or, la Beauté est le signe de la Vérité, — sa tâche humaine n’est autre que de témoigner le plus glorieusement qui soit en lui de la dignité de l’espèce. […] — Le pire et, toutefois, le providentiel, c’est qu’il avait raison, provisoirement ; c’est que, dès que l’esprit perd, dans le drame spirituel, son rôle naturel de protagoniste, dès que le Composé humain abdique sa faculté de penser, c’est à dire de choisir entre la Vérité et son contraire, le Beau et le Laid, qui sont les espèces du Vrai et du Faux, deviennent indifférents : plus rien n’importe, que de se remuer, de bouger, de s’agiter dans un sens tel quel. […] La première est la connaissance de nous-mêmes, ensuite viennent les autres… Il peut se faire que le savoir ne doive arriver qu’à l’état fragmentaire sur une planète qui, elle-même dérangée dans ses rapports avec le soleil, laisse imparfaite toute espèce de réflexion qui, dès lors, ne peut se compléter que par la foi… Où la science suffit, la foi est inutile ; mais où la science perd ses forces, gardons-nous de vouloir disputer à la foi ses droits incontestables.

2309. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Ainsi, avérait-il la part trouble et subconsciente remontée de lointains âges dont il semblait avoir eu la presciente sensation quand, en tête des Poèmes saturniens, il écrivait de soi-même que chez les êtres de son espèce, le plan de vie est dessiné ligne à ligne par la logique d’une influence maligne ». […] Quant à « l’Instrumentation verbale » il m’accordait aussi qu’il une correspondance réelle entre les sensations diverses espèces, et par là, entre les sensations et les sentiments.

2310. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ces espèces de légendes n’ont cours qu’à l’occasion de poètes vraiment populaires.

2311. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

La Raisin était une belle veuve qui jouait des espèces de farces au coin de la rue Guénégaud.

2312. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Pour ce déterministe, l’individu n’est qu’une phase de l’évolution de l’espèce.

2313. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Dix mille Grecs, qui s’étoient attachés à sa fortune, retournerent dans leur patrie, à travers mille dangers de toute espèce : Xenophon les commanda vers la fin de cette célébre retraite, dont il a fait l’histoire.

2314. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Elle a deux forces agissantes : d’une part la raison elle-même, qui critique, qui détruit, par une espèce de suicide ; la raison réduite à la sécheresse matérialiste ; et d’autre part le sentiment, élément nouveau, positif, qui annonce l’avenir.

2315. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Ses colères, l’espèce de plaisir qu’il éprouvait à contrarier le patriotisme de ses amis cachaient les secrètes angoisses de son cœur ; il ne voulait pas entendre de la bouche des autres ce qu’il se disait à lui-même. […] je suis celui qui est partout en même temps et qui surveille toute espèce de jeu : le trente-et-quarante et la roulette, le baccara des civilisés, le poker des Américains, les osselets des sauvages, le jeu au bouchon des voyous, et le jeu aux billes des enfants, sans compter la Bourse et le négoce… Et c’est moi qui dirige le hasard, qui mélange les cartes et les dés, qui conduis l’imprévu… Je déjoue les systèmes, je fais sauter les martingales, j’interromps les parolis, j’embrouille les intermittences, j’amène les coups extraordinaires. […] À ma gauche se trouvait le lieutenant-colonel Rieussec, de la légion de la garde nationale devant laquelle nous passions, lorsque tout près de l’Ambigu, non pas du théâtre actuel dont on avait fouillé le voisinage, mais d’un ancien Ambigu abandonné, en face du café du Jardin Turc, une espèce de feu de peloton, comme la décharge d’une mitrailleuse, se fit entendre, et en levant les yeux au bruit, je vis de la fumée devant une fenêtre à moitié fermée par une persienne.

2316. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Tous dites que tous les hommes sont égaux : dites-moi donc pourquoi tant d’hommes sont marqués au front toute leur vie du stigmate de leur naissance ; expliquez-moi cette horrible fatalité qui pèse sur les dix-neuf vingtièmes de l’espèce humaine.

2317. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il y a, en Italie surtout, et même en France, des espèces d’infiltration du Paganisme tout au travers des pensées les plus chrétiennes des humanistes. […] La fin de la lettre de Gargantua à Pantagruel étudiant à Paris, citée partout, est admirable ; mais elle commence bien par ceci : « Très cher fils, entre les dons grâces et prérogatives, desquels le souverain plasmateur Dieu tout puissant a endouairé et aorné l’humaine nature à son commencement, celle me semble singulière et excellente par laquelle elle peut, en état mortel, acquérir espèce d’immortalité et en décours de vie transitoire perpétuer son nom et sa semence… » — À Pantagruel explorateur Gargantua écrit à peu près sur le même style : « Fils très cher, l’affection que naturellement porte le père à son fils bien aimé est en mon endroit tant accrue par l’égard et révérence des grâces particulières en toi par l’élection divine posées, que depuis ton partement m’a non une fois tollu tout autre pense ment… » — A quoi Pantagruel répond en accord parfait : « Père très débonnaire, comme à tous accidents en cette vie transitoire non doutés ni soupçonnés, nos sens et facultés animales pâtissent plus énormes et impotentes perturbations (voire jusques à en être souvent l’âme désemparée du corps quoique telles subites nouvelles fussent à contentement et souhait) que si eussent auparavant été propensées et prévues ; ainsi m’a grandement ému et perturbé l’inopinée venue de votre écuyer Malicorne. » Il est évident que quand Rabelais s’avise qu’une chose qu’il rapporte est censée chose écrite, il songe à écrire, et que quand il songe à écrire, il écrit majestueusement et lourdement, avec des souvenirs malheureux et des imitations maladroites de la rhétorique cicéronienne. […] L’espèce humaine paraissant dans le monde se montrait vicieuse. […] Les « libertins qui se nomment spirituels » prétendant sans aucune espèce de réserve que Dieu littéralement fait tout, Calvin se moque beaucoup d’eux, et non sans esprit, mais semble à chaque instant se réfuter lui-même.

2318. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il est absolument garanti contre toute espèce de mensonge par la nature de son sujet et par la qualité de son public. […] Et il allègue, pour en justifier Beckford, la raison dont il appuie ailleurs la forme sibylline de ses vers « l’espèce de solennité avec quoi il fallut s’asseoir à une tâche de caractère unique, différente, elle, de tout ce qui allait être la vie115 ». […] Idéaliste dont le génie naturel évaluait sans cesse les réalités extérieures en les espèces de la pensée, il se préoccupa moins de l’objet de la poésie que du fait de la poésie.

2319. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Dans ce pêle-mêle confus d’Achilles et de Thersites, dans cette cohue de rois et de populaces, on ne distingue pas d’abord sur quels groupes l’attention va se fixer, Mais peu à peu l’histoire s’explique et s’éclaircit, les groupes se personnifient, les nations s’individualisent ; grâce aux dimensions colossales de l’action, une catastrophe qui ruine un royaume n’a plus que l’importance relative d’une scène ordinaire ; le drame tout entier prend une espèce d’unité involontaire et fatale, unité réelle et providentielle, qui ne résulte pas du choix ou de l’oubli, de la préférence ou du dédain, mais qui se fait d’elle-même, qui ressort des événements ; unité inhérente à l’ensemble, à laquelle tous les détails concourent merveilleusement. […] J’ai pour les étalons arabes et turcomans de première et seconde espèce une estime très haute ; mais je trouve que cette noble conquête occupe un espace un peu trop large sur la scène où le voyageur s’est placé. […] Or, on ne saurait le nier, la plupart des hommes ne sont guère capables que de cette espèce d’amour que je viens d’indiquer.

2320. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Bien que les livres de cette espèce ne soient pas rares, je ne prends pas celui-ci au hasard. […] On se prend à estimer notre pauvre espèce humaine quand on découvre — et c’est là un fait incontestable — que toute cause juste, si obscure qu’elle soit, trouve des défenseurs persévérants. […] Toujours vous la verrez dévorer par ceux qui se donnent des indigestions ; car dans le partage inégal des douceurs de la vie il n’y a pas tant heur et malheur, comme on se plaît à le dire, que le résultat naturel des deux variétés de caractère dont notre pauvre espèce est affligée.

2321. (1923) Nouvelles études et autres figures

Elle l’avait transporté sur un sombre Thabor ; et, en 1793, il avait rendu ses oracles dans un grand livre intitulé : Recherches concernant la Justice politique et son influence sur le bonheur de l’Espèce humaine. […] Mais quand on croit ainsi au progrès indéfini de l’espèce humaine, on ne la fait point partir du Paradis Terrestre.

2322. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

On emportait des vivres de toute espèce.

2323. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Je retrouve en rentrant du cimetière, au Grenier, Rodenbach qui me dit écrire un poème inspiré par sa maladie, où il cherche à peindre l’affinement produit par la souffrance, l’espèce d’étape supérieure, que cela fait monter à notre humanité.

2324. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Ce terme, fort vague, ne signifie en somme pas grand-chose, car tous les poètes de valeur, de toute éternité, furent des symbolistes puisque leur œuvre implique la vision et la compréhension spéciales à l’individu d’un fait, d’une émotion, d’une idée, communes à la race ou à l’espèce.

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