L’école de Maine de Biran assure-t-elle qu’il y a dans l’homme autre chose que la sensation, à savoir une volonté, une puissance d’effort et d’action qui fait jaillir les phénomènes de son sein, et qui est ainsi le principe de la responsabilité et de l’imputabilité morale, M. […] En effet, aucune philosophie dans aucun temps n’a poussé aussi loin l’assimilation de la raison humaine et de la raison divine ; aucune n’a tenté un effort plus hardi et plus violent pour déduire le monde entier de certaines idées à priori ; aucune n’a plus audacieusement affirmé qu’elle était parvenue à découvrir et à expliquer l’essence des choses.
Lui, à chaque effort de son ennemi, prend une furieuse et terrible revanche, et il y a alors chez Clarisse une satisfaction qu’elle ne peut nier, et un ennui profond qu’elle peut nier moins encore. […] Je n’en citerai qu’une, qui est tout à fait d’un maître écrivain, avec un effort, peut-être un peu trop sensible, pour ne caractériser la montagne que par des expressions morales, mais enfin véritablement forte et pleine, et laissant une impression singulièrement profonde et tenace dans l’esprit. […] Barrès, dont le grand effort semblait être, jusqu’à ce jour, d’exalter l’individu, et d’affirmer que l’individu en dehors du « groupe » pouvait être quelque chose, elles rejoignent la doctrine d’un très haut et très original penseur, M. […] « un homme, sans aucun effort de sa part, reçoit-il en présence de l’œuvre d’un autre homme une émotion qui l’unit à cet autre homme et ci d’autres encore, recevant en même temps que lui la même impression ?
Comme, selon ce parti, l’ordre actuel n’est que la continuation de la Restauration sous un autre roi, ceux qui furent à leurs risques et périls contre la Restauration et qui, la jugeant de bonne heure incorrigible et funeste, conspirèrent pour en délivrer la France, ceux-là peuvent bien être tolérés aujourd’hui, et on consent apparemment à ne pas trop les inquiéter sur le passé ; mais il ne faut pas qu’ils se vantent trop haut de leur résistance d’autrefois, de leurs efforts périlleux ; il ne faut pas surtout qu’ils songent à nous donner comme des victimes publiques leurs compagnons morts sous la hache pour avoir voulu hâter des jours meilleurs. — Et puis, voyez-vous, qu’est-ce que ces pertes obscures dont on prétend faire tant de bruit ?
On voit ce que cette perfection si simple d’ensemble et, en quelque sorte, définitive, a dû coûter d’études, d’efforts, d’épreuves successives et plus ou moins approchantes, avant de se fondre ainsi comme d’un seul jet et de se rassembler d’une ligne harmonieuse sous le regard.
Une vive entrée en liaison avec la jeune Mme de Schomberg donna quelque éveil curieux et jaloux aux autres amies plus anciennes : on ne voit pas que cet effort d’une âme qui semblait se reprendre à quelque chose ait duré.
Jusqu’à la fin, et pendant les années qui suivirent, nous l’avons toujours vu allier et concilier sans plus d’effort, et de manière à frapper d’étonnement et de respect, la foi et la science, la croyance et l’espoir en la pensée humaine et l’adoration envers la parole révélée.
C’est donc parce que les autres, celles de contact, de pression, de température, d’effort musculaire, de douleur locale, de saveur et d’odeur, ne sont point projetées hors de notre corps, qu’elles ne nous sont point aliénées ; leur emplacement est la cause de leur attribution ; nous nous les rapportons, parce que notre corps, comparé aux autres, a des caractères singuliers et propres. — En effet, c’est par son entremise que nous, percevons les autres corps et que nous agissons sur eux.
N’attendez pas qu’elles fassent aucun effort pour échapper à leur jugement ou pour l’abréger.
Ce tourbillon de beauté, de grâce, de bonté, de familiarité charmante dans lequel j’avais vécu quelques semaines à la villa, m’enlevait sans résistance de ma part, sans effort de la part de Léna, comme une feuille de ses jardins enlevée sous ses pas par le vent de mer.
Ce beau livre m’a toujours été si présent à l’esprit, le pasteur de campagne en a parlé deux fois dans mon poème pastoral de Jocelyn : Livre obscur et sans nom, humble vase d’argile, Mais rempli jusqu’au bord des sucs de l’Évangile, Où la sagesse humaine et divine, à longs flots, Dans le cœur attiré coulent en peu de mots ; Où chaque âme, à sa soif, vient, se penche et s’abreuve Des gouttes de sueur du Christ à son épreuve ; Trouve, selon le temps, ou la peine ou l’effort, Le lait de la mamelle ou le pain fort du fort, Et, sous la croix où l’homme ingrat le crucifie, Dans les larmes du Christ boit sa philosophie !
Joseph et son frère Lucien firent généreusement tous leurs efforts pour me sauver, et l’on va voir qu’ils ne furent pas les seuls.
Sans être sentencieux, ils sont penseurs ; ou plutôt c’est l’expérience des gens d’esprit qui coule de leurs lèvres sans effort, et qui donne de la profondeur, sous une forme facile, à toutes leurs pensées.
Jamais il n’avait été plus heureux que dans ce temps, tout misérable qu’il était… D’abord, reprend-il, il n’avait pas un moment douté de son succès futur, non qu’il eût une idée bien définie de ce qui lui arriverait, mais il était convaincu qu’il réussirait, ajoutant que c’était assez difficile à exprimer ce sentiment de confiance, que par pudeur vis-à-vis de nous, il définit ainsi « que s’il n’avait pas foi dans son œuvre, il avait confiance dans son effort ».
Elles viennent s’appliquer sans effort, d’elles-mêmes, aux vers comme les ailes se collent à la flèche pour la faire voler plus haut dans le ciel, pour les faire percer plus avant l’oreille et dans le cœur.
Son corps épuisé ne put résister à ces derniers efforts. […] Ils ont cru qu’il suffisait de mettre à chaque chapitre une course de chevaux, un rout, un duel, des créanciers ou un divorce, comme les premiers avaient cru que Holinshed et Camden devaient les dispenser de tout effort d’invention. […] Après avoir déployé dans la peinture des Alpes toute la richesse et toute la variété de Claude Lorrain et de Salvator, il a trouvé pour la maison et l’enclos de Jocelyn des tons dignes de Ruysdael et de Teniers ; il a passé sans efforts de la grandeur italienne à la naïveté flamande. […] L’œil attaché sur l’horizon lointain, mais sûr d’arriver, il ne détournerait pas la tête pour regarder en arrière ; il se résignerait de bonne grâce à la continuité harmonieuse de ses efforts.
Mais si le succès seul a droit à l’admiration publique, les efforts individuels, même lorsqu’ils n’y atteignent pas complètement, ont droit à notre estime, et il n’est pas jusqu’à l’Éléphant du roi de Siam pour lequel je ne me sente de la sympathie. […] Vous montrerez le résultat si différent de leurs efforts ; vous direz que celui qui a accompli les choses merveilleuses auxquelles l’avenir croira à peine, ce n’est pas l’homme du fabuleux Orient, le héros éternel des Mille et une nuits, celui qui d’un geste pouvait faire tomber des têtes, le sultan, en un mot, mais l’homme en habit noir, qui portait des lunettes, le journaliste d’il y a quinze ans à peine, qui donnait des poignées de main à ses amis, et qu’on appelait monsieur, comme vous et moi. […] Mais l’effort est toujours superflu : pour la joie comme pour la douleur, pour souffrir comme pour triompher, quand l’heure est venue, il faut se réveiller. […] Les gens calmes se sont étonnés de voir tant d’efforts dépensés pour la conquête d’une enfant qui ne promettait pas de faire grand honneur à la communion dans laquelle elle entrerait. […] Il saisit l’occasion d’un instant de silence, et par un effort désespéré, au risque de passer pour un original, il transporte d’un seul bond tout l’auditoire si loin, si loin de l’ornière, qu’il lui est impossible d’y retomber.
Ils auront beau dire : nous suivons les mouvements de notre conscience ; il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ; nous sommes le vrai troupeau ; nous devons exterminer les loups, il est.évident qu’alors ils seront loups eux-mêmes. » Telles sont les idées, évidemment un peu flottantes, quelque effort qu’il fasse quelquefois à les fixer, de Voltaire sur la tolérance et la liberté de conscience. […] Mais, d’une part, comme, au XVIIIe siècle, les politiques et publicistes s’étaient occupés plutôt de politique générale que de tout autre objet, et d’autre part la centralisation politique étant le bien ou le mal le plus éclatant de l’époque et qui frappait le plus tous les yeux ; c’est sur cette dernière affaire que tous les écrivains politiques — excepté Voltaire —, ont porté le plus grand effort de leur attention. […] Chaque monarque tient sur pied toutes les armées qu’il pourrait avoir si ses peuples étaient en danger d’être exterminés et on nomme paix cet état d’effort de tous contre tous. Il est vrai que c’est cet état d’effort qui maintient principalement l’équilibre, parce qu’il éreinte les grandes puissances Aussi l’Europe est-elle si ruinée que les particuliers qui seraient dans la situation où sont les trois grandes puissances de cette partie du monde les plus opulentes, n’auraient pas de quoi vivre.
Ils arrivaient chez l’amphytrion encore tout émus des prodigieux efforts d’éloquence qu’il avait dû faire pour les amener à se déjuger. […] En considérant ce qu’un tel résultat avait demandé d’observation intense et de patience, de logique serrée et fine, de hardiesse et de prudence, d’ardeur à examiner et de circonspection à décider, j’y pris l’idée d’un travail auprès duquel le travail des faiseurs de livres n’était que l’honnête effort de gens cherchant l’idéal et n’arrivant qu’à l’a peu près. […] J’ai cru remarquer d’ailleurs, au temps où l’état de sa conscience sur la question du surnaturel était le sujet d’entretiens et de discussions parmi ses admirateurs et ses amis, qu’il n’était pas sans faire quelques efforts visibles pour se tenir en équilibre entre nier la cause première et l’affirmer.