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335. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

. — Mais combien de fois, en matière musicale, n’a-t-on pas vu ceux qui devaient faire la lumière, employer leurs efforts à répandre l’erreur ? […] Pendant dix ans, il multiplia les auditions privées et publiques au piano, il n’épargna aucune démarche auprès de ceux qu’il savait avoir une action sur le public, pour les guider et les éclairer dans l’appréciation des œuvres de Wagner, allant jusqu’à se faire conférencier pour redresser les erreurs attribuées par la malveillance à son maître préféré … C’est Brassin qui à force de diplomatie et de finesse réussit à faire accepter comme chef d’orchestre Hans Richter, lorsqu’il fut question de donner pour la première fois Lohengrin au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. » Ceci m’amène à parler de cette première de Lohengrin, longtemps attendue et qui eut enfin lieu, sous la direction de l’éminent chef d’orchestre, le 22 mars 1870. […] Il importe donc de rectifier une erreur assez grave, due, non à une négligence, mais à ce que M.  […] Il y a ici double erreur.

336. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Si je développe les erreurs de votre système, si je brise les ressorts que vous avez fait jouer pour le faire triompher de tous les obstacles que le bon sens vous opposait, c’est afin d’arriver naturellement à la première idée d’un projet de réforme qui doit tourner à l’avantage de l’art, des comédiens français et de vous-même. […] Il en est de même de vous, Monsieur : je ne vous cacherai pas qu’au moment où vous vous êtes armé pour détruire nos anciennes croyances ; de ce moment où Racine, Voltaire et Boileau ont provoqué vos mépris, j’ai redouté dans vous un ennemi d’autant plus dangereux pour le théâtre, que vous avez reçu du ciel ce génie adroit et persévérant qui fait triompher l’erreur et force la vérité à se cacher quelque temps. […] Vous possédez, Monsieur, un genre de talent qui, si vous vouliez abandonner vos fausses idées, pourrait faire oublier bientôt toutes vos erreurs. […] Monsieur, je n’ai point l’honneur d’être connu de vous ; je n’ai pas plus de titre pour vous donner des conseils que je n’en ai pour faire la critique de vos ouvrages ; et si j’ai pris cette liberté, c’est que j’ai conçu l’espoir, tout en éclairant le public et le gouvernement sur la cause de la décadence de notre beau théâtre, de détruire quelques-unes de vos erreurs romantiques et de rappeler tous nos jeunes auteurs à des idées plus saines sur notre littérature dramatique.

337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

Cet Auteur que nous avions, par erreur, annoncé pour mort, dans les précédentes éditions de cet Ouvrage, est depuis long-temps établi en Allemagne, où il cultive avec succès la Littérature Françoise.

338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

Cet Auteur a été en cela un exemple très-capable de prouver combien un esprit caustique, indépendant, aidé d’une mémoire prodigieuse, est propre à enfanter d’erreurs, & à les débiter avec assurance.

339. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

» Le comte de Maistre, dans une des charmantes lettres à sa fille, Mlle Constance de Maistre, a badiné agréablement sur cette question, et il y a mêlé des vues pleines de force et de vérité : « L’erreur de certaines femmes est d’imaginer que pour être distinguées, elles doivent l’être à la manière des hommes… On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été malheureuses ou ridicules par la science. » Au siècle dernier, un jésuite des plus éclairés et des plus spirituels, le père Buffier, qui était de la société de Mme de Lambert, dans une dissertation légèrement paradoxale, s’est plu à soutenir et à prouver que « les femmes sont capables des sciences » ; et après s’être joué dans les diverses branches de la question, après avoir montré qu’il y a eu des femmes politiques comme Zénobie ou la reine Élisabeth, des femmes philosophes comme l’Aspasie de Périclès et tant d’autres, des femmes géomètres et astronomes comme Hypatie ou telle marquise moderne, des femmes docteurs comme la fameuse Cornara de l’école de Padoue, et après s’être un peu moqué de celles qui chez nous, à son exemple, « auraient toutes les envies imaginables d’être docteurs de Sorbonne », — le père Buffier, s’étant ainsi donné carrière et en ayant fini du piquant, arrive à une conclusion mixte et qui n’est plus que raisonnable : À l’égard des autres, dit-il, qui ont des devoirs à remplir, si elles ont du temps de reste, il leur sera toujours beaucoup plus utile de l’employer à se mettre dans l’esprit quelques connaissances honnêtes, pourvu qu’elles n’en tirent point de sotte vanité, que de l’occuper au jeu et à d’autres amusements aussi frivoles et aussi dangereux, tels que ceux qui partagent la vie de la plupart des femmes du monde. […] Notre sexe lui doit beaucoup : elle a protesté contre l’erreur commune qui nous condamne à l’ignorance. […] Par malheur, en touchant si juste dans son attaque contre cette fausse veine, Mme Dacier, préoccupée des idées d’école, donnait à l’instant dans une erreur d’un autre genre ; elle croyait pouvoir offrir dans Homère la perfection et jusqu’à la symétrie du poème épique, tel que le système en avait été autrefois trouvé par Aristote et surtout tel que l’avait récemment présenté dans un traité ad hoc un savant chanoine, le père Le Bossu ; et, par là, elle allait prêter le flanc aux gens d’esprit qui, battus ou repoussés sur une des ailes de leur corps de bataille, prendront leur revanche sur l’autre aile.

340. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il vendit à un libraire de Francfort, pour une contrefaçon du Siècle de Louis XIV, des notes qui n’y relevaient pas seulement des erreurs, mais qui s’attaquaient à l’homme même. […] Il lui semble que le stoïcisme tout pur, quand on ne le tempère point par de l’épicuréisme, est une substance trop forte qui agit comme un poison ; et il continue en ces termes : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage. […] Mais je suis bien fol moi-même de faire un long sermon de morale à un homme à qui je devrais adresser un épithalame… Je mets en regard ce qu’est devenu ce passage sous la plume fertile de La Beaumelle : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage.

341. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il n’est donné qu’à la poésie, à celle qui est pure flamme, de triompher de tout, des malheurs, des exils, des erreurs même et des rebuts de la destinée. […] L’infortune m’ouvrit le temple de Thalie ; L’espoir m’y prodigua ses riantes erreurs ;        Mais je sentis parfois couler mes pleurs             Sous le bandeau de la Folie. Dans ces jeux où l’esprit nous apprend à charmer,             Le cœur doit apprendre à se taire ;        Et lorsque tout nous ordonne de plaire,                   Tout nous défend d’aimer… Ô des erreurs du monde inexplicable exemple, Charmante Muse !

342. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

J’ai examiné, peut-être moins longuement qu’il n’eût fallu, la philosophie de MM. de Régnier et Griffin, mais, en sortant des généralités, je risquerais de commettre vingt erreurs. […] * *   * Cette erreur en accompagne presque toujours une autre qui n’en est souvent que le résultat et parfois, en musique surtout, se confond avec elle. […] La même erreur, et maintes fois pareillement rachetée, existe aussi en musique.

343. (1890) L’avenir de la science « XIII »

La connaissance qu’eut le Moyen Âge de l’antiquité classique est l’exemple le plus frappant de ces modifications insensibles des faits primitifs, qui amènent les plus étranges erreurs ou les façons les plus absurdes de se représenter les faits. […] Ceux qui refont ces histoires les uns après les autres ne font que copier les mêmes erreurs et les aggravent en y joignant leurs propres conjectures. […] C’est une erreur.

344. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Erreur au-delà !  […] En vain serait-il convaincu qu’il n’arrivera jamais à éliminer absolument cette cause d’erreur que Sainte-Beuve a signalée en disant : « C’est toujours soi qu’on aime, même dans ceux qu’on admire », il doit travailler à réduire au minimum cet élément subjectif, ou, pour emprunter une expression au langage de la science, ce cœfficient personnel. […] Elle n’échappe pas aux causes d’erreur que nous venons de signaler ; elle est également variable et contradictoire.

345. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Sa méthode d’exposition, si développée et si lumineuse, ne nous dérobe rien des erreurs et de leurs conséquences ; il en traite comme il avait fait précédemment pour les parties heureuses, et ne laisse rien dans l’ombre. […] Les princes, les peuples se trompent, a dit un ancien, et des milliers de victimes succombent innocemment pour leur erreur. […] Thiers s’est donc permis d’ajouter dans sa traduction les erreurs des peuples, et cette variante d’Horace me plaît fort.

346. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je doute fort s’il est permis à un homme d’écrire contre le culte et la croyance de son pays, quand même il serait de bonne foi persuadé qu’il y eût des erreurs, à cause du trouble et du désordre qu’il y pourrait causer ; mais je suis bien sûr qu’il n’est nullement permis d’attaquer les fondements de la morale, et de rompre des liens si nécessaires et déjà trop faibles pour retenir les hommes dans le devoir. […] Sans l’observation directe et l’expérience, ils seraient inutiles et même induiraient en erreur autant qu’une carte géographique pourrait le faire, si l’on voulait y chercher une connaissance complète des villes et des provinces. […] Il faut savoir, même en littérature, tolérer les faiblesses des autres : « Laissez-les jouir tranquillement de leurs erreurs dans le goût comme dans la religion. » Oh !

347. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Je me permettrai seulement de demander si dans cette abstinence absolue de toute citation et de toute note en un genre d’ouvrage qui les réclame naturellement, si dans cette suppression exacte de tout nom propre moderne, là même où l’auteur y songe le plus et y fait allusion, si dans cette attention tout épigrammatique à ne laisser sans rectification aucune des petites erreurs d’autrui, il n’y a pas une autre sorte de pédantisme. […] À ce morceau sur Bussy il faut joindre ce qu’il a écrit sur Molière dans la Revue des deux mondes : il y détruit quelques erreurs traditionnelles répétées par tous les biographes ; il rectifie des dates et ajoute aux faits connus sur les origines du grand poète quelques faits nouveaux. […] Bazin, lui aussi, n’a pas laissé de faire plus d’une hypothèse et de commettre quelques petites erreurs de fait, en même temps qu’il se donne le facile plaisir de se poser en redresseur sur des points que d’autres avaient déjà rectifiés avant lui.

348. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

« Depuis l’Évangile jusqu’au Contrat social, dit-il et répétera-t-il depuis en maint endroit, ce sont les livres qui ont fait les révolutions. » Les révolutions, qui ont changé en bien ou en mal l’état de la société, n’ont eu d’autre cause que la manifestation des vérités ou la propagation des erreurs. Pour lui, il croit que, depuis plusieurs siècles, c’est l’erreur qui se propage et il veut rappeler les lois fondamentales et la vérité. […] Alors, quantité de définitions et de sentences d’or apparaissent : par exemple, cette définition de l’homme, que d’autres avant lui avaient trouvée, mais qu’il a réinventée et mise en honneur de nouveau : « L’homme est une intelligence servie par des organes. » Voici quelques-unes encore de ces belles pensées, et qui sentent le moderne Pythagore : En morale, toute doctrine moderne, et qui n’est pas aussi ancienne que l’homme, est une erreur.

349. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Lorsqu’un autre avançait quelque chose que je croyais une erreur, je me refusais à moi-même le plaisir de le contredire brusquement et de démontrer à l’instant quelque absurdité dans sa proposition ; et, en répondant, je commençais par faire observer que, dans certains cas ou circonstances, son opinion pouvait être juste, mais que, dans le cas présent, il me paraissait, il me semblait qu’il y avait quelque différence, etc. […] Les conversations où j’entrais en étaient plus agréables ; la manière modeste dans laquelle je proposais mes opinions leur procurait un plus facile accueil et moins de contradiction ; j’avais moins de mortification moi-même quand je me trouvais dans mon tort, et je venais plus à bout de faire revenir les autres de leurs erreurs et de les faire tomber d’accord avec moi quand je me trouvais avoir raison. […] Une des erreurs, un des errata de sa vie, c’est que, dans les premiers temps de son séjour à Londres, il écrit une seule lettre à cette jeune et digne personne, et pour lui annoncer qu’il n’est pas probable qu’il retournera à Philadelphie de sitôt : il résulta de cette indifférence que la jeune fille, sollicitée par sa mère, se maria à un autre homme, fut d’abord très malheureuse, et que Franklin ne l’épousa que quelques années plus tard, lorsqu’on eut fait rompre ce premier mariage et qu’elle eut recouvré sa liberté.

350. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Nous sommes induits en erreur par l’observation habituelle de nos animaux domestiques. […] Mais ce serait faire erreur : nous oublions que chaque espèce, même dans les lieux où elle est le plus répandue, subit toujours une destruction considérable à certaines phases de la vie individuelle de ses représentants et du fait de leurs ennemis ou de leurs compétiteurs pour la même place au soleil et pour la même nourriture. […] Mais quelle erreur profonde !

351. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

J’estime qu’en cela l’opinion publique commet une erreur basée sur un malentendu. […] Toutefois, dominé par l’exclusivisme atavique de son jugement non moins que par l’opinion vulgaire entachée d’erreur, il agit presque toujours comme si les siècles écoulés n’avaient pas modifié du tout au tout la conception nationale de l’homme antique. […] Peu de chose, si ce n’est répandre l’erreur et semer le péril.

352. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Les erreurs de cet esprit si juste sont des jugements intéressés, où il a pris sa commodité pour règle… Et comparant cette correspondance de Voltaire avec les lettres de Cicéron, cet autre esprit universel et le grand épistolaire de l’Antiquité, il dira : L’amour de la gloire est l’âme de ces deux recueils, et ce que Voltaire fait dire au Cicéron de sa Rome sauvée : Romains, j’aime la gloire et ne veux pas m’en taire, est aussi vrai du poète que de son héros. […] Même critique exquise et même délicatesse de goût, si ce n’est que les erreurs de Cicéron sur les choses de l’esprit viennent de sa faiblesse pour la rhétorique, et celles de Voltaire de sa faiblesse pour lui-même.

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