. — En troisième lieu, nous le distinguons dans beaucoup de cas, et pour cela il suffit que les caractères de l’objet réel ne coïncident pas tous et parfaitement avec les siens ; partant, nous sommes forcés d’admettre qu’il existe, lors même que la coïncidence parfaite de tous ses caractères et de tous les caractères de l’objet réel empêche l’expérience ultérieure de constater entre lui et l’objet réel aucune différence. — Quel est cet objet réel ? […] Nous aurions pu avoir la volonté de déployer notre force musculaire, mais ce déploiement n’aurait pas eu lieu. — S’il a lieu et s’il est accompagné par la sensation musculaire habituelle, mais sans que la sensation attendue de locomotion se produise, nous avons ce que nous appelons la sensation de résistance ou, en d’autres mots, de mouvement musculaire empêché. » — Plus tard, quand nous aurons acquis l’idée de nos membres, nous traduirons telle série non interrompue de sensations musculaires par l’idée du mouvement non empêché de notre bras, et nous traduirons la même série interrompue de sensations musculaires par l’idée du mouvement empêché de notre bras. […] Ainsi il n’y a aucun obstacle psychologique qui nous empêche de former la notion d’un quelque chose qui n’est ni une sensation ni une possibilité de sensation, même lorsque notre conscience ne confirme pas cette opération par son témoignage ; et il est tout à fait naturel que les possibilités permanentes de sensation que nous atteste notre conscience soient confondues dans notre esprit avec cette conception imaginaire.
Bien que la Faustine fût véritablement d’une beauté accomplie et assez orgueilleuse pour savoir parfaitement combien elle était admirée, elle ne put s’empêcher de s’écrier : C’est vrai, c’est vrai, elle est encore plus belle que moi ! […] Mais, quelle que soit la force irrésistible de cette impression des arts coalisés sur notre nature, tout en la subissant nous la jugeons, et en la jugeant du point de vue véritablement spiritualiste, c’est-à-dire du point de vue élevé et vrai de l’art, nous ne pouvons nous empêcher de regretter pour chacun de ces arts en particulier cette coalition, ou plutôt cette promiscuité qui altère chacun dans son essence. Nous ne pouvons nous empêcher de croire que la peinture est plus belle sur un tableau isolé de Raphaël, dans la solitude d’une galerie du Vatican, que sur une toile de décoration d’opéra ; que la poésie est plus divine dans une page d’Homère, de Virgile, de Dante ou de Pétrarque, que dans la vocalisation d’un chanteur et d’une cantatrice ; que l’acteur tragique est plus puissant en récitant simplement son rôle sur sa planche entre deux lampes, sans autre prestige que son âme, son accent, son geste, qu’en le chantant au milieu des fantasmagories de la décoration du costume, du ballet et de l’orchestre ; qu’enfin le musicien est plus éloquent et plus pathétique dans la sublime nudité de ses notes que dans l’alliance hétérogène de ses notes avec la poésie, le drame, la déclamation, la décoration, la danse et les oripeaux. […] Les paroles sont un poids de plomb que le musicien est obligé, à cause de la foule, d’attacher à ses notes pour les retenir à terre et pour les empêcher de s’envoler trop haut, trop loin dans l’espace. […] Qui m’empêche de visiter encore une fois le lieu de cette singulière aventure ?
L’orateur, le poète, le moraliste, le philosophe s’appuient sur ce livre, et tout ce que nous pouvons dire de plus fort à sa gloire, ajoutent-ils, c’est que, après l’invasion des superstitions indiennes, tartares ou thibétaines en Chine, si l’idolâtrie, qui est la religion des empereurs et du peuple, n’est pas devenue la religion du gouvernement, c’est ce livre de Confucius qui l’a empêché, et si notre religion chrétienne, disent-ils enfin, n’a jamais été attaquée par les savants lettrés du conseil impérial, c’est qu’on a craint de condamner, dans la morale du christianisme, ce qu’on loue et ce qu’on vénère dans le livre de Confucius. » Il commence par des maximes de sagesse que nous traduisons ici du latin, dans lequel les jésuites ont traduit, il y a un siècle, ces passages : « C’est le Tien, Dieu, le Ciel, trois noms signifiant le même grand Être, qui a donné aux hommes l’intelligence du vrai et l’amour du bien, ou la rectitude instinctive de l’esprit et de la conscience, pour qu’ils ne puissent pas dévier impunément de la raison…… En créant les hommes, Dieu leur a donné une règle intérieure droite et inflexible, qu’on appelle conscience : c’est la nature morale ; en Dieu elle est divine, dans l’homme elle est naturelle… « Le Tien (Dieu) pénètre et comprend toutes choses ; il n’a point d’oreilles, et il entend tout ; il n’a point d’yeux, et il voit tout, aussi bien dans le gouvernement de l’empire que dans la vie privée du peuple. […] Il peut se faire que, parmi les lettrés, mandarins et autres qui sont répandus dans ce vaste empire, il y en ait qui pensent comme cet insensé et que la crainte seule empêche de s’exprimer comme lui. […] Je la laissai vivre, et je ne la dégradai point ; j’empêchai seulement, après sa mort, qu’on ne lui rendît les honneurs qu’on a coutume de rendre aux impératrices, sans cependant rendre compte au public des raisons que j’avais pour cela, ne voulant pas la déshonorer à la face de tout l’empire. […] Depuis que je suis sur le trône, il ne m’est jamais arrivé d’empêcher qu’on ne me fît des représentations ; j’ai reçu avec bonté et même avec plaisir celles surtout qui avaient pour objet l’avantage de mes sujets et la gloire de l’empire ; je n’ai jamais manqué, après les avoir reçues, de les renvoyer aux grands tribunaux, pour qu’ils eussent à délibérer sur l’usage que j’en devais faire. […] Pas même une seule fois il ne m’est arrivé d’empêcher qu’on ne me représentât ce qu’on croyait devoir me représenter.
Mais des circonstances qui lui étaient personnelles ayant alors empêché mon amie de me rejoindre à notre maison de campagne, et me voyant condamné à soupirer encore après son retour, seule consolation que j’eusse au monde, je tombai dans un trouble d’esprit, qui pendant plus de trois mois obscurcit mon entendement. […] « Une seule inquiétude le poignait, dit-il ; c’étaient des transes d’esprit de tout genre que la révolution qu’il chantait ne vînt, de jour en jour, par ses mouvements insurrectionnels qui éclataient dans Paris depuis la convocation des états généraux et la prise de la Bastille, l’empêcher de terminer ses éditions qui touchaient à leur fin, soit à Paris chez Didot, soit à Kehl chez Beaumarchais, et qu’après tant de peines et de lourdes dépenses, il ne fallût échouer au port. […] J’ai écrit ma vie pour empêcher qu’un autre ne s’en acquittât plus mal que moi ; le même motif me fit alors aussi composer l’épitaphe de mon amie et la mienne, et je les donnerai ici en note, parce que ce sont celles que je veux et non pas d’autres, et qu’elles ne disent de mon amie et de moi que la vérité pure, dégagée de toute fastueuse amplification. […] Mais il avait à peine fait quelques pas qu’il se sentit pris d’un froid extrême, et voulant, pour le chasser, se réchauffer, descendre et marcher un peu, il en fut empêché par des douleurs d’entrailles. […] Le docteur ordonna des sinapismes aux pieds ; mais, au moment où ils commençaient à opérer, le malade s’en débarrassa, dans la crainte que, la plaie venant à se former, il ne fût pendant plusieurs jours empêché de marcher.
Si Lasaulx avait vécu en 1866 et en 1870, ses inquiétudes patriotiques se fussent calmées ; il eût vu que le génie spéculatif de l’Allemagne sait fort bien se plier aux exigences de la pratique, et que son vaste cerveau n’empêche pas sa main d’être pesante. […] Il eut quelques notions remarquables sur la manière dont se nourrissent les fœtus et proclama que le cerveau est le siège de la pensée ; ce qui ne l’empêchait pas d’être très convaincu que les fouines enfantent par la bouche, que les ibis et les corbeaux s’accouplent par le bec. […] Mais si l’on considère la crédulité presque sans mesure de Pline, l’un des plus grands naturalistes de l’antiquité, et la puérilité des récits d’Elien ; si l’on se rappelle Roger Bacon (celui qui eut peut-être, au moyen âge, l’intuition la plus nette de la méthode scientifique), croyant encore que le regard du basilic est mortel, que le loup peut enrouer un homme s’il le voit le premier, que l’ombre de l’hyène empêche les chiens d’aboyer, que l’oie bernache riait des glands d’une espèce de chêne ; quand, en 1680, Pierre Rommel affirme avoir vu à Fribourg un chat qui avait été conçu dans l’estomac d’une femme et avoir connu une autre femme qui avait donné naissance à une oie vivante ; quand, enfin, jusqu’au XVIIIe siècle, on a cru voir dans les fossiles l’effet d’une fécondation des roches par un certaine souffle séminal s’infiltrant sous terre avec les eaux, — il est difficile de ne pas éprouver quelque admiration pour le sens critique dont fait preuve Aristote. […] Mais son génie synthétique ne l’empêche pas d’apercevoir les dissemblances ; le premier peut-être, il a déterminé la différence qui existe anatomiquement entre l’homme et le singe, en observant que, chez celui-ci, la conformation des os du crâne et de la face n’est pas la même que chez nous ; que, de plus, ses pieds ressemblent à des mains, ce qui l’oblige de se tenir bien plus souvent à quatre pattes que tout droit. […] « La nature, dit-il, emploie toujours, si rien ne l’en empêche, deux organes spéciaux pour deux fonctions différentes ; mais quand cela ne se peut, elle se sert du même instrument pour plusieurs usages ; cependant il est mieux qu’un même organe ne serve pas à plusieurs fonctions. » N’est-ce pas aussi à la lumière du principe des causes finales qu’Aristote entrevoit la grande loi de la continuité dans la nature ?
Leurs erreurs peuvent intéresser l’historien littéraire ; mais comment pourraient-elles ébranler l’inébranlable vérité de la théorie, et de quelle autorité m’empêcheraient-elles, moi, critique philosophe, de considérer la comédie non dans des tragédies manquées, mais dans la pureté de sa véritable essence ? […] Et quand Swift faisant sa proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leurs pays, et pour les rendre utiles au public, développe les avantages qu’il y aurait à manger les petits Irlandais, l’ironie qu’il étale est si peu comique qu’elle est plus tragique que la tragédie, et son rire est si peu gai qu’il est beaucoup plus amer que les pleurs. […] Je ne demande point au poète comique une morale positive ; je ne lui demande même pas de s’interdire la représentation de la ruse, du mensonge, de l’égoïsme, des mauvaises passions, de 1 immoralité en un mot ; la comédie ferait mieux de ne rien peindre de pire que des ridicules, mais il lui est permis de produire sur la scène le vice lui-même, pourvu que le poète ait une assez grande intelligence de son art et assez de tact moral pour empêcher que ma conscience ne vienne élever sa voix au milieu de la fête qu’il donne à mon esprit. […] L’orgueil de l’ignorance et le mépris de toute culture intellectuelle sont des ridicules incomparablement plus graves que celui contre lequel il s’escrime, et quand je lis la honteuse tirade où Molière par la bouche de Chrysale exprime ses propres opinions, je ne puis m’empêcher d’épouser la querelle de Philaminte, et de me sentir moi-même atteint personnellement par l’injure que cet impertinent auteur fait à la science58. […] Le secret du poète comique pour empêcher que nos sentiments moraux ne soient blessés, ce n’est pas de tenter entre son art et la morale une conciliation impossible, c’est de les séparer par convenance.
Vouloir des lois d’un détail infini, attachées à tous les mouvements de l’homme comme les fils à tous les membres de l’automate, élever des murailles d’airain non seulement dans la société entre les diverses classes, mais dans l’homme entre ses diverses facultés ; vouloir la vie, et prescrire l’immobilité ; établir le commerce, et prohiber le luxe ; allumer le flambeau des arts et des sciences, et en empêcher le rayonnement avec la main ; permettre la gloire, et châtier le triomphe : tout cela n’est pas d’un grand législateur, mais d’un rêveur ingénieux et, selon le mot de Louis XIV, d’un bel esprit chimérique. […] Au lieu de susciter cette foule de menus scrupules et de petites perplexités, où la conscience s’embarrasse, et qui empêchent l’activité, il se contente d’avertir la conscience par des traits frappants. […] « La crainte d’être cause pour autrui d’un oubli de la charité, ajoute Saint-Simon, et de provoquer à la médisance, l’empêchait d’interroger personne sur les autres, et de tourner à la connaissance des hommes cette lampe dont il se servait si soigneusement pour éclairer tous les replis de son cœur et de sa conscience. […] Une singulière inquiétude d’esprit empêchait Fénelon de reconnaître que le génie des langues tient à des circonstances, fatales en effet, mais que par cela même il faut accepter, cette fatalité n’en étant que le caractère immuable et la marque même de la personnalité d’un peuple. […] Une mémoire heureuse qui mêle à propos les citations décisives aux raisonnements sur l’art ; l’amour des anciens, qui n’empêche pas l’estime pour les modernes ; cette même liberté ingénue, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui inspire à un prélat de judicieuses remarques sur la comédie ; une littérature aussi variée que profonde, telles sont les séductions de ce charmant ouvrage, fruit de la vieillesse de Fénelon, dans un siècle où la vieillesse n’était que l’âge mûr de la raison.
Delzant est chargé de la direction de son tombeau, un tombeau monumental, mais tout fier qu’il soit d’avoir été choisi pour la direction artistique, il est ennuyé de ce que la défunte exige là-dedans, de la sculpture de Doré… Sur quoi, je ne puis m’empêcher de lui dire : « Mais, voilà une occasion d’ériger dans son format gigantesque La Bouteille de Doré, et d’en faire la pyramide de celle qu’on accusait parfois de se piquer le nez. […] Vendredi 30 juillet Malgré moi, toute la matinée je ne puis m’empêcher de penser à Lorrain, que Pozzi opère dans ce moment. […] Et il affirme que le sujet de le Horla lui a été donné par Porto-Riche, qui est tout à fait inquiet, quand on découvre en sa présence, dans cette nouvelle, le commencement de la folie du romancier, et ne peut s’empêcher de s’écrier : « Si cette nouvelle est d’un fou, c’est moi qui suis le fou ! […] Je regardais la chatte, à laquelle on avait fermé une porte, qui l’empêchait de retrouver son petit chat. […] Pas de lampe, un éclairage de bougies, et une copie à la mécanique aux maigres lettres, beaucoup moins lisibles que la grosse ronde des copistes, ce qui fait que Bauër est fort empêché dans sa lecture, et c’est froid, très froid.
Villemain puisa cette noble et saine activité, cet amour désintéressé du beau, cette libérale conception de la vie, qui le soutint dans sa longue carrière et l’empêcha de défaillir jamais.
En voyant cet Auteur remonter à la source de tous les systêmes, développer la progression des idées humaines, produire, si l’on peut s’exprimer de la sorte, la généalogie des vérités & des erreurs, on ne peut s’empêcher de convenir que la Philosophie moderne n’a fait que répéter ce qui avoit été dit & redit dans tous les siecles & presque chez tous les peuples.
Le seul bon sens suffisoit pour les empêcher de concourir à une compilation indigne d'un véritable Homme de Lettres, & encore plus, d'un véritable Ecclésiastique.
En changeant, elle empêche un état, fût-il identique à lui-même en surface, de se répéter jamais en profondeur. […] Mais quand une partie a quitté sa position, rien ne l’empêche de la reprendre. […] Mais nous avons exposé les raisons théoriques qui nous empêchent d’assimiler l’être vivant, système clos par la nature, aux systèmes que notre science isole. […] A la rigueur, rien n’empêcherait d’imaginer un individu unique en lequel, par suite de transformations réparties sur des milliers de siècles se serait effectuée l’évolution de la vie. […] Maintenant, supposons nos yeux ainsi faits qu’ils ne puissent s’empêcher de voir dans l’œuvre du maître un effet de mosaïque.
Les illusions et les chimères de son esprit ne l’empêchèrent jamais de goûter les spectacles de la nature. […] Que Stéphane Mallarmé enseignât et parlât assez mal la langue anglaise, cela ne l’empêchait pas de la bien connaître et de la posséder très complètement et très finement. […] Ces subterfuges ne l’empêchaient pas de souffrir cruellement de l’obligation presque quotidienne où il se trouvait d’interrompre son travail de poète pour faire acte de présence au lycée. […] Whibley ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine estime. […] Or, le gouvernement conservateur craignait et empêchait leur importation autant que possible, se rendant bien compte de l’effet funeste de cette propagande.
Son indolence l’empêchait de produire lui-même des œuvres achevées, mais il était capable de tout ce qu’il admirait.
Au reste, les injures de ce Fanatique de la Philosophie moderne ne nous ont point empêchés d’être sensibles aux désagrémens que lui a attirés l’Ouvrage même dans lequel il se les est permises.
Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques.
Et à ce propos si quelqu’un s’étonnait que, malgré la dignité académique qui nous a été conférée depuis, nous persistions dans cette voie pratique, nous donnerons une fois pour toutes une explication très-nette et très-franche : en ambitionnant et en obtenant cette dignité, la plus honorable à laquelle puisse aspirer un homme de lettres, nous n’avons jamais considéré qu’elle dût nous empêcher d’être ce que nous étions devant, ni de faire à très-peu près les mêmes choses que nous nous sommes de tout temps permises.
Tandis qu’on recommence un nouvel article, le précédent nous échappe ; nous cessons de voir les liaisons que les faits ont entre eux ; nous retombons dans la confusion à force de méthode, et la multitude des conclusions particulières nous empêche d’arriver à la conclusion générale.