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959. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Ceux qui prient pour le monde font plus que ceux qui combattent. » Et en effet, lui, l’ambassadeur, qui n’a jamais fait comme Chateaubriand, ce fat d’affaires, ce porteur d’empire sur le bout du doigt, ennuyé à la mort, si on l’en croyait, et lassé de ce faucon qui pèse si peu au poing du génie, il allait, lorsque la tombe le prit, quitter simplement ses costumes de palais qu’il n’appelle nulle part des guenilles, et revêtir une soutane.

960. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Or, si, avec quelques mots, toujours cités quand on parlait d’elle, elle exerçait je ne sais quel irrésistible empire sur les imaginations les plus ennemies, que sera-ce quand on pourra lire et goûter tant d’écrits, marqués à l’empreinte d’une âme infinie, de cette âme qui, sans en excepter personne dans l’histoire de l’esprit humain, — quand elle fut obligée d’écrire, soit pour se soulager d’elle-même, soit pour remplir un grand devoir, — fit tenir, dans les limites étouffantes d’une langue finie, le plus de son infinité ?

961. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

… La prise de Constantinople par Mahomet II, cet événement énorme, se rattache elle-même au concile de Bâle ; car c’est là, c’est dans ce concile où tous les sophismes et toutes les impossibilités se donnaient la main, qu’avorta cette Réunion des Grecs aux Latins, voulue si longtemps et même espérée par les Papes, et qui, si elle avait eu lieu, aurait probablement sauvé l’Empire.

962. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Il parle des pics qui racontent les empires souterrains du chaos.

963. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Quand ses Méditations parurent, après les versifications du xviiie  siècle et de l’Empire, elles semblèrent tomber du ciel.

964. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Comparez cette physionomie, forte et pourtant voilée de tristesse, avec l’air fat et triomphant des derniers soldats de l’ancienne monarchie, avec l’air austère et inspiré du soldat de la Révolution et de l’Empire, et vous trouverez ici que la physionomie est aussi différente que les uniformes.

965. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Arsène Houssaye » pp. 271-286

La Messaline blonde appartient au cycle des femmes du second Empire dont Houssaye s’est fait l’historien, et plus exactement l’historiographe.

966. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

La foi aux partis s’en allait de son âme, cette dernière foi que le dix-huitième siècle et la ruine de l’Empire, suivie de la seconde ruine de la Monarchie, avaient laissée pour toute ressource aux générations !

967. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Une autre raison encore de ce succès chez le peuple de vaudevillistes, que nous avons le bonheur d’être, c’est la simplicité de la donnée de ces petits romans, tout en action extérieure, d’un sentiment brutal ou sinistre, et racontés avec cette impassibilité de roué qui aura toujours, en France, pays de vanité, un immense empire.

968. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Julien l’Apostat aimait les dieux homériques à cause d’Homère, et du reste était le meilleur républicain de son empire à cause d’Ennius et de Catulle. […] Henry Houssaye vient de terminer cette Histoire de la chute du premier Empire qu’il a commencée il y a une dizaine d’années et qui est une des grandes œuvres de l’époque. […] Ses opinions politiques, je les sais très bien, étaient extrêmement modérées et passeraient aujourd’hui pour réactionnaires ; mais elles étaient celles de la bourgeoisie libérale de Louis-Philippe et il aurait pu s’accommoder de l’Empire, mais non point de l’Empire s’appuyant sur le parti catholique. […] Guéroult et quelques amis, soutenus du Prince Napoléon, voulurent fonder l’Empire libéral. […] Empire ?

969. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et, quand nos vertueux démagogues flétrissent la démoralisation du deuxième Empire, ils badinent, sans loyauté. […] Ce changement est manifeste dans toute l’activité spirituelle, sous le deuxième Empire, et dans la littérature notamment. […] L’aventure de Murat, vers la fin de l’Empire, est extrêmement mystérieuse. […] Serait-ce un habitant de l’empire céleste ? […] … Le pessimisme caractérise la littérature du deuxième Empire.

970. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Devant une société qui se décompose, l’empire romain, par exemple, il peut, du premier de ces points de vue, considérer l’effort total et en constater l’insuffisance. […] Les guerres de la Révolution et de l’Empire ont fait terriblement voyager notre peuple, par nature casanier comme il est économe. […] La Révolution et l’Empire n’ont pas eu pour seul résultat des promenades pittoresques à travers l’Europe ; les âmes ont reçu le contre-coup des tragiques événements de l’épopée républicaine et impériale. […] Il est certain que si la pensée n’est pas un pouvoir toujours meurtrier, elle n’est pas non plus un pouvoir toujours bienfaisant, par cela seul qu’elle situe l’homme dans une indépendance relative et fait de lui « un empire dans un empire », suivant la formule célèbre de Spinoza. […] Dans cet immense empire de la science de l’âme, ainsi étendu à tous les faits de la nature humaine et de la société, M. 

971. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Toutefois, comme l’homme n’est pas un empire dans un empire, comme non seulement nos raisonnements réussissent, mais qu’il est naturel qu’ils réussissent, il est légitime d’admettre qu’il y a dans les choses une tendance à l’ordre, à la classification, à la réalisation d’espèces et de lois. […] Elles sont de nature à procurer la science et, par la science, l’empire sur les choses. […] N’est-ce pas qu’il fait trop vite succéder la synthèse à l’analyse, et qu’il est sous l’empire de préférences personnelles ? […] Mais, si l’empire immédiat d’une idée sur la matière est inintelligible, en est-il de même d’une action exercée à travers une infinité d’intermédiaires touchant d’un côté à l’esprit, de l’autre à la matière ? […] L’être est fait de deux pièces : la vérité, empire de l’éternel et du nécessaire, et le phénomène, matière instable, incapable de se fixer dans aucune forme.

972. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Avant 1830 il disait déjà : « Le christianisme enseigne aux hommes qu’aucun autre homme n’a sur eux, par lui-même, d’empire légitime et naturel ; qu’à Dieu seul appartient la vraie souveraineté… Je consens à reconnaître César, comme dit Tertullien, pourvu qu’il n’exige rien de contraire aux droits de Celui dont il exerce l’autorité ; car du reste je suis libre, je n’ai d’autre maître que le Dieu tout-puissant, éternel, qui est aussi le maître de César… Qu’est-ce que gouverner arbitrairement ? […] « Le nombre des communions pascales, qui s’élevait à Paris, sous l’Empire, à quatre-vingt mille, était réduit au quart vers la fin de la Restauration, et le même fait se reproduisait dans toute la France. » A quoi fallait-il attribuer cela ? […] Tout fondateur d’empire est tué, depuis Remus et Romulus jusqu’à Alexandre. […] Il est frappé, ce qui peut surprendre de la part d’un homme qui écrit au lendemain de la Révolution et de l’Empire, du grand sentiment « d’humanité » qui s’est emparé depuis quelque temps des esprits et des cœur. […] Il frémit quand il pense que nous sommes un empire divisé et que tout empire divisé périra.

973. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Ils ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire, et l’empire même de la nature comme le jeu des secrets caprices du Destin. […] Douter que le sang fût immobile dans les veines, douter qu’une goutte d’or potable fût le remède de tous les maux, c’était une pensée presque impie, un crime de lèse-majesté devant les satrapes de l’empire d’Aristote.

974. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Duval, instruit du départ prochain de M. de Saint-Pierre, fit tous ses efforts pour changer sa résolution ; mais, ne pouvant y réussir, il lui ouvrit généreusement sa bourse ; et le même jeune homme qui venait de refuser les dons d’un maréchal d’empire, parce qu’il ne pouvait voir en lui qu’un protecteur étranger, consentit à emprunter dix roubles (50 fr.) d’un simple particulier dans lequel son cœur voyait un ami. […] Notre fondateur d’empires arriva dans cette ville, avec un écu dans sa poche: il est vrai qu’uniquement touché de sa grandeur future, il ne songeait guère à sa misère présente. […] Près des rives orientales de la mer Caspienne, entre les Indes et l’empire de Russie, il existe, sous le plus beau ciel de l’univers, une heureuse contrée où la nature prodigue tous les biens. […] Le temps, qui détruit si rapidement les monuments des empires, semble respecter, dans ces déserts, ceux de l’amitié, pour perpétuer mes regrets jusqu’à la fin de ma vie.

975. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Enfant en 1789, son père lui fit parcourir tout Paris le lendemain de la prise de la Bastille ; jeune, il traversa l’Empire ; homme mûr, il a assisté aux révolutions de 1814, 1830, 1848 et 1852. […] Huyot, tant qu’il dessina à l’atelier, travaillait toujours silencieusement, et il serait difficile de savoir si ce débordement d’idées extravagantes eut quelque empire sur son imagination. […] Il proscrit avec soin toutes les vertus, et pour assurer son empire, il se fait précéder de la terreur, s’enveloppe du fanatisme et se coiffe de l’ignorance. […] Depuis, il ne prit plus de part active à la politique, si ce n’est en 1815, en signant les actes additionnels de la constitution de l’empire, lorsque Napoléon revint de l’île d’Elbe. […] Cette idée de l’unité d’action vers un même but n’est pas nouvelle ; elle a été mise en pratique avec la dernière rigueur par des peuples fort anciens, tels que ceux de l’Inde et de l’Égypte, sous l’empire des collèges de prêtres.

976. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

C’était un reste du victorieux Empire ; et c’en était tout le reste. […] Les jeunes hommes de l’Empire premier, ce furent des enfants de vainqueurs. […] homme d’action, il le serait : « Il n’a jamais eu une pensée pour la politique, sans frémir de ne pas tenir l’empire. […] L’action véritable, c’est l’empire de l’ordre sur le désordre. […] Lisons Servitude et grandeur militaires : « Vers la fin de l’Empire, je fus un lycéen distrait.

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