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793. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Dans la maison qu’il a bâtie et meublée, tout le monde est entré déjà, le Roman, la Comédie, le Drame, le Journalisme, et tout le monde en est ressorti les mains pleines. […] Il lui répugne d’entrer au service d’une idée, car elle est reine, et dans son royaume tout doit lui obéir. […] Avant d’entrer dans un rôle, défiante, incertaine, elle avait besoin, pour s’en faire une idée exacte, de la leçon d’un maître ou de la tradition persistante et connue. […] Ce qui est certain, c’est que la tentation était trop grande de pouvoir entrer à la Comédie-Française eu apportant si peu. […] Les rangs se resserrent, les recrues y entrent incessamment, et c’est toujours une magnifique armée que la famille des auteurs qui écrivent pour le théâtre.

794. (1900) La culture des idées

Le raisonnement n’a aucune prise sur de telles idées ; les exprimer, c’est les affirmer, mais elles fausseraient nécessairement toutes les thèses où on voudrait les faire entrer. […] Un apôtre, vêtu, comme un philosophe, d’une robe de hasard et tous ses poils flottant comme sous un vent prophétique, entrait dans un temple et rebaptisait le dieu séculaire. […] Au xviie  siècle, il était avoué et entré dans la galanterie des précieuses. […] Mais que l’ennemi soit un ou multiple, il gêne également ma liberté, et, m’ayant forcé à le concevoir, il me force à « entrer en pourparlers » avec lui. […] Par tempérament ce dernier est plutôt froid, mais chaque fois que des artistes parisiens entrent en contact avec lui la glace ne tarde à se rompre et la soirée finit par une ovation.

795. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Si nous réussissions à souhait et selon tout notre idéal, un bon nombre de ces articles médiocrement sévères et de ces portraits ne seraient guère autre chose qu’une manière de coup d’œil sur des coins de jardins d’Alcibiade, retrouvés, retracés par-ci par-là, du dehors, et qui ne devraient pas entrer dans la carte de l’Attique : cette carte, c’est, par exemple, l’histoire générale de la littérature, telle que la professait ces années précédentes et que l’écrira bientôt, nous l’espérons, notre ami Ampère, ou quelqu’un de pareil. […] Je me trouverai près de la porte, quand il entrera. […] Je continue d’y glaner. — Une rencontre par un temps de pluie, au retour d’une promenade, conduit Meyer et son ami le comte Max à faire compagnie à Mlle de La Prise, qui, arrivée devant sa maison, les invite à entrer. […] Je n’entrerai pas dans le détail des différents ouvrages de Mme de Charrière qui suivirent ; ils sont de toutes sortes et nombreux. […] Dans ce tête-à-tête des matinées de Colombier, discutant et peut-être déjà doutant de tout, il en put venir, dès le premier pas, à ce grand principe de dérision qu’il exprimait ainsi : Qu’une vérité n’est complète que quand on y fait entrer le contraire 231.

796. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Montjoie, l’auteur des Quatre Espagnols, si oublié, ne prit que le temps d’y entrer, de s’en réjouir et d’y mourir. […] Ç’allait être un beau jour pour lui, le plus beau jour de sa vie, que celui où la publicité de cet établissement unique eût été complète245 ; déjà la porte particulière à l’usage des savants était pratiquée sur la rue ; déjà l’inscription latine destinée à figurer au-dessus, et qui devait dire à tous les passants (aux passants qui savaient le latin) d’entrer librement, se gravait sur le marbre noir en lettres d’or ; Naudé touchait à l’accomplissement du rêve et du labeur de toute sa vie. […] Au commencement du Mascurat il n’est pas huit heures et demie du matin (page 13) : les deux compagnons entrent au cabaret et s’attablent pour discourir à l’aise a mane ad vesperam (p. 38). […] Chez Naudé, les femmes n’entrent pas ; latin à part, il y a des grossièretés. […] Naudé entrait dans une boutique de libraire et demandait le prix, non pas de tel ou tel volume, mais des masses entières et des piles qu’il voyait entassées devant lui.

797. (1813) Réflexions sur le suicide

Mais dans tout chagrin de l’âme, où l’amour-propre peut entrer pour quelque chose, il est aussi insensé que coupable de vouloir se tuer ; car tout ce qui tient à la vanité, est nécessairement passager, et il ne faut pas accorder à ce qui est passager le droit de nous lancer dans l’éternité. […] Les rives du temps, qui s’est écoulé pendant que nous avons vécu, en sont couvertes ; mais si nous en avons sauvé l’harmonie intérieure de l’âme, nous pouvons encore entrer en communication avec les œuvres de la Divinité. […] Le Dévouement et l’enthousiasme font entrer un air plus pur dans notre sein. […] La mère envoie sa fille au spectacle la veille du jour où elle veut se tuer, comme si la mort d’une mère devait être considérée comme une fête pour son enfant et qu’il fallût déjà faire entrer dans ce jeune cœur les plus fausses idées de l’imagination égarée. […] Le docteur Feckenham voulut entrer dans des controverses que je repoussai en lui observant que mes lumières étant nécessairement obscurcies par la situation dans laquelle je me trouvais ; je n’irais pas, moi mourante, remettre en discussion les vérités dont j’avais été convaincue lorsque mon esprit était dans toute sa force.

798. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Ce vice de conformation l’avait seul empêché d’entrer dans la carrière des armes, à laquelle sa haute naissance l’appelait. […] Il cherchait à entrer dans la révolution par quelque porte détournée. […] IX L’instant où M. de Talleyrand entrait, avec les préliminaires d’une telle nature, d’un tel caractère et d’une telle aptitude, dans la politique extérieure de la France, ouvrait une carrière neuve et sans limites à son intelligence et à la diplomatie. […] Grand joueur, accoutumé à tout perdre ou à tout gagner avec les événements, il les fit entrer toujours comme enjeu dans sa fortune. […] LI Immédiatement après le départ du roi : « Il est temps, dit le mourant à sa nièce, faites entrer le ministre du ciel. » Et il lui remit la rétractation de sa vie épiscopale.

799. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

C’est pourquoi j’ajoute foi sans peine à ceux qui disent que ce philosophe entra dans la conjuration des jeunes gens contre Alexandre ou qu’il les excita à la tramer. » Quelle conséquence ! […] Battu de verges et privé de son cheval à cause de cette étourderie, il en témoigna tout son chagrin à Sostrate, fils d’Amyntas, et le fit entrer dans ses projets de vengeance. […] S’il était Macédonien, j’aurais fait entrer avec toi un maître digne de t’avoir pour disciple ; mais, étant Olynthien, il n’a pas aujourd’hui un pareil droit. » Ptolémée assurait que Callisthène avait été appliqué à la torture, ensuite mis en croix. […] C’est surtout ici que se reproduiront les graves inconvénients dont j’ai parlé plus haut : ces outrages, ces amours criminels, ces meurtres dont les liens de parenté ne sauraient plus garantir, puisque les enfants passés dans les autres classes de citoyens ne connaîtront plus, parmi les guerriers, ni de pères, ni de mères, ni de frères, et que les enfants entrés dans la classe des guerriers seront de même dégagés de tout lien envers le reste de la cité. […] « Si dans l’État un individu, ou même plusieurs individus, trop peu nombreux toutefois pour former entre eux seuls une cité entière, ont une telle supériorité de mérite que le mérite de tous les autres citoyens ne puisse entrer en balance, et que l’influence politique de cet individu unique, ou de ces individus, soit incomparablement plus forte, de tels hommes ne peuvent être compris dans la cité.

800. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

À peine entré, marchant d’un bout à l’autre du Grenier, avec ces petits rires à la fois pouffants et étouffés qui lui sont particuliers, il s’est mis à railler spirituellement l’erreur des gens, des gens qui veulent voir dans les Rothschild et les banquiers de l’heure présente, des réactionnaires, des conservateurs à outrance, établissant très nettement que tous, y compris les Rothschild, ne détestent pas du tout la République, se trouvant en l’absence d’Empereurs et de Rois dans un pays, les vrais souverains, et rencontrant dans les ministres actuels, ainsi que les Rothschild l’ont rencontré chez un tel et un tel, par le seul fait de la vénération du capital, chez des hommes à la jeunesse besogneuse, — rencontrant des condescendances qu’ils n’ont jamais obtenues des gens faits au prestige de la pièce de cent sous. […] L’heure de l’exécution fixée à ce moment, le directeur de la Roquette dit aux six personnes, aux six assistants de fondation à l’exécution, dit en montrant du doigt, la grande horloge de la cour : « Messieurs, l’exécution est pour 4 heures et demie, il est 4 heures 10 minutes, la toilette est l’affaire de 12 minutes, nous entrerons à 4 heures 18 minutes. […] Il disait à propos de l’Institut, où la médecine n’est guère représentée que par Charcot ou par Bouchard, qu’aucun professeur, devant la vague promesse de l’un ou de l’autre, de l’aider à entrer à l’Institut, n’avait le courage, dans les examens, de préférer un élève à lui, à un élève de Charcot ou de Bouchard. […] Mardi 13 mai Je parlais à une femme de la société, de la correction de la mise, de la simplicité élégante de la toilette des grandes cocotes… « Oui, oui, me répondait-elle, il y a du vrai dans ce que vous dites… Tenez, moi, quand je me suis mariée, je connaissais très peu, même par les livres, le monde interlope… Eh bien, quand mon mari me menait au théâtre, — nous prenions en général des places de balcon, — bientôt je le voyais jeter un regard sur ces femmes dans les loges… Et comme j’ai toujours eu le sentiment de l’élégance, ces femmes je les trouvais mieux mises que moi… Car vous savez, il n’y a pas seulement la question d’argent, il y a une éducation pour la toilette… et en me comparant à elles je me trouvais une petite provinciale… Puis le regard de mon mari, après être resté là, un certain temps, revenait des loges à moi, un rien méprisant, et avec quelque chose de grognon sur la figure… et ça se passait en général aux pièces de Dumas, qui étaient la glorification de ces femmes… Alors aux parties dramatiques de la pièce… je pleurais… je m’en donnais de pleurer… si bien que mon mari, qui après le spectacle, aimait à entrer chez Riche ou chez Tortoni, me jetait de très mauvaise humeur : « Avec des yeux comme vous en avez, c’est vraiment pas possible de s’asseoir dans un café. » Mercredi 14 mai Me voici au vernissage, où je n’ai pu refuser le déjeuner immangeable, auquel se condamnent, tous les ans, les peintres, par leur domesticité d’esprit pour les choses chic. […] Ici, je ne veux pas entrer dans la discussion, à propos des conversations rapportées dans le dernier volume, que du reste M. 

801. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

le roman de Gil Blas une œuvre diablement espagnole, sur le simple vu de quelques résilles et de quelques guitares, et surtout de quelques sandales d’inquisiteur laissées à la porte de la chambre des femmes pour empêcher ces polissons de maris d’entrer. […] Et d’ailleurs ce ne serait point par le petit dernier de cette puissante famille de livres qu’il y pourrait entrer. […] Aussi, dans son roman, voit-on avec chagrin son Kéramour quitter sa terre natale et entrer à Paris avec son valet Joson Menou, un bâton, pour la force, du temps de Bertrand du Guesclin, parce que là ils vont évidemment perdre tous deux de leur provincialité. […] Où sa belle et savante Histoire des Jésuites ne peut pas entrer, parce qu’elle a des proportions trop larges pour l’étroitesse de nos esprits, le petit livre court de Paul Féval, intitulé si crânement Jésuites ! […] Exemple, la scène incroyablement horrible et d’une bouffonnerie si déchirante, dans laquelle une pauvre femme, contrefaite et méprisée, s’attelle elle-même à une petite voiture de pâtissier pour charrier à un bal, où elle n’entrera pas, l’homme qu’elle aime sans espoir et qui n’a pas de quoi payer une voiture, par un abominable temps de pluie.

802. (1891) Esquisses contemporaines

La science, devenue expérimentale, avait présidé à ce mouvement et le naturalisme commençait d’entrer dans l’art. […] Nous n’entrons point dans le personnage de l’auteur, nous ne vivons point sa pensée. […] Trop de notions à la fois entrent dans nos cerveaux ; elles nous possèdent et nous ne les possédons pas. […] Scherer y entra, comme tous les autres, de franc cœur et sans réserve. […] Il entra aussitôt dans le cercle choisi de ma Société théologique, où il fut un des meilleurs debaters.

803. (1913) Poètes et critiques

Ainsi, sous la rubrique : Gueux des Champs, l’auteur fait entrer deux sortes de pièces d’inspiration fort diverse. […] Il est entré et il est resté, sur le dos, cloué par un rhumatisme articulaire, dans la maison de santé, Samariterhemmel. […] Mais combien d’autres, comme un Shakespeare, font éclater ce cadre d’abstractions et n’entreraient dans le lit de Procuste que mutilés ! […] L’Almanach pour l’année passée, composition en quatre parties, est entré, moitié dans Sagesse, moitié dans Jadis et Naguère. […] On sait comment le directeur de la prison de Mons, devenu presque son ami, entra un jour dans sa cellule pour lui signifier avec douceur que tout espoir était perdu.

804. (1932) Les idées politiques de la France

Nous sommes entrés dans l’après-guerre le 11 novembre, à la Saint-Martin. […] C’est en partie dans son fonds marxiste que la démocratie socialiste allemande a pris l’élan qui l’a fait entrer, d’un cœur moins lourd qu’on ne l’eût cru, dans la guerre russe. […] Pour que l’homme puisse nager, dit Bergson, il faut que l’action et le risque brisent d’abord ce cercle : on n’apprend à nager que dans l’eau, et pour entrer dans l’eau il faut savoir nager. […] Ici nous sortons du monde des idées pour passer au fait, de la Révolution possible pour entrer dans la Révolution réalisée. […] Ils n’entrent dans cette société que par leurs affirmations.

805. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand les Médicis, ces Périclès héréditaires de la Toscane, qui inventent un nouveau mode de gouvernement, le gouvernement commercial, l’achat de la souveraineté par la banque, et la paix par la corruption coïntéressée des citoyens, rentrent de leur exil, rappelés par la reconnaissance, cet homme est tombé du pouvoir ; il est emprisonné par l’ingratitude de ceux qu’il a sauvés ; il a subi la torture ; il a été absous enfin de son génie, puis exilé, pauvre et chargé de famille, non pas hors de la patrie, mais hors de Florence ; on lui a enfin permis de repasser quelquefois les portes de la ville, mais il lui est interdit d’entrer jamais dans ce palais du gouvernement où il a tenu si longtemps dans ses mains la plume souveraine des négociations, des décrets, des lois. […] « Je commençais sur cela à faire le diable et à m’en prendre au charretier qui s’en était allé emportant mes bûches sans les payer, comme un voleur, lorsque Machiavel, mon parent, entra et nous remit d’accord. […] Cela dit, entrons dans ses œuvres. […] Nous n’entrerons pas dans l’histoire toute spéciale et toute locale de Florence par le grand historien.

806. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Alors, sur le conseil de Fénelon, elle invoqua l’arbitrage de Bossuet, qui, fort occupé d’ailleurs, et peu mystique de sa nature, n’entra dans l’affaire qu’avec répugnance. […] Il ne voulait pas s’établir dans les profondeurs de leur conscience, de peur de violer leur liberté et de briser leur activité ; s’il eût voulu y entrer, l’eût-il pu ? […] En un mot, avec une entière sincérité, mais aussi avec une race adresse, il fait entrer dans le système de la religion toutes les vérités acquises depuis des siècles par la raison laïque. […] Il développait de belles périodes, avec une exubérance cicéronienne : le malheur était qu’une fois entré dans un tour, il n’en sortait plus, il le représentait avec insistance, jetant toutes ses phrases dans le moule qu’il avait d’abord choisi.

807. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Nul n’entrait dans cette maison, nul n’en sortait ; il n’y avait pas un voisin ou un paysan du village qui eût échangé en sa vie une parole ou un salut avec les habitants. […] J’entrai pour rappeler mon chien, cause de ce désordre ; M. de Valmont, assis sous un noisetier contre le mur, se trouva en face de moi ; il me reconnut, me sourit, me salua, et m’invita à entrer, avec une confiance très-étrangère à son caractère, mais inspirée sans doute par la candeur de ma figure et de mon âge. […] Je restai un instant stupéfait de surprise sur le seuil, ne sachant où poser le pied pour y entrer à la suite de mon guide.

808. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Je n’entrerai pas ici dans la discussion du genre de torts intimes que Mme d’Épinay a reprochés à Duclos, et qui sont trop voisins de l’alcôve : en réduisant ces torts à ce qui en rejaillit sur le caractère général de l’homme, il paraît certain que Duclos dans son habitude journalière, sorti de chez lui dès le matin et passant sa vie dans le monde, aimait à s’installer chez les gens, et qu’une fois implanté dans une maison, il y prenait racine, y dominait bientôt, s’y comportait comme chez lui, donnant du coude à qui le gênait, et y portait enfin, avec les saillies et les éclats de son esprit, tous les inconvénients de son impétuosité et de son humeur. […] J’entrai dans quelques explications, et je finis par donner à l’auteur les éloges que mérite son projet, qui peut être l’occasion d’une réforme dans le Code criminel.

809. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Du temps des troubles de la Ligue et dans les premières années de Henri IV, il en fut de même : on comptait de ces hommes de sagesse et de conseil, et auprès de Henri IV et dans les rangs opposés, car, en temps de révolution, les hommes ne choisissent guère les partis où ils entrent, ils y sont jetés. […] Tous les conseils qui lui arrivaient étaient dans ce sens de représailles qui pouvaient sembler légitimes ; le torrent s’enflait à chaque pas, et, au moment où le prince entra dans Paris salué des acclamations d’une multitude ivre de joie et fanatique de colère, il n’y avait plus à songer à le ramener et à le modérer.

810. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Par exemple, dans l’Éloge de M. de Montigny, amateur des sciences et des arts et administrateur éclairé, il nous le fait voir dans sa jeunesse tout près d’entrer dans une compagnie célèbre3 qui façonnait tous ses membres à son usage, mais contrarié heureusement dans son désir et se félicitant plus tard d’avoir échappé au danger des sectes, dont le grand inconvénient, dit Vicq d’Azyr, est « de ne voir dans le monde entier que deux partis, l’un pour lequel on ose tout, et le parti opposé contre lequel on se permet tout ». […] En devenant médecin de la reine en 1789, Vicq d’Azyr va entrer dans tout un ordre de troubles, d’inquiétudes et de confidences pour lesquels il n’était pas assez fortement trempé.

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